ARTICLE 423:

  

Le président de l’IRA, Birame Ould Abeid Ould Dah à la presse:

“Notre discours est un discours de dénonciation systématique et sans concession …”

NOUAKCHOTT-INFO

Le Forum des Organisations Nationales des Droits de l’Homme (FONADH) a abrité, hier, une conférence de presse animée par le président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), M. Birame Ould Abeïd Ould Dah et à laquelle ont pris part, en tant que victimes de l’injustice, un militaire «radié» de l’armée mauritanienne et le journaliste Hanefi Ould Dahah, libéré le jour de la fête du Id El Maouloud, à la faveur d’une grâce présidentielle dont ont profité 100 détenus de droits communs. Ould Birame fera une présentation de la situation des droits de l’homme avant de passer la parole aux autres conférenciers pour apporter des témoignages sur la violation de droits humains dont ils se disent avoir été victimes.

 Fidèle à sa ligne de combat contre la violation des droits humains et de l’injustice sociale, Birame Ould Dah dira d’emblée: «Nous sommes désolés de constater que le groupe des imams ou la classe des clergés mauritaniens ont été lancés par le système (le pouvoir actuel, ndlr) contre le mouvement abolitionniste que nous sommes. Parce que le système a échoué à faire ombrage à nos actions, à nos discours, à nos activités à l’intérieur du pays et à l’extérieur. Parce que ce sont des activités et des discours fondés sur la vérité, sur le soutien inconditionnel aux plus humbles, aux plus faibles et aux plus opprimés». Et le président de l’IRA de poursuivre: «Notre discours est un discours de dénonciation systématique et sans concession aux racistes et à l’esclavage qui structure la société mauritanienne, l’Etat et ses différents corps constitutifs. Nous considérons bien que certains discours arabophones et/ou des nationalistes arabes clament la fraternité entre les Maures et les Haratines par l’apparence et par le discours. Mais cette fraternité ne s’est jamais traduite dans les actes. Ce qui se traduit dans les actes, ce sont des pratiques esclavagistes contre les esclaves et les anciens esclaves, ce sont des pratiques raciales et discriminatoires contre les noirs. Ces deux pratiques ont davantage scellé la communauté de destin entre les Haratines d’une part et les négro mauritaniens d’autre part».

 

«Pourquoi les nationalistes donnent une place seconde à la fraternité musulmane?»

 

Le Président de l’IRA, continuant sa diatribe, s’est interrogé: «Pourquoi les nationalistes donnent une place seconde à la fraternité musulmane et donnent une place prépondérante à la solidarité ethnique et au panarabisme ? Car le soutien qu’il donne à la cause palestinienne et à la cause irakienne, qui sont justes, et le soutien qu’ils donnent à la cause d’Omar El-Béchir et celle de Saddam Hussein, qui sont des causes injustes, ils le font tout en refusant tout soutien à la cause de leurs frères de l’intérieur, que sont les Haratines, les esclaves, les anciens esclaves et les noirs. Nous voyons des manifestations, des conférences et des articles au profit d’Omar El- Béchir, de Saddam Hussein et à la cause palestinienne, mais jamais au profit de la cause des esclaves et des anciens esclaves d’ici, de la cause des noirs victimes du racisme, de discrimination raciale et d’exécution extrajudiciaire, jamais. Quelle est cette fraternité musulmane? Elle n’existe pas. Donc, ils n’ont qu’une fraternité ethnique et raciale».

Evoquant le cas des élus du peuple, il indiquera : «Je voudrais dire aussi que les élus du peuple n’ont aucune distinction à cause de leur démission vis-à-vis des problèmes de leurs électeurs de la Vallée. Voilà ces gens, ils sont de la vallée» (il se lève et les indexe). «Ils ont été expropriés de leur terre et sont réduits à la mendicité. Leurs terres ont été données aux hommes d’af faires, aux of ficiers supérieurs de l’armée et aux grands dignitaires du régime. Et les élus sont là, perçoivent l’argent de l’Etat, c’est à dire l’argent du contribuable et ne pipent aucun mot sur les problèmes de ces gens. Il y a 33 sites des réfugiés à Rosso. Tous ces réfugiés sont revenus dans leur pays et n’ont rien trouvé de leurs biens par la manigance et par la tromperie des autorités. On les met chaque jour en prison parce qu’on les accuse de venir prendre la terre des autres. Je dis à ces gens victimes, qu’elles ne peuvent conquérir leur droit que par une lutte pour leur droit civique, que par des actions de désobéissance systématique. Ils ne doivent pas se résigner aux actes de justice et aux arrêtés administratifs qui ne sont que des arrêtés injustes, à caractère d’expropriation, racial et esclavagiste. Ils doivent récuser ça par une manifestation publique.»

 

Témoignages de certaines victimes

 

Passée cette introduction musclée, Birame Ould Dah donnera la parole aux autres conférenciers qui feront chacun son témoignage. Ahmed Samba Diallo, ancien déporté au Sénégal  «Je fais partie des victimes des douloureux événements de 1989. Comme plusieurs d’autres mauritaniens, j’ai été mis à nu et jeté du côté du Sénégal. Nous avons regagné notre patrie, la Mauritanie à la faveur de l’accord tripartite (Mauritanie, HCR et Sénégal). Les responsables, nous ont mis en confiance pour regagner notre pays en nous rassurant de rentrer en possession de nos droits. Mais jusqu’à présent, nous n’avons rien eu et sommes abandonnés à nous-mêmes».

Alioune Ould Brahim, militaire radié de l’armée mauritanienne : «J’étais militaire de carrière et parachutiste de formation. En faisant des manoeuvres d’exercice, j’ai fait un accident. Un accident qu’on peut qualifier d’accident de travail. Par conséquent, j’ai été transféré à l’hôpital militaire. Le médecin a diagnostiqué que je n’étais plus apte au service. Une commission militaire devrait statuer sur ma vie. Mais non, le commandant, qui est rentré en possession de mon certificat, m’a dit que je ne suis qu’un déserteur de l’armée et qu’aux yeux de l’armée, je suis considéré comme un démissionnaire. Après 25 ans dans l’armée mauritanienne, je me suis retrouvé dans la rue sans droit, ni rien du tout».  Hanefi Ould Dahah, journaliste et ancien prisonnier : «Il y a trop de personnes dans la prison civile de Dar Naïm. On y trouve à peu près 1095 prisonniers. A l’intérieur, il n’y a pas de médicaments. Les prisonniers ne sont pas du tout dans de bonnes conditions sanitaires».

 

COMPTE RENDU DE CAMARA MAMADY

 

 

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