ARTICLE 454:

  

Déportés au Mali :
Quand Ould Boilil rame(dan) à contre-courant:

 

Quand, au temps de la «grande gloire» du manitou du PRDS (walaa hawla walaa qawwat illaa billaah), les ouistitis qui composaient l’essentiel de sa cour couraient qui à Durban, qui à Dakar, qui d’autre à Banjul et à Madrid pour noyer dans la fange de leurs esprits brumeux les malheurs des nôtres déportés à côté, on se disait une chose : c’est un effet de mode, puisque parler d’effets de manches pour ces avocats dont le diable en personne ne voudrait s’accommoder serait faire injure à cet être bien cornu dont la queue s’apparente à une corne d’abondance pour certains.

Quand, l’ancien Premier ministre de
Maaouya (le Mauritanien) – à ne pas confondre donc avec l’Ommeyyade, le fils de Abou Soufiane – quand, dis-je, ce Premier ministre, Maître Sghair Ould M’Bareck, tapait du poing sur la table pour traiter les députés de l’opposition, et à leur tête Messaoud Ould Boulkheir d’Action pour le Changement, «d’ennemis de la nation», tout le monde se disait une chose : crier haro sur le baudet de la «mouaarada» était bien payant.

Mais, qu’aujourd’hui, après que l’entreprise PRDS (walaa hawla walaa qawwat illaa billaah) ait fait faillite, que les créanciers venus réclamer leur dû n’aient eu que leurs yeux pour pleurer la fuite du gérant et la dispersion de la troupe folklorique qui animait la cour du roi Ubu; qu’aujourd’hui, un ministre de la République vienne soutenir, devant les élus du peuple et le sanctuaire qui légifère, que «la Mauritanie n’a expulsé aucun citoyen vers le Mali», il y a lieu de se poser une question : le Gondwana de l’humoriste Mamane serait-il la Mauritanie?

Sortie de la bouche d’un simple quidam, la «
chose» aurait pu passer (avec un peu d’eau – du fleuve Sénégal? – et une pincée de laalo) mais l’inquiétant c’est que c’est Mohamed Ould Boilil, le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, qui ait sorti cette bourde (n’ayons pas peur des mots, car on ne peut qualifier autrement la sortie tout aussi hasardeuse que bondissante de cet ancien administrateur reconverti en politicien).

Un journaliste sénégalais s’était demandé, peu avant le Mondial 2002, après une sortie non moins hasardeuse du goal des
Lions de la Téranga si l’auteur de cette «Arconada» n’était pas plus un portier de nuit qu’un gardien de buts.

En effet, c’est inquiétant :
Mohamed Ould Boilil est un administrateur à la retraite; Mohamed Ould Boilil est un ancien wali; un ancien wali de la Vallée. Ould Boilil n’a donc aucune excuse : il sait plus que quiconque ce qui s’était passé; il a donc tenu ses propos sciemment, volontairement, sans contrainte et sans que quelqu’un lui ait mis du «sucre sur la langue».

Monsieur
Ould Boilil, la question sur l’existence d’expulsés mauritaniens au Mali ne se pose même pas; la question à laquelle on vous demandait de répondre c’est : «Quand est-ce que ces expulsés-là allaient revenir?». Si vous n’aviez pas de réponse conséquente à donner à l’Assemblée, il y a pourtant toute une panoplie de manœuvres dilatoires pour s’en tirer sans contusions sur le corps, ni cors au pied – et pour vous et pour le gouvernement de tambourinaires (du Burundi?) que vous représentez.

Soulèy, le fameux marabout de la série «Bobodioufs», aimait dire que «Les consultations familiales, c’est zéro!» mais moi, une âme charitable, et par charité musulmane (d’autres diraient chrétienne), je vous offre mes services, sans bourse délier, sans per diem ni «raghba» de mouton ou reste de «kisré» comme compensation. Je le fais gratuitement, convaincu que Monsieur Mohamed Ould Boilil, à prime abord, est un brave type.

Monsieur
Mohamed, devant les offensives des députés de l’opposition – ceux de la majorité étant, sur la question considérée, des tombeaux – vous auriez pu :

- faire le dos rond, faculté qui n’est pas donnée qu’aux chats (consulter à ce propos les aventures de «
Tom et Jerry»);

- faire le mort : on est en pays musulman et quand bien même l’honorable
Kadiata Malick Diallo et ses amis chercheraient le scalp des ministres de la République, il ne viendrait à l’esprit de personne de demander des comptes à des cadavres, quoiqu’on voit sous nos tropiques des fossiles et autres dinosaures diriger des conseils d’administrations ou même - le comble pour des zombies – «sortir» à la télé (TVM est certes une pyramide mais les Mauritaniens conçoivent de plus en plus mal que leur boîte de résonance continue à être prise pour le hangar de Néfertiti, d’Aménophis, d’Akhenaton et autres Toutmosis);

- se faire accompagner d’une armada de souffleurs de «
Vuvuzela» qui, à chaque fois que l’opposition entame une offensive dangereuse, se mettront à faire bourdonner leurs instruments pour enrayer le péril. Si ce n’est pas suffisant, quelques cars, précédés d’un convoi de «yaay boy» congelés, feront une tournée du côté de Hay Saakin pour rameuter les soutiens du Président des Pauvres;

- apporter 60 matelas, 15 théières, 95 coussins, 2 «
kouzounouzou», 7 «couscousseuses» et une troupe de «Khoumbeul» : le matériel c’est pour endormir les députés genre Moustapha Ould Bedredine, et la troupe de Khoumbeul c’est pour égailler les élus insomniaques. Mais attention! L’Assemblée n’est certes pas une mosquée, mais ce n’est pas pour autant un lieu d’agapes ou de luxure : que les adeptes du «reug-reug boudian» et autres «wouppaa diam» se calment donc, il ne sera toléré que le rythme «Armomiin», sans déhanchements lubriques ni «mbarass» multicolores…

Si, après avoir essayé toutes ces recettes, l’Assemblée continue de réclamer le retour des expulsés mauritaniens au Mali, il reste une dernière solution : envoyer à
Bamako une délégation de l’ANAIR avec quelques citoyens lambda des sites de Rosso. Je vous assure, Monsieur Mohamed, il suffirait qu’on explique aux candidats au retour à la mère-patrie le calvaire enduré par ceux qui sont déjà revenus pour les voir plier le barda et s’éloigner de la frontière. Qui sait? Dans leur ultime «magnanimité», s’en iront-ils au Darfour?

«
La Mauritanie n’a expulsé aucun citoyen vers le Mali»… On croit entendre les anciens «waggaava» de Maaouya. Mais ne désespérons pas de croire que ce n’est pas là le fond de la pensée de Mohamed Ould Boilil. Que, comme on le dit si bien : on l’a mal compris. Que nous l’avons TOUS mal compris. Amen.


Rachid LY


 

 

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