A.H.M.E.

COMMUNIQUE 339:  

 

 

Conférence annuelle de l’OIT

Intervention à la Commission des normes de Samory OULD BEYE SG/CLTM
Cas de la Mauritanie C29


L’esclavage existe et persiste à exister dans toutes ses formes en Mauritanie. Le gouvernement continue comme auparavant à occulter et étouffer cette réalité parce que le pouvoir en Mauritanie est contrôlé et dirigé par les esclavagistes et conservateurs dont les intérêts économiques et politiques sont liés à cela, à savoir le traitement et l’exploitation inhumaines de toute une population assujettie à l’esclavage et condamnée à vivre l’appauvrissent et la précarité afin qu’elle reste dans le besoin et dépendante des maîtres.

Ce qui est inquiétant, c’est que leur situation s’empire de plus en plus du fait de l’accentuation de pression sur eux pour détruire chez eux tout espoir de changer leur statut et de s’insérer dans la vie active pour vivre comme les autres personnes.

C’est ainsi que les harcèlements, les intimidations et la discrimination devant l’emploi sont devenus des pratiques courantes pour renforcer l’étau autour d’eux, les autorités administratives (Walis, préfets), les autorités policières et judiciaires synchronisent leurs actions combinées pour imposer un système féodal esclavagiste érigé en un système politique d’exclusion, d’exploitation des personnes sous les formes les plus abjectes.

En 2007, après les élections présidentielles dans le pays et suite aux fortes pressions exercées ces dernières années sur le gouvernement Mauritanien par les forces du progrès, dans le pays, l’intervention d’autres parties au plan international dont le BIT, les organisations des droits Humains et les Nations Unies, sous donc leur pression, le gouvernement a adopté la loi 2007/048 qui incrimine et réprime les pratiques de l’esclavage en Mauritanie.

Dans cette période, une vaste campagne de sensibilisation a été effectivement menée, des Ateliers et réunions d’informations ont également été faits où ont été impliqués les hauts officiers, les sous-officiers de tous les corps, les administrateurs Walis, préfets et autres commis de l’Etat en vue de les sensibiliser sur la nécessité de mettre en œuvre cette loi et l’abolition définitive de ce phénomène odieux de l’esclavage. Mais très tôt, les esclavagistes ont repris le terrain conquis en renversant vite la tendance, résultat : toute cette politique et ces mesures concrètes ont été sabordées et abandonnées en pratique, y compris les mesures d’accompagnement de la loi qui étaient envisagées au départ.

La pression sur les esclaves et les anciens esclaves devenue plus accrue. Etant entendu que les mois qui ont suivi l’adoption de la loi beaucoup d’esclaves ont manifesté leur désir de quitter leurs maîtres, plusieurs organisations et ONG de droits de l’Homme sont saisies couramment par des esclaves qui demandent d’être assistés pour quitter leurs maîtres. C’est dans ce cadre que plusieurs missions à l’intérieur du pays ont eu lieu particulièrement de la CNDH et SOS-Esclave, deux institutions légalement constituées et reconnues. Mon organisation syndicale, la CLTM est aussi un des acteurs actifs dans la défense des esclaves.

Monsieur Le Président,

Pour les cas concrets, avec les images, les témoignages, les procès-verbaux de la gendarmerie, de la police, les réquisitions des procureurs, les propos et déclarations des esclaves et des maîtres, je vous demande de vous référer aux rapports pertinents de SOS-Esclave et CNDH dont j’ai été membre et j’ai participé à plusieurs de ces missions, voir les photos où je suis au milieu d’un groupe d’esclaves libérés que nous avons amené à Nouakchott après une distance de 1000 Km, la ville d’Aioun ou Tagant 600 Km de Nouakchott. C’est pour vous dire que les cas concrets existent et existent sous toutes les formes.

Monsieur Le Président,

Malgré l’absence des structures d’accueil, absence d’assistance matérielle, ou indemnisation pour préjudices causés permettant aux victimes d’avoir une dépendance économique et en vue de leurs insertions. Malgré toutes ses difficultés inhérentes à l’absence de toute volonté politique réelle du gouvernement à endiguer le phénomène, les esclaves continuent encore à manifester leur désir de quitter leurs maîtres.

Quant au gouvernement actuel, qui je le rappelle est issu du coup d’Etat de 2008, c’est un gouvernement réactionnaire et esclavagiste et c’est lui qui a gelé l’ensemble des mesures prises en 2007 par le gouvernement précédent. Les stratégies et programme dont il évoque ne sont que leurres et bleuf car tout ce qu’il fait est à l’avantage des esclavagistes et contre les esclaves. Tous les chiffres avancés ne sont pas justes les fonds utilisé à d’autres fins.

Enfin, compte tenu de tous ces faits, je souhaite que la commission prenne les mesures adéquates qui s’imposent.


Je vous remercie

Genève, le 10 juin 2010

 

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