ARTICLE 456:

  

Université de Nouakchott : un détournement envisagé à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines?



Depuis les appels à la transparence et la rationalité du Président de la république, on avait cru que l’espoir était permis aux citoyens mauritaniens, y compris dans le sanctuaire que constitue l’Université, mais le hold up financier en cours d’exécution à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines nous rappelle que nous sommes loin de sortir de l’ornière. Le système de « copinage » et autre discrimination interpelle tant notre sens de la déontologie que notre patriotisme et, à ce titre, nous oblige à informer l’opinion mauritanienne et les autorités compétentes. En effet, en 2008, sur demande du Syndicat National de l’Enseignement du Supérieur (à l’époque seule centrale syndicale), le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique avait accepté de consentir une enveloppe de quelque million pour récompenser les enseignants du supérieur ayant eu le meilleur rendement académique de l’année. La gratification s’élevait alors à 250 000 ouguyas accompagnés d’une attestation. Si la somme est loin d’être importante, elle consacrait cependant un grand réconfort moral aux lauréats.

Cette année, voulant rendre l’attribution de ce prix plus objectifs, quelques uns des initiateurs de la deuxième session proposèrent l’élaboration d’un éventail de critères permettant de départager les candidats au dit prix. Ces critères annotés en 80 points sont divisés en 4 grandes rubriques parmi lesquels on peut citer : le volume horaire dispensé par l’enseignant, son assiduité, son diplôme universitaire le plus élevé, ses publications pour ne citer que les éléments principaux. Seulement la majorité dans l’administration de la  Faculté des Lettres et Sciences Humaine (Décanat, Service académique, chefs de département) et les représentants de la section syndicale  de la FLSH réunis pour délibérer sur les critères d’éligibilité s’est rendu compte que quelques lauréats de la première session risquaient encore de remporter le fameux prix pour la deuxième fois consécutive si l’éligibilité se faisait sur la base des seuls critères d’excellence et de rendement académique. Aussi trouvèrent-ils la parade appropriée : ceux qui ont été lauréat ne sont plus éligibles ! Ce critère qu’ils prirent le soin de ne pas transcrire dans leur grille « critrielle », en plus d’être malhonnête, fausse de facto, à la fois l’esprit et la lettre du principe même de prix. En effet, l’esprit du « prix » est censé instaurer une émulation saine entre les concurrents potentiels et les pousser à se dépenser davantage pour se hisser au sommet… La lettre du « Prix » voudrait que tous ceux qui se sentent capables de postuler aient le droit de le faire et que seule l’excellence permette de les départager. Alors l’origine raciale ou ethnique, l’appartenance politique ou l’affiliation syndicale d’un candidat potentiel ne doivent en aucune manière être des tremplins pour sa disqualification de la course.

Plusieurs fois dans ma bien courte histoire d’Universitaire mauritanien je me suis senti discriminé dans cette anarchique Faculté des Lettres et Sciences Humaines, mais jamais ma frustration n’a atteint cette limite. Aussi si cette tendance discriminatoire se confirmait dans les jours à venir, l’Université de Nouakchott entrerait alors dans une phase si cruciale que sa stabilité et sa pérennité seront alors très gravement compromises. C’est pourquoi, les autorités de l’Université au premier rang desquelles son Président, et au-delà, le ministère de l’enseignement secondaire et supérieur qui a décaissé cet argent, doivent se sentir interpellés par cette inadmissible injustice… Si la transparence clamée par le Président de la république n’est pas un vain mot ils ont le devoir de rectifier le tir !

 

Mamadou Kalidou BA

                                    Maître de conférence à la FLSH , Université de Nouakchott*

Mamadou Kalidou BA

Maître de conférences                                                                                                                                      

(Littérature africaine, critique littéraire) 

Université de Nouakchott

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