ARTICLE 467:

  

Droit de réponse au Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah Président de l’UPSD

L'interview de Ould Mah est au lien suivant : http://www.haratine.com/interview77.htm

1-Mise au point :

Nous avons lu dans votre journal, Nouakchott info Quotidien, édition N° 2484 du 27 mai 2012, l’interview du Dr. Mohamed Mahmoud Ould Mah portant, dit-on, sur les impressions laissées par l’émission HIWAR (dialogue) diffusée en direct, la nuit du mercredi au jeudi 23, et dont l’invité était le Président de APP et président de l’Assemblée Nationale Monsieur Messaoud Ould Boulkheïr.

Eu égard aux préjudices pouvant résulter de l’acharnement prémédité, lâche et gratuit dont Dr. Mohamed Ould Mah a fait preuve pour prêter au Président Messaoud Ould Boulkheïr des intentions qui ne sont nullement les siennes nous avons décidé de réagir suite à cette interview. Cette interview aux relents de diatribe n’était en réalité qu’une manœuvre de vindicte, de diffamation et de sédition d’un détracteur visant à écorner l’image d’un homme qui tire sa force et sa légitimité de l’adhésion à son discours des plus grandes couches de la populations ; n’en déplaise aux ennemis du pluralisme ethnique, linguistique, et culturel de la Mauritanie. Alors ce ne sont pas le registre insidieux, les insinuations perverses, les propos fallacieux et l’insulte rustre usités par Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah qui vont changer le cours de l’histoire.

Aussi réagissons-nous dans les colonnes de votre cher journal pour ne pas laisser l’occasion à ce pamphlet d’un autre âge d’installer la confusion ou le doute dans l’esprit de certains lecteurs qui n’auraient pas eu la chance d’avoir suivi l’émission en question ; tout en étant, du reste, convaincus que les extrapolations et les insinuations de Monsieur Ould Mah ne sont qu’une vaine tentative de jeter « un pavé dans la mare ».

Ainsi nous prendrons ses réponses une à une tout en suivant la progression qu’il avait lui-même choisie dans l’interview.


2- Analyse des réponses

Dans sa réponse à la première question, Dr. Ould Mah s’affairait à prêter à Monsieur Messaoud Ould Boulkheïr la volonté de réduire le dialogue aux partis de la majorité présidentielle élargie et les partis de la CAP. Ce qu’il feint cependant ignorer et qui n’est, en fait, qu’une astuce pour justifier ses insinuations afin de s’attirer la sympathie de certains, c’est que ce sont les partis de la COD qui se sont fait exclure eux-mêmes. Aujourd’hui, que le dialogue est fait, ce dont il est désormais question c’est l’application de ses résultats. Pour ce faire aucune partie n’en est exclu. L’appel lancé aux partis politiques de la COD, entre autres les leaders de RFD et UFP, en est la preuve. Il est sans ambigüité. Pour l’heure, parler de l’organisation d’un autre dialogue est inopportun. C’est même une tentative de diversion. Et si Monsieur Ould Boulkheïr le dit ce n’est pas une dénégation. C’est son point de vue et, étant souverain, il y a droit au même titre que ceux qui ont tourné le dos au dialogue préférant la confrontation

Quant à ses allégations accusant Messaoud Ould Boulkheïr d’avoir ignoré la CAP tout le long de l’émission, nous rappelons que notre leader a été invité en sa qualité de président de APP. Ce n’était pas au nom de la convention. Celle-ci a son propre président en exercice. Il s’agit en l’occurrence de Monsieur Boïdiel Ould Houmeïd. C’est le seul pouvant engager officiellement la CAP. Par principe le Camarade Ould Boulkheïr n’enfreint jamais les normes pour s’adjuger les prérogatives qui ne sont pas les siennes.

Au sujet de sa réponse à la deuxième question, il y a lieu de dire que le gouvernement d’union nationale évoqué par le président Messaoud rentre dans le cadre d’une initiative personnelle visant à faire sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat, du fait des positions figés des uns et des autres résolus à se regarder comme chien de faïence. Elle fait partie d’un package dont le dialogue. L’objectif étant appliquer de façon inclusive l’ensemble des mesures issues du dialogue, associer toutes les forces politiques dans la gestion d’une phase cruciale pouvant lancer les mécanismes d’élections municipales et législatives sereines et transparentes. Ainsi serait tournée une page incertaine de notre histoire.

Si Dr Ould Mah en est offusqué, cela n’engage que lui. Qu’il se fâche contre Ould Abdel Aziz parce qu’il est tout oreille aux initiatives et conseils de Monsieur Messaoud, cela ne dérangera outre mesure les mauritaniens dont le seul rêve qu’on puisse mettre sur pied une Mauritanie stable et réconciliée. Si c’est un jaloux qu’il soit alors un homme d’initiative et propose des solutions fiables et viables, car les mauritaniens ne sont pas ingrats. Encore faut-il avoir autant de charisme, de respect, d’altruisme, de patriotisme et d’influence que le camarade Mesaoud. En effet, un parti « cartable », un siège éternellement fermé et un score à rebours depuis le 1 % de l’élection présidentielle de 1992 ne suffisent pas pour asseoir une popularité.

La réponse à la question trois, est une insulte et un mépris à l’adresse des populations écrasés, les victimes des injustices, sinon comment pouvait-il reprocher à Monsieur Messaoud Ould Boulkheïr (père historique du mouvement El Hor) et défenseur de l’égalité et la justice d’évoquer l’existence avérée des pratiques de l’esclavage pendant qu’on range dans les casiers tout un arsenal juridique capable d’éradiquer ce phénomène dès qu’on l’applique. Monsieur Messaoud a raison de dire que la complaisance de la justice, de la police, des brigades de la gendarmerie à l’intérieur et surtout le silence suspect de l’administration territoriale constituent ensemble un obstacle à la disparition totale de ce phénomène et un frein à l’émergence d’une conscience citoyenne, socle de l’Etat de droit.

D’autre part, le camarade Messaoud Ould Boulkheïr a toujours dit qu’il n’a pas le monopole de la lutte contre l’esclavage et qu’il ne le revendique pas, même si, par ailleur,s tout les mauritaniens savent que c’est grâce à son combat que l’esclavage est devenu une question nationale que prennent, aujourd’hui en, charge, l’ensemble des partis politiques, hormis l’UPSD et son président s’abreuvent aux sources du Baath nostalgique et fossilisé. Pour qui ne le sait pas, voilà donc l’une des causes efficientes de l’ire du Dr. Ould Mah l’ayant conduit à dire qu’à son avis « M. Messaoud ne mérite plus de présider cette auguste assemblée (nationale) ; il doit en démissionner. » L’autre cause et non des moindres est que Messaoud Ould Boulkheïr ait déclaré sous l’hémicycle de l’assemblée nationale que « L’enrôlement biométrique est une catastrophe.» N’était-ce pas vrai ? Sinon pourquoi le pouvoir a tout d’un coup essayé d’apporter quelques corrections qui, du reste, demeurent insuffisantes. D’autant plus que le recensement est décrié pour son acharnement contre un certains types de citoyens mauritaniens authentiques sur le critère de la race et/ou de la langue !  

 

Quant aux grandes foules venues tous azimuts accueillir Monsieur Messaoud dans ses déplacements en amont et en avale du dialogue, ce sont des mauritaniens épris de liberté, de justice, d’égalité, de stabilité et de sécurité. Ce sont des démocrates qui en ont assez du pouvoir mais qui pensent que c’est par les urnes qu’il va falloir le faire partir le régime. Ce sont des mauritaniens dont la référence c’est l’alternance pacifique comme au Sénégal et non le sang et les cadavres comme en Libye ou en Syrie pays dont le régime est si chère au professeur Ould Mah. Ces mauritaniens ont vu dans Messaoud L’homme d’Etat et de consensus capable de fédérer toutes les communautés nationales.

Dans la réponse à la question quatre, Dr. Ould mah prétend que nul n’a échappé aux critiques corrosives de Messaoud Ould Boulkheïr. Ce qu’il feint d’ignorer, c’est que ce dernier déteste le langage de bois contrairement à beaucoup d’autres rompus à l’hypocrisie, à la délation et aux prétéritions. Monsieur Messaoud n’a dit que les fautes de ces hommes. Certes, comme le dit l’adage : « La vérité est amère ». Néanmoins elle n’a besoin ni d’édulcoration ni de tarabiscotage. S’il y a un problème qui soit fatal à un pays c’est, bien entendu, le mensonge, la complaisance et la compromission. On doit s’en départir et dénoncer vertement ces pratiques si l’on veut bâtir un Etat qui se respecte. Peut-on nier que le président Ely n’a pas tenté de mener un coup d’Etat contre la démocratie à travers la suscitation du « vote blanc » ? Que Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas pendant longtemps laissé la situation pourrir avant d’accepter le dialogue ?...

Par ailleurs, en répondant aux questions des journalistes Monsieur Messaoud s’adressait à tous les mauritaniens. Il n’avait rien à cacher aux uns et autres qui ne cherchaient pas moins que la vérité et la vérité seule. Donc il n’a rien à se reprocher. C’est cela qu’il a parlé comme aucun homme politique ne l’a jamais fait. Sans ambiguïté ni détours. C’est ainsi que nous le connaissons : un homme qui assume et s’assume.

Dans sa réponse à la question cinq, Bien que totalement opposé à la COD et ses revendications, fussent-elles dès foi légitimes, Docteur Ould Mah veut jouer à la diversion en plaidant la bipolarisation de la scène politique nationale. Ceci étant, il y a lieu de rappeler que l’émergence d’un troisième pôle dit la CAP, opposé au pouvoir, n’aurait eu lieu n’eût été l’entêtement de certains partis de la COD à rejeter le dialogue comme moyen de règlement de la crise dont pâti le pays, suite au coup d’Etat du 06 Août 2008.

Cependant il faut savoir que le sort de Messaoud et partant notre parti ne saurait être l’otage des prises de décision des autres et des autres. Nous sommes souverains, nous avons notre projet social tout comme nos exigences de démocrates. Nos choix de compagnonnage, d’association avec les organisations sont l’émanation de nos convictions et notre foi dans l’intérêt suprême de la nation, notamment les populations pauvres, exclues et marginalisées que les révolutions prônés aujourd’hui ne servent pas tant leur objectif est de s’en servir uniquement comme chair à Canon en vue d’une hypothétique accession au pouvoir.

Bref autant Ould Boulkheïr ne peut obliger les détracteurs du dialogues à le suivre, autant il n’est pas tenu à leur emboîter le pas dans une aventure dont l’expérience a prouvé qu’elle finit toujours par un drame... D’autant plus que les mauritaniens semblent avoir dit leur dernier mot par leur refus de répondre aux appels et invitations récurrents à la révolution. Leur adhésion aux résultats du dialogue en est la preuve réfutable.

M. Ethmane Ould Bidiel
Membre de la commission de communication de APP

 

 

 

La Mauritanie n'est pas la Tunisie


« Nous ne sommes pas la Tunisie » répète à tous vents, ces derniers jours, Mohamed Ould Abdel Azizi, notre Messie-Koï national, le père fondateur du pays et de la chaîne des « Mauritanides nouvelles !!! ». Et, rivalisant en assentiments flagorneurs, ses thuriféraires de UPR, PRDR, UDP et autres dupes et dupés de répéter à qui mieux mieux la même sornette.

Ce qui n'était jusqu'ici qu'une banalité sortie de la bouche d'un Ould Abdel Aziz n'en est pas à sa première dérive verbale est devenue, pour la gent des perroquets de ce pouvoir trabelsien une sublime formule magique !

Mais en quoi donc, Messieurs dames, la Mauritanie dictatoriale de Aziz diffère-t-elle de la Tunisie autocratique de Ben Ali ? Pouvoir personnel, népotisme, clientélisme sont-ils absents chez nous ? Que nenni !
Et ils se doublent d'un tribalisme insolent, d'un régionalisme cruel, d'un racisme éhonté, d'une tendance évidente à perpétuer l'esclavagisme et l'exclusion ! A cela s'ajoutent bien entendu les effets immédiats de l'échec du pouvoir à contenir par des mesures appropriées la crise issue de la flambées exponentielle de prix des denrées alimentaires de premières nécessité, ainsi que la marginalisation organisée des compétences du pays et donc, à terme, la crétinisation de l'appareil étatique.

S'y ajoute aussi la mainmise par Mohamed Ould Abdel Aziz lui-même et petite poignée de proches et de vassaux sur l'ensemble des richesses du pays. Et tandis que les populations se plaignent qui de la baisse du pouvoir d'achat et qui du chômage pur et simple, ces gens-là font fortune avec une insolence inouïe.

Les Ministres, les secrétaires généraux, les chefs d'établissements publics, tous ont été transformées en agents de recouvrement (maigrement rétribués, du reste) de députés de la majorité, d'hommes d'affaires ou de simples arrivistes proches du chef de l'Etat ou des siens. Qui, aujourd'hui, en Mauritanie, ne voit pas cela ? Qui ? Et l'on nous caquette que la Mauritanie n'est pas la Tunisie !

Aujourd'hui la gabegie affleure, le benalisme déborde au grand jour. La quasi-totalité des départements ministériels, les sociétés publiques, les ambassades pour ne citer qu'eux sont éclaboussées de scandales financiers. Les salaires ne sont plus payés. La monnaie nationale chute chaque jour. Et tout cela a une cause : le pays est géré comme une petite boutique de détaillant dont les recettes vont chaque jour dans les poches de la mafia au pouvoir. Et l'on nous éructe que la Mauritanie n'est pas la Tunisie !

Vaine diversion et pitoyable prétérition ! Tout le monde sait que la rhétorique ne bâtit pas les Etats, ni encore l'arrogance, ni l'inexpérience, ni l'aventurisme, ni le tâtonnement, ni le népotisme prédateur. Et ce sont là hélas les seules qualités intrinsèques du « Guide éclairé » de UPR, PRDR, UDP et je ne sais encore quels portillons applaudisseurs des pieds et des mains.

Oui nous ne sommes pas la Tunisie, en ce qu'elle a de réussi ; son éducation, son système sanitaire, son économie au taux de croissance à deux chiffres. Sans doute ! Non plus la Tunisie en ce que le général qui la gouvernait avait les gravi les échelons de l'armée et atteint, légitimement, le sommet de la hiérarchie militaire ! Sans doute !

Non, la Mauritanie, aujourd'hui, n'est pas la Tunisie qui refuse le règne de la médiocrité et tire profit des compétences intellectuelles et techniques de ses fils. Mais dire qu'elle n'est pas l'autre Tunisie, de l'autocrate Ben Ali, de la meute Trabelsi et de la kleptomanie dans les hautes sphères de l'Etat, il faut avoir des yeux goudronnés, une conscience métallisée et une âme de courtisan pour le nier.

« L'Egypte n'est pas la Tunisie » avait dit un jour Hosni Moubarak. Moins de deux semaines après le soulèvement des Carthaginois, le Pharaon prépare ses valises lâché y compris par sa propre famille, l'armée. Lui, le général aviateur héros incontestable – et incontesté- de plus d'une bataille contre Israël !! « La Mauritanie, n'est pas la Tunisie » ose Mohamed Ould Abdel Aziz, aujourd'hui. Quel autisme ! Quel Aveuglément ! Le maître actuel de notre pays, malgré nous, ferait pourtant mieux d'écouter les paroles qui fâchent et non celles qui plaisent. Pendant qu'il en est encore temps !

Ethmane Ould Bidiel
ebidiel@yahoo.fr

 

 

 

L'exclusion des haratines des organes de presse publique (radio et télévision) : L'autre faciès du racisme d'Etat !


Pourquoi est-ce que tous les régimes qui se succèdent au pouvoir ne s'entendent-ils tous que sur un seul fait, un seul : le principe d'exclure et de marginaliser systématiquement les haratines de tous les organes de presse publique, notamment, la radio et la télévision ?

Sinon comment après 50 ans d'indépendance, un demi siècle durant, ces derniers continuent- ils toujours à essuyer naturellement toutes les formes imaginables ou non de stigmatisation ? Pourquoi sont- ils toujours perçus comme le prototype idéal du paria, l'être éternellement associé à tous les clichés et assimilés à tous stéréotypes ?

En vertu de quoi on ne les interrogent à la radio et les filment à la télévision que pour les confiner et les renforcer davantage dans le rôle piteux et classique que jouaient naguère les peaux-rouges aux Amériques ou les indésirables en Inde ?

Sinon, est-il juste ou logique que toute une communauté ne puisse être que des nids d'ilotisme, de chômage, d'indigence, de fornication, de maladie, de délinquance, de dépendance, d'inexistence, de servilité, de bons à rien, etc. ?

Est-il admissible que cette communauté qui regorge, aujourd'hui, de cadres aussi compétents que le reste de leurs congénères puisse continuer à accepter la discrimination arbitraire qu'on lui impose de fait et qui, en tout état de cause, la prive d'apparaître en toute plénitude comme membre à part entière du tissu social qui forme notre riche mosaïque ? Pourquoi il n'y a que les haratines qui sont les seuls à se voir complètement privés des droits dont, pourtant, jouissent tous leurs autres compatriotes beydhane et négro-africains ?

Est-il correct ou pensable que ni les journalistes, ni les politiques, encore moins l'ensemble de l'intelligentsia n'ait pu s'arrêter, ne serait-ce, un laps de temps pour évaluer et méditer l'ampleur de cette iniquité infamante qui sacrifie les droits d'expression de, presque, la moitié de la population dont le seul crime c'est d'être mulâtre de naissance, autrement dit, noir de race et négro-arabo-berbère de culture ?

En fait, peut-on nier que c'est cette spécificité identitaire qui explique l'acharnement du système dominant sur les haratines et partant sur la « haratinité » comme concept et différence aveuglement combattu à travers une politique d'assimilation culturelle aux visées ethnocentristes pour des fins hégémonistes ? N'est-ce pas là les vraies raisons du musellement des haratines qu'ignorent délibérément les médias audiovisuels s'Etat, c'est-à-dire, radio et télévision ?

Pourquoi l'on ne se rappelle de l'existence de ces pauvres hères, les haratines, que lorsqu'il s'agit de les accabler de devoirs, les martyriser de supplice, les déposséder de leur être ? Méritent-ils vraiment ce sort ubuesque né d'une volonté et une logique rébarbatives ? Ma foi qu'est-ce qui peut justifier la pérennité de ce traitement atavique d'une iniquité grandiloquente, d'une aberration absurde et d'une monstruosité cruelle ? L'ostracisme médiatique qui ne s'est pas limité au seul fait d'occulter leurs problèmes en ce sens qu'il va jusqu'à l'entretient l'ignorance sur leur propre existence n'est-il pas une preuve abjectement indéniable de racisme d'Etat ?

Ceci étant qui en est responsable ? Qui ? Est-ce le système dominant dont les instigateurs sont les disciples de « l'école des fils des chefs » jaloux de préserver des privilèges indus hérités de leurs lointains aïeux aux pratiques répréhensibles ? Ou est-ce la procession des régimes atypiques qui leur ont succédé explorant toutes les idioties idéologiques fascistes pour transformer le pays en en officine d'idées racistes et saugrenues ?

A-t-on raison de jeter l'anathème sur les beydhanes et les beydhanes seuls ? Et les Négro-africains lesquels étaient suffisamment impliqués dans la gestion des affaires publiques de l'Etat de 1960 jusqu'en 1986, pourquoi ils n'ont pas dénoncé la mise en quarantaine décrétée sur les haratines, en dépit de l'effort fourni actuellement par bon nombre de leurs cadres, peut-être, en guise de mea-culpa ?

Toutes ces questions auxquelles je me consacrerai à donner incessamment des éléments de réponse ne semblent, hélas, soucier que peu ou prou notre élite. Et pourtant qui veut raccommoder les lambeaux de notre tissu social en loque et faire du renforcement de l'unité et de la cohésion nationales un dessein et une priorité doit commencer par asseoir la justice.

Il doit avoir le courage de dénoncer la connivence et le silence coupable des autorités et d'une large partie de la classe politique et de la société civile dans un Etat où un système de violence idéologique, physique et morale à connotation raciste et raciale contre les haratine suscite la révolte.

Ceci est d'autant plus vrai, que du fait des calculs politiciens sur fond de guerres d'intérêts, les décideurs politiques mauritaniens n'ont jamais voulu, durant un demi siècle de souveraineté nationale, se départir de leurs visions ethnocentristes, perdant de vue tous les risques qui menacent à court et à long terme la stabilité et la cohésion nationales.

En effet, la machination beydhane doublée d'une volonté manifeste de préserver la mainmise sur toutes les institutions de l'Etat par le truchement de l'acculturation des haratines au grand mépris de leur sentiment et leurs différences culturelles, raciales et psychosociales intrinsèques fait planer le spectre d'une implosion de plus en plus imparable. Les haratines récusent, aujourd'hui,la censure qui leur est soumise à tous les nouveaux de diffusion de l'information par les réalisateurs, les présentateurs, les caméramans, les techniciens de montages et, surtout, les responsables administratifs des institutions de presse.

En effet, tous ces derniers sont acquis à la logique du blocus audiovisuels décrété autour des haratines au nom de la « beydanisation » de fait issue de la volonté système de convaincre l'opinion internationale que les blancs constituent la majorité de la population.

Face à l'entêtement des autorités et leur refus de reconsidérer la place des communautés dans l'échiquier national conformément à leurs poids démographiques respectifs en fonction de leurs spécificités, il est tout à fait injuste d'en vouloir aux défenseurs de la haratinité de développer un discours nouveaux aux relents d'iconoclasme qui tranche complètement avec le langage pondéré des précurseurs d'El Hor.

On aura beau essayer de justifier la logique de domination des haratines et, au-delà, celle de tous les mauritaniens par l'entité beydhane, personne, en effet, n'en sera convaincu. Nul n'est dupe ! Cette envie d'hégémonie irascible totalement décriée découle d'une conception fondée sur des considérations obsolètes et souvent erronées. Ainsi les critères de définition des ensembles sont-ils unilatéralement et de façon arbitraire fixés par le système dominant pour préserver des privilèges indus et pérenniser l'exclusion des esclaves et les affranchis, autrement dit, les haratines.

Jusqu'à quand et à quelle hauteur les autorités sont-elles vraiment prêtes à verser dans la banalisation de faits de plus en plus exaspérants et ignorer totalement une réalité que beaucoup ressentent aujourd'hui de l'insulte ? Quels que soient leurs subterfuges dont l'objectif ne saurait, d'ailleurs, être que circonstanciel et tactique et viser à retarder encore une sentence fatale et donc imparable, l'histoire aura raison de toutes leurs manœuvres dilatoires. Elle les rattrapera, sûrement. Car, on peut bâtir un Etat sur l'athéisme, on ne peut pas le bâtir sur l'injustice.

Ethmane Ould Bidiel

  

 

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