ARTICLE 508 :

  

Peines de prison requises contre 3 femmes
jugées pour "exploitation" d’enfants

Le procureur du tribunal des mineurs de Nouakchott a requis, mercredi12 janvier, des peines de prison ferme à l’encontre de trois femmes jugées pour "exploitation" de deux enfants de 10 et 14 ans, présentées comme des esclaves" par une ONG, a indiqué à l’Afp un avocat des victimes. Le jugement est attendu dimanche.

"Le parquet a requis une peine de prison d’un an ferme contre Oumoulmoumnine mint Bakar Vall, poursuivie pour exploitation des deux mineures, et six mois de prison ferme contre les mères des fillettes", a rapporté l’avocat des deux enfants, Me Ahmed Bezeid Ould El Mamy. Oumoulmoumnine mint Bakar Vall a assuré devant le tribunal que les deux fillettes qui vivaient chez elle percevaient des rémunérations versées directement à leurs mères. Elle a également assuré que les adolescentes étaient traitées sur un pied d’égalité avec ses filles et qu’elles "ne faisaient pas grand chose à part du petit ménage à la maison", a rapporté l’avocat. L’une des fillettes, âgée de 14 ans, a déclaré qu’une rémunération était envoyée à sa mère mais qu’elle en ignorait le montant, a précisé la même source. Quant aux mères des deux filles, jugées pour "négligence" et "participation a l’exploitation de mineurs", elles plaident non coupables. Elles font valoir que les enfants étaient logées chez la femme en raison d’une entraide due à des liens de parenté. Selon l’avocat, l’accusation a estimé qu’"il y avait bien exploitation de mineurs en violation de la législation sur la protection de l’enfance et celle du code de travail, ainsi que de la loi sur l’obligation de l’enseignement pour les enfants en âge d’aller à l’école". L’esclavage est officiellement aboli en Mauritanie depuis 1981. Mais en novembre 2010, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines de l’esclavage avait déclaré à Nouakchott que "des cas d’esclavage très graves existaient encore" dans le pays. Il s’agit du premier procès de ce genre, en Mauritanie, de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des pratiques esclavagistes. Il avait débuté mardi, quelques jours seulement après les condamnations de militants antiesclavagistes ayant dénoncé la situation des deux fillettes. Le dirigeant de l’organisation Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Biram Ould Abeid et deux autres militants de son organisation avaient été condamnés à 12 mois de prison dont six fermes pour "agression contre la police" au cours d’une manifestation le 13 décembre. Lundi, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme avait demandé aux autorités mauritaniennes de libérer ces militants. Leur "condamnation ne vise qu’à sanctionner leurs activités en faveur des droits de l’Homme notamment la lutte contre l’esclavage en Mauritanie", écrivait l’Observatoire.

  (Afp)

 

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