A.H.M.E.

INTERVIEW 51 :

 

                 img4.gif                                                  Interviews de Breyka Ould M'bareck         

 Breyka Ould M'Bareck la vie d'un résistant

     

    Originaire d'Atar, le capitaine Breyka Oul M'Bareck, est, de l'avis général, l'un des plus valeureux officiers de notre armée. L'homme s'est forgé sur les terrains de combats, une réputation de fin stratège capable de mettre en déroute l'ennemi au premier contact.

    Ces exploits accumulés dans toutes les batailles et sur tous les fronts ne se comptent plus (voir document plus bas). Ces ennemis aussi, des aigris et des jaloux qui, jusqu'au bout, ne lui ont jamais pardonné d'être ce qu'il était un résistant, qui aura rempli sa mission qui consiste à défendre l'intégrité de son pays.

    Par ailleurs, Breyka Oul M'Bareck dérangeait aussi parce que la cause pour laquelle il luttait depuis 1964, celle de la composante ( khadhari ) forçait les lobbies réactionnaires à poser le regard sur un problème qui les dérangeait En effet, c'est là aussi qu'on retrouve l'autre facette de l'homme, un anti-esclavagiste pur et dur.

    Mais pour ses compagnons, qu'il continue d'appeler affectueusement les militants, ceux qui connaissent son histoire remplie de courage et de dévouement, histoire faite aussi de douleurs, et d'espoirs, ils magnifient l'homme car, comme dit l'un d'eux, nous tous ici, connaissons le prix de son sacrifice, et la solitude de ses exils mais qui aujourd'hui, dans ce gouvernement démocratique, qui pense à lui, à tout ce qu'il a donné pour son pays ?

    Le capitaine Breyka Ould M'Bareck a accepté volontiers de répondre à toutes nos questions avec franchise et parfois passion pour les sujets qui lui tiennent à cœur.

    Pour mieux connaître l'homme nous vous proposons un regard furtif sur son parcours.

    Med

    L'entretien :

     AVOMM.COM : Depuis votre retour d'exil en juin 2006, bien des choses se sont passées, pouvez nous parler un peu des espoirs nées du changement, les acquis et les déceptions ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Tout d'abord permettez-moi, Mohamed, de saluer ici tous les membres de l'AVOMM pour le combat qu'ils ont mené toutes ces années et qui a abouti à l'éviction de Ould Taya. Je saisis cette occasion pour affirmer que le coup d'Etat du 3 août n'est pas l'œuvre exclusive des militaires, mais une conjugaison de l'ensemble des pressions extérieures et intérieures qui ont fait chaviré le système et créé les conditions propices pour le changement. L'AVOMM et les autres Associations y ont contribué fortement.

    Ceci dit, j'ai ressenti une grande déception de voir exclure du gouvernement, qui devait mener la transition, toutes ces figures qui ont contribué à la chute du régime totalitaire. Néanmoins les militaires du CMJD avec à leur tête Ely Ould Mohamed Vall n'ont pas démérité, ils méritent le respect et la reconnaissance de tout le peuple Mauritanien meurtri par tant d'années de marginalisation.

    Cependant, j'ai été déçu de voir que les problèmes des déportés et du passif humanitaire, de l'esclavage, ses séquelles et les pratiques esclavagistes n'ont pas été parmi les priorités du CMJD et de son gouvernement. J'ai aussi été irrité par le fait que le CMJD s'est abstenu de s'attaquer aux problèmes relevant de la mauvaise gestion et la gabegie du pouvoir déchu. Malgré la célérité avec laquelle le gouvernement de transition a mis en place l'IGN (Inspection générale) aucune poursuite n'a été engagée contre les prédateurs.

    S'agissant des élections organisées par le gouvernement de transition, le CMJD a effectivement respecté le calendrier, toutefois la mise en place de la CENI qui, en réalité, n'avait pas en charge ses élections et l'intrusion dans notre pays de ce qu'on appelle les indépendants dirigés par une coordination sous la bénédiction d'une partie du CMJD sont venus fausser la lisibilité, la visibilité et l'impartialité de celles-ci.

    Avant de terminer je félicite le CMJD d'avoir honoré leur engagement et d'avoir permis l'avènement d'un président assermenté démocratiquement élu pour la première fois dans notre pays.

    Je félicite le Président Sidi Mohamed O/ Cheikh Abdallahi, pour les actes forts qu'il a déjà inscrits à son palmarès et qui se sont traduits par un discours historique à la nation dans lequel il a clairement demandé pardon aux victimes des dérives du système déchu à savoir la déportation de plusieurs milliers de nos concitoyens essentiellement halpulars, dépossédés de leurs terres et reniés dans leur nationalité, sans compter ceux qui sont morts ou disparus. Et la volonté politique de régler le problème des déportés et du passif humanitaire et en promulguant une loi criminalisant l'esclavage.


    AVOMM.COM : En votre qualité de militant de première heure de la cause anti-esclavagiste êtes-vous satisfait de la loi incriminant l'esclavage ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck :

    Avant de répondre à votre question, je ferai un bref rappel historique relatif à cette problématique. Le Comité Militaire de Salut National présidé par le Colonel Mohamed Khouna Ould Haiddalla a promulgué l'ordonnance 81234 du 9 Novembre 1981 portant abolition de l'esclavage en Mauritanie. A l'époque des instructions très claires ont été données aux autorités administratives et judiciaires pour son application. Et faites moi confiance quand je vous dis qu'à l'époque personne ne pouvait déroger à ces instructions. Donc on aurait pu en finir n'eut été l'arrivée au pouvoir de Taya qui a bloqué le décret d'application.

    Plus tard sous la pression des militants anti-esclavagiste Ould Taya a promulgué une ordonnance portant sur la traite des personnes, c'était une tentative de diversion comme il sait en faire, juste avant les élections prévues la même année. Aujourd'hui, le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a promulgué la loi criminalisant l'esclavage. Mais le problème, à mon avis, reste entier dans la mesure où la dimension sociale, culturelle et économique n'a pas été prise en compte. Convaincu de la bonne volonté du Président, je me permets de faire des propositions qui à mon humble aideront à clore ce dossier de façon définitive.

    En ce qui concerne l'esclavage, il est nécessaire de désigner une personnalité connue pour sa probité et rattachée à la Présidence. Une Commission chargée du recensement de tous les cas d'esclavage en Mauritanie devra être créée et sera aussi chargée de la lutte contre les pratiques et les séquelles de l'esclavage. Une agence de réinsertion, d'encadrement et d'accompagnement devra être créée.

    Il serait souhaitable que cette agence soit gérée par des personnalités qui se sont illustrées dans la lutte contre l'esclavage et qui sont au fait des tenants et aboutissants de cette problématique.


    AVOMM.COM : Que pensez-vous de ce nouveau parti de la mouvance présidentielle ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Je salue l'arrivée de ce parti en souhaitant qu'il soit sur le pied d'égalité que les autres, cela est dans l'intérêt de la stabilité de notre pays. Cependant lors sa formation, ce parti a été rejoint par plusieurs adhérents des partis formant El Mithaq et en ma connaissance ce passage ne s'est pas fait de façon réglementaire dans la mesure où il n'y a pas eu de démission ce qui laisse présager de fortes turbulences dans la majorité présidentielle, ce qui pourrait distraire le Président des préoccupations du citoyen ordinaire et serait un grand handicap face aux menaces qui guettent le pays, drogues, terrorisme etc…


    AVOMM.COM : N'êtes-vous pas déçu du manque de reconnaissance par le pouvoir en place, des officiers qui ont été marginalisés par le système déchu ? Avez-vous entrepris des démarches dans ce sens auprès des nouvelles autorités ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Déçu oui, parce que le CMJD a raté l'occasion de régler tous les problèmes des militaires victimes des abus de 1978 à nos jours. C'est pourquoi je fondais beaucoup d'espoirs de voir le Président s'attaquer à ce problème des forces armées et de sécurité dont la non résolution pourrait menacer à termes la stabilité du pays et la fragilisation du processus démocratique. Je m'explique : Vous avez 2 catégories de militaires laissés pour compte. La 1ere catégorie, la moins dangereuse à mon avis est celle constituée d'hommes de troupes, sous-officiers, officiers ayant un carnet de pension dont le montant est dérisoire ce qui est grave c'est que toutes les augmentations opérées ne les ont pas touchés. La 2eme catégorie, plus dangereuse, plus menaçante est formée d'hommes de troupe, officiers, sous-officiers qui ont été jetés de la rue sans droit, sans travail et sans salaires.

    Les militaires victimes des événements de 89 à 91 , les militaires accusés d'être Baathistes, les militaires accusés d'être nasséristes, les militaires auteurs de la tentative du 8 juin 2003 et enfin les officiers éjectés des différents comités militaires.

    Je saisis cette occasion pour attirer l'attention du Président de la République de l'importance de la prise en compte de ces problèmes pour l'intérêt suprême du pays. Je suis convaincu qu'il ne manquera pas de trouver des solutions rapides.


    AVOMM.COM : Vous avez soutenu lors des dernières élections le candidat Mohamed Khouna Ould Haidalla, aujourd'hui où vous situez-vous ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Actuellement je suis Président du Réseau Africain pour le Développement Humain Durable, et du Forum Pour la défense et la Promotion des Droits de l'Homme et de la Citoyenneté, car je pense qu'il y a un travail important à faire pour le renforcement de l'unité nationale et la consolidation du processus démocratique.


    AVOMM.COM : Il y a aujourd'hui des tracts qui circulent, certains attribués aux harratines et d'autres intitulés Avant-garde civilo-militaire, pouvez-vous nous parler de ces tracts ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : S'agissant du problème de l'esclavage, je pense que les insuffisances évoquées existent et demandent des solutions. Toutefois, je ne suis pas d'accord avec la pratique des tracts car depuis l'arrivée au pouvoir de Sidi O/ Cheikh Abdallahi, il n'a pas de censure et la liberté d'expression est assurée. Pour éviter la confusion et permettre la recherche de solutions, il faut avoir le courage de signer ses déclarations. S'agissant du second tract, les problèmes évoqués imposent une meilleure écoute de la classe politique, la société civile et les citoyens. Enfin, je pense qu'à chaque fois que nous avons des problèmes de cette nature, il convient de créer une cellule pour l'étude et la proposition de solutions adéquates.


    AVOMM.COM : Pourquoi utilisez-vous le mot Khadhari pour désigner la composante haratine ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Pour moi le terme harratine perpétue la dépendance psychologique et morale de l'ancien esclave avec son environnement esclavagiste. Pour moi la lutte doit commencer par le choix d'une appellation consacrant une rupture totale avec la pratique et le vocabulaire esclavagiste. Entre ceux qui utilisent le mot hartani et ceux qui utilisent le mot arbi asmar, le mot Khadhari dont la race fait référence à la couleur m'a semblé le plus approprié dans les circonstances actuelles.


    AVOMM.COM : Votre combat pour la composante Khadhari n'est-il pas déjà pris en charge par l'APP et SOS ESCLAVES ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Il s'agit du combat commencé en 1978 par le mouvement El Hor et tous les harratines y ont participé mais à des degrés différents. Bien sûr, c'est ici l'occasion de saluer l'honorable performance de mon grand frère Messaoud Ould Belkheir Président de l'APP et actuellement président de l'Assemblée Nationale, ainsi que mon frère Boubacar Ould Messaoud Président de SOS Esclaves pour les efforts consentis pour cette noble cause. Mais, il y a lieu aussi de citer Boidel Ould Houmeid dans l'action syndicale et politique, le Professeur El Keihel Ould Mohamed El Abd qui fut Secrétaire Général d'El Hor, ce dernier a publié beaucoup d'ouvrage sur l'esclavage en milieu maure. Bouh Ould Demba qui fut Secrétaire Général d'El Hor actions syndicale et politique, Achour Ould Boubou O/ Demba, Boukhreiss Ould Ahmed, Malick O/ M'Barek, Mohamed Ould Heimer, Achour Samba, Sgheir Ould M'Bareck, Mohamed Salem Ould Merzoug, Ould Werzeg, Sidi Abdallah Ould Mahmoud, Abderrahmane O/ Mahmoud, Sidi Ould Messaoud, Amar Ould Ahmed Deina, Feu Mohamed Lemine Ould Ahmed, Cheikh Ahmed Ould Zahav et la jeune génération Rchid O/ Mohamed par des publications, Maître Mohamed O/ Leghaf, Birame O/ Abeid, Dr Heimoud O/ Ramdane, Hemeine O/ Sidi, Ahmed O/ Khlive, Nave O/ Ahmed Beinane, Lebatt O/ Mohamed, Mohamed
    O/ Heimer, il faut citer aussi les femmes Oumou El Id Fall, M'Barke Sy, Aichetou Mt Alioune, je ne terminerai pas sans citer feu le Professeur Jaber décédé en Tunisie qui fut Secrétaire Général d'El Hor et feu Mahmoud O/ Said. Je m'excuse pour ceux que je n'ai pu nommer ici. J'ai voulu tout simplement montrer que cette lutte a mobilisé tout le monde et qu'elle continue, malgré la volonté du Président, car les lobbies réactionnaires et féodaux continuent d'exister.


    AVOMM.COM : Parlez-nous de votre perception des journées de concertations, les points forts, les insuffisances, les espoirs et les déceptions ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : S'agissant de ces journées, je me félicite du climat dans lequel s'était déroulé le débat. Et je précise que le rapport de synthèse a été adopté par acclamation de tous les participants. Pour ma part, je vous livre ici mes propositions.
    Pour rappel ces mêmes propositions ont été formulées dans ma lettre ouverte de 1990.
    Pour le problème des déportés et du passif humanitaire le Président doit nommer une personnalité connue pour sa probité et directement rattaché à la présidence, pour éviter les blocages et les retards de la bureaucratie etc… Et une Commission d'enquête indépendante. En ce qui concerne le retour des réfugiés, leur installation et leur insertion, il est nécessaire d'associer toutes les organisations des victimes, Fonadh, Covire, Représentants de réfugiés, Copeco, et les représentants des associations de la Diaspora AVOMM, OCVIDH ainsi que les associations des Droits de l'Homme, Commission des Droits de l'Homme, AMDH ainsi que le READHD (Réseau Africain pour le Développement Humain Durable), le Forum Pour la défense et la promotion des Droits de l'Homme et de la Citoyenneté. A propos de l'Agence, je suggère que le Président de son conseil d'Administration doit être issu de la société civile.
    Compte tenu de l'unanimité dégagée lors de ces journées de concertations, il appartient au gouvernement de ne pas décevoir les attentes de toute une nation.


    AVOMM.COM : On vous a vu intervenir lors la conférence sur le renforcement de l'unité nationale organisée conjointement par NDI et la Commission Nationale des Droits de l'Homme, selon vous cette conférence a omis de prendre en charge certains dossiers, si oui de quels dossiers s'agit-il ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Je tiens à féliciter NDI et la Commission Nationale des droits de l'Homme, car la présence d'experts en matière de règlement de passif humanitaire de différents continent est une façon assez subtile d'aider le comité interministériel d'améliorer l'approche qu'il privilégie pour un règlement satisfaisant du dossier du passif humanitaire et du retour des réfugiés. J'ai apprécié fortement la manière dont le Président de la Commission Nationale des droits de l'Homme a introduit le problème de l'esclavage pour la grande satisfaction des participants. Ceci étant dit, il me semble que le problème des militaires victimes d'abus de 1978 à 2005 doit figurer en bonne place dans la recherche de la consolidation de l'unité nationale.


    AVOMM.COM : Mon capitaine, si vous le voulez bien évoquons un peu les années de braises: On ne vous entend pas beaucoup évoquer la chasse aux négro mauritaniens que le régime Taya a faite de 1986 à 1991, massacrant des centaines de militaires noirs mauritaniens dans des casernes militaires, est ce par pudeur ou trouvez-vous une justification à cette horreur ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Ce n'est ni par pudeur, encore moins par la recherche d'une justification quelconque à cette horreur, je vous rappelle tout simplement que de 1984 à 1988 j'étais en détention isolée par le même système qui a commis ces horreurs, j'ai même perdu ma petite fille M'boirika qui avait neuf ans et qui avant sa mort dans son lit d'hôpital pleurait et réclamait de voir son père avant de mourir, alors que j'étais embastillé à Jreida. Le régime de Taya avait refusé d'accéder à la supplication de cette petite fille mourante, Y a-t- il, à votre avis une horreur aussi monstrueuse que celle-ci ? Pourtant si vous consultez ma première lettre ouverte adressée à Taya, je dénonçais tous ces crimes, disparitions et violations graves des droits de l'Homme et demandais la mise d'une commission d'enquête indépendante et d'autres mesures. Je vous informe aussi que je suis membre fondateur de l'AMDH et j'ai participé à ce combat et ma position n'a fait que se renforcer toutes ces années.


    AVOMM.COM : Pensez vous que le président Sidi est libre et gouverne librement ce pays; quand on voit que des gens que nous accusons formellement de criminels et dont nous avons les preuves de leurs forfaitures sont encore aujourd'hui nommés à des postes de choix dans notre armée dite nationale, qu'en pensez vous ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Pour moi c'est Sidi qui gouverne et il assume l'entière responsabilité de ses choix. Cependant, il ne faut pas oublier qu'il est arrivé au pouvoir avec une équipe de militaires et de civils, on ne peut pas lui demander de s'affaiblir en se débarrassant de ses alliés, parce que ce sera de l'ingratitude et de l'irresponsabilité et une fragilisation de la stabilité du pays pour le moment, je suis convaincu qu'il est conscient de l'impérieuse nécessité de se conformer au serment qu'il a fait lors de son investiture.


    AVOMM.COM : On l'a évoqué plus haut, votre combat pour l'égalité des races et des ethnies dans notre pays, l'envoyé des nations unies sur les discriminations en mission en Mauritanie a parlé de quotas dans l'accession à des postes de responsabilités de ceux qui y sont presque exclus, nous pensons aux hartanis et aux négro africains certainement lui aussi, partagez vous ce point de vue de Mr Doudou Diéne ?

    Capitaine Breyka Ould M'Bareck : Je partage parfaitement ce point de vue, je pense que seule une représentativité équilibrée permettra à tous les mauritaniens de jouir de leur droits et d'être fiers de leur appartenance à une même nation. Car le partage ici, doit être compris comme le levier indispensable à la consécration de la cohabitation des communautés de ce pays. Acquis que nous avions négligé depuis l'avènement de l'indépendance.


    AVOMM.COM : Merci Capitaine d'avoir bien voulu répondre à nos questions.



    Propos recueillis par Mariame Kane et Mohamed Dogui

    29/01/2008
    INFOS AVOMM

 

 

  

25 juin 2007 : Interview de l’ex Capitaine Breika ould M’Bareck

    «L’argent mobilisé pour le Palais des peuples s’élevait à plus de 70 millions d’ouguiyas. J’ai les preuves que ce montant  était en place lors de mon départ, en conséquence, c’est aux différents Permanents des Comités qui m’ont succédé, qu’il faut poser cette question. Les Mauritaniens ont le droit d’être édifié sur le sujet»

    Officier le plus médaillé de l’Armée nationale, l’ex capitaine Breika ould M’Bareck a occupé plusieurs fonctions militaires. Formé à Saint Cyr, avec plus tard un stage à l’EAAC d’Alger, ce spécialiste de l’artillerie s’est particulièrement distingué lors de la guerre du Sahara occidental.

    Membre actif de la junte militaire qui a renversé feu maître Mokhtar ould Daddah, il a été mis à la réforme en 1979 après avoir été accusé par ses compagnons d’armes du  CMRN (Comité Militaire pour le Redressement National) de préparation, au même titre que l’officier Moulaye Hachem ould Moulaye Ahmed, d’un contre coup d’Etat.

    Au cours de la même année, il a participé à la restructuration du CMRN qui deviendra le CMSN (le Comité Militaire pour le Salut National). Toujours en 1979, il fait son retour en force au sein de la Grande Muette.

    Avec sa franchise légendaire, cet ancien officier a eu un entretien à bâtons rompus avec
    l’équipe de rédaction de notre journal. Il nous a notamment parlé de ses faits de guerre lors du conflit avec le
    Sahara, de ses arrestations, de l’accident d’avion de feu Kader, de l’argent du Palais du Peuple, de ce qu’il pense des coups d’Etat en particulier celui du 8 juin 2003, de son combat pour ceux qu’ils appellent El Khadhara, de son parcours politique, de ce qu’il pense du régime actuel et de bien d’autres sujets. Entretien :

    Le Véridique : Vous avez commencé votre carrière professionnelle par
    l’enseignement, en tant qu’instituteur. Pourquoi par la suite, avez-vous choisi
    l’enrôlement à l’Armée ?

    Breika ould M’Bareck : J’ai effectivement commencé ma carrière comme instituteur et j’ai exercé ce métier à Bir Moghrein et à Chinguitti pendant près de sept années. Au cours de cette expérience, je me suis imposé la noble mission de préparer la composante Khadhara à assumer son avenir et sa place sur l’échiquier national.

    Dès mon jeune âge, j’ai pris une option pour la lutte pour l’émancipation des Khadhara et contre la marginalisation et l’exclusion de cette frange. J’avais remarqué que le problème des esclaves allait se poser avec acuité plus tard. En considération de la société mauritanienne, et de ses structures tribales, ses castes, l’Armée constituait  un vecteur de changement. Donc je suis venu à l’Armée dans l’optique de contribuer à ce changement qui permette de mettre le pays sur de bons rails. Ce très beau pays qui a une riche histoire, un glorieux passé mais qui restait bloqué en raison d’un système psychologique féodal. Dans mon esprit, c’était donc
    l’Armée pour le changement.

    Le Véridique : Vous avez participé à la guerre du Sahara. Quels souvenirs gardez vous de cette époque ?

    BOM : (Rire). Si je me mets à énumérer les souvenirs, nous ne terminerons pas cette interview aujourd’hui mais je vais vous en parler, dans le tas de quelques ‘uns.

    Je me rappelle que quand notre Armée s’est engagée dans cette guerre, je voyais certains soldats détaler dans les regs de Lagoueira, cela me faisait sourire. Mon deuxième souvenir,
    c’est à Gleibatt Legleiya, quand nous avions investi Awsred, nous avions un chef certes courageux mais qui était très pressé et qui ne nous a pas laissé contourner la position, on
    s’est rendu à Zouerate et le Polisario nous a contre attaqué. Il a fallu quinze jours d’âpres combats pour les déloger de nouveau.


    Mon chef et frère, feu Dieng Nadhirou, qu’Allah ait son âme et l’accueille en son saint Paradis,  me  parlait de notre distance de sa chère Vallée, je le revois avec son visage de saint. Troisième souvenir, c’est l’attaque du 1er mai, quand j’étais obligé de déloger le Polisario, j’ai aperçu une voiture rouge, un type de véhicule que mon frère qui travaillait à la Snim avait, j’ai pris peur que mon frère soit  entre les mains du Polisario. Enfin, l’avion de feu Kader, ce brillant officier qui après avoir été abattu par une roquette, a trouvé l’imagination  et un réservoir de courage pour tromper l’ennemi et retourner à la carcasse de l’avion jusqu’à ce
    qu’on soit venu le récupérer...

    Le Véridique : Justement, l’accident de feu Kader a suscité de nombreux commentaires notamment en ce qui concerne l’identité des personnes venues les premières à son chevet. Avez-vous des éclaircissements sur cet épisode ?

    BOM : En réalité, Kader a été récupéré par une unité commandée par Mohamed Khouna ould Haidalla mais c’est moi-même qui ai eu l’honneur de venir le premier au pied de cet Defender et ce n’était pas par hasard. C’est à partir de certaines données que j’ai pu identifier la zone où il pouvait être tombé. L’avion nous avait survolé aux environs de 16 heures, j’ai suggéré au chef de revenir à Mheiriz El Hachya et à partir de là, nous avons pris les traces du Polisario et en regardant la carte, j’ai estimé que c’est à partir de la zone dite Zbyera Ehel Deikhine que
    l’avion aurait été abattu. Avec opiniâtreté et espoir, nous avons cherché jusqu’à trouver la carcasse de l’avion. J’étais avec des soldats valeureux et courageux parmi lesquels je peux citer votre Directeur de Publication monsieur Mohamed Salem ould Haiba, qui à l’époque très fougueux. Il faut dire que je ne suis pas étonné de le retrouver aujourd’hui ici parce que lorsque je le formais à l’armée, il s’était déjà imposé comme un général malgré son jeune âge.

    Le Véridique : Pensez vous que la Mauritanie avait raison de se retirer de la Guerre du Sahara et que Feu Mokhtar ould Daddah s’était trompé sur cette affaire ?

    BOM : Ecoutez, feu le président avez parlé de la Mauritanie dans son ensemble bien avant
    l’indépendance. En revendiquant une partie du Sahara occidental, il avait au moins une suite dans les idées. Personnellement, je suis pour l’autodétermination des peuples, mais je trouve que Mokhtar avait raison de revendiquer ce bout de territoire. Par la suite, le contexte avait changé. La Mauritanie s’était retirée de cette guerre après en avoir informé les Nations Unies. Nous nous étions retiré pour débloquer la situation. Je crois que si aujourd’hui, les deux parties en conflit sont en négociations directes cela découle de cette position prise par notre pays.

    Le Véridique : Durant votre parcours, vous avez été placé en détention plusieurs fois. Peut-on savoir le pourquoi de ces incarcérations ?

    BOM : J’ai été arrêté trois fois. La première fois, il y a eu des divergences entre moi et  mon chef dont je ne veux pas citer le nom ici par pudeur. Cet officier a oublié que j’étais officier comme lui et surtout en toute modestie que je n’étais du genre à se laisser marcher sur les pieds. Il a voulu déborder et je l’ai rappelé amicalement mais fermement et avec honneur tel que cela nous a été enseigné dans les académies militaires.

    J’ai beaucoup regretté cette arrestation surtout que durant mon absence, mes compagnons ont subi une lourde défaite à Bir Guendouz. Je ne sais pas si ma présence aurait pu changer le cours des choses mais ce dont je suis sûr, c’est que j’ai joué un rôle déterminant dans plusieurs batailles comme peuvent en témoigner tous les officiers, sous officiers et hommes de troupe honnêtes qui ont eu à me côtoyer durant cette période de ma vie.

     La deuxième fois, j’ai eu des démêlées avec un gouverneur à F’Derick suite à une altercation avec lui du fait que durant une manifestation de projection de film, j’ai trouvé des officiers de
    l’Armée debout alors que des sièges étaient occupés par des femmes et des enfants. J’ai trouvé cela anormal en temps de paix et à plus forte raison en temps de guerre et je l’ai fait signifier à ma façon. Cela a irrité le gouverneur qui a présenté cet incident aux hautes autorités sous un autre angle. J’ai été mis aux arrêts et on m’a emmené à Rosso où peut être on voulait me juger. Entre temps, il y a eu l’opération de Ezayiz Drak, et on a demandé à feu Jiddou ould Saleck d’organiser une riposte. Il a estimé que son adjoint en l’occurrence moi-même devait être avec lui. C’est ainsi qu’on m’a envoyé un avion léger pour me ramener au champ de bataille.

    La troisième fois, juste après le 10 juillet. J’ai été arrêté parce que j’ai estimé que la première configuration du Comité et les options n’étaient pas celles qui étaient définies au préalable par tous les officiers. J’ai mis en garde le chef du CMRN que s’il ne corrigeait pas cette déviation, je n’hésiterai pas à la corriger moi-même si l’occasion m’était donnée de le faire. J’ai été arrêté pendant près de trois mois, puis mis à la réforme avant de revenir avec le CMSN avec l’aval de Mohamed Khouna ould Haidalla et feu Ould Bouceif. Un valeureux officier à qui je rends ici un vibrant hommage et que les Mauritaniens ne doivent pas oublier.

    Le Véridique : Vous étiez sous le régime de Ould Haidalla, l’un des hommes forts du pays. A l’époque, les Mauritaniens s’étaient fortement mobilisés pour la construction du Palais du Peuple dont vous aviez la charge. Peut-on savoir où est passé tout cet argent ?

    BOM : Contrairement à ce que soutiennent beaucoup de gens, le Palais du peuple n’a pas mobilisé beaucoup d’argent. Toujours est-il que, l’argent mobilisé pour cet édifice s’élevait à plus de 70 millions d’ouguiyas. J’ai les preuves que le montant était en place lors de mon départ, en conséquence, c’est aux différents Permanents des Comités qui m’ont succédé
    qu’il faut poser cette question. Les Mauritaniens ont le droit d’être édifié sur le sujet. Ce sont ces Permanents qui se sont succédés depuis 1984, qui ont confié le marché de construction à un homme d’affaires qui n’a érigé que les colonnes que tout le monde voit aujourd’hui.

    En 1990, j’avais rédigé une lettre ouverte dans laquelle je disais toute ma disposition d’aller
    devant la Justice pour faire toute la lumière sur cette affaire. Je l’ai dit à l’époque, je le dis tout de suite et je le dirais demain car je n’ai rien à me reprocher sur cette affaire

    Le Véridique : L’un de nos confrères, en l’occurrence Jeune Afrique avait écrit à propos de l’officier Feu Moulaye Hachem « l’arroseur arrosé ». Cette formule pourrait-elle être adaptée à votre cas ?

    BOM : J’estime que lorsque j’étais au pouvoir avec Ould Haidalla, personne ne pouvait le toucher. Même les Américains, les Français, le savent. Je suis très content d’avoir quitter le pouvoir sans avoir à trahir mon ami et frère Mohamed Khouna ould Haidalla et de pouvoir aujourd’hui le regarder en face sans la moindre honte. J’ai préféré traverser le désert depuis 1984, parce que j’estime que cet homme est celui qu’il fallait à la Mauritanie.

    Le Véridique : Depuis un certain temps vous êtes actif dans la scène politique. Mais vos détracteurs vous reprochent ce qu’ils appellent votre instabilité politique ?

    BOM : Ce que ces gens appellent l’instabilité, moi je le définis plutôt comme expérience et fidélité aux principes. Je connais bien les mentalités des mauritaniens pour avoir été l’un des architectes du Mouvement d’Education des Masses. De fait, ceux qui me reprochent mon instabilité, ce sont des gens qui ont peur que je leur tire le rideau. De fait, dans mon entendement, il était souhaitable pour moi et pour El khadhara que je représente, que je me mette en retrait puisqu’ils avaient eux-mêmes choisi un leader. Il ne servait à rien de venir lui faire la concurrence. Cela pouvait tout au plus affaiblir la cause que nous défendons tous malgré les divergences d’approche. Il faut dire que c’est avec le kalach que je me suis imposé et que j’ai aidé les Khadaras.

    Le Véridique : D’autres vous accusent d’appartenir aux services de renseignements?

    BOM : C’est dommage parce que mon genre ne peut pas appartenir aux renseignements et puis qui renseigner ? Des hommes que j’ai eu à commander ? Si j’avais appartenu aux réseaux des  renseignements, j’aurai dû trouver ma place de soleil après le 3 août 2005...

    Le Véridique : En tant qu’expert militaire, est ce que vous pensez que la tentative de coup d’Etat du 8 juin 2003, qui est à la fois la plus sanglante et la plus osée de la longue série de putches, pouvait être dirigée par un homme qui n’était plus en service au sein de l’Armée ?

    BOM : L’action du 8 juin a été menée par des officiers qui étaient au sein de l’institution militaire, des hommes qui dirigeaient des unités. Ils se sont peut être appuyés sur d’autres hommes qui n’étaient plus dans le corps. Il faut dire quand même que malgré tout, l’Armée était suffisamment verrouillée pour que le premier civil, fut-il un ancien du corps, puisse pénétrer dans la plus petite caserne sans attirer l’attention sur lui. C’est une action héroïque dirigée par des hommes courageux, mais qui a connu de nombreuses insuffisances graves qui ont fait que la tentative a capoté.
     
    Première insuffisance : il fallait chercher un homme charismatique comme leader comme cela s’est passé récemment en Cote d’Ivoire. Deuxièmement, il ne fallait pas, comme on dit dans notre jargon, chercher à remplacer caporal par sergent. Il fallait plutôt associer le maximum de militaires à l’opération, mobiliser par exemple tous les militaires victimes depuis 1984 de
    l’arbitraire. Enfin, il fallait bien préparer l’aspect de la communication, certes Ould Kaabach et un autre étaient revenus à la TVM mais à leur arrivée ils avaient trouvé que le BASEP avait déjà maîtrisé la Télévision et enfin il fallait également chercher une caution préalable des partis politiques.

    Le mérite de cette opération est d’avoir permis de dégripper le régime de Ould Taya et préparer le terrain du 3 août 2005. Le 8 juin est donc une réaction de certains officiers héroïques qui ont pris leurs armes pour sauver le pays du chaos vers lequel il s’acheminait inexorablement.

    Le Véridique : Selon certaines sources, vous auriez été contacté par les instigateurs du 8 juin 2003 ?

    BOM : Je ne peux pas confirmer ou infirmer cette information. Tout ce que je peux dire c’est que certains officiers qui me connaissent, ont cherché à avoir mon avis. Je leur ai dit que Ould Taya n’est pas à sous estimer et que si on ne cherche pas à impliquer tous les officiers, cela ne peut pas marcher.

    Le Véridique : Quel est l’avenir politique de l’ex capitaine Breika ?

    BOM : Mon avenir est lié à celui de la Mauritanie. J’estime que les partis politiques ont fait une erreur en cautionnant aveuglement le 3 août 2005 et en acceptant  d’être manipulé contre la déclaration de Dakar. C’est pour cela que j’estime qu’il n’y a pas eu de période de transition. Parce qu’une transition suppose l’implication de tous les acteurs publics, partis politiques et société civile.

    Le Véridique : Que pensez vous de l’actuel régime ?

    BOM : Le Président élu Sidi ould Cheikh Abdallahi est un homme foncièrement bien. Je le connais parfaitement pour l’avoir côtoyé durant sa traversée de désert. Je lui fais confiance mais il doit appliquer l’équation très simple de la politique nationale. C’est-à-dire qu’il doit permettre au Premier ministre, au président du Sénat et celui de l’Assemblée nationale de se concerter pour les grandes décisions. Tout comme il doit impliquer le leader de l’opposition. Mais encore une fois, il ne doit pas oublier l’Armée. Il faut que l’actuel locataire du Palais ocre se penche sur la situation des militaires. En tant que commandant en chef des Forces Armées, il doit prendre très au sérieux le cas de l’Armée.  

    Le Véridique : Qu’avez-vous fait concrètement pour aider à l’émancipation de ceux que vous appelez El Khadaras?

    BOM : J’ai aidé à une prise de consciente de l’injustice subie par cette frange de la population. J’ai passé le flambeau à ceux qui militent aujourd’hui pour cette cause. Le problème de cette frange ce n’est pas de faire une loi criminalisant l’esclavage, le problème c’est de trouver une solution concertée. Pour cela, il faut associer toutes les personnes, toutes les organisations concernées de près ou de loin par la question.

    Il est inconcevable qu’en 2007, on trouve dans les domiciles de certains responsables encore des captifs pour leur laver les mains. Ces responsables doivent être sévèrement punis. Le gouvernement gagnerait à se désolidariser de tout ministre ou autre responsable chez qui on trouverait un Abd. Ca c’est du concret.

    Le Véridique : En tant qu’expert militaire, pensez vous que dans le contexte actuel de démocratisation, le pouvoir puisse être pris par la violence?

    BOM : Les coups d’Etat sont toujours envisageables. La germe d’un coup d’Etat, c’est quand des femmes et des enfants conduisent des voitures de l’Etat alors que des commandants ou des capitaines marchent à pied ou attendent des taxis, c’est quand les militaires n’ont pas de dortoirs, c’est aussi quand ils n’ont pas de soins, ils n’ont pas de moyens de transport,  c’est également quand dans le tableau d’avancement on n’applique pas les règles, ou encore quand il y a des problèmes sociaux...Les coups d’Etat c’est quand des hommes formés et de qualité estiment que leur pays est au bord de la dérive et qu’il convient de le sauver. Il ne faut surtout pas croire que l’Union Africaine ou la Ligue Arabe ou toute autre institution internationale puisse empêcher des officiers, des soldats de prendre le pouvoir par les armes s’ils jugent que cela va aider à mettre leur pays sur bons rails.

    Ensuite, vous avez dans la rue plus de 300 officiers, limogés pour différentes raisons et qui
    n’ont pas de revenu et dont certains se sont mis à vendre des cartes de recharge de téléphonie mobile, vous avez aussi 2000 militaires des sous officiers et des soldats qui n’ont pas de quoi vivre, c’est gens là, il faut en tenir compte et leur trouver des solutions.

    Propos recueillis par Haiba et Ragel
     S
    ource : Le Véridique (Mauritanie)
     

 

  Retour