ARTICLE 504 :

  

                Mauritanie : l'opposition négro- mauritanienne en mauvaise posture

 
 Après le ralliement de Kane Hamidou Baba, chef du parti mauritanien le Mouvement Pour la Refondation(MPR) à l'Union Pour la République(UPR) de la majorité, c'est au tour maintenant du numéro un de l'Alliance pour la Justice et la Démocratie( AJD/MR) Ibrahima Moctar Sarr de lui emboîter le pas. Les deux malheureux candidats négro-africains des dernières présidentielles de 2009 mettent fin ainsi au long feuilleton médiatico-politique de connivence avec le président Ould Aziz. Les observateurs s'interrogent sur l'avenir de l'opposition négro-africaine dans le processus démocratique en Mauritanie.

Le parti du président Ould Aziz, l'UPR ( Union pour la République) se porte bien puisqu'il a réussi en l'espace d'une année l'adhésion de beaucoup de militants tant à Nouakchott qu'à l'intérieur du pays. Même son de cloche au niveau des parlementaires qui ont enregistré la défection de beaucoup de députés et sénateurs de l'opposition faute de consensus au sein de leur parti ou par pur opportunisme politique. Ould Aziz ne veut rien savoir. C'est une situation qui l'arrange et pourrait lui garantir une majorité confortable pour les prochaines législatives de 2011.L'intégration d'un des poids lourds négro-africains cette fin de semaine dans la majorité n'a pas surpris les observateurs qui y voient l'aboutissement logique de longues négociations du leader de l'AJD/MR avec Ould Aziz. Une façon pour les deux hommes de clore définitivement ce contentieux né de l'affaire Hanéfi,le journaliste du site Taqadoumi qui avait été condamné en 2009 à six mois d'emprisonnement pour avoir émis une opinion contraire aux mœurs mauritaniennes mais surtout arrêté pour une plainte introduite au parquet par le candidat Ibrahima Sarr aux présidentielles 2009 dont il accusait d'avoir reçu des financements occultes contre le changement de sa position politique. Au-delà de ces dessous politiques, ce volte- face du charismatique « Obama mauritanien » ne conforte plus sa position de leader sur l'échiquier national et soulève la question de leadership négro-africain dans le nouveau paysage politique .Critiqué à tort ou à raison par ses détracteurs, Ibrahima Sarr est en tout cas apparu isolé et faible politiquement après le score faible enregistré lors des dernières présidentielles aggravé par des dissensions internes qui ont secoué le parti et conduit certains militants à démissionner .Aux yeux même de ses admirateurs, le chef a trahi en flirtant avec Ould Aziz. L'affaire Hanéfi jetant le trouble dans l'esprit même de son propre camp. Dans sa conférence de presse qui a scellé un « programme commun » avec la majorité, des zones d'ombre subsistent sur sa franchise même si l'ancien détenu des geôles de Oualata promet de ne pas être passif sur des dossiers brûlants comme la réconciliation nationale, le passif humanitaire, l'esclavage et la promotion des langues nationales, sujets qui lui tiennent à cœur. Avant lui c'était le chef du parti, le Mouvement pour la Refondation (MPR) Kane Hamidou Baba qui avait montré l'exemple. Lui aussi n'a pas pu résister au marchandage et s'était vu reprocher avant même la fin de la campagne présidentielle son désir de rapprochement au camp de l'ex-général et candidat Aziz. La création de son parti n'a pas fait beaucoup d'émules et non plus dissipé les controverses. Un parti qui se voulait pourtant « arc-en -ciel » et porteur d'espoir de l'intelligentsia mauritanienne. En définitive, les deux leaders laissent ainsi derrière eux un désert politique qui devra interpeller l'opposition négro-africaine en exil en particulier les FLAM( Forces de Libération Africaine de Mauritanie) pour prendre toute la légitimité dont elle cherche depuis longtemps à se prévaloir. La diaspora devrait en tout cas prendre à bras le corps le terrain politique pour combler ce déficit d'opposants négro-mauritaniens et rétablir ainsi son image longtemps écornée au plan national. Le renforcement de la majorité par l'AJD/MR et le MPR est une aubaine pour le président mauritanien qui a bien réussi son scénario ,le vernis démocratique en affaiblissant l'opposition négro-africaine. Le grand gagnant est bien sûr l'UPR. Jamais 2 sans 3.Qui sera le troisième homme ?

Kane Cherif-Journaliste
Rouen-France

  

 

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