ARTICLE 465:

  

Une année après l’élection de Aziz:L’heure du bilan

Le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, va faire le bilan des différentes réalisations de son régime au terme d’une année d’exercice du pouvoir, dans le cadre d’un show politico-médiatique organisé mercredi dans la soirée au Centre International des Conférences de Nouakchott (CICN-Palais des Congrès). Il y a juste un an jour pour jour que le président de la République, Mohamed Oulld Abdel Aziz  avait prêté serment devant le Conseil Constitutionnel le 5 août 2009 au cours d’une cérémonie grandiose organisée à l’Office du Complexe Olympique (OCO) de Nouakchott.
Le chef de l’état va ainsi faire face à la presse nationale et internationale, et à un public dont les membres ont été choisis dans les communes de Nouakchott.  Des hommes et des femmes triés, semble-t-il, sur le volet grâce aux soins d’une administration locale traditionnellement attachée au principe du politiquement « correct ».
Un exercice inédit dans le contexte mauritanien  sur le modèle du bolivarien Hugo Chavez, au cours duquel  Mohamed Ould Abdel Aziz passera en revue le  bilan de son pouvoir  à la fois au plan  politique, économique, social, sécuritaire et la configuration actuelle des rapports diplomatiques avec l’environnement sous régional de la Mauritanie au Nord (Algérie et Maroc) et au Sud (Mali et Sénégal).
Un petit regard sur le rétroviseur des deux dernières années de la nation mauritanienne (dans une phase de gestation extrêmement douloureuse) renvoie au coup d’état du 6 août 2008, qui a renversé le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. La suite est une bourrasque politique et institutionnelle. Une crise dont la première dimension se dilue dans l’accord de Dakar du 2 juin 2009, emportant la démission d’un président, de toutes les façons, déjà déchu. D’où la reconnaissance d’un fait accompli.
Taillé sur mesure au profit d’un candidat en campagne depuis une année par « les moyens de l’état », selon ses détracteurs, le scrutin présidentiel du 18 juillet 2009 est marqué par la victoire de l’ex putschiste, désormais investi de la reconnaissance des urnes grâce à un accord politique entre trois mouvances : le camp de Mohamed Ould Abdel Aziz, le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD).
L’ex officier général est alors investi de la légitimité des urnes et devient président de la République.
La contestation pour « fraude et manipulation » des principaux candidats écrasés, prolonge la dimension politique de la crise.

Une victoire éclatante…des points sombres


Une attitude de la classe politique en dépit de laquelle l’ex commandant en chef du Bataillon de Sécurité Présidentielle (BASEP) se retrouve dans une posture lui permettant de grignoter régulièrement des points allant dans le sens de la reconnaissance par ses adversaires. Au finish, il est arrivé à un stade qui lui permet de revendiquer légitiment une victoire éclatante au plan politique. La dernière en date est la douce « reddition » de l’opposant Ahmed Ould Daddah, président du RFD et chef de file institutionnel de l’opposition.
Pour la période poste élection présidentielle 2009, le premier discours devant l’assemblée nationale, du président Messaoud Ould Boulkheir, leader de l’Alliance populaire Progressiste (APP) et autre grosse pointure de l’opposition historique, était déjà une forme de reconnaissance.
Le Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-ADHIL) et El Wiam ont manifesté en diverses occasions leurs bonnes dispositions.
D’où, au plan politique intérieur, un incontestable triomphe pour le prince qui nous gouverne.
Un constat positif pour une maîtrise progressive du front intérieur quelque peu contrarié par le caractère relativement modeste des réalisations économiques et sociales. Celles-ci se résument à quelques projets non structurants avec une absence totale d’effets induits sur le fort taux de chômage et la faiblesse d’un pouvoir d’achat pris dans une spirale d’érosion continue. Le mode de promotion des cadres au sein de la haute administration (état et entreprises publiques) est fortement décrié. Ce qui provoque un malaise réel et donne le sentiment d’un fonctionnement bloqué par des choix purement politiques sans souci de compétence et un appareil d’état plombé par une invasion « novice» de nouveaux venus ou parvenus. Point de vue défendu par un nombre important d’observateurs.
Il faut ajouter à cela la vive contestation ayant marquée les rapports entre l’état et l’écrasante majorité de ses agents dans le processus d’attribution des indemnités de transport et de logement.
Pour la dimension sécuritaire, le combat contre le terrorisme à la mode Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) est désormais engagé, mais reste incertain quant à son issue.
Au plan diplomatique, la position Mauritanie reste timide, et même fragile. Mis à part la cérémonie d’investiture ayant attiré au plus haut niveau quelques voisins d’Afrique noire, les visites de chefs d’états étrangers à Nouakchott sont devenues une « denrée » quasiment introuvable. Seul le président Omar Hacen El Béchir du Soudan, sous le coup d’un mandat d’arrêt du Tribunal Pénal International (TPI), est venu chez nous, histoire de faire un pied de nez à ses juges.
Mohamed Ould Abdel Aziz ne s’est toujours pas rendu en Algérie et au Maroc. Les rapports avec le Mali connaissent une dégradation continue à l’épreuve de la lutte contre la nébuleuse terroriste.
Les relations avec le Sénégal restent correctes, mais pas forcément à leurs niveaux des premiers mois de pouvoir du président Ould Abdel Aziz. Alors, que peut-on dire en définitive du bilan de Aziz, une année après son accession légale au pouvoir ? Pas grand-chose : beaucoup de bruit, des chantiers ‘’bitumés’’ et très peu d’incident sur l’emploi, le pouvoir d’achat et le bien être. Impuissants, les gens commence à composer avec la réalité et continuent de scrutent l’avenir.

Cheikh Sidya -biladi

 

 

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