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A.H.M.E.

        ARTICLE 507 :

  

 

 

Le cran demande la restitution des biens mal acquis de la France à l'Afrique


Ce 10 décembre 2013, le CRAN a invité la presse à une visite guidée des biens mal acquis de la France, qui se trouvent pour beaucoup au musée du Quai Branly. Cette date n'était pas choisie au hasard : elle correspond à la fois la Journée internationale des droits de l'homme et à l'anniversaire de la mort du roi Béhanzin, souverain du Dahomey, déporté en 1894 par les armées coloniales françaises et décédé à Blida, en Algérie, le 10 décembre 1906. 

A cette occasion, Louis-Georges Tin, président du CRAN, a demandé que les trésors d'Abomey soient rendus à la famille royale et au peuple béninois auxquels ils appartiennent légitimement. « Le dialogue interculturel ne saurait se fonder sur le pillage interculturel » a déclaré le président du CRAN. Par ailleurs, « la restitution est une des modalités de la réparation, qui n'est du tout impossible, quoi qu'en dise François Hollande », a ajouté Louis-Georges Tin. 

Pendant plus d'une demi-heure, les autorités du musée ont interdit aux journalistes et au CRAN l'accès du musée, qui est pourtant un lieu public. En cherchant ainsi à restreindre la liberté de la presse et la liberté de circulation, la direction du musée n'a pu que révéler davantage son malaise évident face à ces questions coloniales. « Voulant apparaître comme le lieu de l'ouverture culturelle, le quai Branly est surtout le lieu de la culture du recel. Bien des objets ont été acquis après les massacres coloniaux, après le sang versé », a commenté Guy Samuel Nyoumsi, vice-président du CRAN chargé des relations avec l'Afrique. « Il est normal que la direction ait un peu honte, tout de même, raison de plus pour rendre tous ces objets volés », a conclu le vice-président du CRAN. 

Au musée du Quai Branly se trouvent les récades, le trône de Glélé, les statues royales, les portes sacrées du palais et plusieurs autres objets de grande valeur issus du pillage de 1894. C'est pourquoi, à cette occasion, Nicéphore Soglo (ancien président du Bénin) et Louis-Georges Tin ont lancé un appel solennel diffusé dans Le Monde et dans La Nation (quotidien béninois). 


En 2005, déjà, Christiane Taubira avait pris position en faveur du retour au Bénin des trésors volés d'Abomey. Et une pétition lancée par Change.org et le CRAN a réuni plus de 2500 signatures en 24h http://www.change.org/behanzin. Le CRAN demande donc à la ministre de la culture et à la ministre de l'enseignement supérieur de tout mettre en œuvre pour que cette restitution puisse être mise en œuvre dès que possible. 


Louis-Georges Tin et Guy Samuel Nyoumsi, du Cran, devant le musée du Quai Branly, le 10 décembre. (Photo Thomas Samson. AFP)


Source : Le CRAN


 

 

 

Le CRAN rencontre le président de l'IRA Le Calame


21 octobre 2013 Écrit par  Le Calame

Dans le cadre de la campagne que mène le CRAN contre l'esclavage et ses séquelles en Mauritanie, Louis-Georges Tin et Guy-Samuel Nyoumsi ont récemment rencontré à Paris Biram Dah Abeid, président de l'IRA, l'une des principales associations œuvrant dans ce domaine en Mauritanie.
 
Le président du CRAN a tenu à saluer l'IRA dont l'action a permis de favoriser une véritable prise de conscience au niveau national et international. Renforçant les initiatives d'autres associations comme El Hor, SOS esclaves et l'AHME, l'IRA a su alerter les pouvoir publics sur l'importance du phénomène dans le pays, comme l'a également souligné le vice-président du CRAN.


Le CRAN plaide pour que le gouvernement mauritanien ne voie plus les militants de l'IRA comme des adversaires, mais bien plutôt comme des alliés indispensables dans le combat essentiel pour la défense des droits de l'homme et que cette association soit reconnue par l'Etat en tant que telle. 

 

 

 

 

 

 

  

Esclavage en Mauritanie : « L’indépendance présumée des juges ne sert en réalité qu’à protéger les esclavagistes et à leur assurer l’impunité » dixit Boubacar Ould Messoud, Président de SOS Esclaves



Les histoires d’esclavage en Mauritanie se suivent et se ressemblent. Inexorablement, l’issue de toutes les parodies de procès est la même : L’esclavagiste, quelque soient les preuves qui l’accablent est laissé libre en vertu d’une complaisante liberté provisoire que le juge prononce en sa faveur et la victime délaissée à elle-même pour aller souffrir le martyr quelques parts avec d’hypothétiques parents ou retourner d’où elle vient, faute de structures lui permettant de s’intégrer valablement dans la société. La récente histoire d’El Gawva Mint M’barek dont la fille a retrouvé au marché de Bassiknou son maître contre lequel elle a déposé en 2009 une plainte à la brigade de gendarmerie est éloquente à ce sujet. Isselkha Mint Sidi voulait juste que son ancien maître Sidi Ould Hbabe accepte de lui remettre sa maman Gawva Mint M’barek et ses fils, Sidi Ould El Gawva (8 ans) et Mabrouka Mint El Gawva (10 ans). La gendarmerie de Bassiknou arrête Sidi Ould Hbabe, mais sur intervention d’un influent militaire d’une puissante tribu locale répondant au nom de Sidi Mohamed Ould Ghalla, il décide de le libérer  après s’être engagé de ramener El Gawva et ses deux enfants. Lorsque le procureur de Néma l’apprit, il donna ordre à la gendarmerie de reprendre l’esclavagiste et les victimes et de les acheminer à Néma. Devant lui, El Gawva déclare qu’elle était la propriété du père de Sidi Ould Hbabe qui n’est selon elle que son frère de lait et dont elle use des biens à sa convenance. Visiblement, du n’importe quoi. Des propos que le maître confirme en ajoutant qu’il a demandé à Gawva de le quitter, mais qu’elle a refusé. Le procureur, sentant l’éternel montage que les maîtres apprennent à leurs esclaves chaque fois qu’ils sont devant les tribunaux, déclare ouvertement à Gawva et à son maître que leurs propos sont faux et complètement fabriqués. Envoyé devant le juge d’instruction, celui-ci a, comme d’habitude dans les affaires d’esclavage décidé de mettre Sidi Ould Hbabe en contrôle judiciaire au niveau de la brigade de Bassiknou et demandé à El Gawva d’aller où elle veut. Du ridicule. Une affaire dans laquelle, le maître et la victime reconnaissent ouvertement des pratiques esclavagistes à travers leur aveu qu’El Gawva était propriétaire du père de Sidi et que celui-ci l’a obtenue en héritage est aussi facilement liquidée en contrôle judiciaire et autres petites combines qui prouvent que la Mauritanie et ses appareils administratifs, de justice et de sécurité se mobilisent pour protéger les esclavagistes au détriment des victimes. En cela déclare Boubacar Messoud tout en colère : « « L’  indépendance » des juges que les pouvoirs publics citent à tout vent ne sert en réalité qu’à assurer l’impunité aux esclavagistes à travers la mise en liberté provisoire de tous les inculpés. Le parquet et le ministère de la justice se cachent derrière cette « indépendance » des juges pour faire échapper des criminels à leurs peines ». Depuis 2007, date de l’adoption de la loi, tous les accusés de pratiques esclavagistes qui se sont présentés devant les tribunaux ont bénéficié de libertés provisoires. Citons à titre d’exemples, l’affaire de Zouerate inscrite sous le dossier 21/2013 dans laquelle la cour d’appel de Nouadhibou a tout simplement mis en liberté provisoire M’Hamed Ould Brahim et son fils Mohamed Salem, malgré les preuves accablantes retenues contre eux de mise en esclavage pendant plusieurs années de Shoueida et ses neuf enfants. L’affaire du jeune Esseh Ould Messe (23 ans), dossier 374/2013 mettant en cause Mohamed Salem Ould Mouhamedou qui a été tout aussi mis en liberté provisoire. L’affaire 252/2011 dite affaire de Nouadhibou, la mise en cause Riv’a Mint Mohamed Hassoune a tout simplement été mise en liberté provisoire avec évocation par le juge de justifications fallacieuses. L’affaire Oumoulkhair Mint Yarbe et fils mettant en cause l’ancien colonel Viyah Ould Maayouf qui n’a même pas été convoqué par la justice. Le dossier 501/2011 communément connu sous le nom affaire Yarg et Saïd dans lequel l’esclavagiste Ahmed Ould Hassine qui, au lieu d’écoper des cinq ans et dix millions d’ouguiyas prévues par la loi n’a été condamné qu’à deux ans et deux cent mille ouguiyas avant d’être mis en liberté provisoire depuis un an six mois. L’affaire Rahma Mint Legreivi ; dossier 179/2013 dans lequel la mise en cause a bénéficié d’une liberté provisoire. Selon certains exégètes du droit, spécialistes de l’interprétation tendancieuse des lois, la constitution du délit d’esclavage est axée fondamentalement sur la démonstration de l’existence d’un travail forcé non rémunéré. Visiblement les faits avérés, la reconnaissance et la flagrance des transgressions ne valent plus. Sinon comment un juge de Néma devant lequel un présumé esclave a reconnu que ces personnes sont ses esclaves hérités de son père, peut-il ensuite lui accorder une liberté provisoire au motif d’être un bienfaiteur puisque l’un des enfants esclaves récite la Fatiha où que les autres dressés pour servir le maître pleurent en apprenant que celui-ci ira en prison ? L’attitude des juges en faveur des esclavagistes est normale eu égard que le Président par le déni de l’esclavage au moins par deux fois semble être le premier défenseur de ces esclavagistes. Dans un pays comme la Mauritanie, les faits, propos et gestes du chef constituent une source d’inspiration à tous les autres démembrements de l’Etat. Le zèle aidant, certains percevront ces attitudes comme des signaux forts pour faire ou ne pas faire quitte à tordre copieusement et continuellement le cou des lois et des conventions. Le refus incompréhensible aux sociétés des droits de l’homme spécialisées de opouvoir se constituer en partie civile dans les affaires d’esclavage n’est qu’une autre manifestation de cette absence de volonté réelle d’éradiquer ce phénomène. La confiscation de cette partie civile et son assujettissement à une institution dépendant de l’exécutif est une autre preuve on ne peut plus éloquente de contrôler effectivement la question de la gestion de la problématique de l’esclavage.


Source :http://www.lecalame.info/actualites/item/586-esclavage-en-mauritanie---l%E2%80%
99ind%C3%A9pendance-pr%C3%A9sum%C3%A9e-des-juges-ne-sert-en-r%C3%A9alit%
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Esse Ould Messe : L’esclave sans âge

 

Esse Ould Messe est le jeune esclave qui fait l’objet d’une plainte pour pratiques esclavagistes introduite auprès du parquet par les organisations des droits de l’homme SOS Esclaves et IRA contre Mohamed Salem Ould Mohamedou.

L’affaire est depuis quelques jours devant les juridictions. Le présumé esclavagiste est arrêté au commissariat de Tevragh Zeina et Esse Ould Mousse, qui n’a que 16 ans, selon les organisations et 23 ans selon ses anciens maîtres a été confié par la police au Président de SOS Esclaves Boubacar Ould Messoud. Tout a commencé lorsqu’Esse se confie à Brahim Ould Samba, un militant d’IRA qui travaille comme gardien à côté de la maison où loge le jeune Hartani. Celui-ci informe le militant d’IRA qu’il travaille sans salaire avec cette famille depuis son jeune âge, lui et ses quatre frères et sœurs (El Varra, Mahmouda, Daoud et El Id). Esse Ould Mousse révèle à Brahim Ould Samba qu’il veut se libérer du joug de cette famille. C’est alors que le militant d’IRA l’aide à aller se plaindre à la police. Selon lui, c’est Mohamed Salem Ould Mohamedou en route vers le commissariat qui lui apprendra qu’il a vingt trois ans et qu’il percevait trente mille (30.000 UM) par mois contre tous les travaux domestiques (cuisine, lavage des assiettes et des habits, thé, commissions au marché et à la boutique) qu’il faisait depuis dix huit à dix neuf ans. Cependant Esse Ould Messe ne se rappelle pas avoir perçu la moindre ouguiya. Jusqu’à il ya quelques jours il ne savait pas son âge. Jamais il n’a fréquenté l’école. Le Coran, il l’a juste commencé du temps où sa défunte maman vivait encore il ya longtemps. Son père Messe, il ne connaît pas. Déjà en 1996, sa tante Aichana Mint Boilil a été libérée par le Président de SOS Esclaves Boubacar Messoud et vit aujourd’hui en femme totalement libérée à Nouakchott.

Normalement Esse Ould Messe et les accusés devraient se présenter lundi 18 mars devant le parquet pour essayer de connaître les tenants et aboutissants de cette énième affaire d’esclavage qui remet à l’épreuve la capacité et la volonté des autorités mauritaniennes d’appliquer les lois nationales et internationales liées à la pratique de l’esclavage qui vient d’être élevé en vertu des derniers amendements constitutionnels au rang de crimes contre l’humanité.

Source : http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=5514


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oumoulkhaïr Mint Yarba : une vie d’esclave

 

Quelque part, au poteau 11 du quartier d’Arafat, Oumoulkhaïr Mint Yarba et ses cinq enfants, deux filles et trois petits garçons, survivent, dans une maison de « fortune ». C’était bien le septième jour du mois béni de Ramadan, mais ni elle ni sa fille de plus de vingt ans ne jeûnaient, le Ramadan ne leur dit, probablement, pas grand-chose. Deux ans après avoir été extraite de sa vie d’esclave, Oumoulkhaïr ne semble pas encore totalement adaptée aux nouvelles réalités de sa vie. Elle prétend être née pendant la guerre du Sahara et devrait, donc, avoir 36 ou 37 ans. Elle paraît bien en avoir quinze de plus, au bas mot. Regard figé, mine pensive, sourire incohérent. Jusqu’en 2010, Oumoulkhaïr n’a vécu qu’à Yaghref, dans les environs d’Atar. Avec ses maîtres. Ses parents, elle ne les connaît pas. Sa mère est morte, alors qu’elle n’avait que deux ans. La dernière fois qu’elle a vu son père, qui vit toujours, pourtant, à Tibergeunt, aux environs d’Akjoujt, elle n’avait que quatre ans. Oumoulkhaïr Mint Yarba a commencé sa vie d’esclave très tôt. Dès cinq ans, elle lavait déjà la vaisselle, partait aux commissions, apportait le bois mort, préparait le thé, gardait les animaux qu’elle attachait et détachait. Quand elle évoque sa condition, les traits de son visage, rongé par les soucis, changent. Le ressentiment et l’amertume se lisent clairement, à travers ses gestes peu organisés. Un discours en véritable coq-à-l’âne. Aucune cohérence. Aucune suite logique. Aucun conformisme.
« Regardez-moi, je ne sais pas encore porter convenablement le voile. Je suis restée, jusqu’à vingt ans passés, presque sans habits. Juste une vieille robe, souvent déchirée, qu’une de mes maîtresses m’a lancée. C’est quand j’ai accouché, au moins trois fois, que j’ai commencé à porter le voile ». Ses cinq enfants sont tous fils « d’elle-même ». Totalement ignorants et ne disposant d’ « aucune ligne » (expression Hassanya signifiant qu’ils ne disposent d’aucun état-civil).Tout-à-fait symptomatique de la « bonne » esclave. Oumoulkhaïr le dit sans gêne. Avec ses maîtres, sa journée commençait aux environs de 4 heures du matin avec l’inspection de tous les animaux, la supervision de l’allaitement des plus petits et des plus faibles, la préparation du petit-déjeuner. Et se poursuivait jusqu’aux heures les plus tardives. Pour la moindre faute, Oumoulkhaïr subissait les châtiments les plus durs. Avoir égaré une chèvre, ou laissé le loup blesser une bête, le jeune maître dont elle dépendait directement lui infligeait les pires corrections.
Parfois, Oumoulkhaïr se tait. Sa fille Selekha est prise de fou-rire. Ses deux petits-enfants,Yarba et Ben ‘Ich, rôdent auprès de son petit commerce, espérant un moment d’inattention pour lui subtiliser les quelques bonbons qui constituent l’essentiel de ses marchandises. Selon elle, toute sa vie a constitué un véritable calvaire. Au bord des larmes, Oumoulkhaïr se rappelle, encore, comme si c’était hier, du jour où ses maitres l’obligèrent à aller suivre les animaux, sans sa fille Oumoulbarka d’à peine un an, car, lui disaient-ils, « la priorité est aux quelques bêtes qui doivent mettre bas aujourd’hui et, pour cela, tu dois avoir tout le corps [mains et dos] libre pour pouvoir ramener les éventuels rejetons ». Le soir, à son retour, les enfants du village lui apprirent la mort de sa fille. Oumoulbarka, restée toute la journée sans boire, avait, effectivement, rendu l’âme. Elle gisait à la même place, la petite robe pleine de sable, les fourmis avaient couvert tout son petit corps. Oumoulkhair procéda, seule, à l’ensevelissement de sa fille qu’elle enfouit dans un trou, au coin du village.

Pires corrections

Dans la véranda où Oumoulkhaïr s’est confortablement installée, traînent quelques coussins et ustensiles. De temps à autre, son mouton vient renverser la théière qui chauffe sur le fourneau. Les reliefs d’un repas attendent preneur, au coin de la maison. Oumoulkhaïr prétend être devenue une spécialiste du riz au poisson et le téléphone qui pend à son cou atteste qu’elle est en pleine reconversion dans sa nouvelle vie de femme libre et émancipée. Ce n’est qu’en 2010, grâce à une forte mobilisation de l’organisation SOS-Esclaves, qu’Oumoulkhaïr a été extraite de sa condition d’esclave. Craignant les poursuites judiciaires, ses anciens maîtres, en complicité avec les autorités, procèdent à des manipulations et la « dégagent », avec six têtes de chèvre, une petite tente et quelques outils de leur village, pour aller l’installer à Guediwar, une localité relevant de la commune d’Aïn Ehl Taya. Quelques semaines après, Oumoulkhaïr et ses enfants débarquent chez son frère Ben’Ich qui travaillait avec un célèbre ancien haut-gradé de l’armée. Une autre vie d’esclave commence. Retour à la quadrature du cercle. Travaux de toutes sortes, sans aucune rémunération. Abus divers sur Oumoulkhaïr et sa fille Selekha, prétendument mariée par l’ancien officier. Intimidations et tracasseries diverses. Nouvelle mobilisation des défenseurs des droits de l’Homme, Oumoulkhaïr et ses enfants reviennent à Ain Ehl Taya d’où son demi-frère, M’barek Ould Mahmoud, l’emmène à Nouakchott, le 15 février 2010. Entre deux bégaiements, Oumoulkhaïr dit, à qui veut l’entendre, qu’elle ne renonce pas à ses droits. « Je ne récite pas la Fatiha, ma fille a été violée. Malgré mes cinq enfants, je ne me suis jamais mariée. Nous avons subi toutes sortes de sévices, physique et moral ». Oumoulkhaïr sursaute car son mouton et ses deux petits-enfants s’apprêtent à la ruiner, en lui subtilisant le peu de choses que sa « table » contenait. « Comme les voleurs de l’autre soir dont un m’a aveuglée, avec sa torche », raconte Oumoulkhaïr.
Le fourneau refroidit, la théière cessa de bouillir, la journée avançait lentement. Oumoulkhaïr, sa fille Selekha et ses autres petits-enfants pensaient, déjà, aux modalités de leur hypothétique dîner. En attendant que la société lui rende justice, l’ancienne esclave redevenue libre poussa un long bâillement et nous invita, ayant enfin compris que nous partions, à attendre la coupure du jeûne.


Sneïba El Kory 
Source: Le Calame
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le salaire de Birame suspendu

 

Les services du ministère des finances ont procédé depuis le mois de février 2012 à la suspension du salaire du président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste, Birame Ould Dah Ould Abeid qui croupit en prison depuis quelques mois à la suite de l’incinération de traités du rite Malékite.

Son dernier traitement lui a été viré au titre du mois de janvier 2012. Or, le leader d’
IRA est un fonctionnaire du ministère de la justice en qualité de greffier depuis la moitié des années 80.

Partout où ses parents sont passés pour demander des renseignements (Commission nationale des droits de l’homme, direction du budget, service de la solde, Primature), c’était le black out total. Personne ne semblait savoir la raison ni l’origine de la mesure ! Quand bien même, elle a été précipitamment appliquée.

Pourtant, le Président de l’
IRA a été reversé avec un grand groupe au premier ministère depuis plusieurs années. Tous, à part ceux qui ont été nommés, ont disparu dans la nature et continuaient à percevoir régulièrement leur salaire.

D’autres fonctionnaires de tous les ministères, des centaines voire des milliers ne connaissent plus leur situation administrative tellement ils ont rompu les amarres depuis plusieurs années. Ils sont émigrés en
France, aux Etats Unis, en Belgique, en Suède ou commerçants au Sénégal, en Gambie, en Guinée Bissau, au Congo et ailleurs. Ces fonctionnaires fantômes continuent à percevoir leur salaire parfois même assorti d’indemnités diverses dont celles d’heures supplémentaires !

Que le salaire d’un fonctionnaire en situation irrégulière soit suspendu n’a absolument rien d’anormal. Mais pour le cas de
Birame particulièrement, cela dénote presque de l’acharnement sur un homme qui dérange un pouvoir aux aguets auquel il a pourtant offert avec l’incinération des livres une réelle opportunité de détourner l’opinion nationale de son quotidien difficile vers la condamnation unanime d’une action exagérément instrumentalisée.

Depuis l’application de la mesure de suspension du salaire de
Birame, sa famille : Son épouse Leila Mint Ahmed Ould Khliva, ses cinq enfants, ses sept sœurs, son grand frère aveugle et leurs enfants et une poignée de victimes de l’esclavage dont Yarg et Said qu’il prenait en charge vivent dans une situation dramatique. Une instrumentalisation en plus pour serrer l’étau autour d’un homme afin de le dessaisir d’une problématique pourtant réelle.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Destitution d’Ould Hadi et
Aziz déplore la fragilité des services de sécurité


De sources très informées, le président Mohamed Ould Abdel Aziz aurait sévèrement critiqué l’ancien directeur général Mohamed Ould Hadi après le passage de dizaines d’esclaves au Sénégal pour assister à la conférence d’IRA , qualifiant les rapports de la police de fallacieux et de mensongers.

Selon la source, Ould Abdel Aziz aurait constitué une commission pour apporter des clarifications sur les conditions dans lesquelles des dizaines d’esclaves ont pu traverser vers Saint Louis dans ce qui constitue l’une des plus grandes manifestations de droits humains de ces derniers temps.

Selon la source, les investigations de la commission ont démontré que beaucoup de manifestants ont traversé la frontière sans papiers officiels et certains même sans aucune identité. Ould Abdel Aziz aurait donné des instructions fermes pour plus d’efficience des services sécuritaires et proféré que plus jamais ça. Sur ce, le Président a démis de manière surprenante le général Ould Hadi de la direction générale de la sûreté nationale et nommé à sa place le général Ould Bekrine au cours du conseil des ministres du mercredi 18 janvier 2012. 


Le Calame

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rapt du gendarme: AQMI pose ses conditions

 
Le Calame : Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), nébuleuse terroriste sous-régionale, a revendiqué, dans un communiqué reçu vendredi soir par l’Agence Nouakchott Info, le rapt d’ Ely Ould Moctar, gendarme mauritanien, début décembre, dans la localité d’Adel Begrou (frontalière du Mali).
Le groupuscule à visage islamiste pose deux conditions à la libération de l’otage. En un, «que les autorités de Nouakchott remettent en liberté deux de ses membres» dont l’identité n’est pas précisée. Notons, à cet égard, que plusieurs membres présumés et même reconnus d’AQMI sont détenus dans les prisons mauritaniennes. La seconde exigence porte «sur l’engagement de la famille du gendarme», entendue, ici, au sens de tribu «à garantir son abandon du service militaire de la gendarmerie». Pour authentifier sa revendication, AQMI a accompagné le communiqué d’une vidéo où apparaît «en tenue et menotté, le gendarme de 4ème échelon, Ely Ould Moctar, né en 1982, à Timbédra (1.100 kilomètres à l’Est de Nouakchott), en service à la brigade d’Adel Begrou (près de la frontière malienne), enlevé et fait prisonnier par l’organisation Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI)».

Appel pressant au président mauritanien
«Je conjure le président Mohamed Ould Abdel Aziz d’intervenir pour régler mon problème, comme il l’a fait en faveur de chrétiens espagnols qu’il a échangé contre Omar Sahraoui [détenu à Nouakchott et finalement libéré en 2010, NDR]. Je demande à la tribu de mon père et à celle de ma mère d’intervenir d’urgence, pour traiter mon cas». Omar Sahraoui est un ressortissant du Nord-Mali. Arrêté, par les services mauritaniens, pour complicité présumée dans l’enlèvement, par AQMI, de trois otages espagnols, sur la route Nouadhibou-Nouakchott, le 29 novembre 2009, il a été extradé vers le Mali, sur la base d’un accord de coopération judiciaire signé, entre Nouakchott et Bamako, en 1963 (thèse officielle). De nombreux observateurs ont perçu, à travers ce geste, une action du pouvoir mauritanien visant à la libération des otages espagnols, qui ont été effectivement relâchés, peu après, par le mouvement terroriste. Une autre partie de l’appel lancé dans la vidéo «conseille aux militaires mauritaniens de veiller à l’application de la Chari’a (législation islamique) au lieu de se consacrer aux autres lois». Avant la revendication, le rapt du gendarme mauritanien était attribué à un groupuscule d’AQMI dirigé par le djihadiste algérien Yahya Jouwaidi. Le décryptage de ce message renvoie à une volonté de la nébuleuse terroriste de sensibiliser l’opinion nationale sur le «traitement de faveur» accordée, aux Occidentaux, par nos autorités. De fait, le raisonnement semble être le suivant: au début de l’année 2011, la Mauritanie a consent à libérer Omar Sahraoui, un homme contre lequel pesaient de graves présomptions de complicité dans l’enlèvement des trois humanitaires espagnols, pour faciliter la libération de ces derniers. Pourquoi Nouakchott ne serait-elle pas prête à un «arrangement» similaire, pour récupérer un homme sous le drapeau, enlevé alors qu’il assurait une mission de défense de la patrie? Un argument qui peut faire mouche, dans la mesure où le pouvoir serait désireux de ne pas donner l’impression d’accorder plus d’importance aux Occidentaux qu’à ses propres ressortissants, surtout quand il s’agit d’un homme sous les drapeaux. C’est une manœuvre, à double tranchant, qui met la Mauritanie dans une posture hautement inconfortable. Un choix, cornélien, entre négocier avec son pire ennemi, perçu comme un bandit, se servant du discours religieux à des fins inavoués, et abandonner «son fils», dans les griffes de la nébuleuse djihadiste.

Correspondance de Nouakchott 
Le calame Mauritanie  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ IRA aux côtés des expropriés de la Kebba 6e

 

Près d’une cinquantaine de personnes tiennent depuis 10 h, à l’invite de l’IRA de Biram Ould Abeid, un sit-in, devant le ministère de la justice, pour protester contre « l’expropriation de leurs terrains, par le ministère de l’urbanisme et de l’habitat », selon leur expression.. En effet, ces citoyens ayant bénéficié des lots, lors du déguerpissement des kebab 6e, en 2007, refusent que l’état revienne, aujourd’hui, les leur ôter, au profit d’autres concitoyens non recensés dans la zone. Cette expropriation par l’administration, intervient après l’ouverture des rues dans le quartier, opération au cours de laquelle, certaines personnes touchées, ont profité, pour s’installer sur une partie d’autres lots mitoyens. Selon les plaignants, d’autres personnes étrangères au quartier s’en seraient même mêlées. Saisi alors par ce groupe dit des 46, l’administration décide d’y envoyer des inspections de vérifications. Les deux premières, menées respectivement par Mme Ami N’diaye et Mr kone donnent raisons aux plaignants et ordonnent leur rétablissement dans leurs droits. Un rapport est envoyé à la cellule de l’ADU à Arafat, et ordre a été donné au Hakem, par lettre en date du 4/11/10, pour exécution. Après une longue attente, les victimes s’adressent au Hakem pour exécution, ce dernier leur répond qu’il n’a reçu aucun ordre dans ce sens. Loin de se décourager et de se lasser des faux rendez-vous et faux engagements, le groupe bouge. Une 3e inspection, conduite par Mohamed Ould kehel est alors dépêchée sur le terrain. Selon les intéressés, l’inspecteur a mené son inspection en cachette, pire, il a ciblé ses interlocuteurs, ce qui se confirteme, selon les membres du groupe, par les conclusions de son rapport qui donne raison aux non- recensés, occupant illégalement, les lots d’autrui. Récusant ce rapport, les expropriés approchent le ministre de l’urbanisme et de l’Habitat qui leur laisse entendre qu’il n’y a pas de solution à leur problème, pire le préfet et ses gardes descendent sur le terrain pour démolir quelques baraques. Ce qui signifie que, les documents par lesquels l’administration a attribués ces lots, n’ont aucune valeur. Surpris par cette intervention de l’administration, les expropriés se mobilisent et l’IRA leur apporte son soutien en organisant un sit-in devant le ministère de la justice. Dans une lettre distribuée à l’occasion, l’organisation de Biram dénonce l’usage de la violence contre les populations paisibles, la politique d’expropriation de leurs terres des populations noires, Hartani, en particulier, soutient les esclaves et autres victimes de l’exclusion pendant le déménagement des gazra, exige l’application d’une loi foncière donnant accès, la propriété des terres, aux Harratine ….

Source:http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=440

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Birame contre attaque


Birame Ould ABeid a balayé d’un revers de la main les déclarations jugées ‘’intempestives’’ du président de la République, le vendredi dernier qui avaient laissé entendre que ‘ ‘certains éléments d'une organisation que l'Etat ne reconnaît pas se sont permis de saccager un commissariat de police". La police a fait son travail, avait-t-il ajouté, considérant que les présomptions d'esclavage en Mauritanie sont un fonds de commerce pratiqué par certains. Lors d’une conférence de presse tenue, dimanche 7 aout, Birame a indiqué que depuis une année, ‘’nous courons derrière une reconnaissance.’’ ‘’Ould Abdel Aziz a peur de faire reconnaitre par son gouvernement notre organisation qui est un mouvement irréductible qui compte procéder à la refonte de la société mauritanienne avec l’émergence d’une société citoyenne. Nous n’entendons pas faire de concession’’, a déclaré Biram qui a révélé que le général Ould Abdel Aziz a tenté, à plusieurs reprises de le coopter et de l’attirer à travers de gros moyens afin de gagner sa sympathie. ‘’Après avoir échoué dans cette tentative de corruption, il cherche maintenant à m’éliminer’’, dira-t-il. Le président de l’IRA a appelé ses militants à la mobilisation jusqu’à la libération de leurs camarades. ‘’Nous allons persister dans cette lutte en nous érigeant contre cette impunité. La lutte se poursuivra, nous sommes prêts au sacrifice. Il n’y a pas d’autres alternatives que les tombes, l’hôpital ou la prison’’. Il a promis une intensification de la lutte avec plus de vigueur et d’action sur le terrain et a dénoncé l’attitude répressive du régime qui veut coûte que coûte écraser les protestations et étouffer dans l’œuf les mouvements de contestation. Il a indiqué que les 13 militants de l’IRA arrêtés le jeudi dernier, subissent des tortures .L es autorités policières souhaiteraient leur extorquer des aveux et des témoignages pouvant accabler Birame. A noter qu’un Comité de soutien avec les détenus a été constitué et est dirigée par Khadjetou Mint Mohamed Mahmoud. Aminetou Mint Ely, présidente de l’Association des femmes chefs de famille a exprimé sa solidarité avec Birame et son organisation. Elle a souhaité la mise sur pied d’une enquête minutieuse sur le cas d’esclavage dont Aouichitta Mint Hamady est victime. Elle a affirmé que pour la stabilité du pays et la préservation de l’unité nationale, il est indispensable de procéder à une application des lois. ‘’Masquer les cas d’esclavage, c’est favoriser, aux yeux de Aminetou, la déchirure sociale et la désunion de la communauté’’. Aminetou Mint Ely s’est dite déçue par la prestation du chef de l’Etat. ‘’ Il va falloir agir pour faire face à la nouvelle orientation répressive du régime’’, a conclu la présidente de l’AFCF


Source: le calame


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Affaire Biram :
Des dirigeants du parti radical italien à Nouakchott

 

Le calame-Mauritanie

«Le militant anti-esclavagiste mauritanien Biram Ould Abeid, en détention provisoire après une manifestation à Nouakchott, souffre de blessures mais il est «bien traité» en prison», a affirmé, vendredi à Nouakchott, lors d’un point de presse, Marco Perduca, un sénateur italien qui lui a rendu visite.
«Nous l'avons rencontré en prison. Il  souffre d'un genou et dort très mal, à cause d'une blessure au crâne», a affirmé monsieur Perduca, membre du parti radical non violent, en visite en Mauritanie. 

«Les autorités ont commencé à donner, à monsieur Biram, des médicaments mais celui-ci souhaite faire des radios, pour s'assurer des conséquences de sa blessure». Le parlementaire italien s’est, cependant, déclaré assuré que Biram était «bien traité en prison».  Le militant avait été arrêté le 13 décembre, en même temps que cinq autres membres de son organisation, l'Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), à la suite d'une manifestation dénonçant des pratiques présumées esclavagistes à l’encontre de deux filles, âgées de 10 et 14 ans. Ces dernières ont, depuis, nié être victimes de telles exactions. Mais la femme chez qui elles vivaient est poursuivie, par le Parquet, pour «exploitation de mineurs» et placée sous contrôle judiciaire, en attendant son jugement.
Monsieur Biram et six autres de ses amis, dont Balla Touré, est inculpé pour «rassemblement non autorisé, agression contre les forces de l'ordre et direction d'une association non reconnue». Les députés radicaux, Marco Perduca et Matteo Mecacci, ont adressé une question, urgente, au gouvernement italien, alors qu’une initiative similaire a été adoptée, au Parlement européen et dans un certain nombre de parlements africains.
Dans un communiqué posté de Paris et Genève, l'observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme a condamné «la poursuite de la détention» des six militants. Il estime que ces derniers sont victimes d'un «harcèlement judiciaire» qui ne viserait «qu'à sanctionner leurs activités en faveur des droits de l'Homme et de la lutte contre l'esclavage, en Mauritanie. […] Au moment où l'organisation [mauritanienne] SOS Esclaves est lauréate 2010 du prix des droits de l'Homme de la République française, pour de son engagement dans la lutte contre l'esclavage en Mauritanie et dans la sous-région», l'observatoire entend, ainsi, dénoncer «la recrudescence des actes d'intimidation, de harcèlement et l'arrestation de militants abolitionnistes mauritaniens».
Précisons, enfin, que la délégation des parlementaires italiens qui vient de séjourner à Nouakchott, pour suivre l’affaire Biram, était conduite par le leader radical italien Marco Pannella, accompagné du sénateur Marco Perduca et du député Matteo Mecacci, radicaux et membres de la commission des affaires étrangères. Mecacci est, également, le rapporteur de la commission des droits de l’Homme de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE.

 

 

 

 

 

 

Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté à Rosso : la question des terres au centre des préoccupations.



Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté à Rosso : la question des terres au centre des préoccupations. Le président de IRA, Biram Dah Abeïd a fustigé lundi soir (11 mars), à la maison des jeunes de Rosso, lors d’un meeting populaire, le comportement répréhensible de l’Etat, des milieux de l’agro business, des administrateurs qui ont exproprié des populations autochtones harratines et négro africaines qui, depuis la nuit des temps ont défriché, assaini et valorisé des terres agricoles. Selon Biram, qui s’exprimait devant des milliers de ses sympathisants, « de Ndiago à Lexeiba, des populations entières ont été déportées dans leur propre pays et spoliés de leurs biens. Des villages entiers ont été décimés, leur existence a été à jamais empoisonné. Le retour s’est effectué sans que les rapatriés ne recouvrent leurs droits ; leurs terres ne leur ont été pas restituées.»

La Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté a sillonné les principales artères de la capitale de la Chemama sous les vivats des militants et de sympathisants qui > ont accueilli sous un soleil de plomb les caravaniers au niveau du PK 7.

Lors de ce grand rassemblement, Biram s’est inscrit en faux contre toutes les injustices dont sont victimes les h’ratines et les populations peulh et wolofs de la part de groupes esclavagistes, de l’agro business, des officiers supérieurs de l’armée. « Cette expropriation a également profité à des pseudos hommes religieux, à des chefs tribaux et à la féodalité tribale aussi. Il a dénoncé la « réduction des propriétaires terriens de la vallée en simples vassaux et de l’instrumentalisation de l’Etat par des hommes d’affaires issus de l’agro business, de la bourgeoisie burecratique, la féodalité pseudo religieuse et tribale qui se sont accaparées des terres entières de la vallée. L’Etat a usé de la force de l’administration, de son sceau pour exproprier les autochtones ». Poursuivant, le dirigeant abolitionniste a souligné que « l’Etat a aussi instrumentalisé l’argent public, du crédit agricole dilapidé par ces pseudo agriculteurs sans que le développement agricole n’en profite. Les discriminations ethnique et de classe ont été érigées en règle lors des attributions de crédit agricole ».

Biram a réclamé la restitution des terres aux déportés qui sont de retour, aux populations h’ratines de Lexeïba, de Rosso, de Keur Mour, de Jidr EL Mhguen, de Ndiago. Le dirigeant abolitionniste considère que cette "injustice doit être redressée" et lance un appel à l’Etat afin de redresser cette grande injustice qui empoisonne le développement de cette région, freine l’activité et la production, le bien être des populations autochtones. « Nous considérons que ces populations victimes doivent s’unir pour que d’une manière pacifique, non violente et démocratique, l’Etat revienne sur cette injustice issue des dérives du système du passé. Le mouvement abolitionniste projette d’initier une marche réclamant la restitution des terres. Cette marche s’ébranlera de Lexeïba 2 jusqu’au chef lieu de région. Appel a été lancé aux populations victimes des expropriations, aux villages de prendre part à ce mouvement de protestation devant exiger des réparations pour les « torts faits aux communautés noires ».

Biram Dah Abeïd a réitéré à Rosso « l’engagement de son organisation de respecter les lois de l’Etat mauritanien et des normes internationales » rejetant du coup toute manifestation en dehors de la légalité. Il a lancé un appel aux populations de Rosso afin qu’elles accompagnent IRA dans son œuvre de faire de la Mauritanie un « avenir de justice et de fraternité entre toutes les franges ».

Enfin, Biram a déclaré qu’il renonce à tout poste politique issu d’un exercice ou d’une fonction ministérielle au sein de l’Etat, à tous les avantage professionnel et matériel pouvant en découler, et exprimé son intention de ne pas briguer « pour le moment le fauteuil présidentiel ».

Plusieurs orateurs ont pris la parole. Ils ont tous évoqué la question foncière et l’intrusion de certains politiques dans des activités de la jeunesse. Le dossier épineux des diplômés chômeurs a été aussi passé au peigne fin. THIAM Mamadou

Envoyé spécial à Rosso 
Source :
http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=5448


 

 

 

 

 

L'Edito du Calame : Rude chemin, crevé d’ornières...

 Par Ahmed Ould Cheikh

Apparemment, cette année 2009 commence de la plus mauvaise des manières. Comme a fini 2008. Avec un régime militaire qui a conquis le pouvoir, par la force, et s’y accroche. Obstinément. Malgré la forte opposition intérieure, les mises en garde extérieures, les sanctions qui commencent à pleuvoir et qui feront de nous, bientôt, un pays pestiféré, les appels à la raison, lancés, tous azimuts, au général.

Rien n’y a fait. Lors du dernier conseil des ministres, dans ce qui s’apparente à une comédie ubuesque, un ministre interpelle Ould Abdel Aziz sur ses intentions réelles. Et le général de répondre : «Oui, je serai candidat». S’en suit une longue dissertation, sur l’échec de la première transition et du gouvernement qui l’a suivie, les problèmes qu’affronte la Mauritanie, Ould Daddah, «qui ne pense qu’à être président», la dernière proposition de sortie de crise du RFD, «qui ne contient rien de nouveau». Ovation des ministres, inquiétés par les rumeurs d’un probable désistement du chef de l’Etat mais, surtout, par leur propre avenir, leur sort étant lié à celui des putschistes.

Ce qu’on craignait, donc, au soir du 6 août dernier, a désormais toutes les chances de se produire. Sans véritablement mesurer la portée de son acte, Ould Abdel Aziz va briguer la magistrature suprême, le 6 juin prochain. Que la communauté internationale brandisse ses menaces ou les applique, que le FNDD continue sa résistance, que le RFD claque la porte, que le pays souffre, il n’en a cure. Il a pris sa décision. Et plus rien ne l’arrêtera. Il a ses parlementaires, ses maires, ses partis politiques et ses chefs de tribus qui le soutiennent. Exactement comme un certain Maaouya Ould Taya. Et la ressemblance ne s’arrête pas là. Les appels du pied pour la candidature de notre nouveau guide «éclairé», les initiatives de soutien, les réunions à caractère tribal ou régional, ont fait, font encore florès, depuis le départ de Sidioca. On croyait, pourtant, avoir rompu avec ce genre de pratiques. Et, effectivement, elles avaient disparu, depuis 2005. Mais elles furent tellement ancrées dans les mémoires, pendant les années de plomb et la démocratie de façade, qu’elles ne demandaient qu’un seul geste du pouvoir, pour ressurgir, encore plus fortes.

Du coup, nous assistons, depuis quelques semaines, à un fourmillement d’invitations dans le seul but de prêter allégeance au général. C’est la course à qui ameutera le plus grand monde, afin d’apparaître, proportionnellement , détenteur du plus gros paquet de voix, le jour du vote. Avec, évidemment à la clé, un poste, un marché, des «facilités», que sais-je encore? Jeu malsain qui a déjà fait dévier notre démocratie du chemin qu’elle devait normalement emprunter et qui a permis à Ould Taya d’asseoir son illusion. Avec les résultats qu’on sait. Dérive autocratique, digne de la Roumanie de Ceausescu ou de Cuba de Fidel Castro. Mais, paradoxalement,  ce pouvoir clientéliste, sans fondements solides, s’est écroulé, comme un château de cartes, sitôt décapité. S’achemine-t-on vers un remake de cette ineptie, la reconnaissance internationale et l’abondance en moins?

J’entends dire : Ah ! On va retrouver, enfin, les vaches grasses! N’a-t-on pas compris que le prix à payer de celles-ci fut nos problèmes d’aujourd’hui? L’argent si complaisamment détourné aurait dû financer les infrastructures, leur qualité, leur entretien, qui assureraient, maintenant, notre développement. Un exemple : si l’on avait, depuis 1992, réellement investi l’argent des bailleurs, à son propos d’urbanisme, Nouakchott ne ressemblerait pas, ce matin, à un monceau d’ordures, embouteillé, sous-équipé, dont le coût de rénovation grimpe, chaque jour, de façon exponentielle… En la matière, le temps perdu ne se rattrape jamais, sinon à un prix démentiel. Il va falloir faire des choix, draconiens. Déjà, les fontaines des financements acquis sous les précédents gouvernements se tarissent. Attendez-vous, messieurs-dames, à une nouvelle ascendance, dans la spirale des coûts de la survie. On veut bien croire, certes, qu’il y aura quelques vaches grasses. Pour quelques heureux élus, rares et se raréfiant. On comprend, dès lors, qu’en prévision de ces lendemains très sélectifs, on se rue à l’allégeance…

Sinon quoi? Quelle stature, assez forte, assez stable, assez audacieuse, assez républicaine, peut se dresser, sereinement, dans la caricature guignolesque du plébiscite annoncé? Le «chef-de-file- institutionnel- de-l’opposition» ? Voilà des mois qu’il a perdu sa couronne. Tel ou tel leader du FNDD, espérant rallier, en quelques mois, les bataillons écartelés des démocrates? Le président d’un défunt CMJD passablement mouillé dans la dérive actuelle? On se posera, plutôt, la question subsidiaire : la classe politique mauritanienne a-t-elle, enfin, atteint le terme de sa corruption, si aimablement aidée, en cela, par les artisans du 6 août? «Du mort, Il fait sortir le vivant.», nous rappelle le Saint Coran. Cette renaissance est-elle envisageable avant le 6 juin. Faudrait-il, alors, parier sur les lendemains «déchanteurs» et l’écroulement rapide d’un système Taya-bis, héritier souffreteux, miné par les incohérences du premier? Rude chemin, crevé d’ornières...



Ahmed Ould Cheikh
Le Calame du Mardi 10 février 2009

 

 

 

 

 

 

 

 

Va-t-on vers une guerre civile en Mauritanie ?

    Si nul ne peut prédire l'avenir, les événements tragiques récents, la montée en puissance des extrémismes – quelqu’ils soient, quelqu’en soient les apparences et dessous de table, un an de pouvoir calamiteux,  la baisse du pouvoir d’achat, la pauvreté galopante, tous ces ingrédients semblent composer, à s'y méprendre, le cocktail originel des conflits africains de ces dernières années, en Afrique de l'Ouest en particulier. Une question vient dès lors à
    l’esprit : va-t-on vers une guerre civile en
    Mauritanie?

    La situation du pays se résume ainsi : d’un part, misère extrême et souffrance sociale quasi endémique, citoyens excédés, économie brinquebalante, le tout sur fond de braderie des ressources naturelles de la nation.

    De l’autre, ministres gérant leur(s) portefeuille(s), hors de tout compte envers l’Etat et le peuple; élus de ce dernier, sourds et muets; militaires puissants et intouchables; barons de la drogue en toute quiétude ; islamistes  ou soi-disant tels semant la terreur. Cerise sur le gâteau, voici les dinosaures de l’ancien régime «
    revenus» en force – étaient-ils jamais partis? – usant de tous les moyens et subterfuges pour user la corde – jusqu’où? – préserver leurs privilèges déments et durer, durer – jusqu’à quand?


    A l’ère de la fée-démocratie, les injustices multiples persistent et signent le quotidien des mauritaniens. Voilà de quoi aviver la flamme de la violence. Qui se souvient de la
    Mauritanie
    d’il y a vingt ans, à peine, pacifique et humaine?

    La
    Mauritanie d’aujourd’hui vit à l’ère des médias, à l’image du monde environnant, cruelle et inhumaine, informée tout aussi instantanément de l’assassinat d’un enfant dans un attentat à Islamabad ou au cours d’une «incursion» israélienne, que des dernières malversations de la raffinerie de Nouadhibou dont l’Etat semble protéger les responsables. 

    Nous voilà en pilotage automatique, il n’y a pas de pilote dans la cabine, pas de leader charismatique et fédérateur. La molle attitude du gouvernement lors des tristes événements d’
    Aleg, de Ghallaouiya et de Nouakchott témoigne d’un certain amateurisme et d’une incompétence qui risquent d’accélérer sa déchéance : une révolte populaire? Militaire? Une guerre civile?

    Tous les conflits meurtriers ont ainsi commencé : un différend tribal, idéologique ou politique sur fond de crise socio-économique, le tout bien instrumentalisé par des médias complices. Demandez aux libériens, sierra léonais, rwandais, ivoiriens, congolais et autres tchadiens quelles satisfactions ont-ils tirées de leur guerre fratricide. Sinon des cadavres dans les rues, des enfants mutilés, des orphelins, et des populations déplacées par les horreurs d’une guerre aveugle et barbare.

    Ce désastre humain qui s’esquisse sous nos yeux, aurons-nous assez  de sagesse – un brin y suffirait – pour l’effacer, l’expédier, sans plus attendre, au rayon des songes chimériques?
     
    Imaginez un peu.
    Nouakchott, huit heures du matin, odeurs de poudre et de sang, cris
    d’agonie. Files interminables de fuyards, à pied, en charrette, sur des ânes, accrochés aux portières de voitures surbondées, en route pour l’exil vers la région la plus proche, le
    Sénégal. Même désolation à Nouadhibou, les gens courant vers le Sahara occidental. Maisons en flamme, voitures calcinées, et des cadavres, partout, gisant dans la plus totale indifférence
    d’enfants armés jusqu’aux dents. Cauchemar.

    A tout cela, une seule véritable cause : l’injustice. Cette pratique quotidienne, odieuse, d’une minorité vivant dans l’opulence ostentatoire, insolemment affichée, pendant que d’autres croupissent dans la misère et l’ignorance. Vous sentez-vous choqués par ce discours effroyablement pessimiste? Prenez, en tout cas, le temps d’y réfléchir et que ce soit – je
    l’espère ardemment – son unique avenir…

    La «
    démocratie homéopathique» – on en rirait si ce n’était si triste – est une déception majeure, douloureuse, insoutenable. Le président actuel est  devenu la vivante incarnation d’un  homme sans pouvoir et sans personnalité, spectateur d’une  dramaturgie politique  où chacun des acteurs politiques joue – à merveille, hélas ! – son rôle destructeur.

    Quant à son premier ministre, parachuté à la tête du gouvernement le plus anarchique de
    l’histoire de notre pays, est-il en mesure de faire face à tous ces défis? Ou devrait-il démissionner, au plus tôt, dans l’intérêt suprême de la nation et de l’intégrité du pays? De nouvelles élections?
     
    La Mauritanie a besoin d’un homme d’avenir et non d’un homme du passé. Un vrai gouvernement collégial, de consensus national, véritablement au-dessus des clivages communautaires et idéologiques? Ce pays sans développement ni démocratie ne demande qu’une bonne volonté, un peu de rigueur et de fermeté.

    Il faut se ressaisir tant qu’il est temps. Sinon, l’éclatement nous guette; affaire de jours, de semaines, peut-être de mois. Démesurément pessimiste ou lucidement optimiste, ce que je ne veux surtout pas, c’est la guerre, l’infâme, la faucheuse. Aussi fais-je appel à la prévention de cette maudite, car je veux un seul peuple, une seule nation, un peuple uni dans sa diversité, dans le respect de la constitution rédigée par les militaires que j'ai, pourtant, dénoncés en 2006, des lois et des intérêts du pays. Aidons-nous, mauritaniens, et le ciel nous aidera!

    LE 26/02/2008

     source : Docteur Kleib / Le Calame (Mauritanie)

 

 

 

Le CRAN rencontre le président de l'IRA Le Calame


21 octobre 2013 Écrit par  Le Calame

Dans le cadre de la campagne que mène le CRAN contre l'esclavage et ses séquelles en Mauritanie, Louis-Georges Tin et Guy-Samuel Nyoumsi ont récemment rencontré à Paris Biram Dah Abeid, président de l'IRA, l'une des principales associations œuvrant dans ce domaine en Mauritanie.
 
Le président du CRAN a tenu à saluer l'IRA dont l'action a permis de favoriser une véritable prise de conscience au niveau national et international. Renforçant les initiatives d'autres associations comme El Hor, SOS esclaves et l'AHME, l'IRA a su alerter les pouvoir publics sur l'importance du phénomène dans le pays, comme l'a également souligné le vice-président du CRAN.


Le CRAN plaide pour que le gouvernement mauritanien ne voie plus les militants de l'IRA comme des adversaires, mais bien plutôt comme des alliés indispensables dans le combat essentiel pour la défense des droits de l'homme et que cette association soit reconnue par l'Etat en tant que telle. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Esclavage en Mauritanie : « L’indépendance présumée des juges ne sert en réalité qu’à protéger les esclavagistes et à leur assurer l’impunité » dixit Boubacar Ould Messoud, Président de SOS Esclaves



Les histoires d’esclavage en Mauritanie se suivent et se ressemblent. Inexorablement, l’issue de toutes les parodies de procès est la même : L’esclavagiste, quelque soient les preuves qui l’accablent est laissé libre en vertu d’une complaisante liberté provisoire que le juge prononce en sa faveur et la victime délaissée à elle-même pour aller souffrir le martyr quelques parts avec d’hypothétiques parents ou retourner d’où elle vient, faute de structures lui permettant de s’intégrer valablement dans la société. La récente histoire d’El Gawva Mint M’barek dont la fille a retrouvé au marché de Bassiknou son maître contre lequel elle a déposé en 2009 une plainte à la brigade de gendarmerie est éloquente à ce sujet. Isselkha Mint Sidi voulait juste que son ancien maître Sidi Ould Hbabe accepte de lui remettre sa maman Gawva Mint M’barek et ses fils, Sidi Ould El Gawva (8 ans) et Mabrouka Mint El Gawva (10 ans). La gendarmerie de Bassiknou arrête Sidi Ould Hbabe, mais sur intervention d’un influent militaire d’une puissante tribu locale répondant au nom de Sidi Mohamed Ould Ghalla, il décide de le libérer  après s’être engagé de ramener El Gawva et ses deux enfants. Lorsque le procureur de Néma l’apprit, il donna ordre à la gendarmerie de reprendre l’esclavagiste et les victimes et de les acheminer à Néma. Devant lui, El Gawva déclare qu’elle était la propriété du père de Sidi Ould Hbabe qui n’est selon elle que son frère de lait et dont elle use des biens à sa convenance. Visiblement, du n’importe quoi. Des propos que le maître confirme en ajoutant qu’il a demandé à Gawva de le quitter, mais qu’elle a refusé. Le procureur, sentant l’éternel montage que les maîtres apprennent à leurs esclaves chaque fois qu’ils sont devant les tribunaux, déclare ouvertement à Gawva et à son maître que leurs propos sont faux et complètement fabriqués. Envoyé devant le juge d’instruction, celui-ci a, comme d’habitude dans les affaires d’esclavage décidé de mettre Sidi Ould Hbabe en contrôle judiciaire au niveau de la brigade de Bassiknou et demandé à El Gawva d’aller où elle veut. Du ridicule. Une affaire dans laquelle, le maître et la victime reconnaissent ouvertement des pratiques esclavagistes à travers leur aveu qu’El Gawva était propriétaire du père de Sidi et que celui-ci l’a obtenue en héritage est aussi facilement liquidée en contrôle judiciaire et autres petites combines qui prouvent que la Mauritanie et ses appareils administratifs, de justice et de sécurité se mobilisent pour protéger les esclavagistes au détriment des victimes. En cela déclare Boubacar Messoud tout en colère : « « L’  indépendance » des juges que les pouvoirs publics citent à tout vent ne sert en réalité qu’à assurer l’impunité aux esclavagistes à travers la mise en liberté provisoire de tous les inculpés. Le parquet et le ministère de la justice se cachent derrière cette « indépendance » des juges pour faire échapper des criminels à leurs peines ». Depuis 2007, date de l’adoption de la loi, tous les accusés de pratiques esclavagistes qui se sont présentés devant les tribunaux ont bénéficié de libertés provisoires. Citons à titre d’exemples, l’affaire de Zouerate inscrite sous le dossier 21/2013 dans laquelle la cour d’appel de Nouadhibou a tout simplement mis en liberté provisoire M’Hamed Ould Brahim et son fils Mohamed Salem, malgré les preuves accablantes retenues contre eux de mise en esclavage pendant plusieurs années de Shoueida et ses neuf enfants. L’affaire du jeune Esseh Ould Messe (23 ans), dossier 374/2013 mettant en cause Mohamed Salem Ould Mouhamedou qui a été tout aussi mis en liberté provisoire. L’affaire 252/2011 dite affaire de Nouadhibou, la mise en cause Riv’a Mint Mohamed Hassoune a tout simplement été mise en liberté provisoire avec évocation par le juge de justifications fallacieuses. L’affaire Oumoulkhair Mint Yarbe et fils mettant en cause l’ancien colonel Viyah Ould Maayouf qui n’a même pas été convoqué par la justice. Le dossier 501/2011 communément connu sous le nom affaire Yarg et Saïd dans lequel l’esclavagiste Ahmed Ould Hassine qui, au lieu d’écoper des cinq ans et dix millions d’ouguiyas prévues par la loi n’a été condamné qu’à deux ans et deux cent mille ouguiyas avant d’être mis en liberté provisoire depuis un an six mois. L’affaire Rahma Mint Legreivi ; dossier 179/2013 dans lequel la mise en cause a bénéficié d’une liberté provisoire. Selon certains exégètes du droit, spécialistes de l’interprétation tendancieuse des lois, la constitution du délit d’esclavage est axée fondamentalement sur la démonstration de l’existence d’un travail forcé non rémunéré. Visiblement les faits avérés, la reconnaissance et la flagrance des transgressions ne valent plus. Sinon comment un juge de Néma devant lequel un présumé esclave a reconnu que ces personnes sont ses esclaves hérités de son père, peut-il ensuite lui accorder une liberté provisoire au motif d’être un bienfaiteur puisque l’un des enfants esclaves récite la Fatiha où que les autres dressés pour servir le maître pleurent en apprenant que celui-ci ira en prison ? L’attitude des juges en faveur des esclavagistes est normale eu égard que le Président par le déni de l’esclavage au moins par deux fois semble être le premier défenseur de ces esclavagistes. Dans un pays comme la Mauritanie, les faits, propos et gestes du chef constituent une source d’inspiration à tous les autres démembrements de l’Etat. Le zèle aidant, certains percevront ces attitudes comme des signaux forts pour faire ou ne pas faire quitte à tordre copieusement et continuellement le cou des lois et des conventions. Le refus incompréhensible aux sociétés des droits de l’homme spécialisées de opouvoir se constituer en partie civile dans les affaires d’esclavage n’est qu’une autre manifestation de cette absence de volonté réelle d’éradiquer ce phénomène. La confiscation de cette partie civile et son assujettissement à une institution dépendant de l’exécutif est une autre preuve on ne peut plus éloquente de contrôler effectivement la question de la gestion de la problématique de l’esclavage.


Source :http://www.lecalame.info/actualites/item/586-esclavage-en-mauritanie---l%E2%80%
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Esse Ould Messe : L’esclave sans âge

 

Esse Ould Messe est le jeune esclave qui fait l’objet d’une plainte pour pratiques esclavagistes introduite auprès du parquet par les organisations des droits de l’homme SOS Esclaves et IRA contre Mohamed Salem Ould Mohamedou.

L’affaire est depuis quelques jours devant les juridictions. Le présumé esclavagiste est arrêté au commissariat de Tevragh Zeina et Esse Ould Mousse, qui n’a que 16 ans, selon les organisations et 23 ans selon ses anciens maîtres a été confié par la police au Président de SOS Esclaves Boubacar Ould Messoud. Tout a commencé lorsqu’Esse se confie à Brahim Ould Samba, un militant d’IRA qui travaille comme gardien à côté de la maison où loge le jeune Hartani. Celui-ci informe le militant d’IRA qu’il travaille sans salaire avec cette famille depuis son jeune âge, lui et ses quatre frères et sœurs (El Varra, Mahmouda, Daoud et El Id). Esse Ould Mousse révèle à Brahim Ould Samba qu’il veut se libérer du joug de cette famille. C’est alors que le militant d’IRA l’aide à aller se plaindre à la police. Selon lui, c’est Mohamed Salem Ould Mohamedou en route vers le commissariat qui lui apprendra qu’il a vingt trois ans et qu’il percevait trente mille (30.000 UM) par mois contre tous les travaux domestiques (cuisine, lavage des assiettes et des habits, thé, commissions au marché et à la boutique) qu’il faisait depuis dix huit à dix neuf ans. Cependant Esse Ould Messe ne se rappelle pas avoir perçu la moindre ouguiya. Jusqu’à il ya quelques jours il ne savait pas son âge. Jamais il n’a fréquenté l’école. Le Coran, il l’a juste commencé du temps où sa défunte maman vivait encore il ya longtemps. Son père Messe, il ne connaît pas. Déjà en 1996, sa tante Aichana Mint Boilil a été libérée par le Président de SOS Esclaves Boubacar Messoud et vit aujourd’hui en femme totalement libérée à Nouakchott.

Normalement Esse Ould Messe et les accusés devraient se présenter lundi 18 mars devant le parquet pour essayer de connaître les tenants et aboutissants de cette énième affaire d’esclavage qui remet à l’épreuve la capacité et la volonté des autorités mauritaniennes d’appliquer les lois nationales et internationales liées à la pratique de l’esclavage qui vient d’être élevé en vertu des derniers amendements constitutionnels au rang de crimes contre l’humanité.

Source : http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=5514


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oumoulkhaïr Mint Yarba : une vie d’esclave

 

Quelque part, au poteau 11 du quartier d’Arafat, Oumoulkhaïr Mint Yarba et ses cinq enfants, deux filles et trois petits garçons, survivent, dans une maison de « fortune ». C’était bien le septième jour du mois béni de Ramadan, mais ni elle ni sa fille de plus de vingt ans ne jeûnaient, le Ramadan ne leur dit, probablement, pas grand-chose. Deux ans après avoir été extraite de sa vie d’esclave, Oumoulkhaïr ne semble pas encore totalement adaptée aux nouvelles réalités de sa vie. Elle prétend être née pendant la guerre du Sahara et devrait, donc, avoir 36 ou 37 ans. Elle paraît bien en avoir quinze de plus, au bas mot. Regard figé, mine pensive, sourire incohérent. Jusqu’en 2010, Oumoulkhaïr n’a vécu qu’à Yaghref, dans les environs d’Atar. Avec ses maîtres. Ses parents, elle ne les connaît pas. Sa mère est morte, alors qu’elle n’avait que deux ans. La dernière fois qu’elle a vu son père, qui vit toujours, pourtant, à Tibergeunt, aux environs d’Akjoujt, elle n’avait que quatre ans. Oumoulkhaïr Mint Yarba a commencé sa vie d’esclave très tôt. Dès cinq ans, elle lavait déjà la vaisselle, partait aux commissions, apportait le bois mort, préparait le thé, gardait les animaux qu’elle attachait et détachait. Quand elle évoque sa condition, les traits de son visage, rongé par les soucis, changent. Le ressentiment et l’amertume se lisent clairement, à travers ses gestes peu organisés. Un discours en véritable coq-à-l’âne. Aucune cohérence. Aucune suite logique. Aucun conformisme.
« Regardez-moi, je ne sais pas encore porter convenablement le voile. Je suis restée, jusqu’à vingt ans passés, presque sans habits. Juste une vieille robe, souvent déchirée, qu’une de mes maîtresses m’a lancée. C’est quand j’ai accouché, au moins trois fois, que j’ai commencé à porter le voile ». Ses cinq enfants sont tous fils « d’elle-même ». Totalement ignorants et ne disposant d’ « aucune ligne » (expression Hassanya signifiant qu’ils ne disposent d’aucun état-civil).Tout-à-fait symptomatique de la « bonne » esclave. Oumoulkhaïr le dit sans gêne. Avec ses maîtres, sa journée commençait aux environs de 4 heures du matin avec l’inspection de tous les animaux, la supervision de l’allaitement des plus petits et des plus faibles, la préparation du petit-déjeuner. Et se poursuivait jusqu’aux heures les plus tardives. Pour la moindre faute, Oumoulkhaïr subissait les châtiments les plus durs. Avoir égaré une chèvre, ou laissé le loup blesser une bête, le jeune maître dont elle dépendait directement lui infligeait les pires corrections.
Parfois, Oumoulkhaïr se tait. Sa fille Selekha est prise de fou-rire. Ses deux petits-enfants,Yarba et Ben ‘Ich, rôdent auprès de son petit commerce, espérant un moment d’inattention pour lui subtiliser les quelques bonbons qui constituent l’essentiel de ses marchandises. Selon elle, toute sa vie a constitué un véritable calvaire. Au bord des larmes, Oumoulkhaïr se rappelle, encore, comme si c’était hier, du jour où ses maitres l’obligèrent à aller suivre les animaux, sans sa fille Oumoulbarka d’à peine un an, car, lui disaient-ils, « la priorité est aux quelques bêtes qui doivent mettre bas aujourd’hui et, pour cela, tu dois avoir tout le corps [mains et dos] libre pour pouvoir ramener les éventuels rejetons ». Le soir, à son retour, les enfants du village lui apprirent la mort de sa fille. Oumoulbarka, restée toute la journée sans boire, avait, effectivement, rendu l’âme. Elle gisait à la même place, la petite robe pleine de sable, les fourmis avaient couvert tout son petit corps. Oumoulkhair procéda, seule, à l’ensevelissement de sa fille qu’elle enfouit dans un trou, au coin du village.

Pires corrections

Dans la véranda où Oumoulkhaïr s’est confortablement installée, traînent quelques coussins et ustensiles. De temps à autre, son mouton vient renverser la théière qui chauffe sur le fourneau. Les reliefs d’un repas attendent preneur, au coin de la maison. Oumoulkhaïr prétend être devenue une spécialiste du riz au poisson et le téléphone qui pend à son cou atteste qu’elle est en pleine reconversion dans sa nouvelle vie de femme libre et émancipée. Ce n’est qu’en 2010, grâce à une forte mobilisation de l’organisation SOS-Esclaves, qu’Oumoulkhaïr a été extraite de sa condition d’esclave. Craignant les poursuites judiciaires, ses anciens maîtres, en complicité avec les autorités, procèdent à des manipulations et la « dégagent », avec six têtes de chèvre, une petite tente et quelques outils de leur village, pour aller l’installer à Guediwar, une localité relevant de la commune d’Aïn Ehl Taya. Quelques semaines après, Oumoulkhaïr et ses enfants débarquent chez son frère Ben’Ich qui travaillait avec un célèbre ancien haut-gradé de l’armée. Une autre vie d’esclave commence. Retour à la quadrature du cercle. Travaux de toutes sortes, sans aucune rémunération. Abus divers sur Oumoulkhaïr et sa fille Selekha, prétendument mariée par l’ancien officier. Intimidations et tracasseries diverses. Nouvelle mobilisation des défenseurs des droits de l’Homme, Oumoulkhaïr et ses enfants reviennent à Ain Ehl Taya d’où son demi-frère, M’barek Ould Mahmoud, l’emmène à Nouakchott, le 15 février 2010. Entre deux bégaiements, Oumoulkhaïr dit, à qui veut l’entendre, qu’elle ne renonce pas à ses droits. « Je ne récite pas la Fatiha, ma fille a été violée. Malgré mes cinq enfants, je ne me suis jamais mariée. Nous avons subi toutes sortes de sévices, physique et moral ». Oumoulkhaïr sursaute car son mouton et ses deux petits-enfants s’apprêtent à la ruiner, en lui subtilisant le peu de choses que sa « table » contenait. « Comme les voleurs de l’autre soir dont un m’a aveuglée, avec sa torche », raconte Oumoulkhaïr.
Le fourneau refroidit, la théière cessa de bouillir, la journée avançait lentement. Oumoulkhaïr, sa fille Selekha et ses autres petits-enfants pensaient, déjà, aux modalités de leur hypothétique dîner. En attendant que la société lui rende justice, l’ancienne esclave redevenue libre poussa un long bâillement et nous invita, ayant enfin compris que nous partions, à attendre la coupure du jeûne.


Sneïba El Kory 
Source: Le Calame
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le salaire de Birame suspendu

 

Les services du ministère des finances ont procédé depuis le mois de février 2012 à la suspension du salaire du président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste, Birame Ould Dah Ould Abeid qui croupit en prison depuis quelques mois à la suite de l’incinération de traités du rite Malékite.

Son dernier traitement lui a été viré au titre du mois de janvier 2012. Or, le leader d’
IRA est un fonctionnaire du ministère de la justice en qualité de greffier depuis la moitié des années 80.

Partout où ses parents sont passés pour demander des renseignements (Commission nationale des droits de l’homme, direction du budget, service de la solde, Primature), c’était le black out total. Personne ne semblait savoir la raison ni l’origine de la mesure ! Quand bien même, elle a été précipitamment appliquée.

Pourtant, le Président de l’
IRA a été reversé avec un grand groupe au premier ministère depuis plusieurs années. Tous, à part ceux qui ont été nommés, ont disparu dans la nature et continuaient à percevoir régulièrement leur salaire.

D’autres fonctionnaires de tous les ministères, des centaines voire des milliers ne connaissent plus leur situation administrative tellement ils ont rompu les amarres depuis plusieurs années. Ils sont émigrés en
France, aux Etats Unis, en Belgique, en Suède ou commerçants au Sénégal, en Gambie, en Guinée Bissau, au Congo et ailleurs. Ces fonctionnaires fantômes continuent à percevoir leur salaire parfois même assorti d’indemnités diverses dont celles d’heures supplémentaires !

Que le salaire d’un fonctionnaire en situation irrégulière soit suspendu n’a absolument rien d’anormal. Mais pour le cas de
Birame particulièrement, cela dénote presque de l’acharnement sur un homme qui dérange un pouvoir aux aguets auquel il a pourtant offert avec l’incinération des livres une réelle opportunité de détourner l’opinion nationale de son quotidien difficile vers la condamnation unanime d’une action exagérément instrumentalisée.

Depuis l’application de la mesure de suspension du salaire de
Birame, sa famille : Son épouse Leila Mint Ahmed Ould Khliva, ses cinq enfants, ses sept sœurs, son grand frère aveugle et leurs enfants et une poignée de victimes de l’esclavage dont Yarg et Said qu’il prenait en charge vivent dans une situation dramatique. Une instrumentalisation en plus pour serrer l’étau autour d’un homme afin de le dessaisir d’une problématique pourtant réelle.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Destitution d’Ould Hadi et
Aziz déplore la fragilité des services de sécurité


De sources très informées, le président Mohamed Ould Abdel Aziz aurait sévèrement critiqué l’ancien directeur général Mohamed Ould Hadi après le passage de dizaines d’esclaves au Sénégal pour assister à la conférence d’IRA , qualifiant les rapports de la police de fallacieux et de mensongers.

Selon la source, Ould Abdel Aziz aurait constitué une commission pour apporter des clarifications sur les conditions dans lesquelles des dizaines d’esclaves ont pu traverser vers Saint Louis dans ce qui constitue l’une des plus grandes manifestations de droits humains de ces derniers temps.

Selon la source, les investigations de la commission ont démontré que beaucoup de manifestants ont traversé la frontière sans papiers officiels et certains même sans aucune identité. Ould Abdel Aziz aurait donné des instructions fermes pour plus d’efficience des services sécuritaires et proféré que plus jamais ça. Sur ce, le Président a démis de manière surprenante le général Ould Hadi de la direction générale de la sûreté nationale et nommé à sa place le général Ould Bekrine au cours du conseil des ministres du mercredi 18 janvier 2012. 


Le Calame

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rapt du gendarme: AQMI pose ses conditions

 
Le Calame : Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), nébuleuse terroriste sous-régionale, a revendiqué, dans un communiqué reçu vendredi soir par l’Agence Nouakchott Info, le rapt d’ Ely Ould Moctar, gendarme mauritanien, début décembre, dans la localité d’Adel Begrou (frontalière du Mali).
Le groupuscule à visage islamiste pose deux conditions à la libération de l’otage. En un, «que les autorités de Nouakchott remettent en liberté deux de ses membres» dont l’identité n’est pas précisée. Notons, à cet égard, que plusieurs membres présumés et même reconnus d’AQMI sont détenus dans les prisons mauritaniennes. La seconde exigence porte «sur l’engagement de la famille du gendarme», entendue, ici, au sens de tribu «à garantir son abandon du service militaire de la gendarmerie». Pour authentifier sa revendication, AQMI a accompagné le communiqué d’une vidéo où apparaît «en tenue et menotté, le gendarme de 4ème échelon, Ely Ould Moctar, né en 1982, à Timbédra (1.100 kilomètres à l’Est de Nouakchott), en service à la brigade d’Adel Begrou (près de la frontière malienne), enlevé et fait prisonnier par l’organisation Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI)».

Appel pressant au président mauritanien
«Je conjure le président Mohamed Ould Abdel Aziz d’intervenir pour régler mon problème, comme il l’a fait en faveur de chrétiens espagnols qu’il a échangé contre Omar Sahraoui [détenu à Nouakchott et finalement libéré en 2010, NDR]. Je demande à la tribu de mon père et à celle de ma mère d’intervenir d’urgence, pour traiter mon cas». Omar Sahraoui est un ressortissant du Nord-Mali. Arrêté, par les services mauritaniens, pour complicité présumée dans l’enlèvement, par AQMI, de trois otages espagnols, sur la route Nouadhibou-Nouakchott, le 29 novembre 2009, il a été extradé vers le Mali, sur la base d’un accord de coopération judiciaire signé, entre Nouakchott et Bamako, en 1963 (thèse officielle). De nombreux observateurs ont perçu, à travers ce geste, une action du pouvoir mauritanien visant à la libération des otages espagnols, qui ont été effectivement relâchés, peu après, par le mouvement terroriste. Une autre partie de l’appel lancé dans la vidéo «conseille aux militaires mauritaniens de veiller à l’application de la Chari’a (législation islamique) au lieu de se consacrer aux autres lois». Avant la revendication, le rapt du gendarme mauritanien était attribué à un groupuscule d’AQMI dirigé par le djihadiste algérien Yahya Jouwaidi. Le décryptage de ce message renvoie à une volonté de la nébuleuse terroriste de sensibiliser l’opinion nationale sur le «traitement de faveur» accordée, aux Occidentaux, par nos autorités. De fait, le raisonnement semble être le suivant: au début de l’année 2011, la Mauritanie a consent à libérer Omar Sahraoui, un homme contre lequel pesaient de graves présomptions de complicité dans l’enlèvement des trois humanitaires espagnols, pour faciliter la libération de ces derniers. Pourquoi Nouakchott ne serait-elle pas prête à un «arrangement» similaire, pour récupérer un homme sous le drapeau, enlevé alors qu’il assurait une mission de défense de la patrie? Un argument qui peut faire mouche, dans la mesure où le pouvoir serait désireux de ne pas donner l’impression d’accorder plus d’importance aux Occidentaux qu’à ses propres ressortissants, surtout quand il s’agit d’un homme sous les drapeaux. C’est une manœuvre, à double tranchant, qui met la Mauritanie dans une posture hautement inconfortable. Un choix, cornélien, entre négocier avec son pire ennemi, perçu comme un bandit, se servant du discours religieux à des fins inavoués, et abandonner «son fils», dans les griffes de la nébuleuse djihadiste.

Correspondance de Nouakchott 
Le calame Mauritanie  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ IRA aux côtés des expropriés de la Kebba 6e

 

Près d’une cinquantaine de personnes tiennent depuis 10 h, à l’invite de l’IRA de Biram Ould Abeid, un sit-in, devant le ministère de la justice, pour protester contre « l’expropriation de leurs terrains, par le ministère de l’urbanisme et de l’habitat », selon leur expression.. En effet, ces citoyens ayant bénéficié des lots, lors du déguerpissement des kebab 6e, en 2007, refusent que l’état revienne, aujourd’hui, les leur ôter, au profit d’autres concitoyens non recensés dans la zone. Cette expropriation par l’administration, intervient après l’ouverture des rues dans le quartier, opération au cours de laquelle, certaines personnes touchées, ont profité, pour s’installer sur une partie d’autres lots mitoyens. Selon les plaignants, d’autres personnes étrangères au quartier s’en seraient même mêlées. Saisi alors par ce groupe dit des 46, l’administration décide d’y envoyer des inspections de vérifications. Les deux premières, menées respectivement par Mme Ami N’diaye et Mr kone donnent raisons aux plaignants et ordonnent leur rétablissement dans leurs droits. Un rapport est envoyé à la cellule de l’ADU à Arafat, et ordre a été donné au Hakem, par lettre en date du 4/11/10, pour exécution. Après une longue attente, les victimes s’adressent au Hakem pour exécution, ce dernier leur répond qu’il n’a reçu aucun ordre dans ce sens. Loin de se décourager et de se lasser des faux rendez-vous et faux engagements, le groupe bouge. Une 3e inspection, conduite par Mohamed Ould kehel est alors dépêchée sur le terrain. Selon les intéressés, l’inspecteur a mené son inspection en cachette, pire, il a ciblé ses interlocuteurs, ce qui se confirteme, selon les membres du groupe, par les conclusions de son rapport qui donne raison aux non- recensés, occupant illégalement, les lots d’autrui. Récusant ce rapport, les expropriés approchent le ministre de l’urbanisme et de l’Habitat qui leur laisse entendre qu’il n’y a pas de solution à leur problème, pire le préfet et ses gardes descendent sur le terrain pour démolir quelques baraques. Ce qui signifie que, les documents par lesquels l’administration a attribués ces lots, n’ont aucune valeur. Surpris par cette intervention de l’administration, les expropriés se mobilisent et l’IRA leur apporte son soutien en organisant un sit-in devant le ministère de la justice. Dans une lettre distribuée à l’occasion, l’organisation de Biram dénonce l’usage de la violence contre les populations paisibles, la politique d’expropriation de leurs terres des populations noires, Hartani, en particulier, soutient les esclaves et autres victimes de l’exclusion pendant le déménagement des gazra, exige l’application d’une loi foncière donnant accès, la propriété des terres, aux Harratine ….

Source:http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=440

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Birame contre attaque


Birame Ould ABeid a balayé d’un revers de la main les déclarations jugées ‘’intempestives’’ du président de la République, le vendredi dernier qui avaient laissé entendre que ‘ ‘certains éléments d'une organisation que l'Etat ne reconnaît pas se sont permis de saccager un commissariat de police". La police a fait son travail, avait-t-il ajouté, considérant que les présomptions d'esclavage en Mauritanie sont un fonds de commerce pratiqué par certains. Lors d’une conférence de presse tenue, dimanche 7 aout, Birame a indiqué que depuis une année, ‘’nous courons derrière une reconnaissance.’’ ‘’Ould Abdel Aziz a peur de faire reconnaitre par son gouvernement notre organisation qui est un mouvement irréductible qui compte procéder à la refonte de la société mauritanienne avec l’émergence d’une société citoyenne. Nous n’entendons pas faire de concession’’, a déclaré Biram qui a révélé que le général Ould Abdel Aziz a tenté, à plusieurs reprises de le coopter et de l’attirer à travers de gros moyens afin de gagner sa sympathie. ‘’Après avoir échoué dans cette tentative de corruption, il cherche maintenant à m’éliminer’’, dira-t-il. Le président de l’IRA a appelé ses militants à la mobilisation jusqu’à la libération de leurs camarades. ‘’Nous allons persister dans cette lutte en nous érigeant contre cette impunité. La lutte se poursuivra, nous sommes prêts au sacrifice. Il n’y a pas d’autres alternatives que les tombes, l’hôpital ou la prison’’. Il a promis une intensification de la lutte avec plus de vigueur et d’action sur le terrain et a dénoncé l’attitude répressive du régime qui veut coûte que coûte écraser les protestations et étouffer dans l’œuf les mouvements de contestation. Il a indiqué que les 13 militants de l’IRA arrêtés le jeudi dernier, subissent des tortures .L es autorités policières souhaiteraient leur extorquer des aveux et des témoignages pouvant accabler Birame. A noter qu’un Comité de soutien avec les détenus a été constitué et est dirigée par Khadjetou Mint Mohamed Mahmoud. Aminetou Mint Ely, présidente de l’Association des femmes chefs de famille a exprimé sa solidarité avec Birame et son organisation. Elle a souhaité la mise sur pied d’une enquête minutieuse sur le cas d’esclavage dont Aouichitta Mint Hamady est victime. Elle a affirmé que pour la stabilité du pays et la préservation de l’unité nationale, il est indispensable de procéder à une application des lois. ‘’Masquer les cas d’esclavage, c’est favoriser, aux yeux de Aminetou, la déchirure sociale et la désunion de la communauté’’. Aminetou Mint Ely s’est dite déçue par la prestation du chef de l’Etat. ‘’ Il va falloir agir pour faire face à la nouvelle orientation répressive du régime’’, a conclu la présidente de l’AFCF


Source: le calame


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Affaire Biram :
Des dirigeants du parti radical italien à Nouakchott

 

Le calame-Mauritanie

«Le militant anti-esclavagiste mauritanien Biram Ould Abeid, en détention provisoire après une manifestation à Nouakchott, souffre de blessures mais il est «bien traité» en prison», a affirmé, vendredi à Nouakchott, lors d’un point de presse, Marco Perduca, un sénateur italien qui lui a rendu visite.
«Nous l'avons rencontré en prison. Il  souffre d'un genou et dort très mal, à cause d'une blessure au crâne», a affirmé monsieur Perduca, membre du parti radical non violent, en visite en Mauritanie. 

«Les autorités ont commencé à donner, à monsieur Biram, des médicaments mais celui-ci souhaite faire des radios, pour s'assurer des conséquences de sa blessure». Le parlementaire italien s’est, cependant, déclaré assuré que Biram était «bien traité en prison».  Le militant avait été arrêté le 13 décembre, en même temps que cinq autres membres de son organisation, l'Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), à la suite d'une manifestation dénonçant des pratiques présumées esclavagistes à l’encontre de deux filles, âgées de 10 et 14 ans. Ces dernières ont, depuis, nié être victimes de telles exactions. Mais la femme chez qui elles vivaient est poursuivie, par le Parquet, pour «exploitation de mineurs» et placée sous contrôle judiciaire, en attendant son jugement.
Monsieur Biram et six autres de ses amis, dont Balla Touré, est inculpé pour «rassemblement non autorisé, agression contre les forces de l'ordre et direction d'une association non reconnue». Les députés radicaux, Marco Perduca et Matteo Mecacci, ont adressé une question, urgente, au gouvernement italien, alors qu’une initiative similaire a été adoptée, au Parlement européen et dans un certain nombre de parlements africains.
Dans un communiqué posté de Paris et Genève, l'observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme a condamné «la poursuite de la détention» des six militants. Il estime que ces derniers sont victimes d'un «harcèlement judiciaire» qui ne viserait «qu'à sanctionner leurs activités en faveur des droits de l'Homme et de la lutte contre l'esclavage, en Mauritanie. […] Au moment où l'organisation [mauritanienne] SOS Esclaves est lauréate 2010 du prix des droits de l'Homme de la République française, pour de son engagement dans la lutte contre l'esclavage en Mauritanie et dans la sous-région», l'observatoire entend, ainsi, dénoncer «la recrudescence des actes d'intimidation, de harcèlement et l'arrestation de militants abolitionnistes mauritaniens».
Précisons, enfin, que la délégation des parlementaires italiens qui vient de séjourner à Nouakchott, pour suivre l’affaire Biram, était conduite par le leader radical italien Marco Pannella, accompagné du sénateur Marco Perduca et du député Matteo Mecacci, radicaux et membres de la commission des affaires étrangères. Mecacci est, également, le rapporteur de la commission des droits de l’Homme de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE.

 

 

 

 

 

 

Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté à Rosso : la question des terres au centre des préoccupations.



Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté à Rosso : la question des terres au centre des préoccupations. Le président de IRA, Biram Dah Abeïd a fustigé lundi soir (11 mars), à la maison des jeunes de Rosso, lors d’un meeting populaire, le comportement répréhensible de l’Etat, des milieux de l’agro business, des administrateurs qui ont exproprié des populations autochtones harratines et négro africaines qui, depuis la nuit des temps ont défriché, assaini et valorisé des terres agricoles. Selon Biram, qui s’exprimait devant des milliers de ses sympathisants, « de Ndiago à Lexeiba, des populations entières ont été déportées dans leur propre pays et spoliés de leurs biens. Des villages entiers ont été décimés, leur existence a été à jamais empoisonné. Le retour s’est effectué sans que les rapatriés ne recouvrent leurs droits ; leurs terres ne leur ont été pas restituées.»

La Marche des harratines contre l’esclavage et pour la liberté a sillonné les principales artères de la capitale de la Chemama sous les vivats des militants et de sympathisants qui > ont accueilli sous un soleil de plomb les caravaniers au niveau du PK 7.

Lors de ce grand rassemblement, Biram s’est inscrit en faux contre toutes les injustices dont sont victimes les h’ratines et les populations peulh et wolofs de la part de groupes esclavagistes, de l’agro business, des officiers supérieurs de l’armée. « Cette expropriation a également profité à des pseudos hommes religieux, à des chefs tribaux et à la féodalité tribale aussi. Il a dénoncé la « réduction des propriétaires terriens de la vallée en simples vassaux et de l’instrumentalisation de l’Etat par des hommes d’affaires issus de l’agro business, de la bourgeoisie burecratique, la féodalité pseudo religieuse et tribale qui se sont accaparées des terres entières de la vallée. L’Etat a usé de la force de l’administration, de son sceau pour exproprier les autochtones ». Poursuivant, le dirigeant abolitionniste a souligné que « l’Etat a aussi instrumentalisé l’argent public, du crédit agricole dilapidé par ces pseudo agriculteurs sans que le développement agricole n’en profite. Les discriminations ethnique et de classe ont été érigées en règle lors des attributions de crédit agricole ».

Biram a réclamé la restitution des terres aux déportés qui sont de retour, aux populations h’ratines de Lexeïba, de Rosso, de Keur Mour, de Jidr EL Mhguen, de Ndiago. Le dirigeant abolitionniste considère que cette "injustice doit être redressée" et lance un appel à l’Etat afin de redresser cette grande injustice qui empoisonne le développement de cette région, freine l’activité et la production, le bien être des populations autochtones. « Nous considérons que ces populations victimes doivent s’unir pour que d’une manière pacifique, non violente et démocratique, l’Etat revienne sur cette injustice issue des dérives du système du passé. Le mouvement abolitionniste projette d’initier une marche réclamant la restitution des terres. Cette marche s’ébranlera de Lexeïba 2 jusqu’au chef lieu de région. Appel a été lancé aux populations victimes des expropriations, aux villages de prendre part à ce mouvement de protestation devant exiger des réparations pour les « torts faits aux communautés noires ».

Biram Dah Abeïd a réitéré à Rosso « l’engagement de son organisation de respecter les lois de l’Etat mauritanien et des normes internationales » rejetant du coup toute manifestation en dehors de la légalité. Il a lancé un appel aux populations de Rosso afin qu’elles accompagnent IRA dans son œuvre de faire de la Mauritanie un « avenir de justice et de fraternité entre toutes les franges ».

Enfin, Biram a déclaré qu’il renonce à tout poste politique issu d’un exercice ou d’une fonction ministérielle au sein de l’Etat, à tous les avantage professionnel et matériel pouvant en découler, et exprimé son intention de ne pas briguer « pour le moment le fauteuil présidentiel ».

Plusieurs orateurs ont pris la parole. Ils ont tous évoqué la question foncière et l’intrusion de certains politiques dans des activités de la jeunesse. Le dossier épineux des diplômés chômeurs a été aussi passé au peigne fin. THIAM Mamadou

Envoyé spécial à Rosso 
Source :
http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=5448


 

 

 

 

 

L'Edito du Calame : Rude chemin, crevé d’ornières...

 Par Ahmed Ould Cheikh

Apparemment, cette année 2009 commence de la plus mauvaise des manières. Comme a fini 2008. Avec un régime militaire qui a conquis le pouvoir, par la force, et s’y accroche. Obstinément. Malgré la forte opposition intérieure, les mises en garde extérieures, les sanctions qui commencent à pleuvoir et qui feront de nous, bientôt, un pays pestiféré, les appels à la raison, lancés, tous azimuts, au général.

Rien n’y a fait. Lors du dernier conseil des ministres, dans ce qui s’apparente à une comédie ubuesque, un ministre interpelle Ould Abdel Aziz sur ses intentions réelles. Et le général de répondre : «Oui, je serai candidat». S’en suit une longue dissertation, sur l’échec de la première transition et du gouvernement qui l’a suivie, les problèmes qu’affronte la Mauritanie, Ould Daddah, «qui ne pense qu’à être président», la dernière proposition de sortie de crise du RFD, «qui ne contient rien de nouveau». Ovation des ministres, inquiétés par les rumeurs d’un probable désistement du chef de l’Etat mais, surtout, par leur propre avenir, leur sort étant lié à celui des putschistes.

Ce qu’on craignait, donc, au soir du 6 août dernier, a désormais toutes les chances de se produire. Sans véritablement mesurer la portée de son acte, Ould Abdel Aziz va briguer la magistrature suprême, le 6 juin prochain. Que la communauté internationale brandisse ses menaces ou les applique, que le FNDD continue sa résistance, que le RFD claque la porte, que le pays souffre, il n’en a cure. Il a pris sa décision. Et plus rien ne l’arrêtera. Il a ses parlementaires, ses maires, ses partis politiques et ses chefs de tribus qui le soutiennent. Exactement comme un certain Maaouya Ould Taya. Et la ressemblance ne s’arrête pas là. Les appels du pied pour la candidature de notre nouveau guide «éclairé», les initiatives de soutien, les réunions à caractère tribal ou régional, ont fait, font encore florès, depuis le départ de Sidioca. On croyait, pourtant, avoir rompu avec ce genre de pratiques. Et, effectivement, elles avaient disparu, depuis 2005. Mais elles furent tellement ancrées dans les mémoires, pendant les années de plomb et la démocratie de façade, qu’elles ne demandaient qu’un seul geste du pouvoir, pour ressurgir, encore plus fortes.

Du coup, nous assistons, depuis quelques semaines, à un fourmillement d’invitations dans le seul but de prêter allégeance au général. C’est la course à qui ameutera le plus grand monde, afin d’apparaître, proportionnellement , détenteur du plus gros paquet de voix, le jour du vote. Avec, évidemment à la clé, un poste, un marché, des «facilités», que sais-je encore? Jeu malsain qui a déjà fait dévier notre démocratie du chemin qu’elle devait normalement emprunter et qui a permis à Ould Taya d’asseoir son illusion. Avec les résultats qu’on sait. Dérive autocratique, digne de la Roumanie de Ceausescu ou de Cuba de Fidel Castro. Mais, paradoxalement,  ce pouvoir clientéliste, sans fondements solides, s’est écroulé, comme un château de cartes, sitôt décapité. S’achemine-t-on vers un remake de cette ineptie, la reconnaissance internationale et l’abondance en moins?

J’entends dire : Ah ! On va retrouver, enfin, les vaches grasses! N’a-t-on pas compris que le prix à payer de celles-ci fut nos problèmes d’aujourd’hui? L’argent si complaisamment détourné aurait dû financer les infrastructures, leur qualité, leur entretien, qui assureraient, maintenant, notre développement. Un exemple : si l’on avait, depuis 1992, réellement investi l’argent des bailleurs, à son propos d’urbanisme, Nouakchott ne ressemblerait pas, ce matin, à un monceau d’ordures, embouteillé, sous-équipé, dont le coût de rénovation grimpe, chaque jour, de façon exponentielle… En la matière, le temps perdu ne se rattrape jamais, sinon à un prix démentiel. Il va falloir faire des choix, draconiens. Déjà, les fontaines des financements acquis sous les précédents gouvernements se tarissent. Attendez-vous, messieurs-dames, à une nouvelle ascendance, dans la spirale des coûts de la survie. On veut bien croire, certes, qu’il y aura quelques vaches grasses. Pour quelques heureux élus, rares et se raréfiant. On comprend, dès lors, qu’en prévision de ces lendemains très sélectifs, on se rue à l’allégeance…

Sinon quoi? Quelle stature, assez forte, assez stable, assez audacieuse, assez républicaine, peut se dresser, sereinement, dans la caricature guignolesque du plébiscite annoncé? Le «chef-de-file- institutionnel- de-l’opposition» ? Voilà des mois qu’il a perdu sa couronne. Tel ou tel leader du FNDD, espérant rallier, en quelques mois, les bataillons écartelés des démocrates? Le président d’un défunt CMJD passablement mouillé dans la dérive actuelle? On se posera, plutôt, la question subsidiaire : la classe politique mauritanienne a-t-elle, enfin, atteint le terme de sa corruption, si aimablement aidée, en cela, par les artisans du 6 août? «Du mort, Il fait sortir le vivant.», nous rappelle le Saint Coran. Cette renaissance est-elle envisageable avant le 6 juin. Faudrait-il, alors, parier sur les lendemains «déchanteurs» et l’écroulement rapide d’un système Taya-bis, héritier souffreteux, miné par les incohérences du premier? Rude chemin, crevé d’ornières...



Ahmed Ould Cheikh
Le Calame du Mardi 10 février 2009

 

 

 

 

 

 

 

 

Va-t-on vers une guerre civile en Mauritanie ?

    Si nul ne peut prédire l'avenir, les événements tragiques récents, la montée en puissance des extrémismes – quelqu’ils soient, quelqu’en soient les apparences et dessous de table, un an de pouvoir calamiteux,  la baisse du pouvoir d’achat, la pauvreté galopante, tous ces ingrédients semblent composer, à s'y méprendre, le cocktail originel des conflits africains de ces dernières années, en Afrique de l'Ouest en particulier. Une question vient dès lors à
    l’esprit : va-t-on vers une guerre civile en
    Mauritanie?

    La situation du pays se résume ainsi : d’un part, misère extrême et souffrance sociale quasi endémique, citoyens excédés, économie brinquebalante, le tout sur fond de braderie des ressources naturelles de la nation.

    De l’autre, ministres gérant leur(s) portefeuille(s), hors de tout compte envers l’Etat et le peuple; élus de ce dernier, sourds et muets; militaires puissants et intouchables; barons de la drogue en toute quiétude ; islamistes  ou soi-disant tels semant la terreur. Cerise sur le gâteau, voici les dinosaures de l’ancien régime «
    revenus» en force – étaient-ils jamais partis? – usant de tous les moyens et subterfuges pour user la corde – jusqu’où? – préserver leurs privilèges déments et durer, durer – jusqu’à quand?


    A l’ère de la fée-démocratie, les injustices multiples persistent et signent le quotidien des mauritaniens. Voilà de quoi aviver la flamme de la violence. Qui se souvient de la
    Mauritanie
    d’il y a vingt ans, à peine, pacifique et humaine?

    La
    Mauritanie d’aujourd’hui vit à l’ère des médias, à l’image du monde environnant, cruelle et inhumaine, informée tout aussi instantanément de l’assassinat d’un enfant dans un attentat à Islamabad ou au cours d’une «incursion» israélienne, que des dernières malversations de la raffinerie de Nouadhibou dont l’Etat semble protéger les responsables. 

    Nous voilà en pilotage automatique, il n’y a pas de pilote dans la cabine, pas de leader charismatique et fédérateur. La molle attitude du gouvernement lors des tristes événements d’
    Aleg, de Ghallaouiya et de Nouakchott témoigne d’un certain amateurisme et d’une incompétence qui risquent d’accélérer sa déchéance : une révolte populaire? Militaire? Une guerre civile?

    Tous les conflits meurtriers ont ainsi commencé : un différend tribal, idéologique ou politique sur fond de crise socio-économique, le tout bien instrumentalisé par des médias complices. Demandez aux libériens, sierra léonais, rwandais, ivoiriens, congolais et autres tchadiens quelles satisfactions ont-ils tirées de leur guerre fratricide. Sinon des cadavres dans les rues, des enfants mutilés, des orphelins, et des populations déplacées par les horreurs d’une guerre aveugle et barbare.

    Ce désastre humain qui s’esquisse sous nos yeux, aurons-nous assez  de sagesse – un brin y suffirait – pour l’effacer, l’expédier, sans plus attendre, au rayon des songes chimériques?
     
    Imaginez un peu.
    Nouakchott, huit heures du matin, odeurs de poudre et de sang, cris
    d’agonie. Files interminables de fuyards, à pied, en charrette, sur des ânes, accrochés aux portières de voitures surbondées, en route pour l’exil vers la région la plus proche, le
    Sénégal. Même désolation à Nouadhibou, les gens courant vers le Sahara occidental. Maisons en flamme, voitures calcinées, et des cadavres, partout, gisant dans la plus totale indifférence
    d’enfants armés jusqu’aux dents. Cauchemar.

    A tout cela, une seule véritable cause : l’injustice. Cette pratique quotidienne, odieuse, d’une minorité vivant dans l’opulence ostentatoire, insolemment affichée, pendant que d’autres croupissent dans la misère et l’ignorance. Vous sentez-vous choqués par ce discours effroyablement pessimiste? Prenez, en tout cas, le temps d’y réfléchir et que ce soit – je
    l’espère ardemment – son unique avenir…

    La «
    démocratie homéopathique» – on en rirait si ce n’était si triste – est une déception majeure, douloureuse, insoutenable. Le président actuel est  devenu la vivante incarnation d’un  homme sans pouvoir et sans personnalité, spectateur d’une  dramaturgie politique  où chacun des acteurs politiques joue – à merveille, hélas ! – son rôle destructeur.

    Quant à son premier ministre, parachuté à la tête du gouvernement le plus anarchique de
    l’histoire de notre pays, est-il en mesure de faire face à tous ces défis? Ou devrait-il démissionner, au plus tôt, dans l’intérêt suprême de la nation et de l’intégrité du pays? De nouvelles élections?
     
    La Mauritanie a besoin d’un homme d’avenir et non d’un homme du passé. Un vrai gouvernement collégial, de consensus national, véritablement au-dessus des clivages communautaires et idéologiques? Ce pays sans développement ni démocratie ne demande qu’une bonne volonté, un peu de rigueur et de fermeté.

    Il faut se ressaisir tant qu’il est temps. Sinon, l’éclatement nous guette; affaire de jours, de semaines, peut-être de mois. Démesurément pessimiste ou lucidement optimiste, ce que je ne veux surtout pas, c’est la guerre, l’infâme, la faucheuse. Aussi fais-je appel à la prévention de cette maudite, car je veux un seul peuple, une seule nation, un peuple uni dans sa diversité, dans le respect de la constitution rédigée par les militaires que j'ai, pourtant, dénoncés en 2006, des lois et des intérêts du pays. Aidons-nous, mauritaniens, et le ciel nous aidera!

    LE 26/02/2008

     source : Docteur Kleib / Le Calame (Mauritanie)

 

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