ARTICLE 466:

  

Passif humanitaire : Boidjel Ould Houmeid veut-il
solder ses « comptes » ?

Au cours d’un meeting de la COD à Riyadh, samedi dernier, Boidjel Ould Houmeid, président d’El
Wiam a affirmé que « l’esclavage existe en Mauritanie, sous sa forme
visible et palpable » et qu’il est « inutile de parler d’unité nationale tant que ce
dossier et celui des violations des droits de l’Homme ne soient tournés de façon
définitive ».

Une sortie assez surprenante si l’on se souvient des propos du même Boidjel, sur le passif humanitaire, en septembre 2005 au cours de l’émission « Débat Africain » sur RFI quand il a dit : « Je crois qu’il ne faut pas revenir sur le passif …». Ce qui avait à l’époque suscité l’indignation de Kane Hamidou Baba qui a qualifié ces propos « incohérents et imbéciles».

Dans une interview d’un journal de la place, Boidjel était revenu à la charge : « Oui, le débat sur RFI a porté, en effet, sur le passif humanitaire. Je dois dire que lorsque l’on parle de passif, il s’agit d’un bilan. Et donc, on ne peut pas parler de passif sans parler d’actif. Or, l’actif du PRDS ou de son président Maaouiya est un actif positif, donc le bilan est positif. Et quand l’actif est supérieur au passif en termes comptables, on ne parle que de résultats. (…) mais revenons au problème des négro-africains et au passif humanitaire.

Je défie quiconque en Mauritanie qui connaît mieux ce dossier que moi et je dis
qu’on ne doit pas, en m’adressant à Sidiki Kaba, Président de la FIDH, pendant le
débat qu’il ne doit y avoir deux poids, deux mesures, qu’en 1989 lors des
évènements, il y avait 500.000 maures au Sénégal et je tiens ce chiffre des
déclarations officielles des deux anciens présidents sénégalais Abdou Diouf et
Léopold Sédar Senghor.

Ces 500.000 maures qui détenaient d’énormes moyens financiers au Sénégal, ont tout perdu et je connais même des familles sénégalaises qui se sont enrichies des biens des mauritaniens et vous savez qu’il y a eu des morts. Aujourd’hui, il y a des mauritaniens qui ont la nationalité sénégalaise qui ont été expulsés et qui sont là. Donc, on ne peut pas poser les problèmes de 63.000 et laisser ceux de 500.000 et j’ai dit que c’est prendre partie et on peut même traiter cela d’autre chose quand ce sont des négro-africains au Sénégal qui posent le problème. Je ne répondrai pas à la provocation de Kane Hamidou Baba. Je lui dirai simplement, comme je le lui ai dit ce matin au téléphone qu’il est obligé de me respecter parce que j’ai les moyens de me faire respecter. Et je lui rappelle que quand je dis que je suis à un kilomètre de la frontière du Sénégal, c’est pour lui rappeler que je suis à sa droite. Parce qu’il y a des mauritaniens qui se disent mauritaniens et qui sont à sa gauche, c’est son cas à lui. Moi, je ne mâche pas mes mots : il habite à Pendaw, il est de Pendaw, plus précisément du village de N’diayène qu’il connaît très bien puisque c’est là-bas qu’il est né et je sais quand est-ce qu’il a falsifié ses papiers et où il les a fait. Ce n’est pas un Mauritanien et çà, je tiens à le dire et à le répéter. Il est obligé de me respecter. Il est bien du village de N’diayène, du côté gauche de la rive et moi, je suis du village de Ebden, je suis de N’diago, je suis connu et je sais de quoi je parle quand je dis que je suis à un kilomètre de la frontière. Il y en a qui sont à un kilomètre mais de l’autre côté et lui, en fait partie».

Comptable de formation, Boidjel Ould Houmeid tente-t-il alors de solder ses « comptes » ?

Pourtant, au cours de ses vingt années de règne dans les allées du pouvoir, Boidjel a
été comme frappé de cécité et n’a jamais pipé mot à ce sujet quand il occupa, successivement de hautes fonctions de l’Etat : Trésorier Général, DG des Impôts, Commissaire à la Sécurité Alimentaire, ministre
du Commerce, ministre du
Développement Rural, ministre des Pêches, ministre de la Santé, ministre des
Finances, DG de la Smcp, Dg de la CNAM, ministre SG de la Présidence.

Henoune

CANALRIM

 

 

Réponse à Henoune, en tout cas, pas Ould Bousseif

Je tiens à informer celui qui est derrière ce pseudonyme de Henoune que je ne renie pas mes déclarations en rapport avec les questions soulevées. D’abord, il convient de placer mes propos dans leur contexte : je m’exprimais en tant que président de la COD, donc je parlais au nom des présidents des partis membres de la COD et ce que je disais reflétait leur position sur la question évoquée.

Quant à ma position concernant les 500 000 Maures expulsés du
Sénégal, elle demeure inchangée, car ces gens avaient été dépossédés et en partie tués ; je continue à poser leur problème, parce que je le connais profondément, je l’ai vécu et mes parents en ont été victimes.

Ma position à moi est qu’il fallait, dans l’intérêt de la
Mauritanie, dépasser ces problèmes qui divisent, ce qui du reste a été décidé à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Maintenant que les dirigeants du pays, particulièrement le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ont jugé utile de remettre les questions relatives à l’esclavage et aux réfugiés à l’ordre du jour pour y trouver des solutions, je me dois de donner mon point de vue là-dessus.

Par rapport à l’esclavage, je rappelle à votre attention que je fais partie des dirigeants du Mouvement El Hor qui ont le plus donné d’eux-mêmes pour cette cause ; j’ai été emprisonné et jugé au célèbre procès de Rosso ; j’ai été le seul dirigeant du Mouvement à être arrêté en 1980 et incarcéré dans les locaux des Sapeurs-pompiers, suite à une manifestation à Teyarett qui dénonçait un cas d’esclavage.

Et puis, vous me faites dire ce que je n’ai pas dit. Ce que j’ai dit, c’est que des témoignages qui nous ont été relatés prouvent qu’il existe encore des cas d’esclavage en
Mauritanie et tant qu’il y a des cas pareils et des violations ciblées des droits de l’homme, notre unité nationale sera menacée ; donc, dans l’intérêt de cette unité nationale, il vaut mieux résoudre ces questions.

Au passage, vous semblez vouloir minimiser mon cursus et faire un peu d’esprit, en me qualifiant de comptable de formation, j’en serais fier ; Sachez toutefois, comme vous avez l’air de vous intéresser vraiment à ma personne, que je suis, non pas comptable, mais Administrateur de Régies financières, sortant de l’
ENA en qualité d’inspecteur du Trésor et de l’Ecole Nationale des Services du Trésor de Paris, après un concours organisé en 1983 à l’Ambassade de France pour les inspecteurs des Impôts et les inspecteurs du Trésor (ce concours était organisé annuellement par le Ministère français des Finances dans tous les pays francophones); j’étais le seul Mauritanien admis et le major de l’Afrique.

Je peux vous donner les noms de trois Mauritaniens qui ont fait cette Ecole : Dr
Mohamed Mahmoud Ould Mah de la promotion de 1978, Diop Abdoul Hamath de la promotion de 1982 et Thiam Diombar, trois promotions ou quatre après moi. Si pour vous tout ce monde est comptable, alors je le suis aussi. Au fait, dans ma carrière qui vous intéresse tant, vous avez oublié de citer Contrôleur d’Etat, Inspecteur général des Finances et chef du Service central de la Solde.

Vous dites que pendant ces vingt dernières années, je n’ai jamais pipé mot à ce sujet. Je ne sais pas exactement de quel sujet vous voulez parler, mais remarquez quand même qu’au retour des réfugiés du
Sénégal, Keur-Macène est la seule des Moughataa du fleuve à ne pas avoir de réfugiés revenant du Sénégal. Vous voulez savoir pourquoi ? Demandez-le aux ressortissants du département et notamment à ceux de N’Diago que j’ai fait revenir au lendemain de leur expulsion, et demandez aussi au Ministre de l‘Intérieur de l’époque, Djibril Ould Abdallahi, combien de fois je l’ai interpelé à ce sujet.

Ils vous raconteront ce fameux jour de l’Id El Kebir où des centaines de ressortissants de l’arrondissement de
N’Diago, Oulofs et Peulhs, venant des villages de N’Diago, Thiouk, M’Bayo, Diahoss ont été expulsés de l’autre côté du fleuve ou parqués au barrage de Diama en vue de leur expulsion. Ce jour-là, une forte délégation a été envoyée par les notables de N’Diago, dirigée par feu Doudou Fall Samba Nor, le fils du chef de canton et Souleymane Diop encore en vie ((Al hamdoulillah) et cette délégation est venue me voir.

Immédiatement, je me suis mis à résoudre le problème et le même jour, tous ceux qui étaient parqués au barrage de
Diama ont été ramenés chez eux et le même jour, feu Doudou Fall a été dépêché au Sénégal pour faire revenir ceux qui avaient déjà traversé le fleuve et tous étaient revenus à l’exception d’un certain Oumar Diop, un maçon de nationalité sénégalaise. Qui a fait revenir ce monde, qui, malgré sa fonction de réserve, était debout au milieu de ces citoyens à la plage, affolés à l’idée de devoir quitter le pays ?

En tout cas, ce n’est pas «
Henoune, en tout cas pas ould Bousseif » (Anani ?), qui devait être certainement caché quelque part, comme il le fait actuellement derrière un prête-nom, n’osant pas dévoiler son identité.

Quand je dis «
Henoune, en tout cas pas ould Bousseif », c’est que ce dernier était un guerrier des Oulad M’Barek, connu pour sa bravoure et ne se cachait donc pas devant ses ennemis et à fortiori devant ses adversaires politiques. Anani, pour ceux qui, contrairement à Henoune, ne comprennent pas le pulaar signifie : tu comprends ?

Donc, Monsieur
Henoune Kane rassurez-vous, Boydiel ne renie pas son passé, ni ses convictions et encore moins ses positions par rapport aux deux questions soulevées ; il ne cherche pas à solder ses comptes, parce qu’il n’y a rien qui l’oblige à le faire. Quant au bilan du président Maaouya, ma position est toujours la même : je continue à soutenir que son bilan pour la Mauritanie est plus positif que jamais.

Pour ce qui est de mes positions concernant l’élevage, vous pourrez lire la dernière interview que j’ai donnée à ce sujet au journal
Le Calame. Pour améliorer davantage encore un peu plus la connaissance que vous avez de moi et de mes positions.

Boydiel Ould Houmeid

  

 

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