A.H.M.E.

INTERVIEW 73 :

 

                  img4.gif                                                           Interviews de Jean Ziegler    
 
                                                                                                                                

AFROHISTORAMA


Samedi 24 décembre 2011

Selon Jean Ziegler Rapporteur spécial de la commission des droits de l'homme de l'ONU pour le droit à l'alimentation, le Cameroun a un Gouvernement criminel.

 

Selon Jean Ziegler Rapporteur spécial de la commission des droits de l'homme de l'ONU pour le droit à l'alimentation, le Cameroun a un Gouvernement criminel.

Le Président Laurent Gbagbo «sera déclaré non coupable» par la CPI, pour rentrer dans son pays et reprendre sa place au milieu des siens.

 

 

          Le Pr Jean Ziegler, Professeur de sociologie à l'université de Genève, Jean Ziegler a été le premier dirigeant de la Communauté d'Emmaüs genevoise. Conseiller municipal socialiste de la ville de Genève de 1963 à 1967, il est conseiller national de 1967 à 1983 et de 1987 à 1999. Il se montre extrêmement actif en déposant de nombreuses questions et interpellations. Il n'est pas réélu aux élections de 1999 alors qu'il est candidat de la Jeunesse socialiste à Zurich. Malgré un succès personnel (36 244 voix), sa liste n'obtient pas suffisamment de suffrages pour décrocher un siège. Personnalité de gauche, ses prises de position et sa volonté d'informer sur des sujets sensibles lui ont valu de nombreuses critiques. Ses écrits lui ont même occasionné des procès. Jean Ziegler est aussi Rapporteur spécial de la commission des droits de l'homme de l'ONU pour le droit à l'alimentation.

           Dans un entretien qu’il a accordé au quotidien suisse, Zürichsee-Zeitung, daté du lundi 19 décembre 2011, l’éminent sociologue, politologue et homme politique suisse, Jean Ziegler, parle de la situation politique en Côte d’Ivoire. L’actuel vice-président du Conseil de la Commission des droits de l’homme à l’Onu évoque les vraies raisons de la déportation du Président Laurent Gbagbo à la Cpi et soutient qu’il «sera déclaré non coupable» pour rentrer dans son pays et reprendre sa place au milieu des siens.

 

Zs-Zeitung : Vous dites que les Occidentaux sont méchants et jouent les gentils seulement dans les pays en voie de développement ?

Jean Ziegler : Pas du tout. Il existe des criminels de grands chemins qui tiennent le pouvoir dans les pays africains. Prenons le cas du Cameroun, un pays vachement riche et dans ce pays, les gens meurent de faim. La corruption, le népotisme et la dictature ont causé la misère dans ce pays. Les gens ne mangent pas à leur faim. La responsabilité première de cette misère incombe aux grandes multinationales qui exploitent les ressources de ces pays et qui sont servies par de grands criminels au pouvoir.

Zs- Zeitung : Vous êtes ami à un d’entre eux : Laurent Gbagbo, le Président déchu de la Côte d’Ivoire, qui a été livré à La Haye, à la Cour pénale internationale (Cpi). On l’accuse de crimes contre l’humanité?

 Jean Ziegler : Je suis à 100% d’accord avec le Président Laurent Gbagbo…

 

Zs-Zeitung : Comment s’il vous plaît ?

Jean Ziegler : Je mettrai ma main au feu pour lui. Son arrestation est un complot du Président français, Nicolas Sarkozy, d’une stratégie organisée des Etats-Unis et de la France. Laurent Gbagbo a été démocratiquement élu en 2000 après avoir passé des années en exil, entre autre aussi à Genève. Il est l’unique dirigeant ivoirien à avoir conduit des réformes gouvernementales et avoir voulu mener une politique d’Assurance maladie dans son pays. Ces réformes ont été bloquées par les grandes multinationales pharmaceutiques. Les services secrets français ont ficelé en 2002, un coup d’Etat contre Gbagbo et depuis ce temps, le pays est divisé, une partie chrétienne au sud et l’autre, musulmane, au nord. Son successeur, Alassane Ouattara est lié aux services secrets français.

 

 Zs-Zeitung : Quels intérêts à l’Occident à installer une marionnette au pouvoir?

Jean-Ziegler : La Côte d’Ivoire est le plus grand producteur de cacao au monde. Le pays dispose d’énormes réserves de pétrole. Gbagbo luttait pour un Etat souverain et nationaliste.

 

Zs-Zeitung: Pourriez-vous témoigner pour lui à la Cour?

 Jean-Ziegler : Bien sûr, je comparaitrai en qualité de témoin pour la défense. Je suis convaincu qu’il sera déclaré non coupable dans le cadre de l’accusation. Le Tribunal ne le chargera pas du tout. Ce sont les soldats français qui l’ont bombardé avec des hélicoptères, l’ont pris en captivité et enfin l’ont livré à La Haye. Laurent Gbagbo retournera dans son pays et sera réélu.

 

Source : Journal suisse, Zürichsee-Zeitung

 


 

   Jean Ziegler s’exprime à propos de l’ONU

     

    L’inépuisable défenseur des démunis publie un nouvel ouvrage. Il y décrit et théorise la haine du Sud pour l’Occident et pose un regard très critique sur les Nations Unies d’aujourd’hui.

    Question  :

    Monsieur Ziegler, si l’on en croit votre dernier livre, l’ONU ne sert à rien.'

    Jean Ziegler  :

    J’ai plutôt voulu montrer qu’à l’aube de fêter ses 63 ans, l’ONU politique est en échec. Ses trois missions  : assurer la sécurité collective, aider au développement et promouvoir les droits de l’homme, sont par terre. Les Etats-Unis déclenchent des guerres préventives. Ils pratiquent la torture. La misère augmente et ce sont désormais 100000 personnes qui meurent de faim ou de ses suites immédiates tous les jours à cause, entre autres, de la spéculation boursière sur les aliments et les agrocarburants.'

    Vous oeuvrez donc dans le vide ?'

    Les Nations Unies sont en crise, mais ce n’est pas le cas des vingt-deux organisations spécialisées, comme le Programme alimentaire mondial ou le Haut commissariat aux réfugiés, qui continuent de déployer leurs effets bénéfiques.'

    Mais l’ONU était depuis toujours vouée à l’échec, puisque vous avancez la thèse que l’Occident et le Sud ne pourront jamais se comprendre et collaborer...'

    Non. Ce qui paralyse le travail de la communauté internationale, c’est le double langage que pratique l’Occident aujourd’hui. Les Etats-Unis se posent en garants de valeurs humanistes, alors qu’ils pratiquent la torture. L’Union européenne se vante d’être le berceau des droits de l’homme, mais affame la planète en soutenant la production de biocarburants. Tout cela débouche sur le fait que le Sud refuse aujourd’hui toute crédibilité à l’Occident.'

    Pourquoi ne prend-on conscience de ce phénomène qu’aujourd’hui ?'

    La mémoire collective est quelque chose de mystérieux. On n’a parlé de la Shoah que cinquante ans après qu’elle a eu lieu, or tout le monde connaissait l’horreur des crimes nazis depuis 1945. Pareil pour l’esclavage et la colonisation. Cette mémoire resurgit aujourd’hui et elle se transforme en force historique. Le Sud demande réparation et repentance. L’Occident refuse de lui accorder ce droit.'

    C’est un peu catégorique comme affirmation, non ?'

    Non. Nous avons eu la preuve de ce dialogue de sourds. En 2001, à Durban, en Afrique du Sud, Kofi Annan et Mary Robinson avaient organisé la première conférence mondiale sur le racisme. Ça a été un échec total. C’est à partir de là que le Secrétaire général de l’ONU s’est retrouvé affaibli et que la Haut commissaire aux droits de l’homme a perdu son poste. Les Blancs ont refusé de reconnaître les crimes passés.

    Autre exemple  : le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar. Le président français a osé dire que la colonisation était une bonne chose, car elle avait permis la construction de centaines de kilomètres de route en Afrique. Il n’a pas dit un mot sur les dizaines de milliers de personnes massacrées par la Légion étrangère à Madagascar et en Algérie.'

    L’ONU va-t-elle mourir ?'

    J’espère que non. En 2009 sera organisé, à Genève, un Durban 2. C’est la dernière chance pour l’ONU de réconcilier les mémoires.

    Je sais que le titre de mon livre peut choquer, mais quand je parle de la haine de l’Occident je ne pense évidemment pas à la haine pathologique propre aux terroristes, mais à la haine raisonnée. Autrefois les enfants du Sud mouraient sous l’esclavage et la colonisation  ; aujourd’hui, ils meurent sous le capitalisme globalisé. C’est magnifique que l’ONU se donne une seconde chance. Que vous, les Blancs, qui ne représentez que 13 % de la population mondiale, vous acceptiez enfin d’entendre les plaintes du Sud.'

    Et vous, vous n’êtes pas Blanc ?'

    Régis Debray a dit  : « Ziegler est un nègre blanc. » Et c’est vrai. J’ai énormément appris de l’Afrique.'

    Jean Ziegler n’a pas changé. Toujours les mêmes combats, les mêmes méchants et les mêmes gentils. Vous n’avez pas l’impression de vous répéter ?'

    Pas du tout. Tout change. Il y a aujourd’hui une accélération dans la détérioration de la situation mondiale. La communauté internationale se défait, et cela, c’est nouveau. Alors même que pour la première fois de l’humanité nous aurions la possibilité de répondre aux besoins matériels de toute l’humanité, seules 500 multinationales contrôlent 52 % du PIB mondial et dictent leur loi aux Etats.'

    Vous vous sentez encore utile ?'

    Je répondrai modestement par un proverbe sénégalais qui dit qu’on ne voit jamais les fruits des arbres que l’on plante. J’espère que mon livre puisse être une arme. L’intelligence analytique est là pour dire ce qui est. Elle peut mobiliser des opinions dans les pays démocratiques comme le nôtre.'

    Quelle est la part d’ego dans cet éternel combat de dénonciateur ?'

     'Je ne dénonce pas. Je donne la parole aux victimes. Je sais que je suis un miraculé d’être né en Suisse, d’être devenu professeur et d’avoir des éditeurs de poids.'

    Mais votre ego...'

     'C’est difficile de dire sa vanité. La mienne réside simplement dans ma volonté d’imposer mon analyse face à un ennemi si puissant.'

    Vous parlez du capitalisme, je présume. Avez-vous retiré vos billes d’UBS ?'

    Je n’ai pas d’argent à l’UBS. Seulement un compte salaire à la Banque Cantonale de Genève.

    Vous devez observer la crise un sourire satisfait au coin des lèvres, l’air de dire  : je vous avais averti...

    Pas du tout. Cette crise est dramatique. Les fonds de pension partent en fumée, des gens sont à la rue aux Etats-Unis, les budgets de soutien à des programmes d’aide fondent. C’est beaucoup de souffrances. La seule chose positive est que les brigands du néolibéralisme et du capitalisme de la jungle se montrent sous leur vrai jour. La voie est enfin libre pour la construction d’une société mondiale plus solidaire et plus juste.'

    Propos recueillis par Stéphanie GERMANIER
    Geneve, le dimanche 12 octobre 2008

 

  
 

INTERVIEW EXCLUSIVE AVEC JEAN ZIEGLER :  
« Si les APE passaient, ce serait catastrophique pour les ACP »

     GENEVE- Aujourd’hui et demain, à Nouakchott, les ministres du Commerce et des Finances de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CDEAO) se réunissent pour déterminer la suite des négociations sur les accords de partenariat économique (APE) avec
    l’Union européenne. Le sociologue suisse et rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à
    l’alimentation, nous a reçu hier pour dénoncer les pressions exercées par la Commission Européenne sur les pays ACP. L’auteur de « L’Empire de la Honte », Editions Fayard, disponible en poche, voit dans les APE, une autre « Organisation de la Faim » par les Maîtres du monde. Ziegler espère que le « combat visionnaire du Président Wade, l’emporte ». Un soutien de taille mais les Africains, vont-ils encore résister ? ( Entretiens)

    Pensez-vous que les APE constituent un danger pour la sécurité alimentaire en Afrique ?

     « Ecoutez, je trouve que le Président Wade témoigne d’un grand courage et d’une grande lucidité pour s’opposer fermement aux APE. La conséquence de ces accords est triple :
    l’accord de Cotonou qui devait durer jusqu’en 2020 a été rompu unilatéralement alors qu’il prévoyait l’asymétrie en prônant un libre accès des agriculteurs africains aux marchés du Nord et donnait la possibilité en même temps de lever des taxes sur les importations agricoles du Nord. Si les APE passaient, ce serait catastrophique pour les ACP. Ces pays n’auraient plus le droit de lever des taxes douanières, or dans les états industriels fortement industrialisés comme la Suisse, la France, etc, les douanes jouent un rôle négligeable aujourd’hui. Mais les taxes douanières sont essentielles pour les pays du Sud. Si les pays africains n’en disposaient plus, ils s’appauvriraient encore, et d’une façon dramatique. Aux APE s’ajoute l’accord
    d’investissement qui prévoit un égal traitement pour un capital étranger comme pour un capital autochtone. Des multinationales comme Nestlé pourraient exiger le même traitement que
    n’importe quelle PME sénégalaise, or il est évident, et l’histoire l’a montré, que sans protection aucune industrie autochtone ne peut se développer. Faire entrer en compétition des entreprises sénégalaises avec la première multinationale et agro-alimentaire au monde est tout simplement impossible. C’est comme qui dirait un match de boxe entre Mike Tyson et un pauvre des faubourgs d’Abidjan. C’est de la folie ! Les règles sont les mêmes pour les deux mais la situation de départ est évidemment totalement différente.

    L’accord d’investissement est une autre catastrophe qui menace. J’espère beaucoup que le combat visionnaire du Président Wade l’emporte. Il y a un mépris incroyable de la part des Européens parce que l’ UE fait du dumping agricole au Sénégal, au Mali, et partout. L’année dernière, les pays industrialisés du Nord ont payé 349 milliards de dollars de subventions à
    l’exportation et à la production à leurs paysans. Ce qui fait qu’à Sandaga aujourd’hui, vous pouvez acheter des légumes et des fruits portugais, français, espagnols, italiens, grecs, etc, à moitié ou au tiers du prix des produits sénégalais équivalents. Quelques kilomètres plus loin, sous un soleil brûlant, le paysan Wolof travaille avec sa femme et ses enfants jusqu’à 15 heures par jour…. Et n’a pas la moindre chance d’acquérir en échange un revenu minimum décent. Comme je l’ai souligné dans L’Empire de la honte, peu d’êtres humains sur terre travaillent autant et dans des conditions aussi difficiles que les paysans africains, Wolof du Sénégal, Bambara du Mali, Mossi du Burkina ou Bashi du Kivu. »

     Pr. Ziegler, où en êtes-vous avec la faim dans le monde et notamment en Afrique ?

     « Le nombre d’affamés a augmenté, la famine est passée de 842 millions en 2005 à 854 millions en 2007. Chaque jour, 100,000 personnes meurent de faim ou de ses suites immédiates. Toutes les 5 secondes, un enfant en-dessous de 10 ans meurt de faim. Toutes les 4 minutes, quelqu’un devient aveugle par manque de vitamine A. La FAO qui est dirigée par un sénégalais remarquable, Jacques Diouf, qui est le meilleur DG que l’organisation ait jamais connu, dit que
    l’agriculture mondiale, dans l’état actuel de son développement, pourrait nourrir sans problèmes (2,700 calories/adulte par jour) douze (12) milliards d’êtres humains. Nous sommes actuellement 6,3 milliards d’individus, c’est-à-dire que le double de l’humanité pourrait être nourri normalement, sans recours aux OGM. Autrement dit, il n y a aucune fatalité. Non, contrairement à ce que disent les Européens : « c’est terrible la famine en Afrique ! etc… ». Non, il n y a aucune fatalité, un enfant qui meurt de faim, meurt assassiné. L’Afrique Sub-saharienne est particulièrement frappée car, entre 1972 et 2002, le chiffre de ceux qui sont gravement et en permanence sous-alimentés est passé de 79 millions à 202 millions. En Afrique, la faim est un fléau. Elle augmente d’une façon inquiétante et constitue un massacre au quotidien. »

     L’agriculture ne nourrit plus son homme en Afrique. Les villages africains se vident de leur jeunesse qui fuit la misère dans des pirogues de fortune. Est-ce pour cela que vous avez développé devant le Conseil des Droits de l’Homme ce concept nouveau : « les réfugiés de la faim » ? De qui s’agit- il ?

     « La politique du dumping agricole européen détruit la vie des agriculteurs africains et celle de leurs enfants. C’est ça le libéralisme ! Au même moment, l’Europe se barricade contre ceux que j’ai appelés les « Réfugiés de la faim ». Ce sont ceux, qui fuient leur pays par « nécessité ». Ce ne sont pas les réfugiés économiques qui sont les personnes qui migrent par convenance. Je défends l’état de nécessité qui est un concept bien connu du droit international et de la plupart des droits nationaux. L’état de nécessité est objectivement vérifiable. Pour survivre, l’affamé doit franchir des frontières. Il le fait illégalement. L’illégalité est supprimée par l’état de nécessité.

     Aminata Traoré, l’ancienne ministre malienne que je cite dans mon livre, résume bien la situation : « les moyens humains, financiers et technologiques que l’Europe des 27 déploient contre les flux migratoires africains sont, en fait, ceux d’une guerre en bonne et due forme entre cette puissance mondiale et des jeunes Africains ruraux et urbains sans défense, dont les droits à l’éducation, à l’information économique, au travail et à l’alimentation sont bafoués dans de nombreux pays sous ajustement structurel etc. »

     Dans 37 pays des 53 que compte le continent africain, l’essentiel de la richesse nationale est produit par l’agriculture. Les APE naissent sous le dictat de l’OMC qui pratique un libéralisme irresponsable. L’OMC avait donné un délai à l’Union Européenne qui allait jusqu’au 31 décembre, l’enjoignant d’instaurer la libéralisation totale. C’est une absurdité, d’autant plus que la négociation se fait dans des conditions détestables. Il est évident que les PMA, dont le Sénégal, dépendent beaucoup de la coopération au développement, du FED (le fonds européen de développement) et des programmes de coopération.

     Certains disent que Louis Michel et ses collègues font du chantage : « signez les APE ou vous n’aurez plus de coopération ». Négociation ou chantage ? C’est la méthode utilisée qui est détestable. »

     Mais Professeur, que dites-vous aux Africains qui se lancent dans le bioéthanol ?

     « Le fait de brûler du maïs et des céréales pour les transformer en agro-carburant est un crime. C’est vrai que l’air devient irrespirable dans les pays les plus industrialisés où il y a une forte densité de voitures. Il est vrai qu’avec la destruction climatique, il faut faire quelque chose mais substituer à l’essence fossile, pétrolière, le bioéthanol constitue un crime contre l’humanité car on brûle des aliments pour faire de l’essence.

     L’UE veut qu’en 2020, 10 % du carburant utilisé en Europe soit du biocarburant. Mais qui va le produire ? Qui va mourir de faim en plus ? C’est évident, les Africains ! Un seul exemple : si vous faites un plein de 50 l. avec votre voiture, il faudra brûler 352 kilos de maïs. Ce qui peut nourrir pendant une année un enfant en Zambie ou au Mexique où le maïs est nourriture de base. On est devant un carrefour. Les pays industrialisés dans un égoïsme total veulent garder leur manière de vivre avec leurs centaines de millions de voitures en passant simplement du carburant fossile au carburant agricole. « Les Africains vont nous produire ça ». Je trouve que c’est un égoïsme total. »

     Pourtant des pays sous-développés, sous alimentés sont sous le charme du bioéthanol. Que faire ?

     « J’ai demandé à l’Assemblée générale des Nations-Unies à New York l’application d’un moratoire de cinq (5) ans sur le biocarburant car la science progresse très vite. Je ne suis pas contre les biocarburants s’ils sont obtenus sur des déchets agricoles ; si ce n’est pas les épis de blé qu’on brûle mais les tiges. Je serai d’accord aussi longtemps que l’on pourra obtenir du bioéthanol avec des déchets. Je dirai alors Très Bien, l’important c’est qu’on ne touche pas à la nourriture. »

     Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE (ContinentPremier.Com)

     

                               

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