A.H.M.E.

COMMUNIQUE 321:  

 

 

CONFÉRENCE DE PRESSE IRA-MAURITANIE

 

L’AUTHENTIQUE (Journal)

Actualité N°1128 du jeudi 15 avril 2010

"L'immoralité s'est installée au sommet de l'Etat "

 

La conférence de presse organisée par IRA-Mauritanie (Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie), que dirige Biram Ould Dah Ould Abeid a drainé du monde. Fait remarquable, la présence massive des jeunes de toutes les communautés. La solidarité avec ce militant des droits de l'Homme, que le pouvoir " cherche à casser après avoir tenté de l'amadouer ", d'après ses partisans, fut forte. Plusieurs orateurs se sont succédés au micro pour défendre celui qui est devenu aujourd'hui pour plusieurs franges de la communauté Haratine "une icône de la lutte contre l'injustice et l'oppression". Pour démanteler " le fonds de commerce qui alimente la campagne de désintoxication orchestré depuis quelques jours par le régime en place secondé par ses "Ulémas ", en vue de discréditer Biram Ould Dah ", dixit Mohamed Vall Ould Sidi Moïla, chargé de communication de l'IRA, celui-ci apporte des éclaircis.

 

Mohamed Vall Ould Sidi Moïla

"Biram est aujourd'hui la cible de tous les maîtres et anciens maîtres d'esclaves tapis dans les rouages de l'Etat. Ils sont aidés par une armée d'Imams et d'Ulémas qui n'ont plus comme préoccupation que de le diaboliser aux yeux de l'opinion nationale et internationale " dira Ould Sidi Moïla. Pour lui, "ces religieux du pouvoir utilisent la religion pour arriver à leur fin, décrivant Biram comme un apostat qui renie le rite malékite et font inculquer à la masse que Biram veut diviser le peuple mauritanien, tout enl'accusant de raciste.

Sur le Malékisme

Selon Ould Sidi Moïla, le rite Malékite n'est pas l'apanage des Ulémas du pouvoir qui le servent d'ailleurs mal, dira-t-il, soulignant que Biram est musulman, de rite Malékite Ech-Ari. Ce que Biram condamne, dira-t-il, ce n'est pas le rite Malékite dans sa pureté originelle, mais cette copie travestie pratiquée en Mauritanie pour établir la domination de classe, justifier l'esclavage et l'oppression". Il dira que Malick Ibn Aness a toujours étéopposant du pouvoir Abasside. Il a été torturé pour ses idées sous le Calife Jaafar Mansour. D'où l'étonnement de Ould Sidi Moïla de constater que "le Figh Malékite n'a malheureusement produit que des Ulémas rangés du côté du Prince, soutenant ses abus à coup de Fatwas de complaisance ".

Violence verbale

"On accuse Biram de développer un discours de violence, relève Ould Sidi Moïla, et on en fait des Khotbas déclamées dans toutes les mosquées du pays, dans une communion jamais égalée pour une cause". Et de se demander "pourquoi ces mêmes Ulémas se sont tus pendant 7 siècles de violence physique et morale, d'esclavage et d'oppression, pour ne s'offusquer que contre la violence verbale de Biram Ould Dah, vieille seulement 3 ou 4 ans ? " Il dira que jusqu'à ce jour, les Ulémas de Mauritanie croient dur comme fer que "l'esclavage fait partie des prescriptions de l'Islam et refusent de l'interdire ou de le condamner ". Jamais, ajoutera-t-il en substance, les mosquées mauritaniennes ne se sont si bien entendues que pour combattre Biram. Parce qu'il dénonce des abus basés sur des prescriptions religieuses qui ont toujours justifié la logique de la domination, sources de leurs privilèges de classe.

Racisme

Ould Sidi Moïla dégoupillera "une autre fausse munition " des adversaires de Biram. "Ils disent que Biram est raciste, une assertion qu'aucun esprit sain ne saurait appréhender " dira-t-il. Selon lui "comment Biram, qui combat le racisme peut lui-même être raciste ? C'est un non sens et une goupille mouillée " Pour Ould Sidi Moïla, le combat de Biram est clair. "Il combat les maîtres qui continuent d'asservir des hommes, des femmes et des enfants et tous ceux qui les soutiennent dans leur oppression.

 

Ahmed Ould Samba

L'ancien porte-parole du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et Secrétaire général adjoint de S.O.S Esclaves, Ahmed Ould Samba a tenu à exprimer son soutien et sa solidarité à Biram Ould Dah. "Je partage, comme toute la communauté Haratine et les combattants de la liberté et des droits de l'homme dans le pays, les mêmes idées que celles défendues par Biram Ould Dah Ould Abeid " dira-t-il. Et d'énumérer "l'injustice, l'oppression, les inégalités, le racisme, la discrimination, l'exclusion, et le pouvoir de la minorité sur la majorité ". Selon Ould Samba, de tels maux ne peuvent éclore au sein d'un peuple sans entraîner son éclatement, donnant l'exemple de plusieurs pays plongés aujourd'hui dans la guerre civile et les déchirements intercommunautaires. "Seul l'Islam, ciment de l'unité nationale, préserve encore la Mauritanie des affres de la division " soulignera-t-il Ahmed Ould Samba citera le cas de l'esclave que SOS Esclave vient d'arracher à Atar des griffes d'un officiel de la gendarmerie qui, selon lui "l'exploitait et exploitait sexuellement ses filles mineures ". Et de préciser : "l'affaire a été portée à l'attention des autorités et de la justice. Qu'en est-il aujourd'hui ? L'officier a-t-il été inquiété ? Que nenni ! Il continue de jouir de l'impunité, malgré la flagrance des faits ". Il dira qu'aux Etats-Unis, "l'abolition de l'esclavage est passé par la guerre de sécession entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste et s'est achevé par la victoire des premiers". Pourtant, dira-t-il, "ce sont des blancs qui ont donné leur vie en combattant d'autres blancs pour extirper des millions d'esclaves noirs américains des carcans de l'esclavage. Parce que l'Amérique ne pouvait se développer, avec une partie de sa population mise aux fers ". De même, dira-t-il, l'éradication de l'esclavage en Mauritanie est avant d'être un combat laissé à la charge d'une seule communauté, les Haratines, une affaire de conscience humaine et d'intérêt national, qui interpelle toutes les communautés du pays, Haratines, Négro-Africains et Arabes. Ahmed Ould Samba dira que les Ulémas, au lieu de cautionner les exactions du pouvoir en lui taillant des justificatifs religieux sur mesure, doivent au contraire l'éclairer dans la bonne direction. Aujourd'hui, dira-t-il, l'exclusion des Négro-Africains et des Haratines des rouages de l'Administration et de l'Armée, est d'une éclatante évidence. Pour lui, ce ne sont pas les défenseurs des droits de l'Homme comme Biram Ould Dah qui menacent l'unité nationale, mais les hommes politiques proches du pouvoir. Il donnera l'exemple de l'école militaire des jeunes récemment ouverte, dominée par une écrasante majorité d'enfants maures. Le cas de Ahmed Ould Khattri, "la seule victime de la pseudo-lutte contre la gabegie à être maintenue en prison " est selon Ould Samba significatif de la condition des Haratines. Et d'ajouter "parmi tous les suspects de détournement, c'est le seul à croupir encore en prison parce qu'il est Hartani. Tous les autres ont été libérés sans jugement. Pourtant, c'est le seul dont les employés ont organisé des marches dénonçant son arrestation pour avoir développé la boîte qui lui a été confiée"

Bâ Mamadou Kalidou

Le Président de l'Initiative mauritanienne Egalité et justice (Imej), Bâ Mamadou Kalidou, est venu selon lui à cette conférence pour soutenir l'IRA qui traverse avec son président une période difficile pour sa lutte courageuse contre les violations des droits de l'homme en Mauritanie. Il dira que la situation qui prévaut aujourd'hui ne peut pas perdurer, et qu'une seule communauté ne peut pas continuer à s'accaparer de tout, "du Savoir, de l'Avoir et du Pouvoir ", rejetant toutes les autres communautés dans la touche. Il dira que l'injustice doit cesser et qu'un véritable dialogue national doit être engagé pour repenser la cohabitation en Mauritanie entre les différentes composantes nationales. BâMamadou a dénoncé ce qu'il appelle la complicité de la classe politique, y compris l'opposition, qui ne s'est pas prononcé contre la campagne de diffamation enclenchée contre Biram Ould Dah.

Biram Ould Dah Ould Abeid

Clôturant les débats, le président de l'IRA a remercié tous les défenseurs de droits de l'homme, les militants et les journalistes qui le soutiennent dans cette épreuve. Il demandera aux Mauritaniens de refuser d'aliéner leur indépendance aujourd'hui réduite à une portion incongrue. Il lancera "je demande à l'Etat mauritanien, surtout à l'élite arabo-berbère à changer de mode opératoire, car cela ne fera que conduire le pays vers la division et l'éclatement ". Biram a dit avoir refusé les postes et les privilèges que le pouvoir actuel lui offrait en contrepartie de son silence. Selon lui, il ne cherche ni fortune ni prestige d'une fonction, mais qu'il défend une cause à laquelle il croit. Selon lui, "les plus grands ennemis de l'Islam dans ce pays, ce sont les Ulémas qui ont travesti ses préceptes, rendant licite l'exploitation, l'esclavage et l'oppression " Sans eux, dira-t-il, le pays n'aurait pas connu les maux qui le minent. Il s'est particulièrement attaqué à ses frères de couleur, les Haratines à la solde du pouvoir qui les utilise pour faire le sale boulot, s'attaquer à Biram dans une certaine presse et dans des sites électroniques domestiqués. Pour lui, "l'immoralité s'est installée au sein de l'appareil d'Etat ", se demandant "comment un Premier ministre, peut-il comploter avec ses ministres et ses cadres pour fabriquer un faux certificat médical pour me présenter comme fou afin de me discréditer et discréditer mon combat ". Signant et persistant, Biram d'asséner "Ce combat-là, je ne le lâchera jamais, tant que les raisons qui l'alimentent ne s'éteindront pas " Il dira qu'il n'est pas prenant de cette Arabité qu'on cherche à imposer pour faire chorus et exclure les Négroafricains. Biram dira qu'il est confiant en ce que les droits culturels des peuples sont protégés par des conventions et traités internationaux et que nul ne peut aujourd'hui faire le diktat sur ce plan. Il dira que la Mauritanie "est un pays composé d'une écrasante majorité de berbères qui ont fini par renier leur culture en se fabriquant de nouvelles identités et de nouveaux arbres généalogiques qui les rattachent aux "Sahaba" et aux Prophète (PSL) " Aujourd'hui Biram demande à tous ces gens de "revenir à leur berbérité au lieu de réclamer une arabité empruntée ". Il dira également que l'Islam ne veut pas obligatoirement dire être arabe, démentant l'idée qu'il faut être arabe pour être musulman. Selon lui, cette campagne sordide qui commence à se répandre est une pure fabrication des courants nationalistes arabes. Pourtant, précisera-t-il, tous ces courants dont se réclament les nationalistes arabes mauritaniens ont pour pères spirituels des arabes chrétiens de la Syrie et de l'Irak.

 

Cheikh Aïdara

 

 

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