A.H.M.E.

ARTICLE 48 :

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 Transfert d'argent : Qui veut la peau de Western Union et de MoneyGram ?

MoneyGram et Western Union contrôlent 50% du marché des transferts d'argent du continent africain avec des commissions de l'ordre de 12%. Bitcoin, Paypal, ou Afrimarket, grâce à des solutions technologiques innovantes, contestent la suprématie de ces géants.

Estimés à 60 milliards de dollars (44,3 milliards d'euros) par an, les transferts de la diaspora africaine sont bien plus importants pour le continent que l'aide publique au développement ou les investissements directs étrangers - respectivement de 56 et de 50 milliards de dollars chaque année. Longtemps dominé par l'américain Western Union, le marché des envois internationaux d'argent vers l'Afrique a été quelque peu bouleversé par l'arrivée de MoneyGram, un autre opérateur venu des États-Unis, actif sur le continent depuis le début des années 2000.
Dix ans plus tard, les tarifs sont encore jugés (beaucoup) trop élevés par bon nombre d'institutions. La Banque mondiale évalue ainsi le coût des transferts à 12,4 % de la somme envoyée, ce qu'elle explique par la "faible concurrence" sur ce marché. Bien qu'Hervé Chomel, vice-président pour l'Afrique de MoneyGram, affirme que ce chiffre est "plus proche de 6 %", les deux sociétés contrôlent en effet plus de 50 % du marché formel.
Malgré cette domination, la Banque mondiale s'est fixé pour objectif de ramener à 5 % le coût des envois de fonds dans le monde cette année. L'enjeu est de taille : en cas de réussite, l'ensemble des migrants africains et leurs familles économiseraient 4 milliards de dollars par an, selon l'institution.
Les nouvelles technologies, notamment les monnaies virtuelles, pourraient contribuer à casser le duopole Western Union-MoneyGram. Les sites d'information spécialisés abondent ainsi en articles sur le potentiel du bitcoin sur le continent. Plus récemment, la baisse du cours de Western Union à la Bourse de New York a été reliée à la menace créée par ce système.
Les migrants perdent chaque année 4 milliards de dollars en frais de commission
Inventée en 2009 par un informaticien caché derrière le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, cette monnaie électronique n'est soumise à aucune autorité de contrôle. Comme l'explique Philippe Herlin, chargé de cours au Conservatoire national des arts et métiers (Paris) et auteur d'un livre sur la révolution du bitcoin, sa force réside dans la quasi-gratuité des transferts (0,03 euro l'opération), même entre deux pays dont les monnaies sont différentes : "C'est un avantage concurrentiel fondamental par rapport aux autres moyens de paiement et de virement."
Pharmacie
Le Kenya, connu pour son avance en matière de banque mobile - M-Pesa, le service proposé par l'opérateur Safaricom, est utilisé par 70 % des habitants -, constitue un terrain d'expérimentation privilégié. Kipochi ("porte-monnaie" en swahili), une start-up britannique fondée à Nairobi par le Danois Pelle Braendgaard en juin 2013, propose à ses clients de transférer des bitcoins et de les créditer sur un compte M-Pesa. Seuls problèmes : il faut accéder à internet et savoir acheter des bitcoins, une opération qui reste complexe pour le plus grand nombre. Pelle Braendgaard lui-même reconnaît que "sa difficulté d'utilisation constitue une barrière à l'entrée".
D'autres services en ligne tentent de capter la manne des migrants. Ainsi PayPal, le tout premier acteur du paiement sur internet, a signé un partenariat avec Equity Bank : moyennant une commission de 2,9 %, les bénéficiaires d'un virement via PayPal peuvent retirer l'argent à un guichet de la banque kényane. Quant aux britanniques Skrill ou Payza, s'ils permettent eux aussi de transférer des fonds à des taux inférieurs à 5 %, ils requièrent soit un compte en banque, soit un accès internet à l'arrivée.
Nouvelle approche
Pour Rania Belkahia, l'Afrique nécessite une approche différente. Avec Jérémy Stoss et François Sevaistre, la Marocaine a cofondé Afrimarket l'année dernière, une solution de transfert de type cash to goods, par opposition au traditionnel cash to cash. Plutôt que de transférer un montant en liquide, cette jeune pousse basée à Paris propose à ses clients, via son site, d'employer la somme versée à un usage particulier : frais scolaires, pharmacie, produits alimentaires... avec la garantie que cet argent sera exclusivement réservé à cette affectation.
Présent pour l'instant en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Bénin, Afrimarket compte déjà 10 000 clients et vient de signer un partenariat avec la Compagnie de distribution de Côte d'Ivoire (CDCI), qui compte 110 supermarchés dans le pays. Selon Rania Belkahia, 70 % des migrants africains aimeraient avoir un droit de regard sur les fonds envoyés, et, grâce à cette solution, l'argent profite directement au secteur formel. Le développement fulgurant d'Afrimarket suscite d'ailleurs les plus vives craintes chez MoneyGram et Western Union.
Alliance
Ces nouvelles solutions remettront-elles en question la domination des deux opérateurs historiques ? D'après Hervé Chomel, ces dernières ne représentent pas plus de 5 % des transferts internationaux. Malgré tout, MoneyGram et Western Union ont entamé une riposte.
Le premier a lancé il y a un an un partenariat avec First National Bank (FNB), l'une des principales banques d'Afrique du Sud, pour la réalisation de transactions sur téléphone mobile. Il a également noué une alliance avec PayPal et sous-entend qu'il pourrait bientôt annoncer un accord avec l'un des principaux opérateurs de banque mobile en Afrique.
Western Union, qui n'a pas souhaité s'exprimer dans le cadre de cet article, a quant à lui signé fin 2012 un partenariat avec Ecobank au Kenya pour permettre aux clients de cette dernière d'accéder à ses services, soit en ligne, soit depuis un guichet automatique. Sur un continent encore très faiblement bancarisé et peu connecté à internet, rien ne vaut un réseau physique étendu pour inspirer confiance aux clients. Un point clé dans ce domaine - pour l'instant.

Source: www.Jeuneafrique.com

Mardi 4 février 2014

     

 

 

 

 Une honte arabe

 

LIBYE - 29 juillet 2007 – Source : Jeune Afrique

    Les cheveux prématurément blanchis mais le regard vif, Achraf Joumaa Hajouj (38 ans) est un écorché vif. Le
    « médecin palestinien » (en réalité, il était étudiant en médecine lors de son arrestation) était le plus virulent lors de la conférence de presse qu’il a tenue avec les infirmières bulgares, le 25 juillet, à Sofia. « J’ai vécu des choses horribles, a-t-il expliqué. Voilà ce que l’on fait des droits de l’homme dans le monde arabe ! Je ne suis
    qu’un réfugié palestinien, je n’ai pas de gouvernement pour s’occuper de moi. Seuls des chrétiens se sont souciés de mon sort ! »

    Détenu pendant plus de huit ans dans les geôles libyennes, ce fils d’un professeur de mathématiques et
    d’une informaticienne palestiniens venus d’Égypte pour s’installer en Libye en 1971 a, il est vrai, connu des conditions plus dures encore que celles de ses compagnes d’infortune. Alors que les cinq femmes étaient transférées dans un appartement de deux pièces d’où elles ne pouvaient sortir, lui est demeuré enfermé à la prison de Jdeida, à Benghazi, dans l’aile des condamnés à mort, en compagnie des détenus de droit commun.

    La première année a été particulièrement atroce : il a été détenu dans une cellule de 2 x 2 m, avec toilettes à
    l’intérieur, et a été torturé à l’électricité. Pendant dix mois, il a été maintenu au secret absolu et sa famille l’a cru mort. Il n’est réapparu, le visage émacié, que lors du procès, pour crier son innocence et dénoncer, avec courage, les sévices qu’il a subis. À l’extérieur, les siens ont été persécutés. Son père et sa mère ont été privés de leur emploi et ses sœurs exclues de l’université. N’y tenant plus, tous profiteront d’un pèlerinage à La Mecque pour gagner les Pays-Bas, où, en 2005, ils obtiendront le statut de réfugiés politiques.

    Étudiant en pédiatrie, en stage à l’hôpital de Benghazi lors de son arrestation, le 12 février 1999, Achraf Joumaa Hajouj rêve désormais de passer son diplôme de médecin. « J’irai où l’on voudra bien de moi », dit-il simplement. En Bulgarie, dont il a la nationalité depuis le 19 juin, aux Pays-Bas ou ailleurs, il ne sait pas. Une chose est sûre : ce ne sera pas dans le monde arabe. On peut le comprendre : c’est justement parce qu’il est arabe qu’Hajouj a souffert plus que les autres dans les geôles d’un pays arabe. Et c’est précisément parce qu’il est arabe qu’aucun dirigeant arabe - à commencer par le président palestinien Mahmoud Abbas - ne s’est préoccupé de son sort.

 

 

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