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Biram Ould Dah à KASSATAYA :
« Penser qu’on est frères juste par la couleur de peau c’est
superficiel et erroné »
Mercredi,
04 Avril 2012 19:02
Écrit
par Abdoulaye Diagana
Les
haratines ont-ils une identité spécifique ? C’est la
question qui siège au centre des débats sur les identités en
Mauritanie. Bien que noirs de peau, les membres de cette communauté
n’en sont pas moins arabes par la culture qu’ils partagent avec
leurs anciens maitres.
Cette
position dans l’entre-deux, explique en partie que les haratines
fassent l’objet d’une cour assidue de la part des communautés
arabe et noires de Mauritanie sur fond de calculs relatifs à
l’équilibre démographique. Mais qu’en pensent les principaux
concernés ?
Dans
un entretien accordé à KASSATAYA, M. Biram Ould Dah Ould Abeid
leader de l’Initiative pour la Résurgence du mouvement
Abolitionniste émet un avis tranché sur la question. De son
point de vue, la couleur de peau ne saurait suffire à établir
l’identité d’un groupe. Partant, « Penser qu’on est
frères juste par la couleur de peau c’est superficiel et erroné ;
parce que l’esclavage n’a pas de couleur de peau ». Pour
illustrer son propos, M. Ould Dah rappelle souvent les difficultés
relationnelles entre les haratines et les noirs de Mauritanie :
les premiers accusent les seconds de nourrir à leur égard un
certain mépris lié à la naissance et à leur condition d’anciens
serviles.
Faut-il
y voir dès lors le triomphe de la thèse de l’arabité des
haratines ? Le leader d’IRA ne laisse subsister aucune
ambiguïté. A ses yeux « les haratines ne peuvent en aucun cas
rester dans la sphère arabe parce que ça signifierait la continuité
de l’esclavage, le dressage idéologique et culturel des haratines
contre l’Etat de droit et les populations noires ». Voilà
qui met les harratines à équidistance des arabes et des noirs.
Sur
sa lancée, M. Biram Ould Dah évoque sans détours la position
délicate qui fut celle des haratines lors des sanglants massacres
des populations noires en 1989 : « …les haratines ont
été les bras meurtriers utilisés par … l’Etat et les racistes
maures contre les noirs ». Et pour n’oublier personne, M.
Ould Dah rappelle la responsabilité qui fut celle de certains
membres de la communauté noire dans le massacre des leurs :
« …c’est parmi les fils de grandes cases des communautés
noires qu’a été recruté le corps des indicateurs qui a joué un
rôle extraordinaire dans le nettoyage ethnique de leur propre
communauté. Et jusqu’à présent ils jouent le rôle du
mercenariat contre leur communauté ». Voilà les haratines,
les arabes et les noirs de Mauritanie habillés pour l’hiver. Un
point de départ pour vider définitivement l’abcès ? Tout en
préparant la seconde édition du pèlerinage à Inal, ce camp des
horreurs où des soldats noirs Mauritaniens furent froidement
assassinés par des « frères d’armes » suant la haine,
M. Ould DAh se pose en arbitre au nom des haratines. Reste à
répondre aux questions essentielles : sur quels critères se
fonde-t-on pour définir l’identité d’un groupe ? Qui en
décide et comment ?
Abdoulaye
DIAGANA
Source :
www.kassataya.com
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