ARTICLE 8:

A.H.M.E.

 

Les Soninké novembre 2005

 

 

Esclavage chez les Soninké

 

    Aborder le problème de l’esclavage chez les Soninkés c’est  comme aborder  la question des mutilations sexuelles des petites-filles, longtemps tolérées par les traditionalistes en Afrique

    Souvent, lorsqu’on aborde la question de  l'esclavage, beaucoup de mauritaniens soninkés nous répondent que l’esclavage relève du passé et es séquelles de cette pratique,  considérées  comme une partie intégrante de la coutume. Mais, en réalité, l'esclave est pris pour un être inférieur dans cette communauté. Il n'a pas droit aux considérations de ses maîtres (marabout, chef du village et chef coutumier), il ne peut pas remplacer ces derniers dans leurs tâches et surtout conduire la prière à la mosquée, les réunions officielles etc.....  .

    Nous pouvons citer le cas  de TIMERA BOUBOU, un ingénieur agronome, nommé ministre de l'agriculture. Dès qu’il fut désigné à ce poste, les esclavagistes de la commune de Daffort, soucieux de la préservation de leur suprématie sur les esclaves l'ont fait limoger par OULD TAYA, alors  président de la République Islamique de Mauritanie, lui-même esclavagiste.

    On dit souvent que l'esclave soninké  bénéficie  du fruit de son travail, Il n'a cependant pas droit à la gestion  du pouvoir politique, économique et culturelle. Comment peut-on parler d'égalité entre maître et esclave dans ce cas?

    Tout l’édifice du système soninké vise à maintenir l'esclave dans son sort déjà scellé dès sa naissance.

    Sous l’ère de OULD TAYA, l'arme fatale contre les esclaves était la confiscation de leurs terres cultivables s'ils ne votent pas pour lui.

    Depuis 1960, date de l'indépendance de la Mauritanie, aucun descendant de leurs esclaves n'a eu droit au fauteuil de ministre,   symbolique, accordé par le gouvernement mauritanien à leur communauté.

    Quand on pose la question de l'esclavage à leurs guides spirituels, ils répondent, tout naturellement, que l'esclave est esclave et la noblesse est noble  car tout est écrit dans le livre saint.

    Bizarrement, dans chaque village ou ville des soninkés, on découvre que les quartiers des nobles sont  séparés de ceux des esclaves.

    J’ajoute que les esclaves soninké, à l’heure actuelle, ont des difficultés  d'épouser une fille issue de la
    « noblesse ». Ce problème demeure  jusqu'à nos jours en Mauritanie.

    IL est à signaler  que les intellectuels de bonne volonté qui se battent pour l'éradication de l'esclavage sont souvent pris en chasse par leurs propres familles pour outrage à la tradition. Dans l'ensemble du Guidumakha, il y a un seul Maire élu, descendant d’esclave à BOUANGE.

    J'admire le courage de LADJI TRAORE qui se bat  corps et âme sur le terrain pour la dignité de cette frange de population et j'avoue que ce n'est  pas facile, vue la ténacité des esclavagistes soninkés  tenant à la  conservation de  leurs avantages sur les esclaves, exclus du cercle vital des intérêts communs.

    Les esclaves soninkés  ont le même statut sociologique que les haratine (les esclaves des arabo-berbères). Officiellement tous les Soninkés sont pareils mais, dans la pratique, leurs esclaves sont marginalisés.

            Nous demandons officiellement la criminalisation de l'esclavage et le racisme dans la constitution de la République pour garantir l'égalité des citoyens devant la loi et une punition sévère des esclavagistes jusque là  couvert par l'impunité. Faites un geste pour la dignité humaine. Il faut briser le tabou pour avancer.  

 

Diko Hanoune

 

 

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