A.H.M.E.

INTERVIEW 58:

 

                  img4.gif                             Interview de Louis Sala-Molins à Fabien Ollier 

                                                                                                                                     

   DROIT ET POUVOIR A L’OMBRE DES LUMIERES

    Louis Sala-Molins

     

    1.- Dans plusieurs ouvrages vous remettez en cause l’universalisme de l’Etat de Droit issu des Lumières . Cet Etat de Droit, dont on vante tant et tant les mérites et les valeurs aujourd’hui au point de banaliser les atrocités de la colonisation, est selon vous indissociable de l’esclavagisme des populations noire qu’il a maintenu voire même fécondé. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi et comment l’état d’esclavage est intégré à l’Etat de Droit ?

    Je ne mets pas en doute la proclamation, par les Lumières, de l’ universalisme convenant à l’Etat de Droit : elle est déclamée, dite et redite à satiété, elle est omniprésente dans cette période de l’histoire de la pensée . Mais je m’interroge sur l’envergure attribuée réellement par les philosophes des Lumières à cet universalisme proclamé, qui doit bien coïncider avec celle de « l’humanité pleine et entière » telle qu’ils l’entendent. Or l’épistémologie et la science, qui leur sont contemporaines et dont ils ne négligent pas les cohérences, sont, plus que généreuses, prodigues en classifications et hiérarchisations de toutes sortes. On classifiera donc et hiérarchisera en toute sérénité les « races humaines ». Au sommet, étalon de la perfection anthropologique, morale, esthétique, politique : l’homme blanc « civilisé ». A la base, jouant des coudes avec la bestialité de l’orang-outang, l’homme noir « sauvage ».
    Du sommet à la base, tout un nuancier, un dégradé d’ « échantillons » déterminé par différents stades de « perfectibilité » ou de « dégénérescence ». Fourvoyées dans une lecture avilissante de cette « perfectibilité »- dont nous, et pas elles, avons oublié qu’elle se lit aussi nécessairement à rebours en termes de « dégénérescence »-, les Lumières se porteront à merveille d’aberrations aussi monstrueuses, monstrueusement systématiques, massives et pluriséculaires que la traite et l’esclavage des Noirs. Juridiquement évacués hors humanité, les esclaves noirs, évidemment dépourvus de tout droit à l’Etat , entrent dans le Droit des Etats blancs et civilisés en tant que « biens meubles ». Aussi simple que cela. Dans leurs lois et dans leurs codes, les nations des Lumières, toutes chrétiennes, bestialiseront au mieux, chosifieront au pire leurs esclaves en pleine harmonie avec ces hiérarchisations. Les philosophes tarderont à s’en offusquer. Et lorsque les réalités politiques ou économiques les conduiront à regarder de moins loin l’enfer de l’esclavage, ils se contenteront d’en dénoncer les excès. Sur le tard tel ou tel penseur parviendra-t-il à en contester radicalement le principe ?

    Il programmera des moratoires de trois quarts de siècle pour faire passer le Noir de
    l’esclavage au travail salarié, mais il ne sera jamais question de lui « octroyer » souveraineté politique pleine et entière. C’est qu’il lui faudra du temps à la « perfectibilité » pour blanchir le Noir dégénéré. Simple corollaire à ces classifications, catastrophiques pour l’histoire de la pensée ou des idéologies, l’universalisme de la synonymie homme-citoyen ne vaut que drastiquement « régionalisée ». Il suffira, pour s’en convaincre, de lire ces messieurs des Lumières à l’ombre des Codes noirs, puis à celle des Codes de l’indigénat ; ou, encore plus criant si possible, il suffira de lire l’universalisme de la philosophie de Kant à la lumière de son Cours de Géographie.

     

    2.- Comment s’actualisent les conséquences de cette ombre esclavagiste des Lumières dans la mesure où elle est encore largement scotomisée ?

    La réponse est dans la formulation de la question. « Scotomiser : exclure inconsciemment du champ de la conscience », propose Le petit Robert .
    Endémique chez nous, l’actuel rejet raciste affectant les Noirs ne vise plus l’esclave
    d’antan, asservi par et pour nos économies, mais la totalité du monde noir, mieux ( si
    j’ose dire), du monde africain d’aujourd’hui. Quoi qu’on proclame, quoi qu’on chante, chaque Noir, chaque maghrébin en fait quotidiennement l’expérience. A cause du passé esclavagiste des nations de chrétienté, des foyers des Lumières ? Non. A cause de la continuité sans rupture dans leur succession historique entre la traite et l’esclavage des Noirs et leur légitimation théorique d’abord, et ensuite les chevauchés africaines de ces mêmes nations pour asservir tout le continent austral au nom des Lumières avec, comme seule rhétorique, le bruit du canon et la prose des Codes de l’indigénat comme unique ritournelle. A droite comme à gauche, l’iconographie de la « grande Nation » canonise les Lumières et ne fait pas l’ombre d’une place, dans ses iconostases, pour leurs défaillances. Résultat : on raconte ici une histoire de la colonisation totalement articulée au triomphe des Lumières, histoire dont on ne peut pas ne pas déduire l’infériorité du Noir, du maghrébin , de l’indigène que la grande Nation libère de leur néant et qu’elle élève suffisamment, pas plus, pour qu’ils puissent avoir une capacité de gratitude et de reconnaissance. A ce propos, le grand Aimé Césaire a eu, dans son
    Discours
    sur le colonialisme , des propos d’une force vertigineuse, d’une indépassable beauté. L’histoire des grandeurs culturelles de la France traîne avec elle le mépris endémique de tous ceux que la grande Nation a asservis et humiliés, et son présent n’a plus besoin d’insister : chacun peut savoir et chacun peut s’offrir, dans une demi-conscience ou dans une demi-inconscience, le confort culturel d’une « scotomisation ».Ce n’est pas « spontanément », c’est seulement après « réflexion » que, majoritairement, le français d’aujourd’hui attribue humanité pleine et entière à ceux dont ses ancêtres, aux Iles et au Continent austral, asservissaient ou mettaient en esclavage les leurs. De la spontanéité à la réflexion, le laps suffit pour libérer au quotidien la tragique banalité de la haine raciale.

     

    3.- Droit et pouvoir sont pour vous les deux faces d’une même pièce qui consiste à totaliser l’individu et à le réduire à rien. (Vous dites, notamment, pour révoquer l’idéologie civilisatrice du droit et rappeler sa sauvagerie, que « les noces de la loi sont des noces de sang » (in Sodome. Exergue à la philosophie du droit, Paris, Albin Michel 1991, p. 40)). Cette pièce, si l’on comprend bien votre livre Sodome .Exergue à la philosophie du droit, sort des grands feux de la théologie et maintient quiconque, comme le disait Sade, « entre le sceptre et l’encensoir ». Le problème que vous posez mobilise donc une théorie critique qui va bien plus loin que la condamnation d’un droit ou d’un pouvoir « bourgeois » qui n’auraient qu’à changer de mains pour ouvrir les portes du royaume de la liberté. Pouvez-vous esquisser les grands traits de cete critique radicale du droit qui ferait crier : « Au diable le pouvoir ! » ?

    Comme vous venez vous-même de le rappeler, j’ai réservé à la question de la structure fondamentalement théologique du droit mon livre Sodome . Exergue à la philosophie du droit et j’explorais déjà cette question une quinzaine d’années avant, dans La loi, de quel droit ?(Paris, Flammarion 1977) Il m’est difficile de vous répondre en quelques mots, l’affaire n’étant pas des plus simples. Je ne sais ce qu’il en sera dans le « royaume des fins », où les choses se dérouleront dans un ordre tel, une harmonie telle qu’on s’y passera probablement des rigidités du droit. Mais, en dehors de ce royaume, le droit ne fonctionne ni « more geometrico » ni « more logico » : il vit, nécessairement, « more theologico ». Son déploiement, son effectivité si vous voulez, ne requièrent pas l’adhésion scientifique ou logique, mais l’acquiescement théologique ; le droit veut la foi - ou la résignation- du citoyen ou du justiciable en la véracité de son fondement, non la légitimation rationnelle de sa pratique. La crédibilité de l’idéologique lui est indispensable, et nous n’allons pas gaspiller une seule phrase pour théoriser l’éternelle symbiose entre idéologies et théologies dans le liant des dogmatismes. Les pensées modernes et contemporaines prétendent avoir réussi à se dégager définitivement du théologique : elles gèrent pourtant le droit – ou assistent à sa gestion- dans le langage, les gestes, les vêtements, les manières, les manies de la liturgie parce qu’elles savent pertinemment la réalité théologique du droit en particulier, de toute figuration et gestion par l’Etat du normatif en général. Certes, les médiateurs que les peuples se donnent, ou plutôt qu’ils croient se donner, ont bien accès aux sacristies où se préparent les déploiements liturgiques (plus platement : les gens peuvent peser un peu sur le contenu des lois) ; mais je constate que, tout le long de l’histoire, sans exception notable, le droit, la chose juridique est affaire de prêtrise -avec ou sans guillemets, et dans les deux cas chacun me comprend-. Avez-vous remarqué ? Professeurs et curés ont abandonné la robe : seuls les hommes du droit la gardent. La seule et unique corporation en robe désormais. Ce n’est pas un argument. C’est tout de même un signe, un « renseignement ». Et ce n’est surtout absolument pas drôle. On n’y changerait pas grande chose en changeant de style politique : en « ancien régime », en « bourgeoisie », en « socialisme », en « utopie », la définition du juste et de l’injuste ne relève pas, en dernière instance, d’une lumière de la raison ( lumen rationis), mais d’une « divinité » du droit ( numen juris). Mais qui en doute ? Surtout pas Rousseau qui parle avec tant de ferveur du caractère surhumain du législateur et de la « sainteté » du contrat.

     

    4.- Il y a peut-être un « piège » dans la critique des fondements théologiques du droit. On ne peut nier que la critique de l’universalisme abstrait des Droits de l’Homme par exemple –universalisme derrière lequel se cache l’impérialisme et le racisme de l’homme blanc occidental et chrétien ; universalisme paradoxalement relatif et ségrégationniste- est utilisée aujourd’hui par des Etats dictatoriaux, comme la Chine ou comme l’Iran, dans le but de liquider les opposants, d’exterminer les dissidents, de réprimer violemment les contestataires. Le projet
    d’un universalisme concret n’est-il pas aussi la promesse des Lumières qu’il nous faut mettre en avant contre les pouvoirs obscurantistes et criminels ?

    Sans aucun doute. Que nous ayons conscience des faiblesses rationnelles du fonctionnement de nos systèmes juridiques ne saurait nous dissuader d’établir une échelle de valeurs sur laquelle situer les complexes idéologico-théologiques selon leur plus proche ou plus lointaine adéquation aux impératifs de la raison. Lesquels, il convient de le noter, sont matière à histoire, comme toute production humaine. Mais opposer un droit à un autre droit ne sert philosophiquement à rien. Nous avons vécu ce type d’opposition pendant les années interminables de la guerre froide. C’était hier. Les uns considéraient le droit de chez les bourgeois comme une pure aberration. Les autres qualifiaient pareillement le droit de chez les prolétaires. Des batteries entières de philosophes théorisaient en chacun des deux camps la rigueur conceptuelle du propre droit, l’aberration risible ou criminelle de celui d’en face. On bricolait cependant en haut lieu, aux sommets, des contrats et de ententes dont seul l’équilibre des forces garantissait la valeur. On le savait pertinemment dans chacun des deux camps où, je me répète, on tenait pour rien le droit de l’autre. Merveilleux. L’effort doit consister à extraire la raison de la confrontation « droit contre droit » , « générosité » du droit en démocratie contre « criminalité » du droit en dictature. Et c’est à cela qu’on assiste, de temps en temps, rarement, lors du dénouement de certaines crises. Contre les assassins d’en face, nous ne pouvons sérieusement faire valoir la « sainteté du contrat » pour le dire avec le mot de Rousseau, donc la sainteté du droit que nous dirons issu des Lumières ; mais, plus modestement – et alors dans une véracité incontestable-, nous ferons valoir la rationalisation, l’humanisation dont nous avons progressivement, très lentement et malgré des erreurs pyramidales, paré les juridicités, les normativités de nos démocraties. Il ne nous sert a rien de tenir le langage arrogant des théologiens ou des commissaires du peuple (leur bave est la même) : il nous faut tenir le langage sobre et clair de la raison telle qu’elle se dévoile au fil de l’histoire. Les Lumières eurent leurs ombres et leurs misères . Et, comme chacun sait et je viens de le rappeler, elles ne rédimèrent pas les plus misérables des misérables. Sur ce point, je suis d’un conservatisme honteux : j’en suis resté à Aimé Césaire et à Frantz Fanon. Vous me pardonnerez, j’espère : tout comme je ne sais ni ne peux ni ne veux gommer de l’histoire du christianisme l’Inquisition et quelques autres monstruosités, je ne peux ni ne veux gommer de l’histoire du droit dans nos contrées l’esclavage et quelques autres monstruosités.
    Mais j’admets, et je m’en réjouis dans le dedans de mon dedans, que cette rationalisation, cette humanisation évoquées à l’instant soient en progrès et que nous puissions ou devions les opposer aux tergiversations d’en face.

     

    5.- Sommes-nous dans une situation où l’identification aux pouvoirs se fait
    « spontanément » par amour même (« il aimait Big Brother… » comme disait George Orwell dans
    1984) ? Pensez-vous que nous soyons passés d’un pouvoir qui
    s’imposait violemment à un pouvoir qui s’internalisait sous couvert de compromis (moraux, éthiques, réalistes), pour finir à ce qui semble être une relation mimétique, symbiotique au pouvoir ?

    L’histoire du pouvoir est, tant mieux tant pis, une histoire d’amour. C’était déjà net et clair chez Platon. Et de nos jours Legendre, Kantorowicz, Foucault parmi d’autres et mieux que d’autres, et peut-être toute l’école de Frankfurt, le rappellent à l’angélisme de ceux qui voudraient l’oublier. Je ne pense pas que nous soyons passés d’un pouvoir qui s’imposait violemment à un pouvoir qui s’internaliserait. Puisque, comme vous l’avez remarqué, je m’en tiens à la structure théologique du pouvoir tel que ressenti sinon tel que prêché, l’intériorisation de l’obligation me paraît co-essentielle non seulement à l’exercice, mais déjà à la notion même du pouvoir. « L’amour du censeur » est le titre du plus convaincant des livres de Legendre, où n’est pas examinée la dernière épiphanie du pouvoir politique, mais la nature de ce pouvoir indépendamment de son histoire.

     

    6. Révoltes et révolutions sont-elles condamnées à l’abstraction de doux rêveurs minoritaires, vite qualifiés de résidus irrationnels… et un jour récupérés pour mettre leur imagination au pouvoir ? Pour le dire autrement, pensez-vous que la théorie marxienne d’une prise de pouvoir pour le renverser et l’annihiler ( ce qui suppose la désignation de cibles précises, de stratégies et d’objectifs) soit encore politiquement opérationnelle et efficace ?

    Je ne crois pas à l’avènement de révolutions théorisées d’avance. Et j’aurais tendance à
    penser que les grandes révolutions auxquelles nous pensons en utilisant ce mot ne
    coïncident, dans leur déroulement historique , avec leurs prévisions antérieures que
    grâce aux reconstructions idéologiques postérieures dont elles ont fait l’objet, une fois suffisamment rodé le nouvel ordre établi. Cela vaut, on me le concèdera sans peine, pour les « Bastilles » comme pour les « Palais d’Hiver ». Ce qui ne veut absolument pas dire qu’il faille se croiser les bras et se dépêcher de ne rien faire pour contrer les violences des sociétés et des Etats.

     Résister n’ est pas qu’un droit, c’est aussi et surtout un devoir. Il convient cependant de saluer comme une trouvaille stratégique aux nécessaires et redoutables effets l’idée d’une prise du pouvoir pour le renversement et l’annihilation de ce même pouvoir. Il était question tout au début de notre entretien du « royaume des fins », et nous y re-voila. Cette dialectique de « pouvoir pris et anéanti » suppose un angélisme dont la société est incapable, quels que soient ses élans. « On » prend le pouvoir pour le garder, pas pour l’anéantir. Et tel qui, ayant le pouvoir, a le culot de prétendre l’avoir anéanti ou, en formulation plus chic, déclare l’avoir rendu au peuple, sait pertinemment qu’il l’a, au mieux transformé, au pire perverti et, dans les deux hypothèses, reconduit. Une chose est ce vers quoi il faut tendre sans relâche,

    indéfiniment, autre chose est la pondération des avancées difficiles vers cette finalité. Une dernière illustration à ce propos : ce qu’on appelle le « droit d’intervention « est en réalité la formulation d’un devoir moral très défendable, masqué en devoir politique intenable parce que ne correspondant à rien d’autre qu’au « droit du plus fort ».

     

    7.- Pour finir, certaines religions ont-elles un rapport spécifique au pouvoir divin qui les rend particulièrement dangereuses dans le contexte actuel d’une course à l’armement atomique ? Pensez-vous que le fascisme vert ( fascisme islamique) soit une nouvelle menace ?

    Je ne parlerais pas de « fascisme vert » à propos du fondamentalisme islamique. Je dirai plutôt que l’Histoire montre, des siècles et des siècles avant l’avènement du fascisme que le pouvoir religieux dans les monothéismes est absolutiste par nature, par définition, par vocation. Non contrôlés, non domptés par la raison ou par une autre force leur échappant, les monothéismes n’admettent de partage ni de rivalité d’aucune sorte et ils sont , par la logique pure du nécessaire dogmatisme dont ils reçoivent tout leur sens, synonyme de terreur et de mort. Sauf erreur, c’est à l’écrivain espagnol Valle-Inclan ( mort en 1936) que l’on doit un constat et un bon conseil (je cite de mémoire). Le constat : l’Eglise est morte, mais le cadavre est de dimensions tellement gigantesques, qu’il faudra des siècles de putréfaction pour que sa trace disparaisse totalement . Le bon conseil : les curés, ayez-les constamment sous le talon, autrement vous les aurez à la gorge. Façon pittoresque de saluer le travail de la raison terrassant le dogme et du politique se subordonnant les prétentions des prêtres. Vous me concéderez qu’il y aurait de la bonne opportunité et aucun excès à adapter les mots de Valle- Inclan aux rapports entre la raison et le politique d’une part, la synagogue et la mosquée de l’autre. Il était normal que, dans l’ordre chronologique et pour prendre trois exemples constamment rappelés de valeur historique très inégale mais de prégnance idéologique inégalée, Yahvé lançât l’anathème sur Canaan, le jeune islam dévastât la péninsule ibérique, le catholicisme triomphant massacrât les amérindiens. Mais les exemples sont multipliables à l’infini. Aujourd’hui le risque existe, bien entendu, de voir un pouvoir islamiste s’approprier la lecture la plus rigide, la plus « exacte » du Coran et se servir, pour la plus grande gloire d’Allah et de son prophète, de l’arme absolue. Mais comme nous avons vécu si nombreux et si longtemps sous le poids écrasant d’une « pax christiana » , nous y avons survécu et nous avons dégagé nos gorges des mains des curés et des théologiens, tout nous porte a espérer que les imams ne réussiront pas de sitôt là ou la raison et le politique ont fait échouer les curés. Nous pouvons donc nous offrir l’inattendu de conclure avec la célèbre sortie de

    …Jean-Paul II : « n’ayez pas peur ! » .

    Entretien avec Fabien Ollier, janvier 2008.

    Paru dans la revue Mortibus, 6/7, « Le pouvoir ou la mort », printemps 2008,

    pp.141-148

 

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