A.H.M.E.

ARTICLE 89 :

 

 

     

Esclavage : Une vieille pratique à éradiquer

     

    Depuis quelques jours, des missions de sensibilisation et d’explication du contenu de la loi incriminant l’esclavage sillonnent le pays. Toutes les localités de la Mauritanie seront visitées par les responsables en charge de cette campagne qui intervient à un moment où les nouvelles autorités mettent en œuvre un programme destiné à aider les anciennes victimes à s’insérer sur le tissu socio-économique et d’acquérir tous les droits civiques et moraux.
     
    Aussi toutes les mesures d’accompagnement doivent être adoptées pour éradiquer définitivement les séquelles de l’esclavage. Mais le problème n’est pas aussi simple en raison de certaines résistances d’ordre sociales et mêmes religieuses qui continuent de caractériser l’esprit féodal incarné encore par les inconditionnels de la domination.

    Dans les contrées reculées du pays, le combat n’est pas aisé. Des milliers d’individus continueront pendant longtemps d’être l’otage de leur «
     seigneurs » qui useront de toutes les astuces et de tous les moyens de pressions pour les maintenir dans la servitude.
    L’exemple de
    Ain Ehl Taya qui a été dénoncé par les associations de lutte contre l’esclavage et qui été démenti par les enquêteurs de l’administration est là pour illustrer la survivance de la pratique.



    L’esclavage lui-même ignore tout des ce qui se décide actuellement à sa faveur. Ceci est
    d’autant plus vrai que les ex-esclaves continuent de s’accrocher à leur ancien statut malgré cette libération qui perce difficilement leur esprit. Le discours du maître est tellement sacré pour l’esclave qu’une simple campagne de sensibilisation ne suffit pas pour briser ses chaînes.

    L’immensité géographique du pays est un facteur favorable à la mobilité. Et par conséquent, celui-ci favorise le cloisonnement social. Combien de personnes victimes de l’esclavage sous ses formes multidimensionnelles existent dans la
    Mauritanie des profondeurs ? Comment les missionnaires officiels pourront-ils porter convenablement le discours libérateur et salvateur  jusqu’aux confins des « Adwabas » où les populations affamées
    n’arriveront jamais à comprendre sans qu’elles préoccupées par la précarité de leurs conditions de vie ?

    Comment convaincre l’ancien sujet que désormais, il jouit des mêmes droits et devoir que son ancien maître, alors qu’il n’a sous les mains que les biens celui ? Autan d’obstacles qui risquent de limiter la portée de cette loi criminalisant cette vieille pratique. En
    Mauritanie, les réfractaires au changement attendent toujours que l’orage passe pour revenir à la charge. Cette fois tous les instruments juridiques sont en place pour combattre l’esclavage dans toutes ses formes et dans tous les milieux socioculturels de la Mauritanie.

     

    Le 14/02/2008

    Cheikh Tidiane Dia

    Source: Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)

 

 

 

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