VIDEO ET FILM 27 :

 

A.H.M.E.

 

  

Sénatoriales en Mauritanie :
Un candidat de la majorité accusé de tentative d’achat de voix.


Une petite affaire qui risque de faire du bruit dans le Landerneau politique mauritanien. Des documents audio sont parvenus à la rédaction de Kassataya mettant en scène ce qui est présenté comme une tentative d’achat de la voix d’une conseillère municipale de Keur Macène.

Sur l’enregistrement, il est possible d’entendre distinctement un intermédiaire (Abdi) mettre en relation un homme (Ahmed) présenté comme le candidat de l’UPR (majorité présidentielle) et une dame (Aichetou) conseillère municipale appartenant à l’opposition. Pour mettre toutes les chances de son côté, Ahmed propose deux millions d’ouguiyas (environs 5000€) et une boutique à Aichetou. Cette dernière presse alors le présumé candidat à régler l’affaire avant le lancement de la campagne initialement prévue dans la nuit de vendredi à samedi.

Joint au téléphone par Kassataya, M. Boidiel Ould Houmeid qui préside le parti El Wiam dont un des membres est candidat au poste de sénateur de Keur Macène, confirme l’information tout en soulignant qu’il avait tenté d’attirer l’attention des autorités et de l’opinion sur ce genre de pratiques.

De son côté, M. Moktar Ould Abdellahi, chargé de communication de l’UPR a affirmé à KASSATAYA que "le candidat de son parti n’est ni de près ni de loin lié à ce genre de pratiques que le parti condamne avec vigueur". Et  M. Ould Abdellahi d’ajouter que rien ne permet de dire que la voix entendue dans le document audio était bien celle du candidat de son parti.

Pour rappel, lors des dernières sénatoriales « le cours » d’une voix de conseiller « à la bourse » des achats de conscience se situait entre 1 million et 1million quatre cent mille ouguiyas.

Dans le cadre du renouvellement partiel du sénat (groupe B), trois candidats étaient en lice à Keur Macène :: Ahmed Ould Mohamed Maououd (UPR), Sidigh Ould Amou (El Wiam) et Yacoub Ould Hamza (Indépendant).

Voici la traduction d’un des documents ainsi que les fichiers tels que reçus par kassataya.

Aichetou (Conseillère municipale, ndt) : Oui.

Abdi( ?; ndt): Aichetou, tout va bien ?

Aichetou : tout va bien ?

Aichetou : N’y a-t-il que le bien ?

Aichetou : Oui, très bien, Dieu merci.

Abdi : Je te passe Ahmed.

Aichetou : D’accord.

Ahmed : Le salut sur vous.

Aichetou : Sur vous le salut et la grâce d’Allah. Comment allez-vous ?

Ahmed : Très bien. N’y a-t-il que le bien ?

Aichetou : Très bien. allez-vous bien ?N’y a-t-il que le bien ?

Ahmed (candidat upr pour les sénatoriales à Keur Macène ;ndt) :  Très bien. Macha Allah

Aichetou. Très bien. Macha Allah

Ahmed : Ce que tu as fait pour nous nous laisse beaucoup de gratitude. Ça ne nous étonne pas d’ailleurs, car nous sommes parents.

Aichetou : Effectivement.

Ahmed : Certes nous ne nous connaissons pas, mais nos ancêtres  connaissent tous.

Aichetou : C’est vrai.

Ahmed : Mes cheikhs [Chefs religieux, ndt] et les tiens sont les mêmes.

.

Ahmed : Nous allons inaugurer une nouvelle relation qui ne se limite pas à ce qui va arriver maintenant.

Aichetou : Oui, In Cha Allah.

Ahmed : Tu entends ?

Aichetou : Oui, j’ai bien entendu.

Ahmed : Ceux parmi les vôtres qui me connaissent pourront me croire.

Aichetou : Humh[acquiescement, ndt]

Ahmed : Tu m’entends ?

Aichetou : Oui.

Ahmed : Au sujet des boutiques…

Aichetou : oui ?

Ahmed : Les boutiques, il  y en a pas en ce moment.  J’en ai demandé à la fédération [du commerce, ndt], ils m’en ont donné Deux que j’ai remis à Abdi pour les remettre à des gens. Il les a déjà remis à des gens, qui y sont déjà. Voilà. Je vais chercher une boutique pour toi, In Cha Allah, pour te la donner dans les jours qui viennent. La fédération me la donnera et je la chargerai pour toi.

Aichetou : D’accord. Mais je tiens à l’avoir avant le lancement de la campagne ou au plus tard dimanche ou …

Ahmed : Le lancement de la campagne est déjà là…

Aichetou : ou alors le premier ou le deuxième jour.

Ahmed : De toutes les façons tu vas l’avoir, In Cha Allah. Ou alors tu en auras l’équivalent. Tu me comprends ?

Aichetou : Oui.

Ahmed : Moi, je ne mens pas. Ce que Abdi t’as dit, il va te l’apporter d’ailleurs cet après-midi même.  S’agissant de la boutique, tu l’auras ou tu en auras l’équivalent. Est-ce que c’est clair ?

Aichetou : Oui. Oui. Moi je souhaite seulement …cet après-midi les autres gars viendront me voir.

Ahmed : Eheh[et donc, ndt]

Aichetou : Je ne leur ai rien dit encore. Je souhaite savoir ce qui va se passer.

Ahmed : C’est conclu. Ce que t’a dit Abdi est conclu. Les deux millions, Abdi te les remettra cet après-midi. Et la boutique, son affaire est terminée. Je m’y engage moi-même. La boutique elle-même, ou ce qu’on y trouve [le montant du financement, ndt] jusqu’au mois du Ramadan, on va te le donner en espèces. Tu m’entends ?

Aichetou. Oui. J’ai bien entendu.

Ahmed : Est-ce ok ?

Aichetou : oui, c’est ok, in Cha Allah.

Ahmed : C’est tout. Abdi viendra te voir cet après-midi pour conclure avec toi. Je te le passe.

Aichetou : D’accord.

Ahmed : Nous y mettons aussi tout notre poids à nous tous. Le poids d’Ayah aussi. Ayah voulait se rendre chez toi, sache-le.

Aichetou : Ah bon ? Qu’il soit le bienvenu.

Ahmed : Ayah voulait se rendre chez toi.

Aichetou : Par Allah il est le bienvenu.

Ahmed : C’est bon.

Abdi : Aichetou !

Aichetou : Oui !

Abdi : Ce qu’Ahmed t’a dit est conclu. Et ce que moi je t’ai dit  l’est aussi. S’agissant de la boutique, soit il va la trouver pour toi. Et s’il ne la trouve pas, le bénéfice mensuel de chaque est connu, car sa marge est fixée. La marge laissée pour la boutique il [Ahmed, ndt] va en faire la somme et te la remettre. Est-ce conclu ?

Aichetou : Conclu, In Cha Allah.

Abdi : Voilà. Donc moi, je vais te voir tout de suite.

Aichetou : D’accord.

Abdi : Je vais te voir à l’instant. D’ici deux heures. Si viendras d’ailleurs avec moi, si tu veux, car le lancement de la campagne c’est demain soir.

Aichetou : D’accord. Mais moi je ne suis pas chez moi.

Abdi : Tu es où ?

Aichetou : Je suis là…(hésitation)à Diama.

Abdi : Et ensuite ?

Aichetou : Mais je rentre ce soir à la maison. Et eux m’ont téléphoné tout à ‘heure pour me dire qu’il viennent cet après-midi.

Abdi : Et ensuite ?

Aichetou : Oui.

Abdi : Donc je viens te voir quand ?

Aichetou : Cette nuit peut-être, quand je rentrerai. Quand je serai à la maison je te ferai un bip.

Abdi : Tu es à Diama ?

Aichetou : Oui, oui.

Abdi : Tu n’as personne de malade là-bas, j’espère ?

Aichetou : Non. Non ! Dieu merci. J’avais juste à faire là-bas, chez le kowri [negro-maurtanien, ndt] qui se trouve là-bas, du nom de Thiam.

Abdi :????

Aichetou : Oui.

Abdi : Donc, je viens te voir cette nuit, In cha Allah ?

Aichetou : Cette nuit, donc, In Cha Allah.

Abdi : Ok, c’est bon. Je viens te voir cette nuit ou demain matin.

Aichetou ; ou demain matin.

Abdi : Je viendrai te voir demain matin.

Aichetou : Sauf si les gens [les adversaires d’Ahmed, ndt]ne viennent d’ici là.

Abdi : Je viendrai te voir demain matin. Toi, tu m’appelleras ce soir.

Aichetou : Ok.

Abdi : Moi je suis prêt. Je ‘attends que toi.

Aichetou : Ok. Ok. C’est conclu.

Abdi : Si tu me dis de venir ce soir, je viendrai ce soir,

Aichetou : Attends jusqu’à ce soir ou demain.

Abdi : Comment ?

Aichetou : C’est comme tu veux ; ce soir ou demain.

Abdi :  Je viendrai donc ce soir. Je serai avec toi vers la prière du maghrib[crépuscule, ndt]

Aichetou : Ok.



Voici les audios :
http://kassataya.com/components/com_podcast/media/TAPE_15062.mp3
http://kassataya.com/components/com_podcast/media/TAPE_20134.mp3
http://kassataya.com/components/com_podcast/media/TAPE_23060.mp3
http://kassataya.com/components/com_podcast/media/TAPE_33577.mp3



7 avril 2011

Source : http://kassataya.com

 

     

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