A.H.M.E.

ARTICLE 59 :

 

Au Fonadh, des Mauritaniens scandent leur détresse

 

 

Au Fonadh: Des Mauritaniens scandent leur détresse

TAHALIL-HEBDO

    Le siège du Fonadh a vu défiler mercredi dernier, plusieurs personnes de toutes les communautés nationales, victimes, ou se présentant comme telles, de violences,
    d’injustices, ou d’atteintes aux droits de l’Homme. Les concernés ont témoigné directement exposant eux-mêmes, leurs problèmes devant les médias et en présence de Mohamed Said Ould Hamody Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, de Khatou mint Baham Présidente du Cyberforum et de Sarr Mamadou, Secrétaire Exécutif du Fonadh.

     

    Une démarche transparente de la part de l’organisateur de la manifestation, Birama Ould Dah Ould Abeidi.

    Certains intervenants venant pour la plupart du Trarza ont développé un nouveau concept :
    l’esclavage agricole dont ils déclarent être victimes par la force de la propriété traditionnelle de la terre et d’une collision entre les forces traditionnelles et l’Administration qui ferait que les propriétaires de la terre ne sont pas nécessairement ceux qui la travaillent, de leurs mains.

    Il s’agirait d’un esclavage -comme a eu à le souligner Birama Ould Dah Ould Abeidi- qui n’est pas criminalisé par la loi comme l’esclavage domestique.
    Le moment fort de la rencontre fut incontestablement une sorte d’heure de vérité (non suivie malheureusement de réconciliation) après l’intervention de Messoud Ould Moutbeibib (qui accusait d’esclavagisme le sénateur de Ould Yengé, Tiyeb Ould Sidbatt), quand ce dernier, est venu à la conférence de presse pour se défendre, déclarant qu’il n’a pas réduit Messoud en esclavage et qu’il n’a pas non plus spolié ses terres.

     

    Paroles aux victimes (EXTRAITS)

    Moctar Ould Telly, a parlé de l’affaire de la localité El Wivagh (14 km à l’ouest de Boutilimitt) où des individus s’opposant à l’occupation d’un terrain attribué par l’Administration ont organisé une opération commando, au cours de laquelle il y eut des blessés dont deux femmes percutées par une voiture. C’était le 31 août 2007 quant la voiture des assaillants
    ( une 4x4 Mitsibushi L200) avec à bord deux hommes a attaqué ce village et jeté des produits inflammables sur ses habitations. Les conducteurs de la voiture se sont mis par la suite à poursuivre les habitants blessant grièvement plusieurs personnes. Des coups de feu ont également été tirés à partir de la voiture -toujours selon le témoignage de Moctar Ould Telly- qui a estimé que les autorités n’ont pas réagi comme il faut, face à ce événement grave et que le lieu du crime n’a pas été visité par un enquêteur alors qu’ il s’agit d’une opération terroriste . Ould Telly s’est demandé : Où est la République ? Où est la protection du citoyen ?

    Messoud Ould Metbeibib, agriculteur de la commune de Kouroudjel (Assaba) s’en est pris dans son intervention (forte et passionnante malgré un perceptible déficit de formulation) à Tiyeb Ould Sidbatt sénateur de Ould Yengé. Ould Metbeibib l’accuse de lui avoir spolié ses terres, d’avoir orchestré le transfert d’une classe d’alphabétisation, la confiscation d’un moulin et d’avoir tenté de fermer une école à Mesyel Lehbeche, le tout, en raison de divergences politiques
    Venu à la conférence de presse dans une démarche courageuse et appréciée par les militants des droits de l’Homme, le sénateur de Ould Yengé a rejeté ces accusations affirmant qu’il n’a pas de problèmes avec Messoud qu’il n’habite pas avec lui et qu’il ne cultive pas le terre non plus avec lui. Messoud a-t-il indiqué est manipulé par un groupe. Le sénateur a brandi des documents pour prouver ses assertions. Il a affirmé qu’il n’a rien à se reprocher précisant que Ould Metbeibib à plutôt un litige avec ses propres parents. Interrogé si les belligérants de Ould Metbeibib ne sont pas manipulés par ses soins, le sénateur s’est limité à dire : «Il a des problèmes avec ses cousins germains».Un activiste d’El Hor, lui rétorquera : «Un Ould Metbeibib n’a pas de cousins germains!»
    Amadou Diop : «Je viens de Lexeiba, je voulais pour cultiver mon périmètre et bénéficier du crédit agricole mais on m’a dit que c’est impossible parce que cela dépend d’un chef tribal Ould Habibourahmane. Il y a 56 hectares mais nous avons pu faire mes parents et moi seulemen,t 11 hectares avec nos moyens .Nous avons obtenu notre titre foncier en 2006 alors que nous avons déposé notre demande en 1999. Maintenant on fait les dossiers ave
    l’argent et non avec le droit.»

    Abdellahi Ould Mohamed Salem
    S’exprimant au nom d’un collectif de reconquête des terres de Lexeiba, il déclare : « Nous avons un litige depuis 2005 avec trois familles représentées par Yacoub Ould Moussa Ould cheikh Sidiya, Abdellahi Salem Ould Ahmedoua et Ould Habibourahmane. Ils nous empêchent de cultiver les terres reparties entre les tribus qui détiennent les papiers et
    l’influence. Avec le 3 août 2005 nous avons pensé qu’il y a un changement et nous avons concocté notre propre liste aux élections car nous sommes majoritaires chez nous. En représailles à cela, les tribus ont confisqué les terres en se basant sur des papiers établis dans des contextes d’injustice».

    Yeslem Ould Hweimed : «Je parle au nom des habitants du village Ehel Imigine (Lexeiba ) qui cultivent ses terres depuis la nuit des temps Des terres qui appartiennent à des gens qui ne peuvent pas prouver qu’ils les ont achetées ou qu’elles leur ont été donnés. Nos ancêtres ont travaillé ces terres sous l’autorité des tribus et nous n’y voyons pas d’inconvénients compte tenu des liens historiques, mais les nouveaux chefs tribaux n’ont rien à voir avec leurs ancêtres et ne leur ressemblent pas. Les nouveaux chefs tribaux n’habitent pas avec nous, ils sont à Boutilimitt, Ain Selama et Nouakchott. C’est nous qui y résidons. Ils nous ont abandonné et ne nous ont jamais fourni un quelconque soutien. Récemment un bienfaiteur Idawali est venu nous voir, il nous a donné du ciment et du fer et nous a demandé de choisir un site pour construire un puits, mais le Hakem est venu bloquer sa construction arguant
    qu’il y a un litige foncier le concernant avec Ehel Chbariya. Il n’ y a jamais eu de confrontation entre nous et Ehel Chbariya autour du litige évoqué».

    Moctar Ould M’kheitrat : «Mes enfants ont été torturés après leur arrestation le 27 février 2005 par les gendarmes : (Mohamed Ould Ahmed Mahmoud, Cheikh Ould Ndoumry, Ahmed Ould Abdel Kebir et Sidi Brahim Ould Brahim Vall) à Rkiz, suite à une accusation de cambriolage formulée contre eux par un commerçant. Ils ont été acquittés par la suite par un jugement. Nous n’avons pas de recours après les sévices qui ont été infligés à nos enfants. Je demande aux organisations de nous aider».
    Mohamed Mahmoud Ould Oumarou : «Je dénonce les conditions dans lesquelles se trouvent les dockers du Port Autonome de Nouakchott qui sont victimes de ce que certains qualifient d’esclavage moderne pratiqué par des hommes influents depuis l’ère Ould Taya et qui sucent leur sang. Parmi ceux-ci, je cite Ahmedou Ould Mohamed El Hacen et son complice mon collègue syndicaliste Cheinbany Ould Bilal, ici présent. J’estime d’ailleurs que le cas des dockers du Port Autonome peut relever de l’esclavage traditionnel. Le Port Autonome c’est notre source de ravitaillement à tous, et il ne faut pas -qu’ à Dieu ne plaise- qu’il devienne un foyer de tension. Nous devrons œuvrer tous, pour qu’il soit un foyer de sécurité et de stabilité. Les hommes d’affaires doivent être patriotes et comprendre que leurs intérêts résident dans le bien être des travailleurs. Je rappelle que 42 dockers sont exclus depuis 2002. Des affrontements ont eu lieu sous le régime de la transition devant la présidence de la République. Les occasionnels du Port Autonome ne peuvent plus supporter leurs conditions. Il y a un risque réel d’explosion. Conjuguons nos efforts pour éviter cela».


    IOM

 

 

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