ARTICLE 471:

  

SAMORY OULD BEYE

AUTEUR DE LA LETTRE RECQUISITOIRE à BAN KI MOON du 25 Janvier 2010 SUR LA SITUATION DRAMATIQUE DES HARRATINES DE MAURITANIE

MEMORANDUM

Neuf mois se sont écoulés après l’envoi de cette lettre, bientôt une année, nombreux sont ceux qui se demandent est ce que SAMORY a reçu une suite à sa lettre ? Est ce que SAMORY pose toujours ces questions ou bien les a-t-il abandonnées ? Et beaucoup d’autres questions encore ? Tous sont curieux de savoir ce que pense SAMORY aujourd’hui.

Cette lettre qui avait fait un grand tollé dans tous les milieux, continue à susciter des réactions et faire couler beaucoup d’encre, de salives et de commentaires ; ses braises brulent toujours.

Plusieurs initiatives étaient prises par le régime, par des partis politiques, par des groupes de personnes pour contrer les idées exprimées par SAMORY OULD BEYE, banaliser sa démarche et torpiller son projet, et ce malgré la pertinence de ces idées.

Ces initiatives et démarches toutes azimuts ont proliféré dans tous les sens, mais SAMORY s’est gardé le silence, a choisi de suivre et d’observer.

Aujourd’hui, il revient à la charge et décide de parler et de réagir aux attitudes des uns et des autres et ce en vue d’éclairer l’opinion nationale et internationale et les édifier davantage sur ses pensées

1)- Je n’ai reçu aucune suite à ma lettre adressée au secrétaire général des Nations Unies BAN KI MOON, certes, j’ai eu sur ma demande une discussion sur la question avec la représentation des Nations Unies à Nouakchott.

A ce  niveau, je dirai personnellement que je ne conditionne pas la lutte pour ma cause à une réponse ou non d’une partie tierce, surtout les Nations Unies dont les positions n’ont jamais été aux attentes des opprimés et victimes de l’injustice à travers le monde.

Quand on sait que, nombreux sont les peuples, les communautés et minorités qui gémissent sous le joug des tyrans, génocidaires, esclavagistes oppresseurs, sans que les Nations Unies ne réagissent pour les faire sortir des souffrances, des atrocités et des conditions difficiles qu’ils endurent, bref des violations sévères, des droits et des principes fondamentaux de l’homme et des peuples occultés et banalisés.

Mais l’expérience nous a montré tout au long de l’histoire que les peuples ne peuvent jamais se libérer sans la lutte, et dans ce cas de figure, toutes les formes de lutte sont ouvertes devant les HARRATINES pour leur libération, leur émancipation et le recouvrement de leurs droits fondamentaux afin qu’ils vivent comme les autres et disposent des mêmes droits en tant que citoyens de même degré et ayant les mêmes chances.

Cela veut dire en clair que les Harratines ne doivent compter que sur leurs propres efforts et que seule la lutte paie.

Si les HARRATINES sont aujourd’hui dans cette grave situation, les Nations Unies ont été pour quelque chose dans le cadre d’une complicité avec les grandes puissances, la France en particulier.

Il faut dire qu’en 1960 lors de l’admission de la Mauritanie aux Nations Unies, cette dernière   savait pourtant que dans ce pays existe une population majoritaire exclue, opprimée et réduite à l’esclavage dans ses formes les plus pires et les plus abjectes.

Et que cela violait sa propre charte, sachant aussi qu’au terme des dispositions de cette même charte un pays ayant cette particularité n’est pas admissible dans le juron des Nations Unies.

Devant ces faits, les Nations Unies n’ont pris aucune mesure, aucun acte à même de garantir les droits fondamentaux de cette population abandonnée dans la gueule du lion.

De l’autre coté, la France puissance colonisatrice de ce pays a vendu les Harratines aux chefs des tribus maures dés le départ, elle qui prétend défendre les valeurs morales et les droits fondamentaux de l’homme et des peuples.

En effet La France des GAULLOIS a occulté de manière délibérée les réalités de ce pays, la particularité de ses composantes nationales en éliminant et excluant d’office l’élément Harratine de tout et en le livrant corps et âme à la vindicte maure, faisant de tous les harratines des esclaves dénués de tous les droits, même ceux civiques, quel drame…!

Et a comploté avec les maures pour truquer l’histoire de ce pays à travers les écrits et outils didactiques enseignés dans nos établissements scolaires jusqu’à la fin des années 70 dont les contenus font appartenir la terre, mais également les harratines aux maures en tant que leurs esclaves et propriété qu’ils ont amenés avec eux.

Or les harratines se trouvaient déjà dans toute la région de l’Afrique du nord en plus du Mali et du Sénégal plusieurs siècles avant même l’arrivée des arabes.

La France savait plus que quiconque l’histoire de cette région et savait encore davantage les particularités et spécificités qui distinguent les harratines des maures.

La France qui a tout façonné dans ce pays, a fait exprès, pour plaire aux maures d’occulter et d’exclure les harratines des équilibres politiques qu’elle avait instaurés entre les différentes composantes nationales de ce pays pendant sa présence coloniale malheureuse pour cette importante composante de la population.

2)-Une rencontre avec LE PRESIDENT MOHAMED OULD ABDEL AZIZ avait eu lieu au mois de février 2010, je lui ai parlé de la situation dramatique vécue par les harratines sous l’ombre de l’Etat moderne et j’avais insisté sur ce qui me semblerait- être des solutions dans l’immédiat, pour le moyen et pour le long terme.

Le Président a parlé de sa politique, de son programme de lutte contre la pauvreté qui pour lui peuvent et vont changer la situation des harratines.

Là aussi, c’est assez clair, le Président ne reconnait pas la problématique harratine en tant que telle et dans sa véritable dimension.

3)-Au niveau général du système , c’est la même variante, c’était l’affolement ,la course en désarroi contre la montre dans une machination visant à contenir et à tuer dans l’œuf la vision de SAMORY OULD BEYE, vision jugée dangereuse pour la cohésion sociale et l’unité nationale, refusant toute ouverture de dialogue national sur cette question fondamentale ,préférant fustiger nos revendications légitimes et notre capacité d’aller au-delà de cette simple initiative qu’ils estiment isolée et venue accidentellement, et que le système serait capable d’étouffer et de prévenir désormais ce genre de sortie indésirable .

Il s’agit là évidement d’erreurs historiques graves qu’ils sont entrain de commettre et dont l’impact néfaste pour le devenir de ce pays est incalculable, car quiconque pense aujourd’hui que les harratines vont continuer à servir de mouchoir pour tous les autres et à vivre l’inacceptable se trompe.

Les harratines fourniront le prix du sacrifice qu’il faut pour retrouver leur liberté, leur dignité, leur intégrité morale et leurs droits fondamentaux. Ils briseront les chaines de leurs bourreaux pour se libérer et s’émanciper… A bon entendeur salue.

A toutes et à tous, je dirais que le problème des harratines n’est pas une marchandise qu’on vend et qu’on achète, il s’agit d’une cause noble, une cause profonde de grande dimension, ayant ses porteurs qui la défendront jusqu’à la victoire.

4) L’arabité des harratines : je reste convaincu que les harratines ne sont pas arabes, mais arabisés à l’instar des berbères, des amazighs, des touaregs et autres groupes vivant dans la région et ce après la conquête des arabes venus répandre l’islam, la diffusion des préceptes du saint coran et de la culture islamique, mission en somme salutaire.

Usant de la force, les arabes se sont imposés maitres sans partage dans la région imposant ainsi la culture et la langue arabe en étouffant et détruisant progressivement les particularités culturelles des populations qu’ils ont trouvé devant eux.

Ils ont pu continuer la domination et l’acculturation à outrance, mais également l’assujettissement à l’esclavage, à la dépendance et la loyauté de plusieurs de ces groupes qui par la force des choses sont devenus leurs tributaires, situation à laquelle s’ajouteront les pratiques de rapts, kidnappings, échanges commerciaux sel et or contre les noirs d’Afrique.

Voilà donc une des réalités de la Mauritanie ancienne et moderne qui aujourd’hui défie la conscience nationale.

5)-Malgré leurs efforts, leur rôle à la recherche de solutions à cette question, les institutions démocratiques, les partis politiques, la société civile et les acteurs nationaux n’ont jamais été pondérant à cause du système beïdane réfractaire à toute évolution vers des solutions réalistes.

C’est pour cela que la déception est aujourd’hui grande et les espoirs sont minimes quant à une solution venant de ces instituions vu qu’aucun parti, aucune institution, même l’état n’ont présenté de propositions pouvant servir de base de dialogue national sur la question harratine ; préférant se focaliser sur le seul aspect de l’esclavage pour noyauter et cacher les contours du vrai problème harratine en Mauritanie dans ses diverses dimensions .

Conclusion 

Partant de tout ce qui précède, Les harratines ne doivent compter que sur leur propre effort pour recouvrer leurs droits légitimes.

  •  

    La France et les Nations Unies ont une lourde responsabilité morale historique envers les harratines qu’elles doivent reconnaitre et réparer.

En ce qui concerne ma vision des solutions

- Je réitère mes propositions contenues dans la lettre adressée à Ban Ki MOON et qui serviront de base pour toute solution à cette question à savoir :

1)-Révision de la constitution mauritanienne en vue de la reconnaissance des harratines en tant que composante distincte de celle des maures ;

2)- Partage des richesses et des fonctions publiques de l’Etat ;

3)-Adoption d’une politique discriminatoire positive envers les harratines ;

4)-Recensement démographique national dans l’optique de déterminer le pourcentage effectif de chaque groupe national en vue d’une éventuelle répartition équitable des richesses et des fonctions administratives et politiques.


SAMORY OULD BEYE

Nouakchott, le 12 septembre2010

  

 

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