ARTICLE 498 :

  

ALGERIE : des imams noirs indésirables à Béchar

 

  • Alors qu’en Arabie Saoudite un homme noir vient d’être promu imam de la mosquée sacrée de La Mecque, on assiste au phénomène inverse dans le Sud algérien où un imam est décrété persona non grata justement parce qu’il est noir.

Les Noirs sont pourtant très nombreux dans les Wilayas du Sud où beaucoup d’entre eux exercent depuis longtemps la fonction d’imam.

Ces derniers temps, les cas de racisme anti-noir sont de plus en plus fréquents dans le Sud algérien. Au point que certains responsables noirs ont dû renoncer à leur fonction dans les structures administratives et institutions de l’Etat.

Il y a d’abord eu le retrait de confiance au maire de la commune de Taghit par ses pairs, à cause de la couleur de sa peau. Puis ce fut au tour de l’imam d’une mosquée de la commune de Béni Ounif de vivre cette mésaventure. A présent, c’est l’imam prédicateur de la mosquée ‘‘Rahma’’ dans la commune d’Abadla (Wilaya de Bechar) qui fait l’objet d’une campagne de dénigrement sans précédent parce qu’il est noir.

Selon des témoignages recueillis sur place, il est reproché à cet imam son faciès attestant qu’il est le descendant d’une famille d’esclaves. De ce fait, il n’aurait pas le droit de diriger la prière ni d’assurer des prêches. Une fatwa décrétant illicite qu’un Noir exerce la fonction d’imam circule parmi la population, suscitant l’indignation des uns et l’inquiétude ou la désapprobation des autres.

Selon le maire par intérim d’Abadla, la municipalité a reçu une correspondance émanant d’une commission religieuse provisoire de la mosquée ‘‘Rahma’’ contestant l’imam de ce lieu de culte pour des conditions raciales. Le maire dit avoir informé les autorités concernées : ‘J’ai contacté le directeur de wilaya des Affaires religieuses et j’attends toujours sa réponse pour voir ce qu’il y a lieu de faire.’’

Le directeur des Affaires religieuses de la wilaya a révélé à la presse qu’il avait été lui aussi destinataire de la même lettre que la mairie et il a confirmé que l’imam noir était bel et bien l’objet d’une campagne de dénigrement racial.

L’Islam n’est pas raciste

Pour sa part, l’imam dit ne pas comprendre en quoi sa couleur de peau pose problème : ‘‘Le prophète Mohamed, que le Salut soit sur lui, n’avait-il pas choisi Billal (un Noir) parmi tant de fidèles présents à la mosquée, pour appeler à la prière? Ce simple geste, à lui seul, montre que l’Islam est tolérant et combat le racisme.’’

D’après les habitants d’Abadla, il semblerait que derrière ce mouvement de troubles racistes que connaît leur mosquée, il y ait groupe d’islamistes salafistes

Signalons que la quasi-totalité des mosquées de la région du Sud-Ouest sont à la charge d’imams noirs.

 

Source : Le Monde Dz

  

 

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