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        ARTICLE 569 :

Réflexion sur la rencontre à l’Assemblée nationale française autour de la question de l’esclavage en Mauritanie

 

L'essentiel est oublié.

Rien ne peut être fait en Mauritanie sans le rétablissement de la démocratie. Démocratie de forme à inventer, sans doute pour aujourd'hui et pour demain en tenant compte de l'expérience et des acquis des collectivités traditionnelles (Fleuve et Haute Mauritanie) et de la période fondatrice (Moktar Ould Daddah 1957-1978) : la preuve en a été donnée par les textes et concertation pendant le bref exercice démocratique du pouvoir, celui de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Rétablissement auquel deux dispersions ne concourent pas. La première est celle de l'opposition démocratique incapable de se donner par avance un candidat unique contre celui de la dictature militaire et personnelle, candidat soutenu par tous les autres qui auraient pu l'être, candidat se répandant dans tout le pays et à l'international. La seconde est précisément de l'abolitionnisme qui donne une image incorrecte de la Mauritanie. celle-ci est une dictature avant d'être un pays esclavagiste. On n'éradiquera pas l'esclavage et d'autres maladies comme le racisme, comme l'accaparement des richesses, sans la démocratie. Tout ce qui n'est pas le combat pour la démocratie et contre la dictature est une dispersion. L'étranger se satisfait des réalistes esclavagistes, cela produit au mieux de l'humanitaire. tandis que mettre en cause une dictature soutenue par les partenaires de la Mauritanie, à commencer par l'ancienne métropole qui n'en finit pas - contrairement à de Gaulle et aux paris de 1956-1958 - de mépriser les Africains en les jugeant incapables de démocratie, et qui persiste quotidiennement à croire que la sécurité, notamment au Sahel, n'est pas fonction du régime intérieur des États, et qui depuis 2008 maintient un regard sur la Mauritanie : c'est Mohamed Ould Abdel Aziz qui fait bien le travail, que c'ait été la sape du régime démocratique, puis la déstabilisation du Mali, puis le massacre de Germaneau, puis les palinodies d'aujourd'hui... L'esclavage abominable, mais l'application des lois de 2007 ne se fera que par la démocratie. C'est le moyen qu'il faut réclamer avant la fin.

Bertrand Fessard de Foucault

 


Réaction à Fessard : L'esclavage démocratique

Quelle insignifiance – quelle fumisterie – quelle pédanterie Voilà que le vicompte Bertrand- Fesse de Foucault Réagit réactionne et éjacule son petit venin «démocratique» sur la plèbe noire –africaine et arabe et ex-maure et Haratine qui ne sauraient pas  se doter de prisons démocratiques – des bourreaux démocratiques et d’esclavagistes démocratiques. Alors cet aristocrate sénatorial imagine que les dictateurs muaritan iens vont fléchir au service de leurs puissantes castes vivant de l’exploitation du labeur esclave  devant ses incantations larmoyantes puériles et ses psalmodies de chischis chialeux de petit vieux.

Ce sont deux classes antagonistes et deux modes  de vie antinomiques qui s’affrontent en Mauritanie esclavagiste.  La démocratie n’est pas un outil de libération – elle est tout au plus la récompense – le mode de gestion des foules esclaves salariés après que l’ancienne société féodale – agraire –arriérée – famélique et de famine aura été VIOLEMMENT renversée – boutée dehors – démi de son pouvoir par la force des armes révolutionnaires et la classe qui profite de cette exploitation  démise de ses fonctions «démocratiques» –le résultat de la lutte ne peut être la condition de son amorce crétin d’aristocrate prétentieux.

NON le mode archaique de production esclavagiste datant de la féodalité moyennageuse ne peut attendre – quémander – la pseudo «démocratie» pour être renversé-balayé-annihilé – mais peut-être que  son renversement révolutionnaire donnera ultimement naissance à la «démocratie» populaire si et seulement si les ouvriers et les artisans et les paysans mauritaniens comprennent que la libération de leur force productive et le déploiement de leur force de production exigent impérativement la libération totale de tous les esclaves  et l’éradication  intégrale de l’esclavage pour que ne règne que le travail salarié   première phase de socialisation vers la socialisation complète = le socialisme.

Merci de votre attention.

Robert Bibeau
Marxiste-Léniniste

 

 

La Mauritanie depuis le 13 Octobre 2012,
ce que je pense aujourd’hui



Chacun agit à sa manière ;
mais votre Seigneur connaît parfaitement
celui qui est le mieux dirigé dans le chemin droit.

Le voyage nocturne 84



Pensées sans ordre, mais que je crois bon d’écrire – avec comme toujours la mise en place et les évidences de certitudes, de blancs à remplir, de conjectures que produit le mouvement de l’écriture s’appliquant à quelque sujet que ce soit – surtout parce que le moment actuel est fugace. Avec comme principale inconnue, pouvant se dissiper d’une heure à l’autre : sa durée. Déjà plus de quinze jours. Fugace mais révélateur de structures subies et dévelopées depuis près de trente-cinq ans.

Le moment tant attendu par les opposants, tant redouté par ceux qu’il faut plutôt appeler les ralliés à Mohamed Ould Abdel Aziz que ses soutiens, car tout s’est fait par ralliement dès le début de la matinée du mercredi 6 Août 2008 (y compris celui du représentant de la France en quelques quinze jours-trois semaines de cet été-là au rebours des premières condamnations prononcées par l’Elysée-même)… ralliés de 2008, de 2009, de 2010 et même de 2011 : les « dialoguistes »… s’est donc produit, exactement comme escompté. C’est-à-dire soudainement, imprévisiblement et il est d’une nature extra-ordinaire. Ni putsch interne aux forces de sécurité ou ouevre de quelques exclus de l’armée, ni action de l’extérieur : AQMI ou autres, ni démonstration irrépressible de plein air, ni engrenage d’une répression débordant tout, ni contestation globale d’une personnalité et d’un système politique. Ces scenarii, la Mauritanie les a tous connus : coups ou tentatives de coup du 10 Juillet 1978, du 6 Avril 1979, du 12 Décembre 1984, du 28 Octobre 1987, du 8 Juin 2003, du 3 Août 2005, du 6 Août 2008 et mouvement du 25 Février 2011.

J’ai lu et relu au début de cet été un récit limpide et fin sur une Mauritanie contestant sa capitale, pleurant ses démocraties du campement et se donnant pour chantres, prophètes et justiciers une jeune fille bafouée et un homme entre deux âges guettant chacun puis ensemble, presqu’au bord de l’oécan, un colonel suborneur et cupide. La mort et le châtiment arrivent par d’autres – par Dieu ? – dans ce texte qui fait honneur à la francophonie d’une Mauritanie se sachant arabe mais concédant une admiration sans pareille pour une ancienne métropole qui le mérita antan. C’est à paraître, mais cela vient de se réaliser en actualité nationale puisqu’il semble acquis que l’attentat, le crime punit non le politique mais la personne pour inconduite. Quoi de pire et quoi de plus inattendu ? Ce qu’admet d’emblée la thèse même officielle : une fusillade hors normes et codes, des sécuritaires ne reconnaissant pas leur chef et le prenant pour cible. Alors pourquoi ? règlement de compte ! Logique du cynisme, la vie privée l’emporte sur la fonction publique.

L’affaire du 13 Octobre et son traitement en communication – ou en déni de communication – depuis qu’elle a eu lieu, révèle ce qui se savait mais laissait perplexe. Comment se maintenait ce régime – né illégitimement, consolidé par sa durée plus que par des élections présidentielles contestées à leur moment, le 18 Juillet 2009, reportées pour les renouvellements parlementaires et municipaux jusqu’à présent depuis les lois étonnantes du 12 Avril 2012 ? et pourtant insensible à tout : scandales de la corruption, désertion des soutiens financiers de la première heure, équipées militaires au mépris du droit international et d’un voisin en osmose ethnique et économique millénaire. Un régime sans soutien qu’un bataillon prétorien ? la réponse est courte. Sera-t-elle donnée par l’historique du parcours et des réseaux de Mohamed Ould Abdel Aziz, natif de Louga, mécanicien de garage automobile puis modeste agent du budget de l’Etat, mis à l’école interarmes d’Atar sans véritable scolarité antérieure par le jeune patron des renseignements des années de braise, inventeur et organisateur de ce fameux bataillon destiné à faire pièce à l’armée régulière et donc devenu par le fait faiseur de rois ? Pas sûr, car ce n’est pas Mohamed Ould Abdel Aziz qui est ici révélé mais une constante de la vie politique mauritanienne : le pouvoir politique tient à très peu. Les Français conquirent et tinrent la Mauritanie avec très peu de ressources humaines métropolitaines ou des territoires voisins. Moktar Ould Daddah comme chacun des commandants de cercle de son époque régna sans armes et davantage par le charme et la personnalité que par la force. Les coups militaires ont – les uns – été déjoués avec pas dix morts, dont certains étaient de purs assassinats perpétrés dans le camp censément agressé, et – les autres – réussi sans usage des armes. Le fait acquis vaut donc loi ?

Avec le recul et même très vite dans son cours, il apparut que le régime de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya avait plusieurs assises : le tribalisme, une réelle appréhension de l’ethnicisme, le renseignement. Des forces aussi : l’homme fort d’alors était patriote et personnellement intègre, ce qui fit des ralliements sincères dans les toutes premières années. Et la faiblesse de tout régime militaire : une forme fruste de la pratique politique, une obsession du complôt, un embarras devant l’évolution sociale du pays en ne discernant qu’un seul remède, l’équipement collectif et individuel : l’alphabétisation, enfin une ignorance totale de l’état de droit. Mais il a duré, à quelques mois près, presque autant que le régime fondateur de Moktar Ould Daddah. Le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, plus que tous ses prédécesseurs, a méjugé les personnes et a fait jouer les ressorts de la finance. Les systèmes autoritaires ont dévoyé la mémoire nationale, fait oublier aux Mauritaniens les constituants de leur fondation en tant que nation et Etat, empêché chacune des évolutions institutionnelles possibles que recélaient la pratique puis le legs de Moktar Ould Daddah, y compris des solutions pérennes pour le grand ouest saharien. La Mauritanie a cependant tenu. Aujourd’hui, le pays n’est pas en question, son identité plus aisée à ressentir même par un étranger, qu’à énoncer même par un national est certaine. Le choix du futur, puis de l’avenir est libre de contraintes extérieures et intérieures.

Le moment présent est pourtant très difficile parce qu’aucune issue n’a été organisée au préalable. Les agents du destin – anonymes ou paradoxalement impunis – ne commandent que la mort privée de leur cible, nullement le devenir national. Les présidents de la République et du Sénat sont ensemble à l’étranger et il n’est pas communiqué sur leur état de santé respectid : la Constitution (articles 40 et 41) n’a pas prévu ce cumul de défaillances. Les acteurs des décisions à prendre sont donc de fait et peuvent se distribuer en trois classes : 1° les éléments civils du pouvoir en place (Premier ministre, Conseil constitutionnel, conseil des ministres, parlementaires, cadres du parti présidentiel, noria des mouvements politiques ralliés à Mohamed Ould Abdel Aziz), 2° l’armée (non compris le BASEP puisque le grand absent en avait gardé le commandement personnel) sur laquelle semble seul avoir prise l’actuel chef d’état-major national, le général El Ghazaouani, à l’exclusion des colonels hors cadre qui se sont alliés à l’opposition : Ely Ould Mohamed Vall et Abderrahmane Ould Boubakar, 3° la Coordination de l’opposition démocratique dont la présidence tournante est assurée actuellement par le commandant Salah Ould Hannenah, personnalité principale de la tentative très violente de 2003, et aux réunions de laquelle manquent Ahmed Ould Daddah et Ahmed Ould Sidi Baba, vétérans de la politique mauritanienne depuis les années fondatrices de Moktar Ould Daddah.

Comment faire se rencontrer puis s’entendre ces trois groupes ? C’est la difficulté car la copie à rédiger est de dispositif simple. Qu’il s’agisse d’une énième transition dite démocratique faisant table rase des ruines de la façade d’un pouvoir exclusivement personnel, ou d’approcher le plus possible la règle constitutionelle même si sa lettre est – par accident et coincidence – inapplicable, il faut certainement former un gouvernement de consensus national, certainement établir le processus électoral de la révision des recensements et listes électoraux aux garanties de ses bons déroulement et dépouillement, certainement pourvoir aux affaires courantes dont la moindre n’est pas la probable guerre au nord du Mali.

Apparemment, l’armée dans son ensemble, si tant est qu’elle en forme un et que celui-ci soit vraiment connu et des civils et des observateurs étrangers, et son chef, compagnon indéfectible de l’homme fort, le blessé par balles dans la soirée du samedi 13 Octobre 2012 – cette armée et ce chef ne veulent pas perpétuer collectivement le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz ou lui désigner un successeur. C’est la seule donnée à peu près acquise aujourd’hui, puisque l’empêchement du président élu il y a trois ans, le pustchiste d’il y a quatre ans, n’est toujours pas reconnu, même par un communiqué officiel ouvrant la voie aux procédures constituruionnelles. Puisque la Coordination de l’opposition démocratique n’a aucune unanimité, même sur la convocation d’une manifestation de plein air le jeudi 1er Novembre à seule fin de réclamer des nouvelles du blessé. Puisque le Premier ministre, le gouvernement, le Parlement n’ont pas eu depuis trois ans de mouvement propre. Théâtre d’ombres et de muets ? Non, car il semble que chacun des groupes ou éléments du jeu est lui-même divisé en de multiples avis et ambitions.

Alternative, me semble-t-il.

Un jeu redevenant classique entre personnages et rôles déjà éprouvés. Le Comité ou le Conseil militaire formé par la « haute hiérarchie » de l’armée. Des vétérans de la compétition politique : Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir, depuis 1991 au moins. Des émergents depuis une bonne dizaine d’années, principalement : Mohamed Ould Mouloud et Jamil Ould Mansour, personnalités fortes, de culture propre et de représentativité plus large qu’eux-mêmes, la dialectique progressiste, les solidarités islamistes. Des arbitres possibles pour le temps d’une mise en place limitée à un scrutin renouvelant toutes les institutions électives : l’ancien président du prédédent Conseil militaire, Ely Ould Mohamed Vall ; l’ancien chef d’état-major Abderrahmane Ould Boubacar ; l’ancien Premier ministre de 1992 et de 2005 Sid Mohamed Ould Boubacar, cousin du prédédent. Personne ne s’imposant de soi-même dans l’opinion publique ou dans le consensus des forces militaires et civiles, l’inconnu ou quelqu’un du second rang peut soudainement arriver selon l’urgence ou au contraire par la perpétuation du vide apparent de ces semaines-ci.

L’inconnu – en dénominateur commun laborieux – à défaut de trop vieux et habituels candidats ? ou de trop jeunes champions ? 

Pour ma part, je crois que toutes les forces démocratiques et l’armée peuvent administrer au pays une décisive démonstration de l’illégitimité et de l’inefficacité à terme des coups et des dictatures militaires – défroquées ou pas – en confiant à l’élu du 25 Mars 2007, renversé le 6 Août 2008 et sacrifié, avec une triste unanimité, le 1er Juin 2009, à Dakar sous dictée étrangère, la charge d’incarner le moment et le mouvement d’une refondation. Le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est forcément désintéressé, il ne candidate plus à rien, il est l’opportunité nationale de renouer symboliquement et pratiquement avec le souhait et le rêve de 2005-2007. Présidant un conseil des ministres formé consensuellement entre tous les mouvements politiques et les forces armées, garantissant l’équité et la transparence des nominations et des scrutins nécessaires, inspirant la reprise du traitement des grands dossiers nationaux qui avaient été ouverts en 2007 (l’humanitaire, les réfugiés, l’éradication de l’esclavage), le si noble démissionnaire du 26 Juin 2009 peut signifier dans l’histoire nationale et pour les partenaires étrangers le retour de la Mauritanie à elle-même et à ses fondamentaux. La France qui ne fut pas étrangère à la légitimation du putschiste, se grandira en considérant cette opportunité.

Le pays est nu, ses institutions publiques sont inadaptées, ses forces de sécurité ont été trop souvent dévoyées. Il ne sera réorienté et gouverné pour son bien et à l’avantage de ses partenaires extra-africains comme de ses voisins en Afrique de l’Ouest et au Maghreb que si – cinquante ans et plus après Moktar Ould Daddah – il produit à nouveau, très simplement, un homme ou une femme… incarnant les vertus nationales, bien plus qu’un modèle de gouvernement. La démocratie n’est pas affaire de textes, elle est dans le tempérament et l’éthique personnels de celles et ceux qu’elle porte au pouvoir. La Mauritanie l’a déjà expérimenté – positivement de 1957 à 1978 et a contrario depuis. La démocratie se sabote dans son exercice toujours inexpérimenté à ses débuts – exemple dramatique dont beaucoup furent très factuellement responsables en 2007-2008 – et la dictature se renverse d’elle-même parce qu’elle n’a d’esprit, de ressort que les circonstances l’établissant et la renversant.

J’ai confiance dans l’issue, j’en souhaite précisément une et j’en connais les thèmes et nécessaires, mais je ne sais ni les formes ni les étapes.

Au lendemain de l’Aïd – si fort symbole de toute conversion – comment ne pas prier pour un pays si aimé, attirant et humainement si riche ?


Mon Seigneur !
Fais-moi entrer d’une entrée conforme à la justice,
fais-moi sortir d’une sortie conforme à la justice.
Accorde-moi, de ta part, une autorité qui me protège.

Le voyage nocturne 80                                                                                                            

Bertrand Fessard de Foucault
alias Ould Kaïge
mardi 30 Octobre 2012

 

 

 

 

 

Ce que je crois d’elle et d’eux

 

message à mes compatriotes d’adoption

 

La preuve par l’actualité ? La preuve par l’histoire ?

 L’actualité a été étonnante. Un système érigé par la force – mais une force qui n’est telle que relativement à l’absence d’autres forces… le BASEP, aux ordres du même personnage depuis sa création à l’école irakienne en 1987, moins trois ans de stage pour celui-ci à l’étranger et en regard ni forces de sécurité vraiment conséquentes, ni partis politiques organisés indépendamment de l’Etat, ni un Etat ayant la seule armature qui compte : des hommes, des femmes adhérant à l’idéologie précise de son service et du dévouement au bien commun. Un dévoiement général, y compris celui des urnes électorales dont le système établi par l’administration coloniale convainquait à peine à son époque et devint une « mascarade » selon les communiqués chroniques des opposants, toujours écrasés au suffrage universel par l’homme fort en possession d‘état au moment de solliciter une légitimité pour la montre internationale. Ce système inexpugnable depuis le 6 Août 2008, dormant pendant la transition puis la tentative démocratiques commencées les 3 Août 2005 et 19 Avril 2007, ne pouvait – ne peut encore, semble-t-il – être renversé que par lui-même, c’est-à-dire un nouveau coup militaire.

Le 13 Octobre a été donnée la preuve qu’un autre scenario est possible, celui de l’imprévisible, qui n’est jamais un hasard. Les ressorts de celui-ci ne se connaissent que plus tard. Mais c’est un fait qu’en l’absence du général Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la République , l’armée n’a rien décidé par elle-même, la population n’a pas couru aux palais officiels pour les occuper, l’opposition n’a pas forcé l’Assemblée nationale à légiférer la substitution du régime par la préparation d’un autre. Personne ne s’est imposé et le chef d’état-major national n’a assumé aucun rôle public, le Premier ministre, les gouvernants ont été fantomatique et rien de la vie quotidienne, des problèmes de fond et du pays entier n’a changé.

Preuve d’une inertie ou d’une force ? en France, le cardinal de Richelieu gouverna le pays de son lit, pendant un an avant de mourir en 1642… Georges Pompidou continua de régner, intellectuellement intact, mais dans les souffrances et la faiblesse personnelles jusqu’à l’instant de sa mort à laquelle il ne s’attendait pas, le 2 Avril 1974… François Mitterrand, dans un état analogue, prolongea sa présidence jusqu’au terme constitutionnel, en Mai 1995, semi-mourant… et Mohamed Ould Abdel Aziz en aurait fait autant ? Non, car au pays qui s’interrogeait et selon une communication, probablement sans consultant, mais atteignant le chef d’œuvre de la désinformation à l’apparition publique d’un quasi-ressuscité, la réponse est donnée d’un pouvoir personnel qui ne s’abandonne pas et décide de tout.

S’administre alors – paradoxalement autant pour l’homme fort que pour le peuple mauritanien – une contre-épreuve. En l’absence physique du général Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la République , le pays reste calme, l’armée muette, le BASEP l’arme au pied, l’engrenage sahélien et nord-malien au point mort. Le voici qui rentre au pays, s’exprime à plusieurs reprises, augmente les salaires – à la manière de Ceaucescu à son balcon, sous l’inspiration de son épouse, tandis que la foule pour la première fois en Roumanie depuis plus de quarante ans conspue le Parti communiste et ses chefs,  son dictateur – et commencent les incidents, les manifestations sont précises et violentes, le spectre des divisions et des malentendus, des pétitions ethniques réapparaît comme il était réapparu dès la rentrée scolaire et universitaire suivant le putsch original qui brisa l’évolution nationale le 10 Juillet 1978, comme il était réapparu dès la légitimitation électorale du 18 Juillet 2009. Tout le passé mauvais des années de braise, toute la pauvreté et la sous-médicalisation, toutes les soifs nouvelles de justice et d’équité quand les manifestants, les chefs de certains partis sont molestés ou assiégés… reviennent ensemble. D’un accueil à l’autre, le pouvoir parce qu’il est réputé raffermi, au besoin restauré, semble provoquer bien plus qu’une contestation et ce que va tenter d’exprimer une Coordination de l’opposition démocratique qui n’a pas su s’imposer ni en quatre ans de régime autoritaire, entaché d’illégalité depuis au moins un an, ni en quatre semaines d’absence et d’incertitude…

Comment ne pas souhaiter, en ce jour de fête nationale, de commémoration d’une indépendance très méritoirement acquise, souhaitée, cultivée par de fécondes années fondatrices, que cesse cette longue parenthèse de l’arbitraire. Bien plus qu’un calendrier électoral ou des ajustements salariaux, il faut à la Mauritanie une réflexion partagée par tous, élaborée par tous sur la manière nationale de se gouverner et ne décider des voies et moyens, des personnes aussi à porter au pouvoir, qu’une fois ce consensus établi et assuré, qu’une fois les forces entre lesquelles se répartissent les Mauritaniens, des forces de sécurité aux structures tribales, aux partis politiques, aux tendances religieuses, aux mémoires sociales et ethniques, vraiment réattelées au devenir commun.

Car la preuve de l’histoire est péremptoire. Malgré tant de facteurs centrifuges et de division, malgré si peu de savoir faire et de savoir être démocratique, contrairement à toutes les prévisions d’experts ou d’amis depuis 1957 et périodiquement à chaque changement de régime ou d’autorité, la Mauritanie demeure. Quel est le secret de sa stabilité ? quoi donc fonde bien plus qu’une entente entre tous, ou des intimidations mutuelles entre forces et mouvements divers ? stabilité à l’avantage certes des voisins, certes de l’ancienne métropole.

Il me semble qu’il y a une part de providence – oui – mais surtout une vraie sagesse collective, une intelligence de la possibilité du pire et des bienfaits de la patience. Il y a la psychologie de chacun défiant les mauvais moments et mettant à nu les rodomontades, les dires et promesses du pouvoir quand il est cynique. Cette science de soi, et cette science des autres me semblent exceptionnellement répandues en Mauritanie, elle est source d’égalité mentale et morale entre chacun des Mauritaniens, elle permet des dialogues vrais dès que l’enceinte et le moment sont judicieusement proposés, elle jauge les gens, elle crible le souvenir.

Le secret mauritanien – au moins pour moi, qui suis nativement étranger et intellectuellement d’une formation différente – s’est incarné, en intelligence politique autant qu’en mœurs et dignité de vie personnelle, dans la personne de Moktar Ould Daddah. Le rattrapage des drames possibles, les foyers de désunion et de sécession, les ferments d’abdication face à l’ancien colonisateur ou à la revendication marocaine ou aux tentations fédéralistes ouest-africaines, les discussions à relents ethniques étaient chroniquement mises bien mieux qu’aux voix, devant les consciences et en délibération aussi prolongée qu’il le fallait. Les générations étaient une à une conviées à cela et jusqu’en 1978, malgré des cahots, malgré des périodes répressives et parfois tendues, difficiles à vivre et rétrospectivement à justifier, la caravane mauritanienne a avancé, s’est perfectionnée et se savait susceptible de perfectionnement. La grande élection de Mars 2007, mettant tout le monde et pas seulement les candidats, surtout ceux du second tour, à égalité, pustchistes de 2005 ou de 1978 compris, aurait dû inspirer les principaux acteurs en sorte qu’une union nationale, dans une répartition des rôles où – sur le papier – personne ne semblait oublié, gouverne collégialement le pays. Débonnaire, pieux, pacifique, résolu pour l’essentiel – le discours du 29 Juin 2007 le montra – Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi aurait dû être soutenu par tous au lieu d’avoir à se constituer, par lui-même et donc à grands risques, sa propre structure de pouvoir. Et celui qui depuis le 6 Août 2008 prétend d’une part « régler tous les problèmes » et d’autre part avoir, au vrai, écrit toute l’histoire politique et toutes les successions démocratiques ou pas pendant toute cette décennie, se serait grandi en étant le gardien physique de l’état de droit.

Mohamed Ould Abdel Aziz peut enfin se grandir, maintenant, s’il consacre ses forces et le temps qui lui restent – constitutionnellement ou médicalement parlant – à permettre ce qui est attendu depuis des années. Rien que définir consensuellement cette attente vaudrait une entrée dans l’histoire : positive.

C’est mon vœu ardent et confiant. La Mauritanie a les moyens qu’il se réalise, et il est possible que Mohamed Ould Abdel Aziz reçoive enfin la grâce d’être l’homme du moment. Il est temps. C’est le temps.

 

Bertrand Fessard de Foucault, alias Ould Kaïge

soir du mercredi 28 Novembre 2012

 

 

En lisant le général Mohamed Ould Abdel Aziz…

 

La Tribune rend deux services aux Mauritaniens.
1° par la présentation qu’elle donne de l’actuel détenteur du pouvoir d’Etat,
2° en condensant le florilège de la manière exclusive et discrétionnaire dont est exercé ce pouvoir,
et 3° elle permet de faire un bilan de trente mois.
1° L’apologie du coup est une nouvelle fois publiée : « Il n’y aura pas un coup d’Etat, ce qui sera entrepris respectera la Constitution » ! Autiste vis-à-vis des faits, Mohamed Ould Abdel Aziz l’est aussi vis-à-vis des personnes. Il est incapable de distinguer dans l’histoire et la politique du pays qui que soi d’intéressant, a fortiori d’exception.

 Si, depuis l’inauguration d’une avenue Moktar Ould Daddah en Novembre 2008 et l’affichage électoral de sa photo, aux côtés de celle du président fondateur, il laisse faire un parallèle complaisant entre ce dernier et lui, et serait censé avoir « décidé la réhabilitation de Ould Daddah au rang de Père de la Nation », il n’y fait toujours pas référence lui-même : tout simplement parce qu’il n’a pas la moindre idée sur le grand homme et qu’en revanche, il continue de dater de cinquante ans les maux du pays, gabegie et autres.
Le journaliste qui l’interroge – et publiera sans doute une seconde fois l’entretien obtenu en 1995 du président Moktar Ould Daddah – ose traiter le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, de « candidat sorti d’on ne sait où » alors que celui-ci fut le principal collaborateur des grandes décisions économiques de 1972 à 1974, émancipant et structurant la Mauritanie face aux investisseurs et à l’ancienne métropole. Il ose aussi caricaturer le colonel Eli Ould Mohamed Vall « pérorant sur le vote blanc », et lâche des contre-vérités à propos du coup de Juin 2003 : le chef d’état-major national et le commandant en second du Basep sont bien morts mais pas de la main des insurgés, le rétablissement de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya ne doit rien à Mohamed Ould Abdel Aziz mais beaucoup à une reprise en main personnelle par le président du moment et à des soutiens étrangers pas encore prouvés mais présumés généralement. Et de ses propres collaborateurs, à commencer par le Premier ministre, il n’a rien à dire. Sinon que

2° « même des membres du gouvernement sont venus se plaindre du rythme que je leur impose » et que le général doit constater « le manque de confiance des nôtres ». Mais « ils vont finir par incarner ces valeurs … Je crois qu’il est plus juste de laisser les ministres s’adapter à la personnalité du Président, à son rythme pour chercher à harmoniser l’action en vue de la réalisation des objectifs prédéfinis ». La référence n’est pas le pays mais le détenteur du pouvoir.
Quant aux ralliés, déjà dupés à Dakar et s’y reprenant depuis l’été dernier, ils sont prévenus une énième fois : «  Pour ce qui est de l’ADIL, je dirai que tous les Mauritaniens sont égaux devant nous ». … « Nous acceptons donc de discuter tous les problèmes mais pas de partager la prise de décision qui revient de droit à celui dont le programme a convaincu la majorité du peuple mauritanien ». Le « dialogue inclusif » inscrit dans l’accord de Dakar et réclamé par les partenaires de la Mauritanie reste du genre des « états-généraux de la démocratie » tenus en Décembre 2008-Janvier 2009 : « Je suis prêt à discuter de tous les sujets. Le cadre pourrait être celui d’une ou de plusieurs journées de réflexion qui pourraient se tenir à la demande soit de la Majorité soit de l’opposition. Et là tout peut être l’objet de discussions. Mais il y a l’Assemblée nationale qui est aujourd’hui un espace de dialogue permanent ». Aimable oubli du Sénat et précédent peu convaincant des journées de la majorité présidentielle tenue en Janvier 2010. « Ce ne sont pas les soutiens de première ou de dernière heure qui me feront changer de cap ».

3° L’urbanisation absurde, les « quelques riches hommes d’affaires qui ont des concessions rurales de plus de 20.000 ha à Nouakchott » sont des thèmes évidents, comme celui de la sécurité, du terrorisme, des « frontières poreuses », mais pourquoi ne pas les traiter ?  « Tout cela par ce que les moyens ont été dilapidés, détournés par des particuliers ?»  Non ! parce que les forces armées ont été dévoyées depuis plus de trente ans par une partie de leur hiérarchie. Aïn Ben Tili fut réoccupé après le sacrifice de Soueïdatt Ould Weddad, « l’aéroport international de dégagement » à Lemreya sera-t-il une base étrangère ? Le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi se perdit dans l’esprit de « l’aile militaire du pouvoir » en affirmant au journal Le Monde que la Mauritanie n’est pas une terre d’élection pour le terrorisme. Voici le général Mohamed Ould Abdel Aziz affirmant que « dans notre pays il n’existe aucune base de terroristes, aucun camp d’entrainement … Aujourd’hui nous estimons que nous avons le strict minimum pour assurer la sécurité du pays et protéger ses frontières ». Soit !
L’éducation, la justice, affaire de formation ? Certes mais surtout de résolution des problèmes que le général ne mentionne pas même : le passif humanitaire, le retour des réfugiés, l’éradication de l’esclavage. Alors même qu’un fait avéré mobilise l’opinion depuis un mois, que l’on met en prison les anti-esclavagistes et laisse libre la marâtre. Le « problème des langues », y compris de la langue arabe, est la question de la dignité de tous les Mauritaniens, bien plus encore que de l’identité de chacun. A quand, enfin, l’enseignement critique et consensuel (c’est possible) de l’histoire contemporaine du pays ? Il reste interdit pour compter… de l’indépendance.
Sans le savoir, mais en retrouvant des mots anciens, le général Mohamed Ould Abdel Aziz reprend la problématique de « l’homme mauritanien nouveau », de « la mentalité à changer, à rendre plus rationnelle, plus portée sur l’intérêt général, plus dynamique, plus confiante ». C’était la dialectique de la période fondatrice. Pourquoi l’avoir brisée en Juillet 1978, pourquoi, au lieu de soutenir une démocratie renaissante en 2006-2007, en avoir raillé puis détruit les prémices dès Août 2008.  L’outil n’est toujours pas retrouvé.

Bertrand Fessard de Foucault-LE CALAME

 

 

Mes excuses à ma seconde patrie
par Bernard Fessard de Foucault

 

Né le 9 Avril 1943 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
marié & père d’une fille née le 22 Novembre 2004

 

Profession : diplomate

Enseignant à l’Université Paris VIII Saint-Denis (Institut d’Etudes Européennes)    Octobre 2002 & conférencier à l’Université de Bretagne-Sud Vannes   Octobre 2005

Président du conseil de surveillance d’ETHYS, conseil en gestion éthique et solidaire  Juin 2001

Ambassadeur de France au Kazakhstan   Juin 1992. Février 1995

Conseiller commercial, chef des services d’expansion économique près l’Ambassade de France

en Autriche   Octobre 1988

à l’administration centrale : Direction des Relations Economiques Extérieures  Décembre 1986

au  Brésil  Décembre 1984

en  Grèce  Juillet 1982

près le Consulat Général de France à  Munich  Février 1979

adjoint du Chef de poste au Portugal  Septembre 1975

à l’administration centrale

harmonisation des assurances crédit des Etats membres de la C.E.  Octobre 1973

exportation du livre français  Janvier 1971

achats gouvernementaux des pays membres de l’O.C.D.E.  Juin 1969

Lauréat de la fondation Elf-Air France    Octobre . Décembre 1970  (Suède, Roumanie, Iran, Japon, Indonésie)

Elève à l’Ecole Nationale d’Administration 1966 . 1969

stages en Préfecture de Loir-et-Cher,

à la société des Mines de fer de Mauritanie & au Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine

Agrégatif de droit public  Juin 1972

D.E.S. Droit public Dakar Avril 1966 & Science politique Paris Mars 1972

service national : E.N.A. de Nouakchott (République Islamique de Mauritanie)  Février 1965 . Avril 1966

Licence en droit public  Juin 1964             

Institut d’Etudes politiques de Paris   Octobre 1960 . Juin 1964

Etudes primaires à Saint-Jean de Passy  & secondaires à Saint-Louis de Gonzague : à Paris     1950 . 1960

candidat indépendant à l’élection législative partielle du Haut-Doubs Novembre 1980 (siège vacant d’Edgar Faure)

Conseiller municipal de Pontarlier  (Doubs) Juin 1983 à Janvier 1989

membre du Comité national de soutien pour la réélection de François Mitterrand 1988

l’ayant accompagné à son voyage officiel au Canada Mai 1987,

au sommet francophone de Québec en Septembre 1987 et en Irlande en Février 1988

reçu en audience privée par le Pape Jean Paul II Février 1995

Conseiller municipal de Surzur (Morbihan) Juin 1995 à Mars 2001

Collaborations de presse    Le Monde 1972.1982 – La Croix 1972 . 1997 – Défense Nationale – Lettre de Michel Jobert – Espoir – Revue des deux mondes – Témoignage chrétien – Combat – Le Calame

 

Publications         

Dernière prière à M. Valéry Giscard d’Estaing, encore président de la République –

Le pouvoir politique en Mauritanie – Maurras et le socialisme – L’esprit du 10 Mai 1981 – L’inquiétude

en préparation Ouvrir une Ambassade dans l’ex-Union Soviétique : ma mission au Kazakhstan 1992-95

biographie de Maurice Couve de Murville, Pierre Messmer, Michel Jobert . présence de Jacques Fauvet

Les relations extérieures de l’Union européenne . Eléments et genèse du droit fonctionnel européen.

Cinq Français et l’Allemagne (Caillaux, Briand, Laval, de Gaulle, Mitterrand)

Une histoire dialectique de la Cinquième République – Ces crises de légitimité qui ont fait la France

De Gaulle selon l’Agence France Presse 1944-1970 : l’homme de la nation (compilation exhaustive)

Abrégé d’une histoire réconciliée de la Mauritanie contemporaine : 1903-2010 – Le putsch exemplaire

En danger de vie (journaux mémoire) – Lecture chrétienne du Coran, quotidienne des textes de la messe

Langues lues et parlées : allemand, anglais, portugais, espagnol – débuts de russe



Article publié à son nom sur cridem en usurpant son identité


Mes excuses à ma seconde patrie: Bertrand Fessard de Foucault

Mauritanien de cœur et d’adoption , je voudrais apporter un bémol à la polémique médiatique, aux dires et aux écrits des uns et des autres, à propos de ce que j’aurais pu écrire sur ma seconde patrie, la Mauritanie.

Depuis quelques temps, dans la presse mauritanienne, je découvre l’horreur et la bêtise – contre vérités de notre époque – par les messages sur ma prétendue haine ou mon engagement politique déplacé contre ce pays que j’aime, que je respecte, contre le Président de la République
Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a impulsé une nouvelle dynamique de développement avec une volonté politique réelle, dont j’ai conscience en tant qu’humaniste,en tant qu’apôtre de la liberté et de la démocratie.

En réalité, ma longue histoire avec la
Mauritanie, se conjugue avec mon parcours historique dont je tire une immense fierté pour m'avoir permis de devenir le compagnon de Moktar Ould Daddah qui me surnomma affectivement Ould Kaîge (Mars 1974).

Malgré toutes les contre vérités que l’on me prête sur une vision biaisée de la Mauritanie que je continue à porter dans mon cœur et dans mes pensées, mon seul souci a toujours été l’intérêt supérieur de ce pays, depuis mon service national français effectué à l’Ecole Nationale d’Administration mauritanienne (février 1965- avril 1966).

Je tiens à le dire publiquement et avec toute la force de ma conviction d’ancien diplomate français (premier ambassadeur de
France au Kazakhstan, conseiller économique et commercial près les ambassades françaises au Portugal, Bavière, Grèce, Brésil, Autriche) : je n’appartiens à aucun mouvement d’aucune confession ni à aucun parti politique. Je ne suis qu’un citoyen français humaniste, qui tire ses sources d’inspiration de sa chrétienté et de la passion du dialogue. C’est bien là toute la quintessence de mon engagement, de ma mauritanité.

Dans ma quête de la vérité sur ma deuxième patrie, la
Mauritanie, j’ai été l’objet de calomnies biscornues à travers différents courriers et témoignages dont je n’ai jamais été l'auteur, dont une prétendue correspondance à M. Stefano Manservici, Directeur Général pour le Développement à la Commission européenne, et à l’Elysée.

Comment concevoir que dans mon parcours de libre penseur, avec une démarche spirituelle et politique, et tenant compte des valeurs mauritaniennes d’abnégation et d’humilité que m’a transmises le Président
Moktar, j’ai pu jeter un trouble par mes écrits ou calomnier la Mauritanie ?

En s’inspirant de mes réflexions ‘’
l'existence monastique impossible à décrire ou apprécier de l'extérieur’’ et ‘’la lecture du Coran - sourate XLI . Les versets véridiques’’ ou encore ‘’mon cœur ne craint que ta parole - textes du jour’’, les mauritaniens comprendront ma démarche toute dédiée à la dignité humaine.

Je me félicite que la
Mauritanie soit enfin sortie des ténèbres et des affres des années de braise, et de la souffrance des vingt années sous Taya.

Actuellement, et à quelques jours du grand rendez- vous de la réunion de Bruxelles, tous les espoirs semblent être retrouvés, avec une stabilité politique et un nouvel essor économique et social.

Le Président
Mohamed Ould Abdel Aziz, dont nul ne saurait faire fi de sa légitimité démocratique et dont je reconnais humblement les qualités, a un parcours qui l’honore et les grands chantiers des reformes, sont une preuve d’un véritable changement annonciateur de la nouvelle Mauritanie.

Par ces lignes , je voudrais signifier à tous mes frères mauritaniens mais aussi à tous ceux qui me prêtent des mauvaises intentions que je porte dans les tréfonds de mon cœur, le respect le plus sincère et l’admiration pour cette terre d’hospitalité légendaire. Le doute ne devrait avoir aucune place sur ma sincérité.

Je ne me permettrai jamais de m’ingérer d’une manière aussi machiavélique dans les affaires intérieures d’un Etat souverain et encore moins un Etat aussi proche que la
Mauritanie qui m’a profondément marqué. Ma conscience est tranquille et ma fidélité demeure intacte envers les mauritaniens.

Je reste ouvert au dialogue dans le respect des principes de démocratie et d’amour du prochain.

Mû par ma dévotion à la mémoire de mon ami
Moktar Ould Daddah, je me défendrai contre les ennemis de la Mauritanie. Que Dieu, disent nos frères d’Islam, t’enveloppe de Sa miséricorde. Nous sommes sûrs de cette miséricorde.

b.fdef@wanadoo. fr

Tiré de cridem.org

Info source : Bernard Fessard de Foucault

| Libre Expression

    

 J’ai honte

 Au premier anniversaire de son putsch du 6 Août 2008, le général Mohamed Ould Abdel Aziz aura été installé la veille dans les fonctions de président de la République Islamique de Mauritanie, en toute légalité, moyennant une reconnaissance internationale de la régularité du scrutin du 18 Juillet 2009.

Cette élection aura été aussi contrainte que les consentements successifs des opposants à ce qui, à partir de la prétendue négociation de Dakar, il y a dix semaines, les a chacun enchaînés.

J’ai honte pour les Mauritaniens – pour ceux d’entre eux qui ont consenti, à un moment ou à un autre au processus de légitimation du coup militaire, pour ceux d’entre eux que ne choque pas l’affichage du portrait de leur président-fondateur Moktar Ould Daddah sur le même calicot que celui de l’homme fort, souligné poar le lien des deux dates : 1960, l’indépendance et 2009, la Mauritanie à nouveau nouvelle… mais est-ce que cela me regarde ? tandis que la politique françafricaine me concerne, et me fait encore plus honte.

  La fête de Nouakchott est une honte parce qu’elle est un mensonge. La France officielle en est responsable. Dirigée par un joueur de poker dont l’immédiat entourage a reconnu l’exact et cynique analogue. Car Mohamed Ould Abdel Aziz n’a cessé d’imposer son jeu à ses compatriotes puis à une « communauté internationale » dont les points faibles lui furent signalés, à mesure, un par un, étape par étape.

Les Mauritaniens auxquels je me suis attaché depuis qu’en Février 1965 je vins chez eux pour, jeune énarque, y enseigner à leur Centre de formation administrative, et que Moktar Ould Daddah m’honora dès lors et jusqu’à sa mort de sa confiance et de son amitié au point de me faire relire ses mémoires   et de me faire contribuer à leur mise au point – ont été abusés sur la bonne foi des putschistes du 3 Août 2005 qui, renversant une autocratie de vingt ans, commencée en uniforme et dont le règne que consacrent les cérémonies du 5 Août 2009, a toutes chances de prendre exemple, s’étaient engagés à ne plus interférer dans la vie démocratique du pays. Ils montèrent, selon des rivalités et des accords de palais un piège à retardement qui fit du premier élu civil à un scrutin pluraliste, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le prisonnier de son état-major particulier et d’une garde prétorienne qui lui était imposée. Les Mauritaniens furent abusés sur les conditions – quasi-impossibles – dans lesquelles leur président tentait de s’émanciper et de gouverner. Ils ont été abusés toute cette année par une lecture simpliste et puérile de leur passé national uniquement fait de corruption et de gabegie, et par une mise au pilori des contestataires du putsch, précisément à raison de ce passé. La mise en œuvre envisagée des sanctions prévues par le traité de Cotonou liant l’Union européenne aux Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, et par la Charte africaine, dont la Mauritanie, quelques jours avant le coup, avait justement été la première à la ratifier, a fourni, en même temps que le massacre d’une patrouille dans le grand nord, prétexte à l’union nationale contre les agressions morales ou physiques. Malgré tout cela, une forte minorité de parlementaires, des manifestations de rue et le boycott de déplacements officiels du putschiste, signifiaient une prise de conscience – civique et démocratique, en faveur de la légalité – qui  avait peu de précédent en Afrique et ne préjugeait en rien d’un bilan du président déchu et empêché de s’exprimer, autrement qu’indirectement.

Le destin hésitait donc, d’autant que la hiérarchie militaire n’était pas tout entière représentée dans la junte et que celle-ci était plus composite que dans sa mouture de 2005. Khadafi, président en exercice de l’Union africaine, abusa alors aussi bien ses pairs en contrevenant carrément aux décisions arrêtées par eux, que les principales parties mauritaniennes qu’il avait d’abord entendues chez lui. Elles se refusèrent toutes cependant, sauf le putschiste, qui n’y trouva donc pas sa consolidation. Des « états-généraux de la démocratie », destinés à faire paraître consensuelle l’anticipation forcée de l’élection présidentielle, n’y contribuèrent pas davantage puisque le principal parti d’alors n’en ratifia pas le compte-rendu. Il fallait donc plus. Déjà, à la mi-Octobre 2008 au moment de présider – au titre de l’exercice semestriel français – le groupe de consultations euro-mauritanien, Alain Joyandet avait assuré que personne à Nouakchott ne réclamait le rétablissement du président élu sans contestation dix-huit mois auparavant. A la fin de Mars 2009, Nicolas Sarkozy fit mieux que son secrétaire d’Etat et le Guide libyen ensemble : il assura mensongèrement avoir téléphoné à l’infortuné mauritanien, qu’il était bien le seul à l’avoir fait alors même qu’aucune manifestation ne soutenait ce dernier.

L’intervention française avait désormais habillage et vocabulaire – consensus et démocratie – alors que son soutien était acquis à Mohamed Ould Abdel Aziz, pour des raisons qui sont encore à démêler, mais dans lesquelles est pour beaucoup la méconnaissance de l’Afrique manifestée par Nicolas Sarkozy, découvrant à mesure de sa lecture publique à Dakar, un texte d’Henri Guaino lui-même inspiré par Hegel, sans reconnaissance de l’emprunt  . Et surtout pratiquant le gouvernement de la France à la manière de tant de ses homologues africains, comme si la Françafrique avait fini par faire tolérer en France ce que nous critiquons chez nos « protégés »… d’ailleurs le numéro deux de la junte – en dépit des interdictions européennes de visas pour les putschistes – était régulièrement reçu par Claude Guéant depuis la mi-Septembre. La soi-disant négociation d’un accord « inclusif »   à Dakar, sous l’apparence de multiples égides, a consisté pour la France, au mépris des décisions de l’Union européenne prises et publiées le 4 Avril 2009, à seulement convaincre le putschiste de surseoir à son plébiscite organisé pour le 6 Juin et décommandé seulement l’avant-veille au point que les candidats de paille pour les apparences du pluralisme y perdirent souffle et tire-lire pour la re-belote. Le texte de l’accord est resté inchangé du début à la fin, il n’est pas de rédaction mauritanienne et fut tellement imposé qu’initialement les opposants voulurent qu’ils figurent comme la contribution du putschiste à laquelle ferait pièce leur propre proposition de rédaction.

En échange d’un sursis au plébiscite, l’intoxication fut telle que 1° les opposants à la candidature présidentielle du militaire l’acceptèrent et, pour cautionner le scrutin, y participèrent, 2° sans autre garantie qu’une refonte de la Commission électorale laquelle fut cependant pratiquement empêchée d’aller sur le terrain, 3° le Premier ministre du gouvernement d’union nationale, malgré le vœu de l’opposition, resta celui nommé par les putschistes, 4° le décret prévoyant une nouvelle date du scrutin (le 18 Juillet), quoiqu’annulé par le Conseil constitutionnel à la veille d’imposantes manifestations, fut repris dès la formation du nouveau gouvernement, en sorte qu’aucun contrôle sérieux ne put être mis en place, faute de temps  .

Il y avait cependant eu l’éventualité d’une ultime résistance, celle de l’élu au scrutin précédent. Sans son abdication formelle, tout le processus revenait à préférer un plébiscite à la poursuite d’un mandat de cinq ans exercé seulement quinze mois. Sidi Ould Cheikh Abdallahi était initialement résolu – j’en suis témoin par écrit – à ne consentir à signer la formation du gouvernement aux modalités convenus à Dakar qu’à plusieurs conditions, dont chacune était de bon sens. Qu’à la démission du président de la République légitime corresponde la dissolution de l’organe politique des putschistes (le « Haut Conseil d’Etat »), que la garde prétorienne soit également dissoute, que le gouvernement nouveau à former ait compétence pour revenir sur les textes et nominations intervenus depuis le putsch et consolidant celui-ci. En logique, enfin, l’élu du 25 Mars 2007 demandait à ne remettre ses pouvoirs qu’à l’élu quel qu’il soit du 1er Août 2009 (second tour du scrutin), ce qui l’eut placé en garant et arbitre, totalement désintéressé, du processus électoral à ouvrir et que depuis Janvier, il avait accepté d’entamer. Tellement circonvenus, ses partisans le laissèrent seul devant la responsabilité d’un échec de l’ensemble de ce qui était appelé une médiation. Quant à celle-ci, elle avait anticipé son suicide en tenant pour acquise, dès la première circulation du projet de texte à Dakar, sa « démission volontaire ». Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’obtint que le changement d’appellation de la junte se rebatisant en Conseil supérieur de la défense nationale, prévu par l’article 34 de la Constitution – les compétiteurs du putschiste à l’élection ne perçurent pas tout ce qu’ils perdaient à ne l’avoir pas ultimement soutenu, conformément d’ailleurs à la pétition de départ d’une grande partie d’entre eux – mais son discours d’adieu, le 26 Juin, lui a conféré une autorité morale dont, sans doute, la Mauritanie fera bon usage.

Et il y eut l’élection du 18 Juillet, la fête du 5 Août et la déculpabilisation de la « communauté internationale ». Unanime, France comprise, elle avait initialement condamné le coup du 6 Août 2008.

Alors qu’à dix jours du scrutin, le putschiste-candidat était si peu assuré même de figurer au second tour qu’il menaça le pays et ses partenaires, à trois reprises, en réunion publique, d’un nouveau coup militaire, et qu’on pouvait donc croire à une défaite dans les urnes des prétentions militaires de trente ans –, alors  aussi que les principaux opposants, y compris le chef de la junte précédente, s’accordaient contre de telles menaces et convenaient pour trois d’entre eux de gouverner en coalition ministérielle et parlementaire si l’un quelconque d’entre eux l’emportait –, les choses se dénouèrent pour Mohamed Ould Abdel Aziz, par une victoire, au premier tour à peine moindre que celle du dictateur précédent trois fois de suite.

Avant même que le Conseil constitutionnel et la Commission électorale aient commencé leurs travaux et leurs vérifications, la France a salué la légitimation du putschiste. Le commissaire Louis Michel avait désavoué le président français dans la journée de son mensonge de Mars. L’Union africaine n’avait pas suivi son président en exercice. La France, qui a reçu en pleine campagne présidentielle mauritanienne le putschiste en personne et son banquier, pour d’ultimes concertations et assurances, donne constamment le la. Et nos partenaires européens ont continué de respecter cette sidérante habitude que, dans son « domaine africain », c’est la France qui fait la décision. Alain Joyandet peut donc imiter son maître et assurer que la France a rendu la démocratie à la Mauritanie.


Bertrand Fessard de Foucault, ancien ambassadeur


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1- Moktar Ould Daddah, La Mauritanie contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 669 pages)
2- Pierre Lembeye, Sarkozy . un président chez le psy (Scali . Février 2008 . 111 pages), pp. 66 à 73
3- « qui contient en soi qqch d’autre » - Larousse dit bien dans quel panneau on tombe
4- l’Union européenne, qui a seule savoir-faire, expérience et logistique, avait le budget mais demandait trois mois de délai, exactement celui prévu par la Constitution mauritanienne, à compter de l’ouverture de l’intérim

Le 07/08/09

 


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