A.H.M.E.

ARTICLE 90 :

 

 

 

Lutte contre l’esclavage : Les administrations locales à la traîne


    « 
    Je suis allé à la gendarmerie sans suite. J’ai vu le Hakem, il ne m’a pas écouté. Le commissaire est du coté de mes anciens maîtres…. » Ces propos son récurrents dans le témoignages des présumés victimes de pratique esclavagistes. La campagne  de sensibilisation actuelle sur la loi portant incrimination des pratiques esclavagistes va-t-elle pousser les administrations locales à traiter avec diligence les plaintes relatives à l’esclavage ?

     

    Au Trarza, au Gorgol, en Adrar… sur toute l’étendue du territoire nationale, une campagne de sensibilisation sur la loi portant incrimination de l’esclavage a été lancée. Les membres du gouvernement, de la société civile et de la commission nationale des droits de l’homme sillonnent la Mauritanie pour vulgariser les dispositions de cette loi.

     

    Malgré le vote de cette loi incriminant les pratiques esclavagistes, les ONG dont SOS esclaves et l’AFCF (association des femmes chefs de familles) reçoivent presque chaque jour des présumés victimes de pratique esclavagistes. Et dans presque tous les témoignages de ces victimes, il est fait état de réticences des autorités locales. Presque tous accusent la gendarmerie, la police et les hakems d’être de connivence avec les présumés maître.



    Ils ressorts presque toujours de ces témoignages que ces autorités locales font obstruction ou traînent les pieds quand des affaire relatives à l’esclavage sont portés devant eux.

    Les populations victimes de pratique esclavagiste sont de plus en plus portées à s’adresser aux autorités locales pour se plaindre. En cas de blocage, comme ça arrive très souvent, elles s’adressent à SOS Esclaves qui, très rarement, arrivent à amener les hakem ou walis à se saisir de certaines affaires.

     

    Les dispositions de la loi portant incrimination des pratiques esclavagistes sont pourtant claires et prévoient des sanction dans les cas ou les autorités ne donneraient pas suite aux plaintes. (Voir encadré article 12). Tant que les affaires relatives à l’esclavage ne sont pas traitées avec diligence par
    l’administration territoriale, la nouvelle loi aura du mal à être effective.

     

    La semaine dernière, au PK 11, à Nouakchott, l’ONG SOS Esclaves a reçu des dizaines de personnes « victimes » de pratiques esclavagistes. Face à la réticence des administrations locales, elles sont venues se plaindre auprès de cette ONG.

     

    Cette campagne de sensibilisation sur la loi incriminant l’esclavage et les pratiques esclavagistes visera les populations. Il s’agira de faire comprendre aux « maître » qu’ils ne peuvent plus disposer de citoyens comme eux et aux « victimes » qu’ils sont des citoyens à part entière protégées par une loi.

     

    La sensibilisation doit aussi toucher les administrations locales pour qu’elles cessent de faire obstacle aux plaintes relatives à l’esclavage.

     

    Khalilou Diagana

     

    Article 12 : Tout wali, hakem, chef d’arrondissement, officier ou agent de police judiciaire qui ne donne pas suite aux dénonciations de pratiques esclavagistes qui sont portées à sa connaissance est puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de deux cent mille ouguiyas (200.000 UM) à cinq cent mille ouguiyas (500.000 UM).


    Le 11 février 2008

    Source : Nouakchott Info

 

 

 

 

 

 

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