COMMUNIQUE 148 :  

 

 

Mandat d’arrêt contre le président Al Bachir, quelle bonne nouvelle

 

Qu’ils tremblent dans leur fauteuil mal acquis. Qu’ils fassent des cauchemars à répétition. Qu’ils soient hantés pour le restant de leur vie par les âmes des disparus, les cris des femmes et des enfants que des soldats inconnus forcent, à coups de crosses, à grimper dans des camions bâchés ou à "déguerpir" des villages de leurs ancêtres pour se retrouver de l’autre côté de la frontière.

Qu’ils voient le rêve de la retraite dorée s’éloigner à jamais. Ce n’est pas trop tôt que de voir les nantis de l’impunité internationale ressentir des sueurs froides, avoir peur pour leur liberté, risquer d’être "cueillis" à la descente d’un avion et voir leur patronyme et leur photographie placardés dans les guichets des aéroports internationaux.

La Cour Pénale Internationale (CPI) vient de délivrer un mandat d’arrêt contre le Président soudanais, Omar Al-Bachir, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Le Procureur de la CPI l’accuse de meurtres, extermination, transfert forcé de population, tortures et viols. Son statut de président en exercice ne le protège pas contre la CPI. Tout Etat, même ceux qui n’ont pas ratifié la création de la CPI, est tenu d’exécuter et d’aider à exécuter ses arrêtés. C’est considérable, nonobstant les difficultés d’application.

L’idée même de "Procureur près de la Cour Pénale Internationale" doit donner le tournis à bien de fauteurs de crime contre l’humanité. Une personne, un bureau, une adresse où il est possible d’aller exposer sa condition de victime et réclamer justice. Un Procureur qui défendrait la société du monde, les valeurs partagées, l’humanité des hommes et des femmes contre ceux qui la leur contestent.

Je vois le sourire en coin. J’entends le procès en crédulité. Le "deux poids, deux  mesures". Certes. Y a-t-il une chance de voir le même mandat lancé contre Ehud Olmert, Shimon Peres ou Tzipi Livni ? Peut être pas. Peut être pas tout de suite. Faudrait-il pour autant fermer la CPI et renvoyer Luis Moreno Ocampo, son Procureur, à ses chères études. Rien ne serait plus stupide. Les ayant droits palestiniens préfèrent, certainement, avoir une CPI commençant à fonctionner, même pour d’autres, plutôt que pas de CPI du tout.

Il y a des dossiers en cours d’instruction contre les responsables israéliens présumés impliqués dans le génocide du peuple palestinien et dans les crimes de guerre et notamment ceux commis lors de la dernière guerre de Gaza. Des collectifs d’avocats arabes et de toutes nationalités se sont constitués et utilisent les outils de la CPI. Est ce que ces procédures aboutiront à la délivrance de mandats d’arrêt contre les génocidaires présumés ? L’espoir est permis. Plus que s’il n’y avait pas de CPI du tout.

J’entends et je vois actionner les vieux ressorts des solidarités panarabique, panislamique et panafricaine pour "sauver le soldat Bachir". La paix au Soudan serait menacée. Allez tenir ce discours aux victimes de  Janjawid.

Viser un Chef d’Etat, accusé de crime contre l’Humanité et crime de guerre, alors qu’il est en plein exercice de ses fonctions est le meilleurs signal à envoyer aux criminel à la retraite et aux candidats criminels pour leur dire que le temps de l’impunité est révolu. Les Ould Taya au Qatar, Husein Habré à Dakar et bien d’autres doivent savoir que leurs crimes ont enfanté

au Qatar, Hussein Habré à Dakar et bien d’autres doivent savoir que leurs crimes ont enfanté d’une conséquence inattendue, une conscience internationale que la CPI matérialise. Tremblez donc messieurs les tortionnaires.

 

Mohamed Baba
Professeur