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        ARTICLE 413:

A.H.M.E.

  ARTICLES DE ELY OULD KROMBELE

 

A propos du fils du prefet de Nouadhibou


La thématisation des propos inappropriés d’un jeune homme meurtri par le stéréotypage de sa propre société et la religiosité aidant, de certains de ses contemporains, monopolisent encore « l’agora » de la republique islamique de Mauritanie.


Au-delà de l’aphorisme intenté à l’encontre de Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir qui n’a pas su placer le questionnement introspectif dans son contexte paradigmatique, faut-il derechef une exégèse de notre sainte réligion incarnée dans ce bas monde par le prophète de l’Islam, Mouhammad (PSL).

Aussi faudrait-t il, sans ménagement distinguer entre le concept de l’islam,religion celeste, transcendantale et le substantif »Musulmans », créatures immanentes et transitoires. Pour cela, nous avons le devoir de nous poser des questions existentielles ou ponctuelles :

pourquoi l’Islam,après s’être imposé comme religion de paix d’abord, ensuite modèle révolutionnaire spatio-temporel, se voit-il rebuté, vilipendé aujourd’hui ?

Pourquoi reproche-t-on à l’Islam et à tort de vouloir entretenir des poncifs archétypaux, à savoir le système de castes,la stratification de nos sociétés,la stagnation dans tous les domaines publics alors qu’à priori, notre réligion, d’essence progressiste, est incompatible avec toute idée de domination et surtout de discrimination ?

Enfin faut-il attendre la clemence pour Ould M’Kheitir de ceux-là mêmes et leurs semblables qui,des siècles durant ont corrompu la liturgie islamique à leur profit ?

Vox populi,vox dei
Au commencement était l’homme, cette « res cogitans » ou chose pensante, jetée dans un point miniscule de l’immensité vertigineuse de l’univers. Dieu, le Clément pour mettre fin à l’état de solipsisme de sa misérable créature, S’est Manifesté trois fois par l’intermédiaire de Ses Envoyés dans une contrée qui semble être le nombril du monde,le moyen-orient :

d’abord il y a eu Moussa (Aleihi Salam), ensuite Ichua ou Issa Ibn Mariemé (Jésus pour les Occidentaux) et enfin le sceau des Prophètes Mouhammad Ibn Moutaleb au début du 7ème de l’ère chrétienne. Notre prophète (PSL) a tout fait pour changer l’entreprise humaine de mal en bien.

Imaginez le monde d’il y a 13 siècles en général et l’Arabie en particulier ! Là où ne regnaient qu’injustice, paganisme, inceste, absence totale d’éthique, de droit et j’en passe. Mouhammad (PSL) a tenté de revolutionner la pensée, d’établir la justice, de parfaire les rapports sociaux. Il a posé les axiomes et les postulats moralisateurs pour l’émergence d’une société juste, apaisée et progressiste.

Son héritage spirituel constitue un acquis civilisationnel incommensurable pour toute l’humanité. De son vivant, il n’avait ni esclave ni forgeron, ni griot ni lopin de terre, ni rente viagère ! En guise d’épitaphe, il nous a laissé le Saint Coran véritable outil dont les enseignements depassent l’entendement !

Mohamed Ould M’Kheitir en voulant faire la philologie de l’Islam, s’est trompé de sujet. C’est plutôt la société dans laquelle il évolue qu’est responsable des affres dont il souffre. Au-delà de la responsabilité de la société,il y a aussi celle manifeste des victimes de cet abominable système de castes.

Si selon Sartre « nous sommes condamnés à être libres », pourquoi ceux qui sont reduits à l’état de « strates », de castes, de servage, acceptent-ils leur condition peu enviable ? Dois-je accepter d’être mis dans un moule incommode et humiliant toute l’éternité alors que je n’ai choisi ni mes parents, ni la couleur de ma peau,encore moins mon lieu de naissance ?

La notion de forgeron, de griot, d’esclavage, de tisserand, de cordonnier etc sont des considérations contraires aux valeurs de l’Islam donc inacceptables d’abord pour ceux qui les subissent, qui les vivent ensuite pour tous les hommes épris de justice.

Après le « justicier » Biram, ne faut-il pas sauver le « soldat » Ould M’Kheitir également ?

La liberté d’expression plusieurs fois évoquée sur le net en ce qui concerne le fils du prefet de Nouadhibou, doit avoir aussi ses limites surtout quand elle peut porter atteinte à la dignité, heurter la sensibilité des humains dans l’exercice de leur culte. Le ballet dyonisiaque recent du comédien M’Balla M’Balla Dieudonné et les autorités françaises illustre cette assertion.
Dieudonné a été censuré parce que son spectacle heurte la « dignité » des Juifs. Il faut reconnaitre que pour l’homme en général, le musulman en particulier il y a des lieux et des figures sacrés que toute personne jouissant de ses facultés mentales doit respecter.
Je suis sûr d’une chose que si Ould M’Kheitir avait tenu ses propos du temps de Mouhammad  (PSL), notre prophète lui aurait pardonné. A la justice mauritanienne d’en faire autant et de s’atteler à recevoir un troisième révolté. Car après l’autodafé de Biram le hartani, le blasphème de Mohamed le forgeron, reste celui bientôt du griot.
Ainsi va la Mauritanie. Une véritable « révolution » (au sens étymologique du terme)de la Mauritanie d’en-bas qui, au lieu de se frotter à la Mauritanie d’en-haut, botte plutôt en touche.


Capitaine Ely Ould Krombelé

 

 

 L’Armée mauritanienne ou la nécessité d’exister
(suite et fin)

L’armistice du 11 novembre 1918 mettant fin à la 1ère Guerre mondiale suite à la défaite de l’Allemagne, a été signé dans un wagon-restaurant du train de commandement du maréchal Foch, près de Compiègne.

Plus qu’un armistice mais plutôt une capitulation qui sera vécue comme une humiliation par tout le peuple germanique. L’humiliation sème la frustration chez les peuples et peut engendrer un cri outrancier ou vindicatif.Comme ce fût le cas de la même Allemagne avec l’arrivée cette fois d’Adolf Hitler au pouvoir en 1933 afin de « laver l’affront de la Grande Guerre ».

Ainsi les générations futures feront leur propre Histoire à partir de circonstances héritées du passé, soit-il illustre ou exécrable’ « anschluss » à la mauritanienne qui, au lieu de parfaire la réunification en 1975 avec nos frères « égarés » du nord, s’est plutôt soldé par trois longues années de guerre éprouvantes pour toutes les composantes de notre pays sans jamais atteindre les objectifs escomptés.

Si les militaires étaient unanimes sur l’opportunité d’arrêter la guerre pour plusieurs raisons en déposant feu Mokhtar Ould Daddah le dix Juillet 1978, ils ne le seront pas sur les conditions de faire la paix quel qu’en soit le prix.

C’est à la fin de l’année du 1er coup d’Etat que l’on pouvait voir se dessiner au sein de l’instance suprême de l’époque, le comité militaire de redressement national, les différentes « chapelles » habillées qui, en pro-marocains, qui en pro-algériens, au moment où la voix des patriotes mauritaniens est mise au pilori !

A cette période cruciale de notre Histoire le « clan des algériens » avait le vent en poupe surtout après la mise en minorité de feu colonel Moustapha Ould Mohamed Salek ou encore la mort subite de feu le colonel Bouceif dans un accident d’avion du Garim en partance pour Dakar.

Il est fort à parier que si les algériens par Polisario interposé n’avaient pas misé sur une « cinquième colonne mauritanienne » népotique, ils auraient pu se contenter d’un modus vivendi moins avantageux pour eux, autrement moins affligeant pour nous.

Ainsi pour souligner davantage le caractère désobligeant de ces « accords d’Alger »d’août 1979,la délégation mauritanienne était conduite par feu le colonel Ahmed Salem Ould Sidi descendant d’un émirat dont les bons rapports d’avec le royaume du Maroc ne sont un secret pour personne !

L’impunité au niveau de la magistrature suprême incarnée ici par l’Armée a commencé ce mois d’août 1979 où des pourparlers mal négociés, bradant les intérêts supérieurs de la nation ont gravé en nous le « complexe du homar ».Et, plus de trente ans après, nous n’avons pas encore grandi.

Auparavant nous avions capitulé sans conditions, et n’avions pas su gagner la paix non plus, encore moins en profiter : « malheur aux vaincus » ! D’où le début d’une impunité martiale dès 1980, date à laquelle l’on voyait surgir l’émergence du « monarque républicain » ou chef d’Etat militaire tout puissant outillé d’une Armée, certes nationale mais toute à sa dévotion.

Si Khouna Ould Haidalla n’a pu faire que le temps d’une mandature (1980-1984), le règne de Maawiya Ould Taya(1984-2005)a entamé l’image de notre Armée. Au-delà des purges de 1990, des coups de mains perpétrés par des bandits se réclamant de notre sainte religion, c’est l’existence même de l’Armée qui était mise en cause de par son manque de moyens, son administration hétéroclite, son moral aux talons.

Ce tableau sombre est à mettre aussi sur la complicité coupable de l’Etat-major de l’époque. Jusqu’à présent, à nos futurs officiers sortant de l’EMIA d’Atar il n’est pas encore enseigné une politique de défense à long terme puisant dans nos réalités géo-politiques ou géo-stratégiques.Certes depuis 2009 où le pouvoir a tendu l’oreille aux chants des sirènes de l’occident en matière de lutte contre le terrorisme,notre Armée a ingurgité aussitôt un essor prodigieux en équipements, en organisation et autres entraînements contre un ennemi non conventionnel dont la stratégie est la frappe et l'esquive.

Nos partenaires français et américains dans ce combat contre le terrorisme nous imposent leurs priorités à savoir le renseignement en vue d’infiltrer les cellules djihadistes à la base.Ce genre de lutte contre un ennemi invisible,souvent hors de nos frontières, est un combat de longue haleine et peut nous détourner de nos deux missions stratégiques que sont la préservation de l’unité nationale et la défense de tout le territoire.

Toutes les mutations structurelles ou doctrinales nécessaires à l’engagement de notre Armée sur n’importe quel terrain d’opération, doivent prendre en compte ces deux concepts primordiaux.En dehors de ces concepts vitaux,nous avons également des liens historiques avec nos voisins,qu’ils soient blancs ou noirs.Et c’est pour cela qu’on nous appelle :pays charnière,d’où notre responsabilité de jouer au trait d’union entre les « deux Afriques ».

Notre Armée est le seul rempart à la division,à l’explosion communautaire.Ceux qui auront provoqué la violence,si l’Armée venait de faillir, risqueront de grossir, les premiers, les rangs des réfugiés du HCR,à Dakar ou Bamako.

Car en cas d’explosion communautaire,l’onde de choc sera telle, que l’insécurité régnera partout dans le grand désert mauritanien,désormais à la merci des hordes de bandits armés,de terroristes,de clans tribaux etc.. et ce,jusqu’aux confins de la rive-gauche du fleuve,côté Sénégal.Autrement dit, personne ne trouvera son compte dans ce chaos indescriptible où l’abomination rivalisera avec l’horreur.

Véritable levier d’intégration,outil de conscription pour toutes les composantes du pays,notre Armée évolue malheureusement depuis 1979 sous le seul tropisme des chefs d’Etat militaires qui la manipulent selon leurs propres intérêts.

Même si nous avons de meilleurs militaires du rang,prompts à tous les sacrifices,des sous-officiers compétents,des officiers sortants de grandes académies le plus souvent trilingues(Arabe,français,anglais en plus de nos langues vernaculaires),la déontologie professionnelle,le civisme sont des vertus qu’il faudra encore perfectionner.

Le professionnalisme,le patriotisme,la rigueur morale,l’esprit d’équité sont les vertus cardinales vers lesquelles doivent tendre nos militaires,surtout le corps des officiers ,particulièrement celui des officiers généraux.

C’est ainsi que nous pourrons éviter le syndrome du mali, pays qui, avec une pléthore de généraux (50)pour une Armée dont l’effectif d’à peine une division blindée,est en décomposition.Ces képis étoilés comme on dit là-bas, oisifs et corrompus, s’adonnaient à toutes sortes d’activités sauf l’art de la guerre.

Résultat :l’intégrité du territoire écorchée, d’où la nécessite d’une intervention étrangère compromettant la souveraineté de ce peuple héritier de célèbres empires moyen-âgeux de l’Ouest-africain !Pour éviter la contagion du Mali,je propose la création de plusieurs zones militaires autonomes aux plans administratif et opérationnel,commandées chacune par un général,évoluant dans son territoire sous la coupe du chef d’Etat-major de l’Armée de terre,tous coiffés par le chef d’Etat-major général des forces armées et de sécurité.

Par exemple la zone Est sera basée à Nema où le poste de commandement(pc) du général bénéficiera d’un appui aérien constant de la dimension d’une patrouille(2 à 3 avions).Ainsi on pourrait créer 4 à 5 zones militaires en occupant les généraux dont le dessein premier est de penser à faire la guerre ou à trouver les moyens tactiques et techniques pour l’éviter.

En « desétoilant »Nouakchott de plusieurs généraux,on aura ainsi éclairé certaines « contrées obscures » de l’interieur du pays.Enfin la métaphore sur le «problème des généraux Bysantins »ou le nombre des généraux de Nouakchott me rappelle la plaisanterie de l’ancien ministre français de l’intérieur,Brice Hortefeux,à propos des Arabes de France et qui n’a rien d’outrageant..

En 2009,lors des universités d’été de l’UMP,une militante dit : »c’est notre petit Arabe » ;Brice Hortefeux a répondu ; « il en faut toujours un.Quand il y en a un ça va.C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ».Comme les généraux voudrais-je dire.

Bonne année 2014 à tous les Mauritaniens.

31-12-2013

 

 

 L’Armée mauritanienne ou la nécessité d’exister


Lors du »blitzkrieg »mené par la Russie contre la petite Georgie le 8 aout 2008,le président Nicolas Sarkozy avait demandé à Vladimir Poutine de definir enfin les limites du glassis russe qu’il souhaitait reconstituer depuis la chute du mur de Berlin en 1991 et la décomposition de l’URSS.Le maître du kremlin qui semble prendre une revanche sur l’Histoire avait répondu : « Nous nous arrêterons là où s’arrêtera l’Armée russe ! ».Après une absence sans doute dûe à la déconfiture de l’ancien système soviétique, l’ours russe tente de revenir sur la scène internationale en procedant cette fois à l’édification d’une zone d’influence baptisée « union eurasienne » composée d’Etats(Azerbaidjan,Moldavie,Georgie,Arménie,Biélorussie et l’Ukraine) qui jadis faisaient partie de la sphère traditionnelle de la « Russie éternelle »,soit pour des raisons historiques,soit pour des alibis confessionnels.De nos jours la Russie est une puissance europeenne qui pèse sur l’échiquier mondial et ayant sans doute les moyens de sa politique car nantie d’un sous-sol riche en minerais,une technologie de pointe et surtout en matière de defense elle est dotée d’un arsénal nucléaire dissuasif.

En effet ce pays dispose depuis le début des années « 50 » de missiles balistiques intercontinentaux capables d’atteindre n’importe quelle contrée du globe,de bombardiers stratégiques à longs rayons d’action,de sous-marins atomiques lanceurs d’engins baignant dans toutes les mers avec la possibilité de frapper leurs cibles tous azimuts à de milliers de km ainsi qu’en stratosphère !C’est aussi le premier pays à avoir defié la  théorie gravitationnelle ou pesenteur en envoyant un cosmonaute dans l’espace.Comme toute nation tangible la Russie tisse la toile de sa diplomatie qui s’inscrit dans une stratégie à court ou long termes en fonction de ses besoins vitaux.Ceci doit être d’ailleurs l’apanage de tout pays crédible, petit ou grand, se souciant de son existence d’abord et ensuite du bien-être de ses populations.Comme on peut le constater la Russie,après un moment de doute,de débacle au sommet,a été sauvée par son Armée avec comme chef suprême un certain Vladimir Poutine,un officier du renseignement !Plus près de nous,cette vision est confirmée par l’attitude des diplomaties marocaine et algérienne par le biais de  leurs deux Armées interposées autour de l’épineuse question du Sahara occidental et qui empoisonne d’ailleurs leurs relations bilatérales depuis plus de trente ans.

En effet les deux plus grands pays du Maghreb Arabe,voisins de la petite Mauritanie, trouvent leur compte dans une confrontation durable chacun defendant «son espace vital »avec des arguments inconciliables pour ne pas dire diamètralement opposés.Si le Maroc avance un alibi historique sur les provinces du Sud en feignant de minimiser la richesse  des côtes sahraouies en poisson et le sous-sol en phosphate,l’Algerie,elle, nous gave de la sacro-sainte intangibilité des frontières héritées de la colonisation,du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.Mais les Etats-majors des deux pays ont,sans doute dejà pris en compte leurs interêts stratégiques à long terme.Pour le Maroc le vœu secret c’est d’avoir une arrière-cour qui ouvre sur l’Afrique Noire par l’entregent de la Mauritanie-pays charnière qui constitue,selon les scribes chérifiens, le prolongement naturel de la dynastie alaouite.

Quant à l’Algerie,elle a plutôt le souci de proteger et de valoriser le sud du pays où l’algerois,le constantinois,l’oranais habitués à vivre au bord de la mediterranée ou sur des terres verdoyantes du septentrion,detestent servir dans ce sahara lointain même en tant que militaires! Ainsi avoir le peuple sahraoui et ses vingt milles combattants l’arme au pied,à la merci de l’érosion terrestre et de la dictature paternaliste du Front Polisario aux confins de  Tindouf, justement une province encore revendiquée par le Maroc et ayant été l’objet de la « guerre des sables »en 1963,s’avère une aubaine inestimable.Il n’est un secret pour personne que l’Algerie aspire encore à un debouché sur l’océan atlantique par le corridor sahraoui si cette contrée venait d’être independante.Parce que le géant algérien a toujours souffert d’une latente asphyxie de par la proximité à l’Ouest d’un Maroc  héréditairement hostile,à l’Est d’une Tunisie fragile, voisine d’une libye versatile(le printemps arabe vient de le confirmer).La seule possibilité de manœuvre pour Alger est donc verticale, allant du nord au sud et vis versa pour un pays grand deux fois comme la Mauritanie.Il parait évident et pour les raisons ci-dessus évoquées que le règlement du conflit du Sahara Occidental ne soit pas à l’ordre du jour pour les généraux algériens.Au contraire leur penchant velléitaire s’est étendu jusqu’au nord-Mali où,avec leurs alliés locaux,rien ne peut se decider durablement sans leur consentement.Ainsi pour revenir à la guerre du Sahara, il y a pour le moment deux gagnants :le Maroc et l’Algerie ;deux grands perdants :la Mauritanie et le peuple sahraoui qu’il soit de Dakhlé ou de Rabouni.

Au maghreb,la Mauritanie fait figure de parent pauvre et fragile et la seule institution capable d’élaborer,de prevoir,de parer à l’irreparable c’est encore l’Armée.Mais cette dernière a,depuis sa création en 1961 quand même commis deux fautes majeures.La 1ère c’est la signature des « accords d’Alger » en 1979 où les militaires au pouvoir ont capitulé sans conditions face aux autorités algériennes.N‘oublions pas que c’est  l’esprit de ces « accords » ou diktat qui a été le prélude aux dissensions et aux révolutions de palais au sein de la hierarchie militaire mauritanienne.La guerre du Sahara pour laquelle notre pays a consenti d’énormes sacrifices humains et materiels est desormais refoulée dans l’inconscient profond du mauritanien.Une page noire de notre histoire moderne,humiliante,decevante qui rappelle l’anecdote du « tabassage du griot » !D’ailleurs les accords d’Alger doivent être revus,re-discutés car ne repondant pas aux attentes de notre peuple.Notre diplomatie doit s’activer à tendre la perche à nos frères de Dakhlé ,d’Aioun et de Rabouni au seul dessein de ne jamais laisser se briser la passerelle entre nous.

     La 2ème faute relève des exactions extra-judiciaires de 1990 à l’encontre de militaires negro-mauritaniens par leurs frères d’armes et qui ont fissuré notre cohésion sociale.

Les courants nationalistes blanc ou noir sont tenus de deposer leurs «  emblèmes égoistes » dès lors qu’ils doivent penètrer la caserne .On a reproché aux negro-mauritaniens une tentative de coup d’Etat en 1987 ou leur impassibilité lors des évenements de 1989 qui aboutiront à un conflit larvé avec le Sénégal.Est-ce une raison suffisante pour liquider des compatriotes ?Et bien non, car il y a le règlement militaire qui revèle et sanctionne les fautes averées.Que doit faire alors notre Armée en vue de prévenir le vieil adage qui dit : « jamais deux sans trois ? ».Vu les rapports étriqués avec nos voisins du Nord,quelle doit être la nature de nos relations cette fois avec ceux du Sud que sont le Sénégal et le Mali ?Notre Armée peut-elle relever les deux defis  « stratégiques »à savoir préserver l’unité nationale et garantir l’intégrité territoriale ?A-t-elle les moyens humains et matériels qui permettent de concretiser ces deux objectifs indispensables à notre coéxistence pacifique?


A suivre dans la 2ème partie incha’Allah.

Capitaine Ely Ould Krombele, Evry-sur-Seine

 

Quand Bath aborde les maths

 Je savais que mon article sur la comparaison entre Biram Dah Abeid et Nelson Mandela allait susciter des prises de position tranchées. Au-delà des réactions bysantines ou amusées sur la signification des mots, soulevées par chez vlane, la dernière phrase de Cheikh Tijane Bathily qui cite Friedrich Nietzsche:

"
le meilleur moyen de nuire à une bonne cause, c'est de la defendre intentionnellement avec des arguments malhonnêtes" , a interpellé ma conscience. Il est dit souvent que la culture du culte de la personnalité commence toujours par l'abstinence de critiquer. Qui peut empêcher un personnage public d'être montré du doigt?

L'unanimisme dont il faut se méfier, a déjà débouché sur le Stalinisme où tous ceux qui ne sont pas de"
taille" disparaissent sur l'Hitlérisme intolérant parce que la "rhino cérite", cette épidémie intellectuelle qui n'avait pas été vite endiguée, se serait alors propagée.

Mr Bathily, votre démarche intellectuelle qui semble mimer la maieutique ou tout simplement l'ironie Socratique sans auréole, et qui n'aura malheureusement accouché que d'un sophisme aphoristique Nietzschéen, brouille notre traditionnel débat sociétal mauritanien et le place sur d'autres étriers on ne peu philosophiques.

Certes la configuration, le timing sont propices car l'homme s'adonne à la philosophie quand le grenier est vide, le poids du panier de la ménagère insignifiant, le moral aux talons. Du temps de l'opulence ou de ce qu'on appelle le "miracle grec", les anciens disaient: "premium vivere de inde philosophai" (vivre d'abord, philosopher après).

Mr
Bathily si le temps de la philosophie chez nous en Mauritanie c'est maintenant; alors philosophons. Pour dire vrai et faire plus sérieux le prologue de votre billet a suscité en moi à première lecture une curiosité "ésthétique". Mais au fur et à mesure mon engouement a vite cedé le pas à l'allusion, je veux dire l'illusion allegorique,et qui est loin de celle très celèbre du philosophe Platon dans La Republique et dont les enseignements, 25 siècles plus tard font encore reférence.

Mr
Bathily, ma vision du monde qui n'est ni manichéenne encore moins sarcastique comparée à la vôtre, m'empêche de nuire aux justes et nobles causes à savoir la lutte contre l'ésclavage, le racisme, l'exclusion. Mais en Mauritanie et surtout en cette periode mouvementée de notre Histoire, il est rare d'accorder le moindre benéfice du "doute methodique" à un beidhane qui veuille critiquer, même de manière constructive un Hartani ou un Peul sous peine de tomber dans l'escarcelle du dénigrement ou du racisme ambiant.

Ce, je ne suis pas opposé au "
pourquoi" Biram , ce qui me parait dogmatique et qui de surcroit me transcende. Par contre en citoyen, je me réserve le droit de m'interroger sur le "comment" de Biram, de Bâ Mamadou Alassane, du général Aziz, d'Ahmed Ould Daddah. La question, rationnelle cette fois-ci est : comment nos politiques vont proceder pour consommer leur feuille de route, dans la sérénité et la justice sans avoir à abimer notre fragile tissu social?

Naturellement la question "
comment «entre alors dans le langage magistral et épistémique de nos hommes publics, dont les projets de société se doivent de répondre à des critères objectifs, constructifs découlant de nos réalités socioculturelles.

Mr
Bathily, si vous parlez comme Zarathoustra, vous serez dans la fâcheuse obligation de perdre votre stature d'homme normal, humble aimant les opprimés, les damnés. Savez-vous que ce philosophe expansif dans sa logique et qui prône l'avènement du surhomme a inspiré l'idéologie du national-socialisme dès les années"30" en Allemagne?

La victimisation des Noirs est loin d'être la préoccupation de ce genre de penseur. Et inconsciemment vous me rejoignez en citant
Nietzsche, l'apologiste du "surhomme", le pourfendeur des valeurs occidentales issues de l'héritage judéo-chrétien "decadant", quand je disais que l'Homme Noir doit desormais cesser de se plaindre à chaque fois et prendre enfin son destin en main coûte que coûte, vaille que vaille. Ceci est aussi valable pour les Arabes surtout vivant en Europe et au Moyen-Orient. Beaucoup se plaignent du racisme à leur égard.

Mr
Bathily on reconnait implicitement son degré d'inferiorité vis à vis de son interlocuteur lorsqu'à chaque petit regard dédaigneux on baisse les yeux ou lors de la manifestation d'une quelconque indifférence coupable. Advienne que pourra. Je suis contre cette attitude qui consiste à flatter les faibles dans leur faiblesse, faisant d'eux d'éternels dépendants comme des enfants qui ont toujours besoin de titreurs.

D'autre part Mr
Bathily je reconnais qu'en Mauritanie, il y a encore de l'injustice mais n'importe qui peut en être victime, qu'il soit blanc ou noir. A titre personnel, après avoir passé un quart de siècle à servir mon pays (1979-2004) en tant qu'officier, je n'ai jamais encore récolté le moindre centime de ma retraite. Je n'en fais pas un drame car je sais qu'il y a des cas plus flagrants que le mien.

Pour finir Mr
Bathily, revenons à l'homme par qui le quiproquo est arrivé et contre lequel je n'ai pas de rancune .Sachez que Biram (puisque c'est de lui qu'il s'agit) est un homme public et qu'il sera l'objet d'autant de critique. Et je ne saurais terminer sans plagier le syllogisme de Platon en ce sens que :tous les hommes sont critiquables, Biram est un homme, donc Biram est critiquable. Yougô andâ fâmou wâh...Ahân....Bathily! Nawârii.

Ely Ould Krombele

 

 

Un gouvernement d'union nationale...quoi faire?

La société mauritanienne traverse une période cruciale. La bannière derrière laquelle devrait se rassembler les diverses sensibilités socio-culturelles à première vue adhésives au pacte républicain, s'affiche  pour l'instant en une constriction à toutes les réalisations propices à la fécondité. D'un coté des extrémistes se rangeant sous la coupole des droits de l'homme, les islamistes fanatiques sortis du « Ribat » décomplexés, agissant désormais à ciel ouvert, les séparatistes, les autonomistes, les jusqu'auboutistes  et de l'autre côté une opposition traditionnelle en plus d'une majorité « standard » qui monopolisent la scène politique et qui se jaugent tout  en s'adonnant à des exercices byzantins. Et il est regrettable que dans ce kaléidoscope qui donne le tournis, de constater avec amertume la démission de nos intellectuels, figures de proue sous d'autres cieux et en tous temps. Cet « acte manqué » a permis l'émergence d’une secte de politiciens « qui n'a fait qu'interpréter la Mauritanie de différentes manières, quand il s'agit plutôt de la transformer ». Il n'y a rien de plus inquiétant que la cécité morale ou la déchéance psychologique des intellectuels qui sont supposés jouer les mages à un peuple pris en tenailles, agonisant entre une administration sans scrupules et une conjoncture économique exécrable. Et puisqu'on parle de notre classe politique, levons un coin de voile sur ce qui se trame dans le microcosme nouakchottois et qui tiendra sans doute en haleine la doxa, au moins jusqu'à l'éventuelle présidentielle de 2014. Nul ne peut, ne doit douter de la sincérité du président de notre  Assemblée Nationale Messaoud Ould Boulkreir. Son initiative, quand elle a pour but de réconcilier les mauritaniens de tous bords nous va droit au cœur. Mais cet « impératif catégorique » ne doit pas octroyer un blanc-seing à notre défenseur des droits de l'homme, le sage Messaoud mais  surtout à tous ceux qui croient s'opposer au pouvoir du général Mohamed Ould Aziz, et qui, me semble-t-il, n'ont pas encore  tiré  des enseignements de notre Histoire récente. Il y a moins d'une mandature celui que tout le monde présentait comme étant  le moins instruit, le moins diplômé, le  « sneidri », je veux nommer le président Aziz, avait réussi un coup de maître en prenant le dessus sur tous les « animaux » politiques nationaux et internationaux suite à des manœuvres frauduleuses dont il a seul le secret. Certes les ruses, les dols, les subterfuges, le guet-apens, vieilles recettes nées avec le diable ignorent la convenance et le politiquement correct. Déjà cinq cents ans avant l'ère chrétienne, un général chinois Sun Tzu dans son ouvrage : l’Art de la guerre disait:  « apprends à connaitre ton ennemi, un ennemi connu est à moitié vaincu ». Ainsi, Aziz connaissant les mauritaniens comme la poche de son boubou blanc acceptait la mise en place d'un gouvernement d'union nationale juste après les accords de Dakar. Pour cela, il a même donné le ministère de l'intérieur à l'opposition, tenu alors par un administrateur consensuel et dont la  compétence et le sérieux sont reconnus par un bon nombre de citoyens mauritaniens: Mr Mohamed Ould R'zeizim. Si Aziz avait soupçonné l'ombre d'un doute sur sa victoire il n'aurait jamais procédé ainsi. En manipulateur avantageux Aziz, avant de démissionner avait mis en place des mécanismes intangibles mais douteux capables de le hisser aussi bien en aval qu'en amont  jusqu'à la magistrature suprême de Mauritanie .L'opposition, les indépendants et une partie de l'opinion n'ont senti le piège qu'une fois devant le fait accompli. En le pressant de proclamer les résultats au bénéfice du général Aziz,Ould R'zeizim, alors ministre de l'Intérieur, a été taxé de tous les maux surtout par ses amis opposants le stigmatisant comme le « traitre » au service du pouvoir. Et voilà que certains politiques tentent de faire l'ébauche du même feuilleton qui a prévalu avant l'élection de 2009 où Aziz avait été élu à plus de 52 pour cent dans des conditions insolites, au nez et à la barbe des membres du fameux gouvernement d'union nationale. 

  Le général Aziz qui pourtant n'a jamais fait l'Ecole de Guerre prépare cette fois encore un stratagème digne du cheval-cadeau de Troie. L'idée d'un éventuel gouvernement d'union nationale pour le pouvoir mauritanien n'est pas d'actualité pour le restant de l'année 2013.Mais les « experts » s'y pencheront au moment opportun parce que c'est une procédure envisageable et qui, pour l'instant est  différée en attendant de régler quelques détails dont l'enrôlement par exemple et ce, en vue d'aiguiser d'abord tous les appétits de manière à faire couler autant de salives. Pour briguer un second mandat de 5 ans(2014-2019) notre général-président a besoin de l'initiative de Messaoud Ould Belkheir pour tenir en haleine l'opinion comme prélude au réchauffement des salles. Encore faut-il se référer à l'Histoire. Le 29 Août 1939 les Russes et les Allemands signaient un pacte de non-agression, avant qu'ils n'envahissent simultanément la Pologne déclenchant ainsi la 2ème guerre mondiale, le 1er septembre. Ce pacte n'était que le double-réalisme des deux protagonistes, et qui répondait aux vœux secrets des dictateurs Hitler et Staline: l'un voulant avoir les mains libres à l’Est, l’autre se préparant au pire en attendant l'heure fatidique. Le vrai-faux réalisme d'Ould Abdel Aziz c'est de faire croire à l'opposition sa réticence à former un gouvernement d'union nationale alors même que c'est son vœu secret. Ses agents de renseignements, ses laudataires ne donnent pas de répit au président de l'Assemblée Nationale qui a pour mission informelle de faire adhérer le maximum de partis politiques, d'Ong à son initiative. D'ici là, le fruit qu'est l'opposition aura mûri et il suffirait de le cueillir sans coup férir. On se demande si Messaoud le sincère, le candide, le « chreigman » (comme moi d'ailleurs à certains moments) n'a pas vu venir « le malin génie » de l'enchanteur Merlin- AZIZ dans ses manœuvres ô combien dilatoires! D'ailleurs Messaoud a-t-il le choix que de jouer aux entremetteurs? La configuration du microcosme politique mauritanien a subi des mutations notoires et il n'est pas sûr que le parti de l'actuel président de l'Assemblée Nationale puisse lui garantir derechef une place de choix à l'hémicycle. D'où sa disponibilité à vouloir jouer les Mahatma, et autre Madiba...Mais tout ça Aziz n'en a cure, car ce qui l'importe c'est asseoir son autorité de fait aussi longtemps que possible en restant le premier magistrat du pays jusqu'en...2024, année où il n'aura que 67 ans, à l'issue de son troisième mandat. 

      D'ailleurs en dehors de quelques coups fourrés, de déceptions programmées, de confiances rompues de contrats non honorés ,rien de constructif ne sortira d'un éventuel gouvernement d'union nationale anté-élection présidentielle de 2014.Mohamed Ould Abdel Aziz maitre à bord du bateau ivre Mauritanien en perdition usera de tous les moyens peu orthodoxes pour briguer un second mandat. Sa nouvelle stratégie après le feuilleton du Ghanagate, qui, me semble-il l'a beaucoup affecté, assommé, semble désormais la politique de la « bouche-cousue ».Excellente stratégie de communication et qui nous enseigne que malgré le coup de feu du fils, le tir « ami » du père, la confusion du Ghanagate, le dilemme des stupéfiants notre général nargue son peuple et n'est pas prêt de démissionner.

    La réélection du général AZIZ en 2014 aboutira sans doute à une véritable crispation de la scène politique. L'opposition démocratique en prendra un coup duquel elle ne pourrait plus se relever, du moins de façon crédible. Ceux comme Ahmed Ould Daddah,Messaoud Ould Belkheir,Ahmed Ould Sidi Baba,Ba Mamadou Alassane,Ladji Traoré,Mohamed Abderrahmane Ould Moine pour ne citer que les caciques dont on regrettera l'expérience et la compassion, se débarrasserons de leurs tabliers de politiciens-gérontocrates pour sûrement s'occuper de la rédaction de leurs mémoires. Ceux nombreux qui voudraient prendre la relève auront à mesurer leurs ambitions en se battant sur deux fronts: le pouvoir et les extrêmes. Une opposition démocratique faible favoriserait l'émergence de toutes les cellules dormantes du fanatisme. Artung minen!

Capitaine Ely Ould Krombelé 

 

 

Griots et Forgerons de Mauritanie : d'où venez-vous ?

 Si la stratification de la société mauritanienne dans toutes ses composantes, répondait jadis à des exigences d'ordre structural ou cosmogonique, voire même ontologique, de nos jours cette vision archétypale n'a plus sa raison de persévérer encore moins de vouloir réglementer les rapports sociaux. En effet les procédés généraux de la pensée, ont abouti à un nouvel esprit scientifique depuis le début du siècle dernier. Cet esprit qui se veut lui-même débarrassé de tout aspect anthropomorphique penche plutôt en faveur d'une marche inexorable de l'Humanité vers plus de justice et d'égalité des chances. La science, patrimoine commun de l'Humanité est venue bouleverser cette vieille « pluie » de l'archaïsme en procédant selon les termes de l'épistémologue Gaston Bachelard à « une véritable psychanalyse de la connaissance ». Pour accéder à la science, selon toujours Bachelard, l'esprit n'est jamais jeune; il est même très vieux car il a l'âge de ses préjugés. « Ainsi rajeunir spirituellement c'est accepté aussi une mutation brusque qui doit contredire le passé » .Après la théorie de la connaissance, voici venu le temps politique incarné par l 'Etat de droit, réceptacle malgré lui de toutes les aspirations des ayants-droit que nous sommes et qui, parallèlement au devoir de la conscience universelle, se doit d'être le dépositaire d'une juridiction qui annihile les préjugés sociaux bien que ces derniers soient antérieurs à la naissance de cet Etat post-colonial .Certes il sera très difficile pour la féodalité nourrie dans la sphère des contradictions qui lui sont favorables de se démunir de son matériau archaïque et discriminatoire. C’est pourquoi parler de la féodalité en Mauritanie s'avère, aux yeux de certains compatriotes un non- événement; un exercice sensible, souvent périlleux  pour d'autres .Cependant quand une catégorie d'hommes se voit réduite en « strates humaines », rebutée parce qu'ayant été moulée des siècles durant au vu de considérations bancales, il y a lieu, et à juste raison d'élever la voix. Notre attention se portera cette semaine sur  les griots et forgerons parmi lesquels il y a des ingénieurs, des avocats désormais célèbres, des banquiers, des officiers supérieurs, des cadres compétents, professeurs d'universités, mais aussi des citoyens lambda et qui évoluent dans une société, leur... société avec cette fois des ... esprits lobotomisés. Cette situation malencontreuse à l'égard d'une frange citoyenne, nous réconforte dans notre volonté, à l'instar de la dénonciation de l'esclavage d'évoquer l'origine, d'ailleurs combien contingente des castes de griots et de forgerons dans nos sociétés mauresque et negro-mauritanienne anté-coloniales. Ceci dans le seul  but d'  « exorciser » les consciences encore réfractaires afin de les rendre « poreuses aux souffles » des lendemains, qu'on espère, porteurs d'équité. Alors, d'où viennent nos griots et nos forgerons, musiciens et artisans indispensables jadis à la société traditionnelle? En dehors de récits de certains chroniqueurs Arabes tels Al Bakri, Ibn Batuta,du 12ème siècle de l'ère chrétienne, les enseignements nous parviennent justement de cette « caste » de griots née dans un contexte(chez les négro-africains)où l'écriture était inexistante. Une chose est sûre: la condition de griot et de forgeron n'est ni une « invention » berbère, ni Arabe, encore moins Arabo-berbère mais plutôt négro-africaine. Au 13 ème siècle l'Empire Mandingue(Mali) qui s'étendait de la Guinée (son berceau)aux frontières Tchadiennes, englobait l'actuel Mali, le sud du Sénégal, une partie du Burkina-Faso, le nord de la Cote d'Ivoire, du Ghana et une partie du sud-est mauritanien. Cet empire s'organisait en castes et chacune correspondait à une profession ou à une activité artisanale: griots, forgerons, tisserands, pêcheurs esclaves etc...Enfin on peut rencontrer le griot ou guiw en  Mauritanie blanche, chez les Toucouleurs; dans ce cas il s'appellera gawlo, en Ouolof guewel, en Soninké Djâré et enfin djeli au Mali, son berceau. Plus on remonte en Afrique du Nord, rares sont les familles de griots ou de forgerons. D'ailleurs d'illustres tribus guerrières du nord-mauritanien: les Oulad Dleim, les Rgueibatt pour ne citer que celles-ci n'ont jamais possédé le moindre griot à cause probablement  de la distance qui les sépare du « trab es-soudan ». 


  Les griots maures

   En interrogeant des griots sur leur origine et d'où leur vient cette « profession généalogique », certains vous répondront qu'ils viennent de l'Andalousie, d'autres vous diront qu'ils sont des  « chorfas », descendant du Prophète(PSL).Toujours est-il que les Berbères islamisés dont les plus célèbres furent les Mourabitounes n'avaient pas de griots. D'ailleurs un adage maure illustre bien cette affirmation depuis les temps immémoriaux, et qui disait que le griot ne peut être l'ami du marabout. Il faut attendre l'arrivée de la tribu Arabe des OULAD M'BAREK principalement repartie entre les deux Hodhs et l'Assaba, jouxtant la frontière malienne. C'est de la proximité de l'Empire du Mali que les Oulad M'Barek eurent leur premier griot. Qu'importe son statut social car il pouvait être un arabe, un soudanais, un berbère pourvu qu'il fasse de la musique et satisfasse l'aristocratie Oulad M'Barek. Le 1er griot du « trab el-beidhane » s'appelerait Eli N'beith Ould Haiballa; d'autres sources parlent aussi d'un certain Agmouthar. Mais le griot le plus célèbre chez les Maures du Hodh et du Tagant est sans doute l'ancêtre éponyme de Ehel Abba, Sedoum Ould N'djartou. Chez les Emirs du Trarza la palme d'or revient à l'inimitable Ould Manou, ancêtre de Ehel Meidah. Mais tout cela est récent. Car le griot ou djeli en Bambara, Balla Fasseké Kouyaté accompagnait déjà Soundiata Keita le roi du Mali vainqueur du roi-sorcier de Sosso, Soumaoro Kanté en 1235 à Kirina. Si les Maures sont des Arabes, ils tirent des pans de leur tradition des us et coutumes d'Afrique noire, du Sénégal et surtout du Mali. Un long voisinage de part et d'autre laisse forcément des empruntes indélébiles. Il est indéniable que le répertoire musical maure ou Ezawane, relatant l'épopée des Oulad M'Barek et des autres tribus guerrières de Mauritanie, ne soit imbibé de la sémantique Soninké du Baghounou, du Kaarta, de Kingui (près de Kobeny) ou Bamanan du Mali. Les « chors » que les griots maures ont immortalisés, sont souvent à connotation soninké ou bambara tels; vaghou, ghringué, signimé, beré ou Nouwefel, ce « monstre » venu de la contrée de zara ou gassambara, en plus des noms de guerre tels; Dicko, Siby, Baby, Soghofara, Dieng, Fall etc.. sont autant de preuves matérielles qui dénotent de l'influence de nos inconditionnels voisins du Sud sur la culture des arabes de Mauritanie. La romancière Antillaise Maryse Condé dans « Ségou » évoque les échanges amicaux, souvent conflictuels entre les princes Oulad M'Barek et les Mansas (princes) du royaume bambara de Ségou. Les familles de griots spécialisées en généalogie, ou en art oratoire sont mieux placées pour faire l'inventaire de notre Histoire. Ces familles étaient tenues de père en fils de perpétuer la tradition dans une société maure pourtant qui connaissait déjà l'écriture. Ce constat n'existe nulle part dans le monde arabe ou plus près de nous l'espace maghrébin!


Les forgerons maures

Tout comme les griots les forgerons maures n'échappent pas à la règle de la proximité d'avec les peuples noirs. Dans les sociétés paysannes les forgerons jouent un rôle très important car ils produisent des outils agraires et dans les sociétés expansionnistes, les armes pour la guerre. Si l'existence du griot est limitée à des pays tels le Mali, la Guinée, le Sénégal, la Mauritanie, le Niger, le concept de forgeron va au-delà de la sous-région. On peut même remonter dans le temps avec « l'homo faber » ou fabriquant d'outils pour chasser et se défendre contre ses adversaires. Les outils sont indispensables à l'homme et constituent un prolongement de la main pour matérialiser son action  .Plus prêt de nous, les Grecs ramenaient l'origine de la technique, au vol du feu aux « dieux » par Prométhée. Le mythe prométhéen de « l'homme à la mesure de toute chose » serait le premier « axiome » d'où nous viennent la science et les diverses techniques. D'ailleurs dans le reste du monde Arabe, en dehors de la Mauritanie, l'appellation « Moualim » (forgeron en Mauritanie) est beaucoup plus expansive voire sublime. C'est encore de notre voisinage d'avec le Mali que naitra l'idée de forgeron chez les Maures avec son concept à peine péjoratif. Les forgerons de l'Ouest-africain seraient les descendants de Soumaoro Kanté, Roi-sorcier, ayant régné au 13ème siècle sur le royaume du Sosso, dans la région de Koulikoro, près de l'actuelle capitale malienne Bamako. Soumaoro succéda à son père vers 1200 de l'ère chrétienne. Sorcier, invulnerable, après avoir attaqué le Mandé(Mali) il est confronté à Soundiata Keita qui le vainc grâce à une flèche munie d'un ergot de coq blanc (seule arme pouvant le tuer).Depuis cette période les forgerons jouissent d'un grand prestige, tantôt méprisés, mais toujours craints surtout en Afrique sub-saharienne. Comme les griots il suffit de dépasser le « Ezefal » au nord de la Mauritanie pour que la notion » de forgeron se fasse également rare. Car cette « profession » est aussi l'héritière des empires moyen-âgeux, négro-africains qui l'exportèrent vers d'autres contrées limitrophes: à savoir le Sénégal, la Gambie, le Niger, la Mauritanie, le nord-Mali par l'intermédiaire des nomades Touaregs etc...A noter que chez les Maures si les forgerons manient le fer, l'or et le bois d'ailleurs avec une dextérité admirable, les forgeronnes, elles, tannent les peaux de bêtes et posent le henné. De cette culture ancestrale, certains griots et forgerons y trouvent leur compte de par leur proximité avec l'aristocratie et ses nombreux feudataires. Certains en profitent mais, et ce n'est point un secret, beaucoup en souffrent intimement.


  Une société conservatrice

  Dans un Etat de droit où les pouvoirs législatif et exécutif sont élus par le suffrage universel, autrement dit un homme, une voix, les structures sociales régulant les rapports entre les citoyens doivent avoir le même degré de nivellement à la base. L'égalité des chances corollaire d'une justice équitable pour tous serait le credo d'un ensemble qui tend vers l'universalité de l'émancipation des hommes face à la pesanteur des préjugés. Certes nos sociétés maure et négro-mauritanienne sont très conservatrices, chacune évoluant dans son couloir, parallèles comme deux asymptotes proches mais ne se confondant jamais. Les féodaux negro-mauritaniens gardent jalousement leur « acquis » depuis des siècles et veulent qu'on stigmatise uniquement  les maures quant à l'esclavage dont sont victimes les Haratines. On constate que pour maintenir et profiter du système de castes, les deux composantes de la société mauritanienne s'érigent en alliés objectifs. Les « noces » se gâtent juste le moment de procéder cette fois au « partage du gâteau » comme le dit sans ambages le président Sarr Ibrahima Moktar(SIM) de AJD/MR. On ne le dira jamais assez la stratification de la société mauritanienne est un frein à son développement économique. C’est un mal que tout homme épris de justice et d'équité se doit de combattre. L'émergence de castes et son maintien privilégient une entité paresseuse aux relents parasitaires, ce au détriment de l'autre éternelle spoliée le plus souvent laborieuse et dynamique. Il est temps que les Mauritaniens revisitent les préceptes de leur sainte religion. Car entre un aristocrate de l'abomination et un griot pieux, au comportement irréprochable, notre Seigneur a déjà fait Son choix.

Ely Ould Krombele

 

 

Coup d'Etat en Mauritanie: crime ou bénédiction?


C'est exactement la « politique »  de Gribouille qui se jette dans le marigot avant d'être mouillé par la pluie. La criminalisation des coups d'Etat votée par la majorité, à l'instar de celle de l'esclavage comme si ces deux mamelles avaient la même dimension éthique, n’est que l'arbre qui voudrait cacher la forêt. Car l'Armée mauritanienne a fomenté son premier coup d'Etat lorsque le général-président Ould Abdel Aziz finissait à peine sa formation de base à Meknès, en  Juillet 1978. Depuis 1978 des officiers ont exercé le pouvoir pris par la force, qui pour des  raisons « compréhensibles »,qui pour des raisons farfelues assimilables à une rébellion selon les propres termes du colonel Ely Ould Mohamed Vall ancien chef de l'Etat. La parenthèse Sidi Ould Cheikh Abdallahi, suite à l'élection présidentielle de 2007 a eu la courte prétention de vouloir jouer l'exception à la règle. Mais la nature propre à une catégorie de militaires mauritaniens, asymptomatique d'un mépris hégémonique à l'égard de ses concitoyens, est revenue très vite  au galop. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est inimaginable de décider aussitôt de la sénescence  des coups d'Etat alors que la mode datant d’un certain 10 Juillet 1978, n'a pas encore  entamé sa phase de maturité. Force est de constater que  les lois criminalisant la pratique esclavagiste, votées par le parlement pourtant à majorité UPR, n'ont jamais été respectées surtout par la justice mauritanienne qu'on sait inféodée à l'exécutif. Pourquoi n'en sera-t-il pas de même pour la loi criminalisant les putschs? .Le raisonnement par analogie peut être souvent déductif ce qui  laisse ouverte une fenêtre de tir à la récidive au grand dam du maitre du palais ocre dont le palmarès aiguise tant de jalousie auprès de certains de  ses frères d'Armes. Nanti d'un « master2 » en coups fourrés (le 1er obtenu en 2005 et le second en 2008) dans la prestigieuse  faculté du «  droit à la différence » de Letfotar au Tagant, notre général par ses agissements mafieux est désormais dans l'œil du cyclone .C'est à se demander pourquoi le docteur AZIZ voudrait priver notre vaillante Armée du chemin le plus court pour engranger la gloriole, le pactole et les paillettes? Après deux trahirons à l'égard de ceux qui l'ont adopté, choyé, AZIZ le téméraire, l'impérieux, a-t-il peur d'être bouté à son tour? Les conditions propices à un coup d'Etat actuellement en Mauritanie sont-elles reunies? Pourquoi les officiers mauritaniens sont-ils champions en la matière, agissant au moment où on les attend le moins, même surveillés de très près comme du lait sur le feu?

 Nous tenterons de façon objective de répondre à ces questions qui pour certains sont inappropriées. Mais pour d'autres, sont plutôt fondamentales et méritent une attention cardinale, parce qu'elles  constituent un pan, soit-il nauséabond de notre patrimoine. Nous savons comment Ould Haidalla a pris le pouvoir en Janvier 1980, comment il a été destitué par « le mouton de panurge » Maawiya auquel on ne prêtait aucune velléité ambitieuse car effacé et fidèle parmi les fidèles. Nous attestons également comment Maawiya a été renversé par ses proches qui s'occupaient de sa sécurité et de celle de sa famille. En Mauritanie quand un subordonné vous sert plus de quatre ans, rien ne l'empêchera de vouloir rouler pour lui-même. Car, l'appétit venant en mangeant, notre futur putschiste voudrait, au lieu du lait seulement, aussi l'argent du lait. Cette révolution à la Mauritanienne où le serpent se mord à chaque fois la queue a commencé après les 3 ans de la guerre du Sahara. Maitre Moktar Ould Daddah croyant  parer à la « balkanisation » dans la partie septentrionale de l'Afrique a voulu auparavant récupérer une partie du Sahara occidental. De facto, il bafouait aussi un autre credo qu'est l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Un piège inévitable conçu depuis la conférence de Berlin et qui est à l'origine du partage de l'Afrique en 1885 entre les puissances Européennes de l'époque. Toujours est-il que la Mauritanie, exsangue à cause des assauts répétés du polisario soutenu par l'Algerie, et subissant l'effort de guerre, prit un autre destin :celui des coups d'Etat .Il parait que les coups d'Etat constituent dans certains cas un mal nécessaire, souvent incontournable quand la visible en politique manque de repères et que  la bonne gouvernance fasse défaut. Nous évoquerons justement la gouvernance de trois officiers; Mohamed Khouna Ould Haidallah, Maawiya Ould Sid'Ahmed Taya et Mohamed Ould Abdel Aziz dont les pouvoirs respectifs ont laissé et laissent de nos jours des boursouflures sur le débonnaire tissu socio-économique des mauritaniens, toutes tendances confondues.


 Khouna Ould Haidalla
 St-cyrien, candide aimant la nature, en bédouin iconoclaste, cet officier croyait d'après ceux qui l'ont approché, à tout ce qu'on lui colportait. Or un chef qui fait l'amalgame entre une information diffamatoire et un renseignement authentique, digne de foi donc bénéfique à la nation, ne peut jamais être ni équitable ni compétent. Ceux qui vous colportent des ragots vous retourneront à leur profit, vous transformeront en despote.  Les fameuses Structures d'Education des Masses(SEM) n'étaient en fait qu'un chapelet de komsomols à défaut d'un parti communiste-léniniste où mon ami le capitaine Breika Mbarek avait l'habitude de s'exercer au Stakhanovisme politique. Haidalla qui n'était pas préparé pour l'exercice du pouvoir et comme si on l'y avait contraint avait commencé à jouer les Pol Pot dès le début de son règne en affichant un culte de la personnalité jamais érigé auparavant en Mauritanie post-indépendance. Un ancien ministre m'a confirmé  lors d'un de leurs conseils hebdomadaires les propos désobligeants tenus par son homologue qui disait au président Haidalla:  « Mr le président même si vous me dites d'égorger une de mes filles pour vous satisfaire je le ferais ». Pour mieux raffermir sa mainmise sur la société, Haidalla n'a trouvé d'autres alibis que de procéder à ce qu'on appelait communément « opérations coups de poings » ou visites inopinées. C'est ainsi qu'en 1981,alors jeune sous-lieutenant à Kaédi, le capitaine Niang Harouna commandant le secteur, m'ordonna de préparer trois véhicules « land-rover » avec à bord de chaque un chef et un conducteur, tous armés. Ma mission était d'aller en toute discrétion jusqu’à Sélibabi dans le Guidimakha, camper aux environs de la ville une fois  la nuit tombée. Le matin avant le lever de soleil, nous devrions être à l'aéroport de la ville et attendre les instructions. Vers 7 heures, nous fûmes aborder par une « land-rover » civile .Un des soldats ancien de la guerre du Sahara reconnaitra le cne Moulaye Hachem du commissariat à l'aide alimentaire, un proche de Haidalla. J'étais perplexe  car les consignes étaient d'éviter tout contact. Avant même de penser comment me comporter avec Moulaye Hachem, un skyvan de la Dirair se posait sur la piste d'atterrissage. C'est ainsi que j'ai été  pris de panique d'abord en voyant descendre tout le « gotha »  politique Nouakchottois à savoir: le président Haidalla, feux les colonels Sidiné Ould Sidiya, Dieng Oumar Harouna, ensuite Diop Abdoulaye, Jebril Ould Abdallahi alias Cymper, Baham Ould Mohamed Laghdaf etc. Je rendis les honneurs avec les cinq soldats en ma compagnie à peine Haidalla à mon niveau, d’ailleurs, j’avoue un peu être dépassé par ce spectacle inattendu. Il en sera sûrement de même pour le Wali et le préfet. Il parait que je m'en suis passablement  sorti car du temps de Haidalla des colonels face à  lui perdaient leurs facultés mentales. Plus de 15 ans plus tard l'ancien ministre et ancien president de la cour suprême Mr Mahfoudh Ould Lemrabott, décédé récemment (que la terre lui soit légère) me racontait avec son humour habituel l'attitude dérisoire d'un grand colonel dans son somptueux bureau. Ce colonel appelé par Haidalla au téléphone, se mit spontanément  au garde à vous  pour répondre ignorant à l'occasion la présence de Mahfoudh tellement il avait la frousse. Il recevait des instructions tout en répétant mécaniquement : reçu mon colonel, à vos ordres Mr le président à plusieurs reprises! Après avoir repris ses esprits le colonel dit à son visiteur: Mahfoudh;  « tu n'as rien vu ». Pour revenir à la visite inopinée, Moulaye Hachem prit à bord de son véhicule Haidalla ,en toute vitesse direction la Wilaya de Selibabi. J'ai embarqué avec moi Sidiné et Baham pour aller  « dire bonjour » aux collégiens de la ville hébétés de voir des ministres venant de Nouakchott leur rendre visite, tôt le matin. Et pour ne pas monter dans la caisse de la land-rover avec les journalistes, j'ai dû prendre le volant moi-même, à peine sorti de l'EMIA ma conduite peu confirmée. En somme cette visite n'a abouti qu'à une réunion avec la population où Haidalla proféra des menaces contre les « fauteurs en eau trouble » dans une contrée où l'eau cette fois limpide, incolore  manque encore de nos jours. De 1980 à 1984, en dehors de la restriction des libertés il n'y a rien à mettre de probant sur le compte des années Haidalla. Son strict alignement sur Alger a poussé Paris à lui trouver un remplaçant le 12-12-1984.Ce qui est étonnant chez les dictateurs, une fois déchu, ils perdent leur arrogance et deviennent à leur tour malléable. J'ai croisé par hasard  Ould Haidalla à deux reprises à la présidence lorsqu'il voulait rencontrer une première  fois le colonel AZIZ, cdt le Basep, une deuxième fois, le général AZIZ chef d'Etat-major particulier de Sidioca. A chaque fois Haidalla était assis en salle d'attente et AZIZ faisait passer avant lui des gens de moindre « importance » pour le pays comme moi, ou le colonel Cheikh Ould Bayé. Tantôt c'était le colonel N'diaga Dieng que je ne connais pas et qui bavardait avec l'adjudant-chef N'Diaye Souleymane, ma « classe »  et qui est un intime  du général Aziz. AZIZ aime beaucoup se faire la tête de tous ceux qui l'avaient précédé en notoriété et certains, par leur comportement obséquieux lui donnent la raison et l'occasion de les piétiner. Voilà: 1980-1984, une période qui pouvait constituer un mandat, donc un programme politique, des réalisations au moment où les institutions de Bretton Woods n'interféraient pas encore dans la politique économique des Etats souverains. 

  A suivre incha'Allah

  ELY OULD KROMBELE


Coup d’État en Mauritanie: crime ou bénédiction? (Suite et fin)

Maawiya Ould Taya
 Le 12-12-1984 fût une aubaine pour la majorité des mauritaniens. L'homme de l'ombre fidèle parmi les fidèles du président Haidalla a pris le pouvoir avec la bénédiction de la France. Cet officier dit « moderne » dont l'épouse une libanaise qui avait tout fait pour soustraire Maawiya des « mauvaises fréquentations » endogènes, avait suscité au début de sa prise du pouvoir de l'espoir vers un avenir radieux pour son pays. Tous ceux qui le connaissent parlent d'un officier calme, au sang froid, fuyant les mondanités et très peu porté sur la matière. Peu sont les psychanalystes capables d’ « exorciser » la pensée des personnes renfrognées sur elles-mêmes comme le président Maawiya. Cette catégorie d'individus qui ne parlent pas beaucoup est  le plus souvent porteuse d'une double personnalité; ils sont soit sincères soit pervers. Le démon est dans le corps. Sinon comment comprendre qu'une simple revendication identitaire puisse aboutir à des peines de prison mortelles lors de la sortie du manifeste du négro-mauritanien opprimé? Cette situation accouchera d'une tentative de coup d'Etat en octobre 1987, d’une tension entre la Mauritanie et le Sénégal, en plus des exécutions extrajudiciaires ou passif humanitaire de 1989-1990 sur les populations négro-mauritaniennes. Première gaffe du régime. La deuxième erreur est la déconfiture de la société mauritanienne, son émiettement, sa perte de repères, d'où une caste de troubadours moins habile que les traditionnels griots. Car si Maawiya n'était pas porté lui-même sur l’argent, il a cependant laissé ses laudateurs et leurs cornemuses instaurer un régime gabegique. Craint, seul maitre à bord, l'homme était débordé parce que ceux qui étaient sensé le proteger, le conseiller ne s'occupaient en fait que de leur propre enrichissement. Le 8 Juin 2003 fût un choc et Maawiya a compris qu'il n'avait pas de soutiens indefectibles.L'Armée laminée,les terroristes en profitèrent pour porter des coups mortels aux unités combattantes mauritaniennes. Les différentes réunions sécuritaires entre Maawiya et ses chefs de corps (Armée, Police, Gendarmerie) déboitaient de leur coulissement naturel pour aboutir à une autre « stratégie militaire » diligentée par un président de la république en perte de vitesse! Les chefs militaires et sécuritaires commencèrent à comprendre que  Maawiya ne jouissait plus de toutes ses facultés mentales. Deux clans se formèrent et se mirent en embuscade pour prendre le pouvoir: celui d'abord du chef d'Etat-major le colonel Arbi Ould Jedeine actuel vice-président de l'Assemblée suivi des colonels Alioune Ould Mohamed, chef du 3ème bureau, Cheikh Ould Chrouf, cdt le BCS, Sidi Mohamed Ould Vaidé cdt le 2ème bataillon des commandos, Abderrahmane Ould Lekwar de la marine et d'autres qui sont encore sous le drapeau et  dont je me réserve le devoir de ne pas citer les noms. Ce groupe était d'ailleurs l'embryon des « anti-AZIZ »vcar les officiers parents du président Ould Taya voyaient en AZIZ,  depuis la création du Basep (fin1989-début 1990) un éventuel «  futur » putschiste. L’autre clan comprenait les Dupond-Dupont de l'Armée à savoir AZIZ et Ghazwani, le colonel Cheikh Ould Bayé ennemi juré de son chef  Abderrahmane Ould Lekwar et  enfin le grand cousin Ely Ould Mohamed Vall qui était jusqu'à la présidentielle de 2007, adulé, respecté.

  Le clan Aziz avait deux avantages: la confiance de Maawiya. Il parait qu'Ould Taya avait été mis en garde par ses proches hommes d'affaires contre la déferlante « ewlad Eleyé » sans changer d'attitude ni de méthode dans sa chaine de sécurité rapprochée. Ensuite le deuxième atout provient de la témérité du commandant du Basep et du courage du colonel Ely Ould Md Vall. Ce dernier l'a démontré lors de la guerre du Sahara à partir de témoignages de soldats ayant servi avec lui. D'ailleurs sa proximité d'avec Maawiya date de l'attaque de Zadnas en 1977 là, où l'ancien président encerclé et sur le point d'être capturé par les combattants sahraouis, sollicita l'intervention du lieutenant Ely pour l'exfiltrer. En général les renforts mauritaniens pendant que la guerre battait son plein, faisaient 48 heures pour parcourir 40 km en « land-rover » british ou santana! Toujours est-il que tous les membres du clan de l'Etat-major et leurs acolytes ont été mis aux arrêts dans la nuit du 2 au 3 Aout 2005 par AZIZ et Ghazwani avec le concours des unités du Basep. Le chef d'Etat-major adjoint Abderrahmane Ould Boubacar a été amadoué par Ely Ould Md Vall afin de prendre la place d'Arby Ould Jedeine .Maawiya qui était en visite à l'extérieur n'a pu être  « préservé de ses amis » encore moins se « charger de ses ennemis ». Du 12-12-1984 au 03-8-2005, vingt et un an sont passés depuis le coup d'Etat contre Haidalla, soient plus de quatre mandatures. Un bilan mitigé pour ne pas dire médiocre, des objectifs en berne et une société en déliquescence, d'où un héritage encore difficile à gérer.


  Mohamed Ould Abdel Aziz
    Personnage atypique, scrabeux, il est indéniable que Mohamed Ould Abdel Aziz aura marqué toute la Mauritanie et même au-delà depuis le 03-8-2005.Cet homme est inclassable et pour le disséquer, commençons d'abord par le coup d'Etat du 6 Août 2008 qui va propulser Ould Abdel Aziz au devant de la scène nationale et internationale. Ce jour, je me suis rendu comme chaque matin dans les locaux du Calame vers 8h 30mn. Dans le bureau du Directeur Ahmed Ould Cheikh, il y avait également Abdallahi Ould Hormtallah qui semble être en disgrâce du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, les journalistes Seck Amadou et Ould Moine .Dès mon arrivée, Ahmed me dit: tu n'es pas au courant, ton ami le général Aziz a été ligoté par un commando tôt ce matin, d'après Al Jezira? Je leur ai répondu : Aziz ligoté, d'ailleurs par qui car il vendra sa peau très chère? Quelques minutes plus tard et pour parer au doute, je composais le numéro fixe d'AZIZ: « qu'est-ce qui se passe, mon général, il parait que tu es ligoté »? Aziz au bout du fil de répondre en hassanya: comme tu as probablement entendu à la radio, Ely je n'ai pas le temps de discuter, à plus tard. J'ai dit à l'assistance dans les locaux du Calame qu'un homme ligoté ne peut être en mesure de parler au téléphone. Tout le monde commençait à s'agiter en quête d'information fiable. Ould Hormtallah, contacté par une « radio arabe » d'un pays lointain commentait déjà la destitution des généraux Aziz, Ghazwani, Ahmed Ould Bekrine de la Genarmerie, Felix Negri de la Garde Nationale. Au bout d'une heure je partais au ministère de la Défense, où je croisais un colonel qui m'interpella: le colonel Mohamed Ahmed Ould Smail (l'officier qui devrait remplacer AZIZ ) a déjà pris les consignes du Basep, Aziz est aux arrêts de rigueur comme s'il voulait me dire :bien pour sa gueule en sachant que nous étions en rapport. Ce que semble confirmer tout le personnel du ministère, même si  je dis à l'un d'entre eux avoir eu le cdt du Basep au téléphone il y a un peu plus d'une heure. Après quelques longues minutes le téléphone fixe d'un officier du ministère sonna dans son bureau. Il me regarda et dit: Ely, tu as raison le général Felix vient d'embarquer le 1er ministre Yahya Ould Waghf avec une hargne qui lui était inhabituelle selon les témoins. Car ce jour le chef de la Garde Nationale était comme un lion blessé. En effet Felix Negri qui le 8 Juin 2003 au BB(bataillon blindé) assis dans une chambre avait confondu une baguette de pain d'avec la crosse d'un fusil kalach, s'est avéré le 6 Août 2008 plus combatif que tous. Par contre l'Etat-major qui incarnait  la légitimité vis à vis du président Sidi n'a pas pu ou su déjouer, au moins contenir le coup de force à mon avis pour les raisons suivantes. Il n'y avait aucun homme d’envergure, téméraire de la trempe d’AZIZ et Sidi  mal conseillé sur les questions militaires  n'a pas trouvé l'astuce pour s'en débarrasser. La nomination d'Abderrahmane Ould Boubacar comme chef d'Etat-major était une erreur monumentale. Il a tout gâché avec son manque d'allant et d'initiative ponctuelle. Pourtant dès son arrivée à l'Etat-major il fût  accueilli, installé dans son bureau ( qu'il connait bien d'ailleurs) par les colonels Ely Ould El khal son adjoint(qui s'est aussi bien distingué cette matinée malgré la frousse  qu'on lui reconnait) et Hamada Ould Boidé à qui on devrait donner le BCS. Il suffisait de faire sortir 4 ou 5 « Toyota »armées, direction le Basep ,vavoir la volonté  de défendre la démocratie tout en se préparant au combat. Noble initiative, non? Et la tentative de coup d'Etat allait prendre une autre tournure. Aziz est certes téméraire mais pas bête car, quand il s'aperçoit que son adversaire ne recule pas après l'avoir chargé, il négocie. Voir le colonel Ould Boubacar aujourd'hui demander à Aziz de démissionner, est une aberration. Quand on a tout fait pour être officier supérieur sans l'étoffe, ensuite chef d'Etat-major sans la compétence requise et après avoir échoué devant l'Histoire, on se casse. Encore une fois l'Etat-major national a courbé l'échine devant le Basep qui n'est pourtant qu'une unité comme les autres avec  des soldats sûrement pas prêts de mourir pour AZIZ.

 Le 6-8-2008 entre 11h et midi le coup d'Etat était consommé et AZIZ a commencé ses manœuvres qu'on ne lui connaissait pas en premier lieu :mentir d'abord au chef de file de l'opposition Ahmed Ould Daddah pour qui, le CDT du Basep n'était  que de passage; mentir au peuple mauritanien en proférant des slogans de gauche dans le seul but d'engranger un pactole par tous les moyens illégaux. L'homme a du culot car en général  ceux qui volent, détournent, dévoilent leur peur à la moindre incartade. Chez AZIZ, c'est le comble; non seulement il triche, vole, blanchit mais méprise également, voyage beaucoup comme s'il narguait et ses concitoyens et ses frères d'Armes. D'ailleurs ses relations avec les êtres humains se limitent à trois critères de basse besogne;1/ Aziz a besoin d'informateurs ,2/AZIZ veut des personnes qui lui fructifient ses affaires tout en sachant que c'est lui qui doit avoir toujours le dessus donc le gros lot;3/ AZIZ est un adepte du poème d'Horace du « carpe diem » et il faut des intermédiaires sans scrupules pour le satisfaire .S'il constate que vous ne répondez pas à l'un de ces critères, il vous ignore. Des personnalités comme Mohamed Ould Bouamatou, Ely Ould Mohamed Vall ayant les mêmes traits génétiques que lui ont refusé de se plier à ce « diktat », d’ou la cassure. L'on se demande d'ailleurs comment un président dont le fils a tiré sur une jeune fille la rendant à jamais cul-de-jatte, sur lequel on a tiré, qui, selon des enregistrements aurait blanchi l’argent, trafiqué la drogue, trahi les siens..etc..puisse encore bénéficier de légitimité, de popularité encore chez certains citoyens? C'est incompréhensible même s'il est dit que les peuples n'ont que les dirigeants qu'ils méritent! Personnellement je ne me reconnais plus en AZIZ. Cet officier a me semble-t-il une double personnalité. Toute sa politique est basée sur l'obsédante quête d'argent. Même sa façon de distribuer de l'argent mensuellement à ceux seulement qui le soutiennent rappelle les pratiques du patron du cartel de Medellin, Pablo Escobar. D'où vient cet argent? Du contribuable? , dans ce cas il doit être reparti sur toutes les couches défavorisées du pays, sous forme d'allocations familiales, d'aide aux femmes divorcées élevant seules des enfants etc..

    Aziz a déjà échoué et ceux qui le soutiennent regretteront toute leur vie. Car le jour où AZIZ sera déchu les mauritaniens se rendront compte de l'ampleur des dégâts qu'on nous cachait, des accords secrets pour piller la Mauritanie. On se demande si une partie de notre pays n'a pas été déjà vendue à des multinationales étrangères? Alors qui succédera à AZIZ, cet homme qui ne lâchera jamais le pouvoir par voie d'alternance pacifique? On ne saurait terminer sans rappeler les propos d'un député de l'opposition qui disait: l’auteur d'un coup d'Etat qui a réussi est un héros, s'il échoue, on le traite de criminel. Faut-il souhaiter un coup d'Etat réussi en Mauritanie? Certes il est préférable un soulèvement populaire qu'un coup d'Etat qui est le plus souvent un éternel recommencement si son instigateur n'est pas un vrai patriote. Pour le cas précis du général AZIZ, qui contribue à la récession de son pays en déposant de faux billets à la banque centrale, afin de récupérera les vrais, en procédant au trafic de drogue, en fermant des établissements pourvoyeurs d'emplois, en méprisant son peuple et j'en passe, un coup d’État le destituant serait-il un crime ou une bénédiction? La balle est dans ton camp « hypocrite lecteur, mon semblable mon frère »!

   ELY OULD KROMBELE

 

 

Qui succédera au général Mohamed Ould Abdel Aziz?

Il avait tous les atouts en main  pour réussir. Une Armée mise au pas dont la majorité (surtout les  officiers ne le connaissant pas),le craignait et le craint encore. Une classe politique dont la domesticité, hormis quelques rares incorruptibles,  à l'égard de l'exécutif, soit-il exécrable,  ne fait aucun doute .Une administration ou ce qui en reste, servile, prête à se mettre aux ordres du dernier grenadier voltigeur. Enfin un peuple humble, peu éduqué mais frugal. Un sous-sol riche, des potentialités halieutiques sans égales, une position géographique convoitée avec ses 800 km de cote, ouvrant sur l'océan atlantique, versant dans  la mer Méditerranée, berceau de plusieurs civilisations millénaires. Et le tout pour nourrir une population d'à peine  4 millions d'habitants. Ceci pour  ce qu'on appelle en jargon militaire « la préparation matérielle ». Notre démarche ou  MRG (méthode de raisonnement générale) pour aborder tout sujet militaire ne peut se réaliser sans préparation ....intellectuelle. Là où, le matériau aidant, il faut mobiliser, organiser toutes ses forces intellectuelles. C'est cette démarche intellectuelle  qui fait défaut au puzzle Azizien depuis le coup de force du 6 Aout 2008. Car c’est elle  qui, aux plans tactique et technique, érige  le degré de compétence  émanant  des différents Etats-majors, en faisant ressortir la stratégie à adopter des officiers initiateurs de concepts de défense, ou de marche à l'ennemi. Dans le cas spécifique de la Mauritanie, où les généraux veulent ajouter une corde à leur arc, en s'adonnant à la pratique politicienne, ce qui n'est point leur domaine de prédilection, la doctrine aura besoin sans doute de charge-relais pour mieux la propulser. Le concepteur de toute cette « stratégie », c'est le général AZIZ aux commandes depuis 2008. Même si notre général disposait du matériau dès sa prise du pouvoir, voire même du canevas, il lui manquera l'organe essentiel;  la « cause efficiente » ou motrice dont la délivrance nécessite une culture et une adéquation ad hoc. Car il ne suffit pas de se décréter général pour l'être ex nihilo, ni président pour en avoir l'étoffe académique. Le litige est là. En effet l'intelligence innée ou acquise du général- président est bien en deçà des  aspirations qu'il veut ou semble vouloir atteindre, malgré la témérité,  et l'impériosité que l'homme dégage. Aziz s'accrochera à son fauteuil, se défendra bec et ongles .Débonnaire, AZIZ ne lâchera rien. Advienne que pourra. Alors le rêve est-il permis? Si, la balle « amie » n'est -elle pas un signe prémonitoire qui stipule que   tout peut arriver en dehors d'une hypothétique alternance pacifique? Hormis un incident de parcours probable, genre coup d'Etat ou assassinat, qui pourrait succéder au général, afin d’inciter à  l'avènement d'une « troisième » république? Légitimement nous ne pourrons puiser notre éventuel protagoniste qu'à partir du lot  immuable et impassible dérivant de notre traditionnelle  opposition démocratique. Jetons les dés et commençons par le président du RFD.

   Ahmed Ould Daddah, opposant  historique.

  Demi-frère du fondateur de la 1ère république (1960-1978) Ahmed Ould Daddah demeure, qu’on le veuille ou non, le maillon fort du microcosme politique mauritanien. Chef de file de l’opposition, Ahmed occupe une place prépondérante sur l'échiquier politique Nouakchottois. L'homme qui a résisté aux sirènes rocambolesques de Maawiya, combattu l’« intrusion manifeste » de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, cependant  roulé dans la farine par Aziz, peut-il encore aspirer à la magistrature suprême de son pays?  Rien de politiquement correct ne peut se faire sans Ahmed Daddah .Sa posture rappelle celle de la Syrie d'avant-guerre dans le dispositif moyen-oriental face à Israël. Pas de paix au Moyen-Orient sans la Syrie, ni guerre Israélo-Arabe sans l'Egypte. Ceux qui le critiquent ne savent pas que si Ahmed « avait soif de pouvoir », il aurait mis la Mauritanie à feux et à sang depuis la 1ère présidentielle de 1992. Modéré, sage, musulman dans son comportement quotidien, mais baissant la garde à certains moments, Ahmed, malgré son âge avancé peut parfaire une réelle transition: mettre le pays sur les rails, moraliser la chose publique, injecter le pudique, la probité, la décence une seconde fois dans le cœur des mauritaniens. Cependant, il ne doit dépasser un seul mandat ou une transition de plus 3 ans. Car l'appétit venant en mangeant pour ceux qui ont longtemps « couru » derrière le pouvoir, il faut éviter pour la Mauritanie le syndrome « Wade » du Sénégal qui voulait changer la constitution afin de briguer un troisième mandat à l'âge de....86 ans. A noter aussi le cas d'Alpha Condé de Guinée dont le pays est dans l'impasse au plan politique. Enfin si Ahmed Ould Daddah pour des raisons quelconques ne serait pas en mesure d'honorer son pays, il y a au sein du RFD de jeunes politiciens capables de relever le defi: Yacoub Ould Moine, Ould Lematt, le président de la CUN, Ahmed Ould Hamzé sans oublier la « dame de fer » version Sibé, Nané Mint Cheikhné.

  Mohamed Ould Maouloud de l'UFP

   Personne ne peut nier la fidélité du président de l'UFP aux principes qui découlent d'ailleurs de la morale universelle. Si l’honnêteté, la stature académique en politique à elles seules  suffisaient  à se hisser au sommet Ould Maouloud aurait gagné le lot. On accuse justement l'UFP « laboratoire de cadres » d’être un parti .....d'intellectuels. Un excédent  qui manque à la ligne de crête de L'UPR. Au sein de L'UFP la  courroie de transmission entre la base et le sommet serait-elle défaillante? Pourquoi ce parti pourtant à cheval sur la morale et la probité en politique ne draine-t-il pas les foules, surtout laborieuses?

   L'UFP doit communier avec les dockers, les charretiers, les ouvriers, les chômeurs de longue date pour mieux parfaire son assise au plan social.

   Messaoud Ould Belkheir

 De part son aura, son attitude consensuelle, le président de l'APP était le politicien le plus en vue depuis l'avènement de la « démocratie » en 1991 jusqu'à l'élection présidentielle de 2009. L'un des fondateurs du mouvement abolitionniste « El Hor », l'homme jusque là incontournable a corrompu son auguste image par la proximité d'avec un régime qui tire sa « légitimité » de la baïonnette et du canon. Messaoud doit le savoir, lui qui a milité dès son jeune âge dans des structures de défense des droits de l'homme. Messaoud n'avait pas besoin de cette « pluie de l'expérience » Azizienne « qui jamais n'instruit ». N'était-il pas gouverneur de région au Gorgol, lorsque le sous-lieutenant Aziz, passait sous le belvédère du gouvernorat de Kaédi dans une caisse de land-rover ? Un peu de décence et de hauteur voire de dignité car la caractériologie du général-président consiste justement à humilier, à « doubler » tous ceux à qui le destin a  donné une courte avance sur lui, civils ou militaires. Messaoud doit comprendre qu'il n'est qu'un tremplin pour le pouvoir actuel qui fait semblant  par son entregent de vouloir le dialogue. Or AZIZ a déjà tout scellé. D'ici la fin de l'année 2013,il proposera même la primature à l'opposition, voire les ministères de souveraineté car Aziz maitrise le fichier électoral comme le précédent en 2009.A l'issue de l'élection présidentielle  de 2014 la pression de ses amis fera le reste  quant à  la proclamation des résultats avec la complicité manifeste du ministère de l'intérieur, de la « Ceni » et du conseil constitutionnel dont les membres ont moult raisons de valider le scrutin. L'opposition et la quasi-totalité du peuple mauritanien n'auront alors que leurs yeux pour pleurer .A moins que le déroulement du film ne prenne une autre tangente avec le soulèvement cette fois du peuple meurtri, la prise du palais ocre, la fuite du président par la voie des airs comme un certain Bozizé de Centrafrique. L'ingénuité du président que désormais le citoyen lambda connait sous son vrai jour, la déliquescence du tissu social mauritanien, la persistance de l'esclavage, du racisme,  le tout coiffé d'une conjoncture économique oppressante, sont autant d'éléments qui présagent de lendemains douloureux pour notre patrie.

Capitaine Ely Ould Krombelé

 

Qui succèdera au général Mohamed Ould Abdel Aziz ?
(Suite et fin
)

Dans la partie précédente nous avons parlé des présidents du rfd, de l'ufp et de l'app pouvant prétendre succéder au général-président AZIZ.La liste est loin d'être exhaustive en tenant compte de la kyrielle de partis politiques et leurs dirigeants sans oublier des personnalités indépendantes capables de se prêter au jeu de chandelle. Car il s'agit, ni plus ni moins que d'un jeu qui ne vaut pas la chandelle qu'est l'élection présidentielle. Car le « monarque républicain » contrairement à la durée de l'éclairage d'une bougie, lui a tout le temps qu'il faut pour "parfaire" ou défaire les sangles de « sa démocratie » à la mauritanienne.

Ni l'intangibilité en politique de BA Mamadou Alassane du Plej, ou de maitre Mahfoud Ould Bettah, ni même le nomadisme où le doute est permis, de Yahyé Ould Waghef du parti ADIL, de Kane Hamidoun Baba, encore moins la dextérité de « l'animal politique » Moustapha Ould Abeidrahmane, sans oublier l'opiniâtreté d'un Boidiel Ould Houmeid,ou encore l'efficacité du diplomate onusien Ahmedou Ould Abdallah ,la compétence de l'ex-patron de l'OMVS Ahmed Salem Ould Merzoug, pourquoi pas le combatif, richissime homme d'affaires Mohamed Ould Bouamatou et j'en passe ,ne pourront dévier de son lit le cours de l'Histoire qui se trame dans les labyrinthes très sinueux du palais ocre de Nouakchott. On peut même ajouter à cette armada politicienne le support empirique des « bibliothèques » qui, heureusement ne « brûlent » pas encore, en l'occurrence le président du RDU Ahmed Ould Sidi Baba,Sidi Ould Cheikh Abdallahi éphémère président dont l'attitude « parnassienne » nous « apprend à mourir » avant même de penser vivre.

C'est partant de ce kadeiscope d'une Mauritanie qui va mal et qui ira sans doute les jours suivants de charybde en scylla tant que l'exécutif n'aura pas changé de mains, que nous portons encore cette semaine notre dévolu sur trois compatriotes aux cursus différents pris singulièrement mais ayant des points communs ,car tous tribuns à bien des égards. Quand l'existentialiste humaniste Sartre dit qu’être une conscience c'est s'éclater vers l'avenir, qu'il nous soit alors permis, après les mammouths et les dinosaures de mettre en scène cette fois des politiciens relativement jeunes et qui incarnent, chacun en ce qui le concerne une entité du fragile tissu social mauritanien.

Jemil Mansour de Tawassoul
Jemil Mansour est à la tête d'un parti d'obédience islamique légalisé depuis 2008.Ce parti s'est imposé comme acteur incontournable de par sa cote d'audience et le nombre de ses militants .Il semble que Jemil Mansour privilégie le changement par les urnes, plutôt qu'une révolution dont les conditions "ne sont pas réunies « sinon elle serait venue d'elle-même ». A l'instar du Sénégal où le mouvement du M23 avait été le " fer de lance"de l'opposition ,Tawassoul dispose aussi de Machaal comme appendice .Mais la comparaison s'arrête là car les sénégalais étaient décidés à ne pas se faire voler leurs victoires, aussi bien en 2002 qu'en 2012.Cependant qu'en Mauritanie les revendications ne survivent pas au-delà du lancer de deux grenades lacrymogènes ou la promesse de quelque poste juteux. Enfin l'avenir nous apprendra à connaitre l'attitude du parti Tawassoul à l'issue de la présidentielle 2014 qui sera qu'on veuille l'entendre ou non truquée, gagnée par AZIZ dès le premier tour. Un général d'Armée n'organise pas des élections pour ensuite les perdre; ce serait « déshonorant ». On se demande d'ailleurs pourquoi les islamistes mauritaniens sont à la traine par rapport à ceux d'Egypte, de Tunisie, du Maroc et dans une moindre mesure de Lybie et qui, par l'intermédiaire de leurs partis ont pris le pouvoir dans leurs pays respectifs. Certes la configuration sociale, la position géographique de la Mauritanie lui concède une lecture différente par rapport aux autres réalités maghrébines là où les dictatures étaient farouches, anachroniques et sanguinaires. Jemil Mansour a-t-il une autre stratégie que le « rahil » et qui a montré ses limites? Fera-t-il cavalier seul ou s'alignera-t-il derrière les recommandations de la cod?

Sarr Ibrahima de AJ/MR
Rescapé de la sinistre prison de Walata pour avoir publié avec d'autres compatriotes le manifeste du negro-mauritanien opprimé, Ibrahima Moktar Sarr est connu de tous les mauritaniens depuis la présidentielle de 2007 où il bénéficia d'un crédit national tout en s'imposant comme figure de proue au sein de sa communauté d'origine. En 2009, ce poète s'est trompé, d'ailleurs comme la majorité des mauritaniens en s'alignant derrière la "bannière étoilée » du Basep, à cause des slogans de gauche « proférés » par un général cependant ayant la bouche à droite. Le chant des sirènes qui augurait d'un règlement définitif du passif humanitaire lors de la médiatique prière de Kaédi en Mars 2009 et que Dieu n'a pas exaucée, s'est terminé en queue de poisson. Parce que c'était aussi la première fois qu'AZIZ accepte de se plier à un « exercice liturgique » dans une ville où il passa auparavant environ deux ans de sa vie d'officier. L'enrôlement discriminatoire où l'on suppose que derrière chaque Peul il y a un étranger, la frustration, l'injustice sont autant d'alibis qui attestent de la déception de notre journaliste-poète, ce à l'instar de la majorité écrasante des « gens du fleuve ». Et pourtant l'homme a des idées salvatrices et en intellectuel avisé SIM sait aussi écouter et pardonner. Mais la politique en Mauritanie est un exercice périlleux où même en « avilissant sa muse » on ne saurait aspirer à un résultat probant. Notre poète qui ne peut se vanter d'avoir été le « premier à faire descendre la poésie du mont Parnasse » saura-t-il créer le précèdent en devenant le premier président négro-africain de Mauritanie? En attendant l'arrivée du vaisseau sacré de Délos, passons au troisième aspirant avant, comme Socrate, qu'il ne soit contraint de boire la ciguë, accusé cette fois-ci de vouloir incinérer des ouvrages de « rite azizite »

Biram Ould Dah Ould Abeid
De Biram on ne doit pas avoir une vision manichéenne du genre : on l'aime ou on ne l'aime pas, sous peine de tomber dans l'escarcelle de la subjectivité. Or selon le credo pascalien « du moi haïssable », il serait indélicat de ne pas constater de manière objective la prouesse qu'a insufflée le président de l'IRA à la cause Haratine depuis seulement deux ou trois ans. Même si ses agissements sont souvent incommodes, contre-productifs à certains égards, Biram a fait bouger les lignes de démarcation quant à la lutte contre la fatalité de l'esclavage en milieu maure. Au début, ses slogans appelant à l'explosion communautaire avaient désolé mêmes ceux parmi les maures rétifs au discours progressiste .Car Biram doit savoir que depuis 1960, il y a un pouvoir central avec ses structures modernes (éducation, santé, justice) et qui doit rendre des comptes. Il est inutile de revenir sur l'historique de l'esclavage parce que tout le monde est responsable depuis les empires moyenâgeux où les roitelets africains échangeaient « leurs frères » contre la pacotille, en passant par les rezzou des moines-soldats arabes ou de simples aventuriers jusqu'à la pénétration coloniale. Aujourd'hui le diagnostic contre l'esclavage étant connu, c'est aux pouvoirs publics que revient l'injection des sédatifs capables de l'endiguer jusqu'à l'éradication totale. D'ailleurs la création du parti RAG, au-delà de son engagement à lutter contre l’esclavage, n’a-t-elle pas pour but la conquête du pouvoir? Louable initiative si elle ne devrait pas se perdre dans les dunes de sable car faire de la politique en Mauritanie c'est le plus souvent vouloir s'en sortir soi-même en laissant les autres sur le bord de la route. La grève des dockers du port autonome de Nouakchott nous a fait ressortir les failles de la solidarité des « hommes politiques » d'avec les travailleurs les plus démunis. L'ignorance manifeste de l'élite haratine à l'égard du lumpen prolétariat hartani ,hormis l'intervention remarquée du président de l'IRA, a permis à tous les esprits épris de justice de tirer des enseignements. Biram va-t-il cristalliser le capital de sympathie suite à la grève des dockers, ces « misérables » des temps modernes spoliés, humiliés dans une Mauritanie qui se targue d'être musulmane à cent pour cent? Wait and see comme disent les Anglo-saxons, car les élections s'approchent et nous saurons si les mauritaniens sont prêts à élire un Hartani à la tête de la magistrature suprême. D'ici là il faut, à tout prétendant à la magistrature suprême de Mauritanie de reproduire les douze travaux d'Hercule, en tenant compte qu'à chaque travail,il est couplé la statue imposante du monarque républicain, le général président Mohamed Ould Abdel Aziz. Alors 2014, sera-t-elle l'élection présidentielle de tous les dangers?

Capitaine ELY OULD KROMBELE

 

 

Droit de réponse à Mr Ould Brahim Khlil sous le pseudo-Samba Sy, légat du pouvoir Azizien à Paris.


Le légat du pouvoir Azizien à Paris, tu m'entraines sur un terrain que tu connais mal et qui est  par contre mon domaine de prédilection: l'Armée. Je sais qu'en dehors de ton mentor Aziz, tu n'as aucun respect pour les militaires. Ton comportement à Bruxelles à l'égard de l'un des officiers les plus en vue de l'Histoire militaire de   Mauritanie, le colonel Mohamed Ould ABDI, sage parmi les sages  a blessé toute la hiérarchie. Ton quiproquo d'avec la sénatrice Malouma Mint Meidah lorsque tu étais « ministre » a heurté la sensibilité de tous les mauritaniens. En 2006 à l'UNESCO tu as vomi un réquisitoire devant moi contre tous les officiers et hommes d'affaire Smacides, les qualifiant de « mafieux » parce qu'ils t'ignoraient en tant qu’attaché de presse à l'ambassade de Mauritanie à Paris.

   Mr le blanchisseur de billets de banque, je suis certes nommé capitaine le 1er Avril 1996 après 11 longues années de grade de lieutenant pour cause surement de n'avoir pas voulu « casser du peul » et de  la cote d' « âme ». Mais il y avait un chemin très court pour avoir le CPOS. Ton mentor Aziz le connait, moi    j'ai refusé de l'emprunter. Le jour où la Mauritanie disposera de bonne gouvernance, les archives seront sorties, les états généraux entamés. D'autre part  j’ai connu  Le colonel Ahmedou Ould Abdallah,4 ans après mon incorporation, en octobre 1979.S'il y avait une Armée républicaine sans magouille, ton mentor AZIZ n'aurait pas dépassé le grade de lieutenant et moi je serais aujourd'hui colonel ou général. Contrairement à ce que tu crois je suis fier d'avoir grandi à Nioro, dans la sérénité et l'opulence, étant natif d'Oum Lehbal .J'aime le Mali, quand ton mentor déteste les sénégalais. Mes ancêtres sont arrivés à Nioro en 1718 avant que la ville habitée jadis par trois saints: El Hadj Oumar Tall, Cheikh Mehdi, et enfin Cheikh Hamahoullah ne soit malienne définitivement en 1960.

  Et toi, Brahim Khlil d'où viens-tu, bafour ou berbère des oueds? Un attaché de presse ayant fait sa formation en Russie mais ne parlant pas la langue de Fedor Dostoivski. Tu oses parler de « rigueur professionnelle » alors que tu es impliqué dans le faux et l'usage du faux de la fraude à la sécurité sociale française au blanchiment d'argent. Je ne parle pour le moment que ce dont connait tout le monde, le reste je garde jusqu'au temps opportun. Car la Mauritanie ne peut pas continuer à être dirigée par des malfrats. Mr le légat, tu oses vraiment porter plainte contre moi, sous le risque de voir surgir toutes tes pratiques dolosives, bref tes millions, tes maisons, tes comptes garnis d'argent mal acquis. Je persiste et signe tes écritures comptables douteuses, ton lumpen professionnalisme quant à l'enrôlement et ta « sublime ignominie ». Tu parles d’« horreur » : qui en sont à l'origine en 1991-92? Parle…. Prépare-toi Brahim Khlil ton nom a été cité lorsque tu étais ambassadeur en Jordanie, dans des transactions mafieuses ou Ghanagate. Après le sommet c'est la chute et elle sera dure, très dure. Tu ne t'en sortiras pas comme ça. Tu n'as jamais été honnête et tu ne le seras pas. Et enfin Mr Brahim Khlil tu n'ignores pas qu'il   y a le « tezabout » des guerriers Mghavré comme une épée de Damoclès suspendue sur ta tête. Car je tiens à venger la sénatrice Malouma .La prochaine fois tu signeras toi-même au lieu d'user de nom d'emprunt.

Capitaine Ely Ould Krombelé

 

 

L’ambassadeur « extraordinaire » Ould Brahim Khlil
et la diplomatie de la canonnière

 

Platon avait écrit sur les portiques de son lieu d'enseignement, l'Académie: « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre ». Vingt cinq siècles plus tard, l'actuel légat de Mauritanie à Paris veut reproduire la volonté du célèbre philosophe de façon humiliante, contre-productive ,en verrouillant cette fois les « portiques » de son ambassade, cependant seule portion de territoire appartenant de droit aux citoyens mauritaniens vivant en France .La recherche de l'efficacité dans l'enrôlement actuel ne pourrait être à elle seule la raison au déficit de déontologie  professionnelle, observé par tous les esprits épris d'équité. .L'idiosyncrasie de notre légat, son manque de compétence et surtout d'empathie sont autant de critères saillants qui illustrent cette assertion.

  En effet depuis son arrivée à Paris en 2012, venant de Bruxelles où il fît beaucoup de dégâts Ould Brahim Khlil, jadis attaché de presse du temps de Maawiya, évoluant alors dans l'indifférence et le dénuement, peut désormais savourer sa revanche. La clepsydre s'étant vidée, le temps faisant l’alternance, les vents favorables soufflent depuis Aout 2005.Une liaison matrimoniale lui a valu un bombardement jusqu'au poste le plus prestigieux, fleuron de notre diplomatie en Europe, voire dans le monde. N'est-il pas l'époux de la nièce à la 1ere dame dont le père par des liens tribaux a pu maintenir son beau-fils, notre général-président dans les mailles du sérail jusqu'à catapulter son démiurge Maawiya? Une orgie dionysiaque où les bacchantes entretenant le culte se soucient peu de leur propre image. Ignorer des femmes et des enfants par un froid de canard, des vieillards qui ne demandent qu'à s'enrôler pour fuir le climat « bas et lourd, pesant comme un couvercle » sur une  « ambassade » ressemblant à un camp retranché. Depuis l'arrivée d'Ould Brahim Khlil à Paris tous les employés sont tristes; même le bureau militaire est mis au pas mais peu cadencé du maitre des lieux. Cette pseudo-rigueur qui rappelle les théories incantatoires du mentor le général-président AZIZ et qui visent à masquer les pratiques fangeuses (détournement des fonds de l'ambassade, fausses écritures, fautes contre la morale) sont désormais connues de tous .Elles ne trompent plus personne.

  Force est de constater que la diplomatie mauritanienne est à l'image de ceux qui prétendent l'élaborer. Elle est synonyme de médiocrité, d’improvisation, et surtout d'injustice. En France, tant que la résidence de l'ambassadeur avec ses trois étages peut jouer le rôle de pied à terre à la progéniture du général-président, et l'ambassadeur se muant en « baby-sitter », on ne peut espérer mieux de ce régime dont les frasques dépassent l'entendement. Le pouvoir est au bout du fusil. Même si la diplomatie de la canonnière est abolie depuis le début du siècle dernier, en Mauritanie, pays atypique, elle sera toujours érigée en « magister dixit ».

Ely Ould Krombelé 

 

 

Et si nous étions tous des haratines ?

Ich bin ein berliner (je suis un berlinois)s'était écrié le président John F Kennedy le 26 juin 1963 lors d'une visite en Allemagne à Berlin-Ouest enclavée,coupée en deux à cause du blocus de 1948.Si Kennedy a tenu ce genre de discours c'est que le peuple allemand martyrisé,défait,avait  autant besoin  d'un soutien moral du monde dit libre par rapport au "rideau de fer" qui s'est abattu sur l'autre Allemagne coté soviétique,mais aussi d'une compassion pour une guerre que le 3eme Reich avait inopportunément déclarée et perdue.Plus qu'un soutien moral,c'est un plébiscite en faveur de leur cause que les Haratines sollicitent auprès de tous les esprits épris de justice.   Pourquoi ne serions-nous pas un temps tous des haratines ,ce peuple qui a tant souffert,et qui souffre encore et encore?Certes le comportement de quelques  individualités haratines qui,une fois montées sur le piédestal ,refusent   désormais de  descendre jusqu'au parterre  pour continuer le combat à la base,doit-il nous interpeller.S'il n'existe que du particulier, il ne peut cependant « avoir de science que du général ».Vouloir trouver une solution à la question haratine en évoquant ça et là des singularités ou des attitudes intrinsèques, propres à tel ou tel hartani  ,relèverait de l'alchimie.Au delà de la problématique culturelle ou historique soulevée par l'ensemble haratin ,l'équation ne trouvera sa résolution définitive que dans une approche sociologique  tenant compte surtout de la spécificité spatio-temporelle de ce qu'on appelle « Mauritanie ». Dans cette partie de l'Afrique,musulmane de rite malékite,les textes régissant les relations entre maître et esclave sont discriminatoires : le maître est blanc,l'esclave noir.Et si l'inverse se produisait,des maures blancs réduits en esclavage par des haratines,quelle sera la lecture des textes ? Qui a dit qu'il y a deux choses sans fin :l'univers et la bêtise humaine?

    Composante non négligeable, pour ne pas dire épine dorsale de la communauté mauritanienne,le passé,le présent et le futur des haratines n'ont cessé d’être relatés surtout depuis l’avènement de la « démocratie ».On constate même tacitement une émulation entre maures blancs et négro-mauritaniens depuis la création de l'IRA de Biram Ould Abeid quant à la captation ou l'empathie  à l'égard des haratines. Cette infantilisation du hartani assis entre deux chaises,tiraillé par deux pôles "l'un voulant le garder,l'autre le voulait vendre", a tendance à corrompre  la noblesse de la lutte émancipatrice en la réduisant à un jeu de yo-yo.Pour juguler ce manichéisme ambiant,il devient impérieux aux descendants d'esclaves de prôner une troisième voie salvatrice,seul rempart à la gratuité de l'arabité qui leur est offerte mais aussi aux cornemuses de la négritude .C'est aux haratines de décider s'ils veulent être des peuls ou des maures ou ni-ni.

Depuis la création du mouvement « el hor » il y a environ 35  ans,la lutte anti-esclavagiste a perdu du souffle et ceci pour les raisons évidentes que nous tenterons de faire ressortir.Il est incontestable que la création de l'IRA a donné une bouffée d’oxygène aux défenseurs des droits de l'homme en général et aux abolitionnistes en particulier.Avec l'IRA ,jamais on a  autant  parlé de la lutte contre l'esclavage à l’intérieur,aussi bien qu'à l’extérieur de la Mauritanie.Les pouvoirs publics sentant cette nouvelle menace,par rapport à la traditionnelle opposition dont ils connaissent les limites,les tenants et aboutissants  pour mieux l'endiguer,ont infiltré l'IRA, en la poussant dans ses derniers retranchements. L’incinération des livres,l'inculpation  du président de l'IRA portèrent un coup de grisou à l'opposition radicale en la divisant en pro et anti-Biram, ralentissant ainsi son élan .A sa sortie de prison et en s'attaquant constamment à certains dirigeants de l'opposition tout en ménageant le pouvoir,on se demande siBiram n'a pas fait un deal avec le general AZIZ,champion des coups bas,et des pratiques dolosives.N'a-t-on pas fait disparaitre l'ANAIR au profit d'une autre structure visant à « aider les haratines »? Considerant  que le général AZIZ,n'est point généreux, ne « tendant la main qu'une fois endormi » (allusion faite aux pingres chez les maures) l'on se demande les dessous de cet altruisme spontanément sorti du chapeau du gnome de Louga. Biram va-t-il jouer les thuriféraires à son insu ? Bien que n'approuvant pas les discours prolixes et haineux du president de l'IRA,mais séduit par la persévérance de l'homme à vouloir « simplifier le réel tout en compliquant notre raison »,je mets en gardeBiram Ould Abeid contre toute approximation d'avec le pouvoir central de Nouakchott dont il n'en récoltera justement  que des ....séquelles. Aziz sait ce qu'il veut car l'élection présidentielle qui s'approche accouchera  sans doute    de beaucoup de coups fourrés,d'illusions et de subterfuges.N'a-t-il pas amadoué Messaoud Ould Belkheir,le président de l'Assemblée pour mieux l'utiliser?Ceux qui croient que l'initiative deMessaoud n'a pas la bénédiction d'AZIZ,se trompent .Dans ce marché de gagnant-gagnant, Aziz compte sur le passé charismatique deMessaoud pour une décrispation de la scène politique, en vue de  berner une seconde fois l'opposition radicale  comme cela s'est passé après les accords de Dakar. Messaoud,n'ayant plus la cote auprès de l'ensemble haratin, doublé par l'IRA et surtout le nouveau parti progressiste Moustaqbel de Samoury Ould Beye etMohamed Ould Berbosse,qui réfutent  le service de « l'oncle Tom »,veut séduire les maures voire au-delà.En s'investissant corps et ame dans une réconciliation nationale qui n'a aucune chance d'aboutir tant que le césarisme ,comme  l'harmattan soufflant  sur le ventre vide des mauritaniens toutes tendances confondues ,tiendrait  le haut du pavé,le president de l'Assemblée Nationale joue gros . Messaoud en décrétant d'autre part la fin de la mission du mouvement « EL Hor » pour des raisons peu convaincantes,corrompt de facto le  paradigme de bienfaisance auquel aspirait et aspire encore les descendants d’esclaves,rabougris par une privation et une spoliation séculaires de leurs droits.. « El Hor » n'a fait que poser les jalons en vue de baliser le chemin qui mène à la délivrance. Certains haratines essayeront d'emprunter des bretelles,certes juteuses mais pro domo et n'ayant aucune incidence salvatrice sur le quotidien précaire de la majorité silencieuse.Ceux qui,au contraire se seront armés de patience en évitant le piège de la mélodie Circéenne,bravant au passage les nombreuses promesses aiguisant les appétits,les brimades,les dols des pouvoirs publics,accéderont sans doute un jour au royaume de l'égalité des chances,de la justice et du bien-être. Les Haratines,en dehors des gens de bonne volonté ,ne doivent compter que sur eux-memes. C’est à dire ceux d'entre eux qui revendiquent la condition d’être hartani ,fier de l’être,comme jadis les chantres de la négritude tels Aimé Cesaire, Senghor, Leon G Damas,au moment où « il ne faisait pas bon d’être un nègre ».Il arrive que certaines personnes d'origine esclave,une fois au sommet d'une relative gloire ,tronquent leur condition sociale au profit d'un statut dit « supérieur ».Nous constatons ici que l'émancipation financière bouscule la stratification millénaire de la société bouleversant ainsi l'ordre de la nature .Ce qui pousse certains à vouloir garder leurs privilèges tout en empêchant d'autres à aspirer au bien-être socio-économique.Les Maures ne doivent pas ignorer que l'émancipation des Haratines qui se fait dans la douceur est dans l’intérêt de tout le peuple mauritanien.

  Dans le cas spécifique de notre pays,les Haratines de par leur démographie galopante,la main-d’œuvre entreprenante,la disponibilité,l'allant patriotique,constituent la proue de ce qu'on adviendra d'appeler un jour la Mauritanie nouvelle.Il faudra juste attendre la disqualification du dernier et septième chef d’État militaire ,à l'instar du serpent de Koumbi Saleh(à sept tètes coupées l'une après l'autre)pour que la légende se mue en réalité.Car la dictature est incompatible d'avec le progrès .


Ely Ould Krombele

 

 

L’armée mauritanienne est-elle prisonnière de la destinée
peu enviable du général Aziz?

Feux commandant Jiddou Ould Salek, colonel Yall Abdoulaye, colonel Ahmedou Ould Abdallah(la liste est loin d'être exhaustive) réveillez-vous, car la pleutrerie gagne de plus en plus les rangs des officiers mauritaniens..   Dans l'état actuel de déliquescence de la Mauritanie, les forces armées et de sécurité, ont-elles été à l'abri du système de prédation mis en place par le pouvoir azizien? Assurément non!, mais il peut être retenu que certaines capacités nécessaires aux forces ont été améliorées et une tortueuse valorisation de la hiérarchie entreprise. Cette dernière  ne trouve son équivalent que dans les annales de notre passé lointain.  L'Histoire dit-on est le « récit des événements du passé » duquel on tire des enseignements pour construire de manière rationnelle un   futur probant, en déjouant si possible la répétition mécanique des turpitudes orchestrées par d'autres hommes, sous d'autres cieux.  .L'attitude despotique du très général AZIZ rappelle étrangement des comportements, il y a plus de deux siècles  d’un prince de la prestigieuse tribu arabe des Oulad M'Barek du Hodh. Lors d'une bataille, une balle ennemie, cette fois-ci, a pu éviter le ventre vide de l'émir Ould Sid'Ahmed Dlil pour loger dans son bras droit. A défaut pour l'émir de pouvoir se faire évacuer sur Paris, la blessure s'était infectée .Sous la tente une odeur nauséabonde se dégageait de la plaie .Ses proches cousins, les courtisans, encore moins les « niais du parterre » ne  pouvaient   lâcher un « Euf euf » de désapprobation   sous peine de subir le courroux de son altesse. Il fallait trouver un modus vivendi qui satisfasse les Oulad M'Barek d'un coté et de l'autre, atténuer l'orgueil démesuré du chef tribal. C'est ainsi qu'un jour tous les griots hommes et femmes décidèrent de se diriger  vers la tente émirale et se mirent à chanter un poème que «  Ehel Nané moderne »  savent reproduire avec talent : « Guewatt leriam kaamlatt we whig inein vaatine.... » L'Emir, en homme d'Etat avisé, doté également d' « une oreille blanche » à l'opposé de notre AZIZ national,  leur dit « je vous ai compris » .Il tendit son bras droit infecté et on procéda à l'ablation afin de lui éviter une gangrène qui pouvait  sans doute  affecter tout le corps. Notre guerrier n'avait qu'un seul souci. C'est de ne pas décevoir son peuple quand son bras droit qui « a sauvé tant de fois son émirat », son bras droit que tout le Trab Beidane « admirait » se trouverait désormais coupé. Ce, contrairement au général AZIZ qui, blessé, ne pensait qu'au système Rachad, donnant ses ordres depuis son lit d'hôpital de Paris-Percy. Du  temps des Oulad M'Barek jusqu'aux Etats post-coloniaux, qu’est-ce qui a changé ? Presque rien, en dehors de l'infrastructure qu'exige le positivisme, la superstructure, elle, est restée figée. Certes à  la création de l'Armée mauritanienne au lendemain de notre indépendance ,nous pouvons évoquer ça et là des actes de résistance de certains officiers de valeur qui refusent d'être réduits en loques humaines. Aussi la kyrielle de coups d'Etat survenus après celui du 10 juillet 1978 reflètent-ils l'aiguisement sans fard  d'égos surdimensionnés des différents protagonistes. A noter que la tentative avortée du 16 Mars 1981 des valeureux officiers Ahmed Salem Ould Sidi, Abdelkader Ould Bah, Niang Salla, Doudou Seck et compagnons s'inscrit dans ce contexte.A chaque chef d'Etat militaire, son ou ses frondeurs, à l'exception du temps du général AZIZ où les officiers ,surtout généraux, semblent « se cacher ,comme des oiseaux pour mourir ».Lors du coup d'Etat de 1978,jusqu'à sa mort ,le commandant Jeddou Ould Salek donnait du fil à tordre à ses collègues officiers de par son curseur moral transcendant les réalités matérielles devenues plus tard   le « credo pascalien » de l'Azizanie. Du temps d'Ould Haidalla ,je me souviens d'un officier tremblotant devant lui à Bir Mogrein .N'eut été l'intervention du colonel Ahmedou Ould Abdallah alors cdt la 2eme région militaire qui a dit devant Haidalla « mon lieutenant ,tu as l'habitude de me parler, pourquoi trembles-tu devant un colonel  comme moi ,soit-il président de la république ». Il y en avait même des officiers figures de proue de leur ensemble tribal, sans l'accord desquels rien ne pouvait se décider en Mauritanie. Le colonel Yall Abdoulaye avait une telle autorité étant chef d'Etat-major que même les mouches avaient peur de bourdonner dans l'enceinte dudit établissement .Il s'imposait de par son autorité de droit d'abord et de fait ensuite .Sa mort subite désorganisa totalement les negro-mauritaniens qui sortirent des  fonds de  tiroirs et à la hâte des plans de rechange .Mais il se trouve que la  stature de Yall ABdoulaye, sa force tranquille hantent encore l'inconscient collectif de tous ses contemporains. D'ailleurs l'adage maure le confirme, à savoir qu'un homme seul peut bâtir une hélé mais une hélé ou émirat ne bâtir un homme.  Le colonel Cheikh Sid'Ahmed Ould Babamine a su tenir tête au bouillant Maawiya, qui l'envoya comme diplomate jusqu'à sa retraite. Qu'a perdu ce colonel? Rien, il aura plutôt gagné en notoriété et jouit encore de grande estime au plan national. .Après le coup d'Etat de 2005,AZIZ a continué d'entretenir la rébellion malgré la présence de plusieurs officiers plus anciens que lui. Pire, il accéléra le processus de la transition, portera son dévolu sur un homme dont il est sûr de pouvoir manipuler .Le marché de dupes finit par le maladroit limogeage du parrain dont la réaction ne se fit pas attendre. Plutôt l'originale que la copie. Après son putsch, AZIZ a fait de la lutte contre le terrorisme la justification de sa prise du pouvoir et l'élément majeur de sa politique internationale particulièrement vis à vis du monde occidental. C’était sa justification et sa concession au déni démocratique. Grace  au tripatouillage des lois et décrets fixant les conditions d'avancement des officiers supérieurs  aidé en cela   par le président SIDIOCA, Aziz et  son alter égo  Ghazouani qui ne remplissent ni les conditions d'ancienneté ni celles de compétences par rapport à beaucoup de leurs supérieurs , ont été promus au grade de général ,entrainant dans leur sillage certains généraux dont la seule qualité est la soumission. Nous préserverons de garder les noms de ceux qui ,après un cursus normal remplissent les conditions sine qua non  ,sous peine de subir le courroux du maitre des « lieux peints ». En mauvais officier-auto, en se faisant élire sans changer le régime du moteur, Aziz a rapidement mis en œuvre sa politique de hiérarchisation qui a consisté à écarter systématiquement tous ceux qui n'accepteraient pas de se soumettre à ses diktats ou qui pouvaient mettre à nu ses insuffisances en matière de compétences. On ne dira pas mieux pour celui qui, fraichement moulu de l’Académie Militaire de Meknès, écrivait le mot « permission »  avec un « t »(ion) ou je « voi »,le verbe voir au présent de l'indicatif, à la 1ere personne du singulier sans un "s" à la fin. Toujours est-il que notre chef suprême a redessiné l'architecture du commandement des forces armées en perfectionnant le système de   la médiocrité consentante au détriment de l'excellence, soit-elle discursive. Aujourd'hui même si nos forces armées sont correctement équipées et passablement restructurées, leur aptitude se ressent de la mauvaise qualité de l'encadrement de conception et de direction parce qu'émanant d'un choix discriminatoire .Certes la coopération avec  la France et les USA dans le cadre de la lutte anti-terroriste a permis pour nos forces armées  d'améliorer leur aptitude opérationnelle en leur donnant confiance après les différents revers subis dans leur confrontation avec les groupes terroristes. Mais le revers de la médaille ici est que le parapluie américain une fois ouvert pour honorer une coopération militaire avec un pays tiers, ne se referme plus. Les Armées Birmane, Thaïlandaise, latino-américaines sont des exemples édifiants  .Donc n'attendez pas de nos généraux actuels comme ceux à venir tant que le pouvoir est azizien, qu'ils pensent ou conçoivent une reforme quelconque, stratégique pourtant rendue urgente et impérieuse face à l'évolution de nos menaces, de nos vulnérabilités et du monde dans lequel nous vivons. N'attendez pas de nos généraux de se sentir concernés par la déliquescence de notre Etat, pourtant qui les a tant donné, émancipé au détriment de la majorité de ce peuple qui souffre en silence .Je ne suis pas un adepte des complots, mais si j'étais un général azizien ,face à face ,je lui aurais dit mes 4 vérités .Si Aziz ne fait pas un bon général de forces armées, il ne pourrait être un bon président d'une « res-publica ».Après avoir suscité beaucoup d'espoir de par sa témérité, sa hargne, ses slogans à gauche, il devient de nos jours la constriction à toutes les valeurs de la république. Et    ceci est « un acte de résistance » adressé  au peuple mauritanien qui, un jour, je l'espère prendra son destin en mains. Malheur à ceux qui bâillonnent leurs peuples! 

Capitaine Ely Ould Krombelé

 

 

Qui est vraiment Aziz ? :
Les multiples facettes du général-président

 Par Ely Ould KROMBELE

La boutade de l'émir du Tagant, Bakar Ould Soueid'Ahmed, qui disait, en bon guerrier, ne craindre, parmi tous ses contemporains, que la seule tribu Ideyboussatt, pourtant réputée pacifique voire impassible, relevait-elle de la prémonition ou de la sainteté déguisée?


A la stupéfaction de ses cousins et du parterre de courtisans se hâtant à se gausser des propos du grand résistant à la pénétration coloniale, l’illustre héros d'ajouter: "si cette tribu qui a investi, des siècles durant, toute son énergie dans la paix, en faisait autant dans la belligérance, nulle force ne pourra la stopper". Bakar est mort, l'arme à la main, en défendant ses valeurs. Des années s'écoulèrent et les normes socioculturelles des Mauritaniens, toutes tendances confondues, commencèrent à changer. Un Etat centralisateur moderne, se voulant débarrassé de toutes les contingences obsolètes, voire réactionnaires, est né, en 1960.

Les propos, non moins perspicaces d'un observateur averti de son époque, l’administrateur colonial de l'Assaba, Gabriel Ferral, qui affirmait, péremptoire: «le seul régime qui sied aux Maures, c’est l'anarchie», sont en passe d'être démentis. En sollicitant l'inconscient collectif des Mauritaniens, nous verrions surgir le légendaire capitaine Ideyboussatt, secondé par son fameux lieutenant Messoumé et... même plus.

Partant de cet axiome, endogène à la Mauritanie, qui prouve l'inéluctabilité du changement de société, l'heure n'est plus aux atermoiements. C’est la marche de l'Histoire. D'ailleurs, le réveil des peuples arabes, après un «long sommeil hivernal» va dans ce sens. En cette année 2011, toutes les dictatures militaires arabes seront, soit anéanties, soit en pleine déconfiture. La Mauritanie arabe et africaine (encore un avantage) ne pourrait souffrir d'exception. Il est, donc, inopportun, pour le général Ghazwani, en intellectuel avisé et bien éduqué, au sens pédagogique du terme, de vouloir s'arroger le rôle, peu enviable, du général égyptien Omar Souleymane, le sbire du dictateur Hosni Moubarak. Rien ne saurait arrêter, désormais, la volonté du peuple mauritanien, vers un avenir meilleur, pour plus de démocratie, de justice sociale, de partage des richesses, etc. Après sa fuite de Tunisie, en laissant, derrière lui, sa bibliothèque plus riche en magots qu'en manuscrits, le très général Ben Ali, que l'écrivain Gilles Perrault qualifie de «voyou de sous-préfecture», nous enseigne que les hommes d'Etat ne sont que des «êtres pour la mort», comme nous, souvent médiocres, aux préoccupations oiseuses, comme l’argent, l’agio, le coffre-fort. Le pharaon Moubarak parti, le mégalomane Ali Abdallah Saleh sur orbite, le psychopathe Kadhafi dans la tourmente, les peuples arabes et africains veulent prendre leur destin en main. La soldatesque à la vision linéaire et rustique, peu prompte à l'alternance démocratique et au débat d'idées, aimant la gloriole, affichant les paillettes et brandissant le glaive, à la moindre tentative de revendication citoyenne légitime, est en voie d'extinction. Il arrive que ces képis étoilés s'érigent en sauveurs, mais jouent parallèlement, aussi, les «godillots», au profit de puissances étrangères, dans le seul but de se maintenir sur le strapontin olympique, au détriment des aspirations de leur peuple. Il est temps que la Mauritanie soit dirigée par un universitaire qui n'a pas falsifié son baccalauréat ou trafiqué son diplôme. Nous voulons un citoyen responsable, frugal, altruiste, humaniste, juste, de bonne moralité; bref, un président qui fasse l'accord, unanime, de tous les esprits compétents.

Manipulateur accompli

Le consensus au règlement du passif humanitaire est-il comparable à la quête du Graal, le calice encore introuvable? Si le Graal est un objet mythique, recherché depuis des lustres, donnant lieu à de multiples interprétations symboliques, ésotériques et autres illustrations artistiques, notre passif, lui, est synonyme de désolation, de construction à la renonciation et de hoquets, récurrents à tous les pouvoirs publics successifs de Mauritanie. Le général Aziz a-t-il la compétence étendue à lui trouver une solution définitive? Appréhendons ce que le génie de l'Inchiri peut nous sortir de son chapeau. Deux hommes tiennent le haut du pavé, en ce qui concerne cet épineux dossier: le colonel Dia Adama Oumar et l’ancien lieutenant Sy Abou Bocar, dit Djalaldé, qui a connu le sous-lieutenant Aziz, en 1980, à Tidjikdja, alors 4ème région militaire, avant sa dislocation, au profit du Secteur Autonome de Kaédi (SAK) fondé en mars de la même année. C’est à Kaédi, en novembre 1980, que j'ai connu le futur président, alors que j'étais l'adjoint du sous-lieutenant Sarr Amadou, collègue de promotion du sous-lieutenant Aziz. Les deux hommes, malgré trois années passées ensemble, à Meknès, ne s'appréciaient point. Avant la mort de Sarr, en 1987, les deux officiers se parlaient-ils? Je l'ignore encore car, au moment fatidique, j'étais en stage en France. Le commandant du SAK, le lieutenant Bellahi, officier patriote, ne portait pas, lui non plus, Aziz dans son cœur. Est-ce la raison pour laquelle ce dernier, trente ans plus tard, voue une aversion abyssale à un autre patronyme Maouloud, actuel président de l'UFP? L’attitude vindicative du général Aziz, qui ne puise son énergie qu'en broyant son vis-à-vis, nous permettra-t-elle de franchir le Rubicon? En manipulateur accompli, le général ira jusqu'à feindre de vouloir apporter une solution au passif humanitaire. Le discours de Sy Abou, lors du second anniversaire de la prière de l'Absent, est un non-événement. La rencontre de Sarr Ibrahima, de l'AJD-MR, avec le chef d'état-major particulier, Dia Adama, sur injonction du général Aziz, dans le cadre du règlement du passif humanitaire, est à mettre sur le compte de l'animation des chrysanthèmes. D'ailleurs, les Peuls ne sont pas les seuls à «attendre Godot» ou la figure transcendantale qui viendrait les sauver, selon le dramaturge Samuel Beckett. Il ya aussi les Maures blancs, les Maures noirs, les HPB (Hartani Presque "Biwani"), les Soninkés, les Wolofs, les Bambaras etc., qui aspirent, tous, à des lendemains radieux. Car le général polymorphe a déçu plus d'un. Impérieux, impavide (ce qui est suicidaire), comme l'inconscient freudien qui se veut amoral, le général est comme le temps, cruel compagnon, qui ne se retourne pas et ne «pouvant créer, décrète, débarque, cherche à donner le change sur sa nullité». En terrorisant ses collaborateurs, ses collègues officiers du défunt HCE, ce «machin» fondé pour le mettre sur rampe de lancement, en stigmatisant ses adversaires, le général n'a jamais été défié, depuis 2005, sauf une fois. C’était le jour du putsch contre Sidioca, le 6 août 2008, à l'état-major où le colonel Hamada Ould Boïdé a dit: «niet!» Il l'aurait pris au téléphone, pour le convaincre, et ce n'était pas leur premier litige (voir mémoires). Si, ce jour du 6 août le colonel Abderrahmane Ould Boubacar avait revêtu son harnachement de guerrier, le cours de l'Histoire aurait changé.

Général milliardaire

Après la guerre de sécession (1861-1865) et la victoire des Yankees sur les Confédérés esclavagistes du Sud, les Noirs sortirent des plantations de coton, pour s'installer aux contours de centres administratifs, comme New York ou Washington, et industriels, tels Chicago ou Detroit, future capitale mondiale de l'automobile. Contrairement aux bourgeois de la vieille Europe, fuyant les bourgs, au sortir de la féodalité, afin de produire des richesses, à la faveur de la nouvelle ère industrielle, les anciens esclaves afro-américains ne parvinrent que difficilement à joindre les deux bouts. Il a fallu, pour l'administration américaine, inventer la discrimination positive, dans les écoles, les universités, en matière d'emplois, etc., pour permettre, aux Noirs, de prendre le train en marche. En Mauritanie, si l'esclavage est officiellement aboli, l’Etat n'a pas eu, encore, la volonté politique d'accompagner les Haratines, au plan économique. L'initiative actuelle de l'IRA et de Aminetou Mint Moctar, qui consiste à faire des «sit-in», devant les commissariats de police, est une stratégie payante et, donc, louable. Elle engage la responsabilité de l'Etat et indexe les récalcitrants qui n'auront pas appréhendé l'inéluctable marche de l'Histoire, en foulant, au pied, les lois de la République. L'opinion sera beaucoup plus sensible à cette lutte non-violente qu’aux slogans creux, appelant à l'explosion communautaire, au risque de résultats mitigés et d'éventuels effets-boomerang. Si les anti-esclavagistes font un travail pédagogique remarquable, ils ne sont pas cotés en bourse. Dans ce cas de figure, ils doivent lorgner du côté du pouvoir, particulièrement chez le général milliardaire, prétendument «président des pauvres». On ne peut pas puiser dans la cagnotte du contribuable et vouloir, ensuite, colmater sa misère. Le populisme du général-président agresse, en premier chef, les pauvres parmi les pauvres, c’est à dire le lumpenprolétariat harratine. La lutte contre la gabegie? Expression creuse, imbibée d'égoïsme, pour celui qui connaît le caractère de cet officier, depuis sa sortie de Meknès, en 1980. Disons-le clairement: le but du slogan du général, sur la gabegie, est une caverne à deux portes. Premièrement, s'arroger les bienfaits de la bonne gouvernance; deuxièmement, disposer du maximum de capitaux, au Trésor public, à la BCM, afin que, lui, puisse se servir. Et tant qu'il n'aura pas surpassé, en richesses, son cousin le colonel Ely Ould Mohamed Vall, égaler les banquiers Noueygued et Ehel Abdallahi, les agents de l'IGE n'auront pas de répit. Les intellectuels mauritaniens ont une part de responsabilité, dans la conduite, calamiteuse, des affaires de l'Etat. Complices devant l'Histoire, ils n'auront pas joué leur rôle de catalyseurs, au profit d'un réalisme constructif et durable, plutôt qu'un hédonisme bancal.

Indignez-vous !

La balkanisation des idées, relevant, surtout, de la doxa, empêche la société mauritanienne, toutes tendances confondues, de se prévaloir d'outils hétérodoxes, en prélude à un éventuel sursaut patriotique. L’histoire récente de notre pays est émaillée de soubresauts qui constituent autant d'écueils à l'esprit d'initiative et au militantisme citoyen. En effet, la succession des coups d'Etat, depuis 1978, les exactions extrajudiciaires, à l'encontre de telle ou telle entité, les séquelles de l'esclavage, les détournements de deniers publics, l’impunité, la paupérisation croissante, le manque de vision politique, du court au long terme, sont autant d'entraves au développement économique et social. La majorité maure, qui tient le gouvernail, depuis l'indépendance en 1960, n’a pu que difficilement maintenir le cap. Les Négro-mauritaniens, se disant exclus du cercle du pouvoir décisionnaire et se posant en victimes, depuis l'exécution des officiers Ba Saïdou, Sy Saïdi et Sarr Amadou, en 1987, boudent tout ou presque. Les Haratines, laissés-pour-compte, rabougris par les vicissitudes de l'Histoire, durant des siècles, sont, désormais, embarqués pour une longue et débonnaire «insurrection pacifique». Et si tous les Négro-mauritaniens, les Haratines, les Maures blancs aigris mettaient au rebut, pour un temps soit peu, leurs revendications, au bénéfice de la bonne cause? Car l'émergence devient possible, en 2011, d'une réelle Mauritanie nouvelle où les aspirations des uns et des autres peuvent se concrétiser, les barrières de la race et de la langue transcendées. La génération Facebook, du hip-hop et du rap, soucieuse pour son avenir, ignorant les mécanismes intercommunautaires et leur lot de turpitudes séculaires, se veut l'élément précurseur de cette Mauritanie nouvelle. Cependant, il est à se demander si cette jeunesse du 25 février ira jusqu'au bout de son auguste ambition. Car le général Aziz ne ménagera aucun effort pour l'infiltrer et la torpiller. Le réseau d'agents du renseignement qu'il a échafaudé, depuis son retour au BASEP, en 2000, minimise le travail des officines traditionnelles dudit renseignement. Le général ne parle, généralement, qu'avec ceux qui l'informent et, une fois à sa botte, il les bafoue. Il n'aura de considération qu'à ceux qui le défient. En ce qui concerne l'Armée, le récent tableau d'avancement, surtout pour le grade de général, a fait grincer plus d'une dent. En ouvrant la boîte de Pandore, par lui-même et pour lui-même, Aziz, en officier automobile n'ayant pas fait le CID (Ecole de Guerre) n'a pas droit au grade de général. C'était le chemin le plus court qui consistait à doubler les colonels plus anciens que lui. En carriériste «avantageux», à l’instar de ce que disait Victor Hugo de Napoléon III, le «petit», le général déteste ceux qui l'auront connu, jadis, dans son dénuement, ceux qui l'ont aidé, comme son cousin Ely Ould Mohamed Vall, ou commandé, tel le colonel Lemrabott Ould Sidi Bouna, actuel préfet de Bir Moghrein, le colonel Mohamed Ould Abdi, son logeur à Kaédi, de 1980 à 1982, et qui a joué un rôle, déterminant, pour son retour au BASEP, en 2000. Dans un souci de préservation de l'écosystème, le colonel Lemrabott reprochait, à Aziz, le déboisement de toute la région du Trarza, pour son hammam. Lemrabott, désormais colonel-fossile, croupit encore à Bir. La vertu, selon Platon, c'est commander aux hommes. Peut-on être porté sur l’argent, tout ce qui brille, et incarner la probité, le charisme, la bonne gouvernance, qualités indispensables à tout chef d'Etat? Non, le général Aziz n’est pas l'homme qu'il faut, à la place qu'il faut. Ce général est un dictateur en puissance, il le sera en acte, sous peu, si le peuple mauritanien ne vient pas à prendre son destin en main. Il y va, aussi, de l'honneur de l'Armée, de sa place aux cœurs des Mauritaniens, à l'instar des armées égyptienne et tunisienne qui ont laissé émerger des pouvoirs civils, plutôt que de prendre les devants. Le seul officier qui s'oppose et s'opposera à l'inéluctabilité historique, c’est Mohamed Ould Abdel Aziz. Après les départs de Kadhafi et d’Ali Abdallah Saleh, la Mauritanie restera le seul pays arabe et africain de la sous-région à être encore dirigée par un militaire. L’exception du Mali prendra fin, en 2012, car le vrai général-commando, Amadou Toumani Touré (ATT), qui n'a ni parti politique ni envie insatiable du pouvoir n’aura guère fait d'émules. On sait toujours ce qu'on veut mais on ne sait pas ce qu'on va devenir. Comme le temps, l’Histoire est une compagne cruelle, la mégalomanie, la richesse, le glaive et l'étrier sont, parfois, incapables de dévier son inexorable cours. Aziz doit partir. Au slogan de Guizot «enrichissez-vous!», sous la Monarchie de juillet, faut-il opposer l’«indignez-vous!» de Stéphane Hessel, en cette cinquième République française chancelante?

Pour qui il n'y a que l'argent qui compte, on ne peut demander mieux. «Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde, d’un homme médiocre échappé»...


Source : Le Calame

 

 

 Qui sont-ils, ces militaires qui nous gouvernent ?

         Qui sont, réellement, ces officiers qui, de manière chronique, nous gouvernent, depuis 1978, sans jamais se lasser de reproduire les mêmes erreurs politiques, de susciter des marasmes économiques, corollaires d'une atmosphère sociale délétère ? A l'aboutissement de la chaîne liant Moustapha Ould Mohamed Salek, tombeur de Moktar Ould Daddah, à Maaouya Ould Taya, le tombeur de celui-ci, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, serait-il l'épitaphe de la soldatesque au pouvoir, depuis plus de trois décennies? Après l'épisode du "Marabout et le Colonel", voici ouvert un 3ème baron, "Robin des Bois" ou sheriff, qui tire sur tout ce qui bouge. Ould Abdel Aziz serait-il le rédempteur tant attendu ou le dernier nuage toxique de passage? Qui est-il? Et qui sont, réellement, ses collègues qui gouvernent avec lui?


A/ Le général Mohamed Ould Abdel Aziz
On ne peut connaître l'âme, les sentiments, les intentions d'un homme, avant qu'on l'ait vu exercer le pouvoir et édicter des lois. Ces propos de Sophocle, il y a plus de 25 siècles, sont toujours d'actualité. J'avoue, avec le recul, avoir été triplement surpris, par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, le désormais président de la RIM. Surpris, d'emblée, par son discours, en Arabe, juste après son coup d'Etat contre Sidioca. Je savais cet officier tout à la fois débonnaire et jusqu'auboutiste, dans toutes ces initiatives. Mais s'entêter, obstinément, à "cultiver son jardin", en un laps de temps si record, relève d'une opiniâtreté herculéenne. Certes, nul n'a le monopole du savoir. Le sage Socrate avait raison quand, par sa maïeutique  - l'art d'orienter les consciences par de judicieuses questions - il se contentait d'"accoucher les esprits" et de confondre ses interlocuteurs, souvent imbus de leurs prétendues connaissances. Si Socrate concluait toujours par: "tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien", il n'est jamais trop tard, pour un homme, de cultiver son goût, son sens critique et de parfaire sa " weltanschauung ", surtout quand il postule aux plus hautes fonctions de l'Etat. Surpris, également, de la façon par laquelle le général Ould Abdel Aziz a géré la crise mauritanienne, à la … sénégalaise, jusqu'à l'élection présidentielle. En effet, il eût suffi à un quarteron de "Boy Nar", entretenant des relations, privilégiées, avec Gorgui, le président Wade, pour mettre en déroute un ceinturon d'opposants, cette fois-ci " Nar-gue-Nar " et " Nar-Boukhaiç " se croyant les "manitous" de la politique. Le stratagème est digne du cadeau empoisonné - le fameux cheval de Troie - offert, aux Troyens, par plus malins qu'eux, les Achéens. Jugez par vous-même. La démission, programmée, du général, l'octroi, à l'opposition, de quelques ministères - fussent-ils régaliens (Défense et Intérieur) - ont vite fait s'aiguiser l'appétit, gargantuesque, de tous les adversaires du putschiste. L'opposition, comme hyène affamée, en voulant vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, n'a pu ou n'a su voir venir le "traquenard" posé, depuis longtemps, par le pouvoir militaire. Nos hommes politiques manquent de vision. N'ayant jamais effectué de service militaire, il leur manquera, toujours, une potion tactique, ce sixième sens qui vous permet de vous sortir des caves du désespoir.
Même les observateurs, neutres mais intéressés par la crise mauritanienne, ont été embobinés, légitimant ainsi les accords de Dakar, en leur donnant une carapace diplomatique, à l'échelle planétaire. Pourtant, des personnes dont l'empirisme, en politique, ne faisait plus doute, telles Ould Maouloud, Ahmed Ould Daddah, Messaoud, etc.. ont, eux-mêmes, tiré le thé, avant de se retrouver contraints de le boire trop vite. Ne savaient-ils pas que ces bacchanales "honorant" le culte de Dyonisos - Bacchus pour les potes latinistes - orchestrées par le pouvoir, n'étaient, en fait, que scénettes théâtrales destinées à échafauder, majestueusement, un guet-apens?
Là aussi, je ne savais pas le général Ould Abdel Aziz si fin diplomate calculateur, adepte - malgré lui? -de Machiavel. Qu'on le veuille ou non, ce général, impavide et impérieux, par moment, dont les agissements rappellent un certain Nietzsche faisant " parler Zarathoustra ", s'est imposé, plutôt, en fin renard du désert, un Goliath plus qu'un David. Nous nous sommes tous trompés sur cet officier débordant d'ambition. Or l'ambition, chez l'homme, n'est légitime que tant qu'elle ne convoite pas la mégalomanie hitlérienne. Le général voulait, vaille que vaille, être le président de tous les Mauritaniens. Il l'est maintenant. Adolescent, l'un des plus illustres écrivains "de l'Atlantique à l'Oural", je nomme Victor Hugo, disait : je veux être Châteaubriand ou rien. Avec son imagination fertile et l'immensité de ses œuvres, il sut plier son destin à sa volonté.
Pour revenir à l'élection présidentielle de juillet 2009, personne n'a vu le coup venir: on imaginait un nouveau coup de force, des troubles, etc. Même l'ancien président, Ely Ould Mohamed Vall, après vingt ans de Sûreté nationale, n'a pas su lire, en amont, ce que son cousin nous réservait. On a le droit de se demander comment - pourquoi ? - un tel éminent officier, archi-moulu dans l'espionnage et le contre-espionnage, s'est révélé incapable de prouver la moindre "pratique dolosive" - si dol il y a - dans l'élection présidentielle ! De fait, c'est, surtout, dans la campagne électorale, interminable, du général que tout s'est joué. Son thème de prédilection, fustigeant les gabegistes, les prévaricateurs, et autres dilapidateurs de deniers publics, a été des plus judicieux. Mais cela suffisait-il à le faire passer dès le 1er tour ? Nous avons besoin de savoir. Il paraîtrait que, conscient des risques que lui auraient réservé un second tour,  le général aurait incité jusqu'aux "djinns " à voter pour lui ! C'est ainsi que les bulletins, une fois dans l'urne, se seraient transformés en sa faveur. Au 21ème siècle, l'alchimie prend le pas sur les sciences normatives, au pays des hommes bleus. Ce " para-phénomène" rappelle celui des sorciers du Niger qui sillonnent, périodiquement, la sous-région. Ils vous tendent la main et vous avez l'impression que votre zizi a disparu. Dans ce cas de "figure", vous voilà dans l'obligation de "parlementer" avec eux, afin qu'ils vous restituent vos bijoux de famille, moyennant une substantielle somme, à votre grand dam.
L'opposition mauritanienne se trouve, me semble-t-il, dans cette situation. Elle éprouve l'ultime impression qu'on lui a volé sa victoire. Mais comment le justifier? Système "iranien" ? Système "sénégalais" ? Dans tous les cas, elle n'a d'autre choix que de dialoguer, de se concerter avec le pouvoir, afin de sauver le pays d'un bras de fer de trop, malencontreux pour tous les protagonistes.
Surpris enfin par sa facilité d'adaptation au pouvoir, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ceux qui croyaient - moi y compris - aux sanctions économiques diplomatiques et tout le tintouin, en ont été pour leurs frais. Sur le plan intérieur et pour la 1ère fois, nous voyons un président qui s'attaque, de front, aux racines du mal: ceux qui détournent les deniers publics. Certes, il a commencé par ses adversaires de toujours. Ce que beaucoup ignorent. En effet, le litige entre le général président et les cousins de Maaouya ne date pas d'aujourd'hui.
Depuis le début des années 90 et la fondation du BASEP qui a coïncidé avec le discours de la Baule et la démocratisation des régimes africains, un climat de méfiance s'est installé, entre le capitaine Ould Abdel Aziz et la majorité des officiers, cousins du président Maaouya. On déteste cet officier pas comme les autres qui refuse de fayoter les proches de Ould Taya et ceux-ci, dont la majorité est encore dans les rangs, feront tout pour l'évincer du BASEP. Ould Abdel Aziz sera, ainsi, muté au BCS, fera sa formation d'état-major au Maroc, pour se voir propulsé… adjoint à la 6ème région militaire. Passeront six à sept longues années où l'homme rumina, beaucoup. Il se sentait délaissé, marginalisé, victime de ces officiers cousins et fils de Maaouya qui ne l'aiment pas, parce qu'il n'a jamais accepté d'être leur marionnette. A son retour au BASEP, en 2000, on le soupçonne de vouloir fomenter un coup d'Etat, notamment lors de la manœuvre militaire de Tweile, en 2001. De fait, à force de crier au loup… il finit par se manifester. Ce sont, bel et bien, les officiers cousins de Maaouya qui ont fait germer l'idée de coup d'Etat, dans l'esprit du général Ould Abdel Aziz.
Commencer par Chriv Ould Abdellahi, Mohamed Ould Noueigued et consorts n'a rien de fortuit. Le ver est, depuis longtemps, dans le fruit. Tout le monde doit comprendre que, désormais, rien n'est impossible. Personne n'est intouchable. Le général Ould Abdel Aziz est-il le Messie, le Rédempteur attendu, de longue date, par le peuple mauritanien? Serait-il à la hauteur de ses aspirations?
L'histoire nous enseigne qu'en de pareils cas, il faut aller jusqu'au bout et ne jamais s'arrêter à mi-chemin. On accuse le général de n'avoir interpellé que ses adversaires - ceux qui n'ont pas voté pour lui - et d'épargner ses "amis" et sympathisants gabegistes. Il faut qu'il cogite sur cette problématique car l'histoire (encore elle) risque de se répéter. Parles temps qui courent, je dois du respect à l'ennemi qui ne se cache pas, plutôt qu'à un "ami" qui risque me lâcher, au moindre ennui. Enfin le général devrait méditer les paroles de son démiurge Maaouya, lors d'une certaine journée du 3 Août 2005: "Oh, mon Dieu, épargne-moi de mes amis, mes ennemis, je m'en charge!" A bon entendeur, chapeau !

B/ Le Général Mohamed Ould Meguett

Issu de la première promotion EOR (1975-1976) et active (1978-79), le général Mohamed Ould Meguett est, à première vue, parmi ces officiers de l'Armée qui sèment le vent. En effet, au moment où feu le colonel Minnih était chef d'état-major national, Meguett, alors directeur des transmissions, s'est forgé un alibi afin de devenir incontournable. On le croyait "pêcheur en eaux troubles", échafaudant querelles byzantines ou de chapelles, entre les officiers de l'Est et de l'Ouest. Avec le recul, on comprit qu'il n'en était rien. L'homme est ouvert à tout le monde, disposé à venir en aide et reçoit, donc, beaucoup; surtout ses proches. Machiavélisme? Une telle assertion nécessite un pas que je ne franchirais pas, désormais. Originaire de Cheggar, le général Meguett est, plutôt, un officier opportuniste, au sens tactique du terme, et son rôle, récent, au sein du conseil militaire, avant, pendant et après l'élection présidentielle de juillet 2009, illustre cette assertion. Il s'est beaucoup investi aux côtés du général Ould Abdel Aziz, par fidélité à ses principes. Au vu et au su de tout le monde, il recevait citoyens ordinaires, députés, maires, hommes religieux, personnes âgées, etc. Toujours avec mansuétude. Le matin, devant son bureau de l'inspection des forces armées, le nombre d'indigents et d'éclopés attirait l'attention du chaland qui se demandait: "est-ce la clinique d'un médecin dentiste?"
En sage, le général Meguett a toujours essayé de jouer les médiateurs, tout en se préservant d'offusquer son quelconque vis-à-vis. Bref, un homme de compromis et non de compromission, comme je le crus, des années durant. Saint Augustin a dit: "On ne connait son prochain que par l'amitié." Officier expérimenté, ayant servi dans presque toutes les formations militaires du pays - centre d'instruction, régions militaires, bureaux d'état-major, etc. - le général Meguett, fidèle en amitié, surtout, est celui qu'on aimerait toujours avoir à ses côtés, tant ses conseils sont précieux. Et il suffit de le soustraire du "Kenach" des Oulad Ahmed de Chegar, pour que les "raisins"n'y poussent plus.

C/ Le Colonel Hanene Ould Sidi
Le Colonel Hanene Ould Sidi est sorti, en 1981, de l'Académie royale de Meknès, avec une kyrielle de collègues de promotion, à la fois compétents et surprenants. Captivants et compétents, quand il s'agit du général Ghazwani, des colonels Dah Ould Mamy, directeur des Douanes, de Sid'Ahmed Elmane, directeur du génie militaire, pour ne citer que ceux que j'ai réellement côtoyés. En somme, cette promotion de Meknès aurait pu s'appeler promotion "Rvoud Ehel Lekhlé". D'un côté, des officiers compétents; de l'autre, des calamités ne parlant ni arabe ni français, et dont la majorité n'est plus, d'ailleurs, dans les rangs.
Longtemps affecté dans les formations destinées à l'instruction militaire, le colonel Hanene Ould Sidi est parmi les officiers les plus brillants de notre armée. Il est, même, une référence, faisant partie de ceux qu'on appelle, communément, les Hanms - Hanene, N'Diawar, Meyine du 3ème bureau et S pour Seydina Oumar Ould Elemine qui devance, un peu, ses aînés, par l'immensité de sa culture générale tout court et non militaire en particulier.
Le Colonel Hanene Ould Sidi appartient à une éminente famille princière de Bassiknou - les Oulad Daoud - qui a su résister, des siècles durant, aux assauts des hordes touarègues venant du Mali voisin, permettant, ainsi, de dessiner les contours orientaux du "Trab Beïdane". Et ce, jusqu'à nos jours. Un milieu austère et inhospitalier a forgé, chez cet officier, un tempérament de même acabit mais, aussi, une mémoire d'éléphant, doublée d'une imagination fertile, le tout couronné d'un calme olympien, synonyme de fierté. Inspecter les forces armées et de sécurité est un poste qui lui sied. Pour une fois, on a respecté la notion de "l'homme qu'il faut, à la place qu'il faut".
Cependant, le colonel Hanene Ould Sidi doit, désormais, composer avec son neveu, le richissime colonel intendant de l'armée nationale, Hanene Ould Henoun. L'agora de ce dernier et son carnet d'adresses s'agrandissent, de jour en jour, dans leur fief de Bassiknou. L'oncle Sam qu'est Hanene Ould Sidi risque, s'il ne prend pas garde, de devenir, tout simplement, l'oncle Tom. Car ces querelles intestines peuvent, à la longue, ternir l'image de cette majestueuse famille qui a résisté à tous les soubresauts, jusqu'à nos jours. La génétique pourra-t-elle résister aux billets de banque? Toujours est il que l'argent peut "payer", même, les "âmes bien nées", mais jamais les chromosomes.

D) Le général Mohamed Ould Ghazwani
Les normes de préséance de la logique militaire nous dictent d’ouvrir cette nouvelle page de notre propos, avec le général Mohamed Ould Ghazwani, juste après son ami et alter ego, le général-président Mohamed Ould Abdel Aziz. Qu’on veuille nous permettre cette entorse car traiter de ces deux officiers séparément met en exergue la singularité de chacun. A eux seuls, ils constituent l’alliage indispensable aux deux maillons précieux de la chaîne, deux locomotives tirant la rame-HCE.
Pour en venir au général Ghazwani, chef d’état-major national, n° 2 du conseil militaire, les avis divergent rarement, quant à son attitude, voire son comportement. A son contact, seule la tenue militaire vous rappelle que vous êtes en face d’un soldat. Une fois dehors, vous serez dans l’obligation morale de vous poser l’inévitable question: est-ce un dalaï-lama ou un séminariste, confessant dans un collège helvétique, un imam docteur en théologie musulmane, ou un sadou pressé de se détacher de toutes les réalités terrestres, afin d’accéder au Nirvana? Le général Mohamed Ould Ghazwani n’a rien à envier aux idéalistes ci-dessus mentionnés. Petit-fils du prestigieux moine Ghazwani, l’intéressé, après ses études secondaires, opta pour la carrière militaire. En 1981, sorti, de Meknès, sous-lieutenant, il est affecté à la 2ème région militaire (Bir Moghren, F’Dérick). A l’époque, cette région était une référence, une école, surtout pour les jeunes officiers tenus de parfaire leur formation initiale. Cultivé, ordonné, maîtrisant deux langues (Arabe, Français) cet officier a un autre atout précieux. C’est que la baraka de son aïeul, le cheikh Ghazwani, le suit partout. Que ce soit le 8 juin 2003 où il commandait le BB (bataillon blindé), mais en stage ce jour ; ou le 6 août 2008, alors chef d’état-major national, mais en mission à l’intérieur. Présent, on se demande comment se serait-il se comporter à l’égard de son adjoint, partisan farouche de Sidioca, j’ai nommé le colonel Ely Fall Ould El Khal. Mais la maison était bien gardée par son compagnon de lutte, le général Ould Abdel Aziz, qui a pris les devants, lors de leur destitution (avec les autres chefs de corps) par Sidioca.
Cette complicité ne date pas d’aujourd’hui. Les deux généraux, Ould Abdel Aziz et Ghazwani, l’ont tissée, depuis 1978, à Meknès. Alliés objectifs, ils ont partagé la période des vaches maigres, jusqu’aux lauriers qui commencèrent leurs couronnes, un certain 3 août 2005. Ils se soutiennent mutuellement. Si le premier est un guerrier fougueux, altier voire impérieux, le second est plutôt pondéré et pragmatique. La relation entre ces deux officiers pousse certains esprits malveillants à la comparaison avec l’amitié qui unissait Thomas Sankara et Blaise Compaoré… Raison n’est pas raison car la configuration socio-culturelle, la psychologie et enfin l’histoire militaire des Mauritaniens et des Burkinabé ne sont pas au même diapason.
Toujours est-il que le général Ghazwani porte une lourde responsabilité. Il pilote une grande boîte (l’armée nationale) muette qui bégaie, de temps en temps. Et pour cause: certains chefs militaires n’ont jamais compris qu’un officier n’a ni le droit ni le devoir d’être immensément riche mais plutôt celui de la frugalité, loin de tout «abus de besoin». Dans le seul but de préserver sa dignité, sa crédibilité devant ses troupes afin de léguer, à la postérité, un héritage chaste. L’armée a compté, en son sein, des chefs d’état-major représentant de célèbres marques de voitures, des banquiers, etc. Qu’est-ce qui manque, à notre armée, pour se hisser au firmament du professionnalisme et de la rigueur? Le matériau est sur place (argent, hommes, compétence).
Puisse le général Ghazwani esquisser un «contrat d’objectifs» afin de défier le mauritano-pessimiste stipulant que nous resterons, selon l’exigence de notre destin, les éternels niais du parterre, tant il est dit que la clairvoyance d’une armée est à l’image de son peuple.

E) Le général Félix Negri
Le 1er octobre 1979, à Atar, un jeune homme se présenta à nous, recrues juste débarquées des camions du 4ème bureau: «je suis le sous-lieutenant Félix Negri, de la 1ère promotion de l’EMIA, je suis votre commandant de brigade. Préparez-vous! Ce soir, vous avez, avec moi, une marche de bienvenue de 8 km!» Personnellement je me suis demandé comment ce sous-lieutenant, sec comme l’arbre du Ténéré, pourrait parcourir 8 km, sac au dos, sans se briser les mollets? Méfions-nous des jugements trop hâtifs: ils sont, le plus souvent, porteurs d’effets contraires.
Pour dire vrai, l’actuel chef d’état-major de la Garde, le général Félix Negri, est parmi ceux qui se sont incorporés, dans l’armée, par réelle vocation. En 1979, dès sa sortie de l’école, il est retenu pour instruire les futurs officiers. Actuellement, on compte au moins cinq de ses anciens élèves commandant des régions militaires. Au début des années 80, il est choisi pour former le 1er BCP (bataillon commandos paras), une unité d’élites, commandée, à l’époque, par un vaillant officier, Sidiyé Ould Yahya, qui, dans une armée moderne, structurée et apolitique, serait le 1er à être nommé au grade de général. Le 1er BCP, avant qu’il ne soit mis totalement à genoux, était une des plus performantes unités de l’histoire militaire mauritanienne. Selon les annales, ce bataillon rivalisait avec la 1ère CCP de feu Soueidatt Ould Weddad qu’il est inutile de présenter.
C’est parce qu’il était réellement affûté, du point de vue militaire, que Félix Negri a pu gravir tous les échelons. Pourtant, lors du conflit Sénégal-Mauritanie, s’en suivra, pour cet officier originaire de Boghé, une longue traversée du désert, même si l’intéressé n’avait absolument rien à se reprocher. Car on ne choisit ni sa race ni son lieu de provenance. Je suis en droit de parler de ce cataclysme qui a pu s’abattre sur les militaires négro-mauritaniens, innocents, dans leur majorité. Au commencement, fut le décès du colonel Yall Abdoulaye, parrain et figure de proue de l’ensemble Peulh de Mauritanie. En effet, il aura suffi que cet officier de qualité rende l’âme pour qu’on commence à démolir l’architecture qu’il avait patiemment dressée, durant des années. Yall: ce nom est synonyme d’autorité de droit et, de fait, dépassant l’entendement. L’homme était craint et suspecté. Mauritanien dans l’âme, parlant hassaniya, il avait su tisser des liens avec toute la nomenklatura maure, imposer son style par la dissuasion, sans jamais franchir le Rubicon, contrairement à certains de ses jeunes «disciples», après sa mort. Un exemple: le quota dans l’armée concernant les Peulhs, c’est lui. Et c’est normal. De son vivant, Yall n’allait jamais accepter qu’on procède à un recensement des populations pouvant indexer la minorité pulaar qui, présente dans les différents secteurs de l’Administration depuis l’indépendance, se croyait majoritaire. Le colonel Yall était, tout simplement, un leader incontournable, un symbole pour sa communauté. Après sa mort, de jeunes officiers désemparés, tentèrent de forcer le doux mais sûr cheminement établi par lui. Les jalons posés pour aboutir au tremplin furent balayés, un certain mois d’octobre 1987. S’en suivirent les douloureux événements de 1989, entre la Mauritanie et le Sénégal. Depuis, la couveuse n’a pas chômé. C’est ainsi que le pouvoir de Maouiya – et non le peuple maure – a procédé à des exactions en catimini dont beaucoup contestent, encore, la triste réalité.
Ces purges ont frappé même des officiers, comme le général Félix Negri, pourtant réputé sage et tolérant. Ce n’est qu’en 2005 que ce général occupera, enfin, la place qui lui sied, lorsqu’il fut choisi, par le général Ould Abdel Aziz pour être membre du comité militaire. On connaît la suite. Nommé chef d’état-major national, il devient le second négro-mauritanien, après Yall Abdoulaye, à occuper ce poste prestigieux, au grand dam de tous les nationalistes Arabes et autres islamistes. Ces derniers lui reprochent de conserver son nom à connotation chrétienne.
La Garde nationale a toujours été une unité structurée, disciplinée, professionnelle, même du temps de Maouiya où la politique primait le militaire. Que fera Negri Félix à la Garde nationale? Comme ses prédécesseurs, ne s’intéressera-t-il qu’au volet pécuniaire, en s’enrichissant davantage, encore et encore? Ou essayera-t-il de rentrer, une fois pour toutes, dans l’Histoire, en s’occupant uniquement du bien-être des subordonnés et de leurs familles?


F) Le colonel Ahmedou Bamba Ould Bayé
Il est issu de la 1ère promotion de l’EMIA. Dès sa sortie, en 1979, il est affecté au groupement nomade, ensuite à la 5ème région (Néma). Au début des années 80, il est commandant de sous-groupement à Rosso (7ème région). A l’arrivée de Cymper au poste de chef d’état-major national, en 1985, on a voulu «rajeunir» l’armée, notre colonel, alors capitaine, est muté au 2ème bureau (renseignements). Du temps de feu colonel Minnih – période d’immobilisme – trois mousquetaires avaient le vent en poupe à l’état-major: le capitaine Mohamed Mohamed Ould Hadi, du BCS, le capitaine Meguett (transmission) et le capitaine «Bombi», pour les intimes du 2ème bureau. Pour trouver le moindre écrou, en ces temps, il fallait passer par le Grand Manitou, le tout puissant Mohamed Ould Hadi, cousin du président Maouiya qui, au fond, n’est pas méchant mais plutôt obnubilé par le culte de la personnalité.
Toujours est-il que notre officier, le colonel Ahmedou Bamba Ould Bayé, qui, je l’imagine, a fait l’armée non par vocation mais, plutôt, par élimination de possibilités, a été évincé par le colonel Moulaye Ould Boukhreiss, désormais chef d’état-major, au moment de la démocratisation du pays, en 1991. Que voulait devenir réellement Bombi Ould Bayé: banquier ou vedette de cinéma? En tout cas, si l’intéressé avait continué son job d’avant son incorporation, en 1975, il serait, probablement, à la tête d’une galerie ou d’un holding, tant l’homme sait faire fructifier l’argent. Il y a un fait qui ne cesse de me turlupiner, concernant cet officier. Comment s’est-il laisser embobiner, en 1990, jusqu’à vouloir «casser du Négro-mauritanien». Vision panarabe? Je ne le crois pas. Complexe d’infériorité? Impossible car cet officier appartient à deux grands ensembles guerriers de Mauritanie. Alors, quête de notoriété ou de profit? Le litige est là. Quand on veut conjuguer épicurisme et hédonisme, on en vient au «dérèglement de tous nos sens» et l’on se laisse guider par son «bateau ivre».
La situation des Négros-mauritaniens, en 1990, était un problème conjoncturel, c’est-à-dire de système de pouvoir, et non national. Un an plus tôt, las du conflit avec le Sénégal, nous nous sommes, tous, levés pour défendre notre pays: deux armées, face à face, et personne ne pouvait taxer quiconque d’un quelconque extrémisme. Mais faire souffrir un concitoyen, en catimini, parfois jusqu’au martyre, est indigne d’un guerrier. Tirer dans le dos d’un homme désarmé est inqualifiable. Que faire pour réparer ces crimes? Si le général Ould Abdel Aziz a commencé à concilier les âmes, il se doit de poursuivre et persévérer dans cette voie. Afin que les Mauritaniens qui s’étaient «égarés», en 1990-91, prennent conscience de leur faute et disent: «Pardon, plus jamais ça.» Afin que le colonel Bombi Ould Baye puisse vaquer à la permanence de son HCE, sans trainer de casseroles qui nous empêchent, nous ses proches, de dormir.

G) Le général Mohamed Ould Hadi 
«Si le nez de Cléopatre eût été plus court, la face du monde aurait changé». Légitimement, les pensées de Pascal peuvent nous pousser à dire que si le général Mohamed Ould Hadi n’avait pas rencontré, sur son chemin, un certain Maouiya, à une certaine période, sa vie aurait été tellement prosaïque qu’elle ne susciterait aucun commentaire.
En quittant, dès 1975, le berceau familial d’Atar pour l’armée, nanti d’à peine un certificat sanctionnant ses humanités primaires, l’actuel général de brigade et directeur de la sûreté nationale, Mohamed Ould Hadi, est parmi ces privilégiés nés une cuillère dorée à la bouche. Cependant, ne soyons pas trop manichéens et, surtout, relativisons les apparences. Car, contrairement à ce que beaucoup d’officiers pensent, tacitement, ce n’est pas le président Maouiya qui mit Ould Hadi sur la rampe de lancement mais, plutôt, le colonel Yall Abdoulaye.

En effet, au début des années 80, lors d’une inspection de ce dernier, à Bir Moghren – la 2ème région militaire du pays – le lieutenant Mohamed Ould Hadi était, alors, commandant d’un sous-groupement «type Farin», une conception née du colonel Moustapha Ould Mohamed Salek, chef d’état-major en 1978. L’organisation matérielle, la capacité opérationnelle, l’attitude, l’aptitude de la troupe, des cadres sous-officiers et officiers étaient telles que le colonel fût, aussitôt, conquis. On tenait à récompenser ce jeune officier pour l’impressionnante parade exhibée, avant même que le bataillon ne se mette à manœuvrer. C’est ainsi qu’on lui proposa, peu de temps après, le CFC d’Akjoujt  - Centre de Formation des Caporaux – unité nouvellement fondée. La «marque» Ould Hadi est lancée, elle atteindra son «apothéose» avec l’avènement de Maouiya, le 12-12-1984, tombeur de Mohamed Khouna Ould Haidalla. Je tiens ces propos d’un éminent officier, major de la 1ère promotion de l’EMIA, mort à la fleur de l’âge. En effet, lors des discussions, interminables mais fécondes, à la base militaire de Wejaha de Nouadhibou, je profitais, constamment, des connaissances combien étendues du colonel Mohamed El Moctar Ould Sweid Ahmed, dit Dédé, pour mieux «cultiver mon jardin». Que la terre lui soit légère, amine.
Revenons à notre «météore». On fonda, à l’intention spécifique du capitaine Ould Hadi, le BCS (Bataillon de Commandement et des Services), unité autonome, au sein de l’état-major national, car le CFC n’étant plus à la pointure de celui-là. De ce fait, Ould Hadi devint incontournable, en quête du moindre renseignement, occupant, désormais, la «Une», volant, ainsi, la vedette au colonel Minnih, chef d’état-major et à son adjoint, le colonel Mohamed Ould Lekhal, pourtant réputé baroudeur et autoritaire. En 1991, à l’approche de la démocratisation, notre «engin spatial» amorça sa descente pour atterrir au BED (contre-espionnage), puis au Tiris Zemmour, comme gouverneur de région, avant d’être attaché militaire au Maroc. Disgrâce ou promotion? A l’époque, si Maouiya ne voulait plus de quelqu’un, il l’envoyait en «stage». On crut le feuilleton Ould Hadi fini, à jamais, mais comme le Phénix qui renaît de ses cendres, le voilà de retour, cette fois sur la scène politique, membre du HCE. On se demande comment et pourquoi le général-président Ould Abdel Aziz a tiré, de son long «sommeil hivernal» marocain, Ould Hadi, en le nommant général de brigade, sans la moindre prédisposition (cursus normal) ad hoc. Notre président a-t-il été «marabouté» ? Silence… raison d’Etat.
N’oublions pas que le premier policier de Mauritanie est le fils d’un respectable marabout. L’envie, atavique, de suivre les traces de son père pousse notre général, à ses heures désespérées, vers un mysticisme qui le met dans un état de solipsisme dont il a, seul, le secret. Il prend son chapelet, murmure des paroles incantatoires, fait cent grains à droite, un «touf» à gauche, tout en continuant de psalmodier, entre en transe et prédit l’avenir. L’homme, en lui-même, est foncièrement bon, n’en voulant à personne mais cultivant, en secret, le culte de la personnalité. Avec lui, la police n’a plus besoin de se hisser au diapason des normes «standard» internationales pour «cueillir» le renseignement car le général-marabout maîtrise la situation. Exception faite des kidnappings, récents, des trois espagnols et des deux italo-burkinabès.

 H) Le colonel Dia Adama Oumar
En janvier 1974, il était prévu que celui-ci parte se former à l’académie militaire de Churchell, en Algérie, en même temps que N’diaga Dieng (gendarmerie), N’Diaye N’Diawar, Alioune Ould Mohamed, El Hadi Ould Seddigh, Abderrahmane Ould Boubacar, Niang Abdoul Aziz, etc. L’Algérie n’ayant octroyé que douze places, le destin en voulut autrement, pour Dia et Abass Alassane. Si ce dernier a pu partir à Meknès, Dia, par contre, a subi une «injustice» précoce. En effet, après huit mois de formation militaire, comme soldat, au CIAN de Rosso, supportant les caprices de l’adjudant-chef instructeur Mao, Dia est muté à Bir Mogrein, en qualité de soldat, dès l’éclatement de la guerre du Sahara, en décembre 1975.
Cependant, il finira par entamer son stage d’officier et sortira, le 1er juillet 1980, sous-lieutenant de l’EMIA d’Atar. Après deux ans à l’ENA de Nouakchott et un autre stage en France, le voilà diplômé d’intendance militaire. D’officier d’administration à la 5ème région (Néma), le commandant Dia Adama Oumar remplacera au SERAD (SERvice ADministratif) le commandant Ahmed Ould Chrouf, victime d’un règlement de comptes.
Notons qu’au moment des purges de 1990, Dia était détaché du côté de la lagune Ebrié, à l’ANAD (Accord de Non-Agression et de Défense) dégustant, calmement, l’inévitable atcheké sans poisson, au pays des Akan. Nommé premier argentier par le 1er magnat de l’armée, le colonel Boukhreïss, le colonel Dia quitta l’intendance pour le 4ème bureau, au temps du colonel El enArby Ould Jedeïne. En 2008, alors attaché militaire à Moscou, il est tiré, du froid glacial, par le général Ould Abdel Aziz, pour le poste de chef d’état-major particulier du président de la République.
Originaire de Boghé, aristocrate et ne s’en cachant pas, l’homme est un mauritanien dans l’âme, à cheval sur deux cultures (maure et pulaar). Connaissant le solfège – mélomane, donc – notre intendant, s’il n’est pas en train de compter les liasses d’argent, est un poète lyrique, à ses heures de désespoir. Au premier contact, on a l’impression qu’on est en face d’un officier accaparant, au regard rebutant, moustache à la Bismarck. Mais il n’en est rien. L’homme est plutôt méfiant, toujours aux aguets, comme un lièvre, animal craintif, s’il en est, à l’instar de tous les officiers d’administration de l’armée. Allez savoir pourquoi. Cultivé, compétent, notre torodo, proximité de l’émirat du Brakna oblige, sera-t-il en mesure d’honorer son poste actuel de chef d’état-major particulier, lui, l’intendant dont le rôle primordial est de pourvoir en solde, habillement et nourriture, les unités de l’armée? Cette fonction revient à un officier – fantassin, cavalier ou artilleur – ayant, au moins, son DEM (Diplôme d’Etat-Major) au plus, son cursus normal. Car ce poste est un «belvédère» panoramique, un PC tactique, permanent et évolutif, selon les situations, pour le président de la République, très occupé d’ailleurs, afin de prendre, constamment, la température de son armée, surtout au plan opérationnel et technique. Et si le colonel Dia Adama Oumar donnait un jour les coordonnées UTH (Universal Transverse Hercator) des combattants d’Al Qaïda en plein Océan Atlantique, alors que ces terroristes sont en train d’évoluer au beau milieu du Sahara.

 J) Le colonel Mohamed Ould Znagui
Attitude spartiate, photogénique: sur cet officier, ancien sportif de renommée sous-régionale, la tenue militaire aurait pu séduire même le Mahatma Ghandi, symbole de la non-violence. Issu de la 2ème promotion de l’EMIA, le colonel Mohamed Ould Znagui en est sorti sous-lieutenant, le 1er juillet 1980. Il connut plusieurs postes successifs: 5ème région, 1ère région, à Boulenoir, EMIA-compagnie Ecole, 6ème région. Après avoir commandé cette dernière, il est muté attaché de défense, près l’ambassade de Mauritanie, à Dakar. Au mois d’août 2008, il est rappelé par le général-président, pour le poste d’adjoint au chef d’état-major national.
Si cet officier avait, dans son enfance, rencontré un coach visionnaire, il aurait pu vivre, aisément, du hand ou du volley-ball, au plan international. Mais il est trop tard, les années ont passées, l’homme, selon l’expression de Bergson, «vieillit». Depuis, le colonel Znagui a troqué la tenue de sport contre la fréquentation, assidue, de la mosquée. Ami personnel du général Mohamed Ould Abdel Aziz avec lequel il partagea plusieurs parties de chasse, cet officier a, dans son parcours, cultivé beaucoup d’affinités avec le colonel Mohamed Ould Lekhal, ancien ambassadeur de Mauritanie au Mali. Pourquoi Ould Lekhal n’a jamais pu accéder au poste de chef d’état-major, surtout du temps de Maouiya, alors qu’il était, psychologiquement et techniquement, prêt à assumer cette fonction? Parce qu’on craignait le baroudeur, ayant beaucoup de sympathisants soldats et cadres supérieurs, dans l’armée. Il était, toujours, surveillé comme le lait sur le feu. Pragmatique, fustigeant la bureaucratie militaire, l’homme de terrain joua un rôle cardinal, lors du conflit sénégalo-mauritanien de 1989, galvanisant, personnellement, les troupes, le long du fleuve, de N’Diago à l’Ouest, à Gouraye, à l’Est.
Du colonel Mohamed Ould Znagui, on retient le sens de la grandeur du chef guerrier, l’amour pour la vérité et un grand esprit opérationnel. Je pense qu’à l’avenir, il faut éviter de l’envoyer en mission, à l’extérieur, avec des officiers trop petits de taille par rapport à lui car ils risquent d’attirer l’attention de toute l’assistance. Si cet officier, originaire d’Akjoujt, avait l’allant des émirs Ahmed Ould M’Hamed de l’Adrar ou Ahmed Ould Deid du Trarza, la Mauritanie en aurait été changée.

K /Le Général Ahmed Ould Bekrine
Durant toute ma médiocre carrière de militaire (1979-2004), je n’ai jamais rencontré le général Ahmed Ould Bekrine, actuel secrétaire général du ministère de la défense nationale. Est-ce un alibi pour ne pas le peindre, même à partir de témoignages dignes de foi ? A quoi auraient servi alors les écrits d’Ibn Khaldun, d’Ibn Batouta, de Michelet concernant la France… et en dernier ressort la prétention de l’histoire (récit des événements du passé) à vouloir nous enseigner des faits que les auteurs ci-dessus n’ont pas nécessairement vécus.
L’idiosyncrasie du général Ahmed ould Bekrine prête rarement à confusion. Pour l’accord unanime des esprits compétents, elle ne souffre pas de contradictions. En effet, il parait que cet officier a un train de vie tellement simple que beaucoup ne peuvent honorer durablement. Foncièrement honnête, une vie rangée, calme, voire timide, le général Bekrine est issu de la promotion de Cherchell (1974-1976) en Algérie. Une promotion dont le sang a été triplement versé avec la mort précoce sur le champ d’honneur de trois de ses officiers : les lieutenants Sid’ Amar Ould Cheikh Ould Mouhamedi, Tajou Ould Salek et Khalihené Ould Abdel Jelil. Ceux qui ont connu Ahmed Ould Bekrine pendant la guerre du Sahara vous décrivent un baroudeur robuste bien que d’apparence mince, toujours là où il le faut. Un officier comme le général Ahmed Ould Bekrine pour lequel on ne connait ni frasques, ni même un hobby du moins à caractère lucratif, n’ayant pour souci que de terminer sa carrière militaire à l’image d’Epinal, doit servir d’exemple à la postérité et de référence pour ses contemporains. Sa permutation récente avec le Colonel N’Diaga Dieng a fait jaser plus d’un. Ce réajustement serait-il lié au kidnapping des trois espagnols sur la route de Nouadhibou ? Le général Ahmed Ould Bekrine aurait-il ‘’fauté’’ cette fois, ou fallait-il un bouc émissaire, tant la pression internationale (occidentale surtout) est à son point de non retour ?
Dans leur prise d’otage pour réclamer ensuite des sommes colossales, les « combattants » d’Al Qaida dépassent le seuil de l’intolérance. En dehors de l’intransigeance pour les combattre, il faut plutôt un réseau de renseignements efficace, impliquant tous les pays concernés, coordonnant et planifiant l’acquisition des données collectées au niveau des différents corps (Armée, gendarmerie, garde) afin d’éviter l’émulation ‘’stérile’’ entre les chefs de corps. On l’a vu lors du conflit Sénégalo-mauritanien où certains commandants de formations (surtout 6émé et 7émé régions militaires) inondant l’Etat major national de pseudo renseignements sur l’ennemi dans le seul but de ne pas se faire oublier et ce au détriment de l’efficacité.
En ce qui concerne Ahmed Ould Bekrine, rendons à César ce qui lui appartient. Gageons que cet officier de bonne moralité finisse sa carrière en apothéose. Lui qui a fait du Stoïcisme, de la probité son credo ‘’pascalien’’ doit éviter le dicton populaire du service de Denebja.

L/ Le colonel Mohamed Ould Ghoulam
Que fait un médecin même militaire et de surcroit gynécologue au milieu d’un conseil de fantassins moulés aux périodes de survie, leurs godillots les « empêchant de marcher » ? A première vue, notre colonel à tendance à amuser la galerie ou compléter le nombre à 12, les chiffres impairs étant souvent incommodes. Ceci est loin de refléter la réalité. Quand on a un bac+10, donc une spécialisation en médecine vous permettant de pouvoir vivre largement de votre profession, l’impératif catégorique devient de facto le respect scrupuleux du serment d’Hippocrate dans toute sa dimension.
Sortant du Maroc au début des années 80, le colonel Ghoulam a exercé dans plusieurs garnisons militaires de Mauritanie. Jovial, prêt à rendre service, en sage-homme, il a choisi d’aider les femmes à donner la vie en homme sage. En « accouchant les esprits » le philosophe Socrate n’a-t-il pas simplement invité sa mère Phénaieté, sage femme accoucheuse ?
Le colonel Ghoulam a été choisi à eux reprises (2005-2008) pour faire partie des instances du pouvoir décisionnaire, installées par les militaires. Cet officier originaire d’Aîoun El Atrouss a été récemment désigné pour être le directeur de l’hôpital militaire, à un moment où cette entité a réellement besoin d’un souffle nouveau. Un gage de confiance car l’hôpital militaire joue un rôle prépondérant dans la vie sociétale de la grande muette. Espérons que le statut du colonel Ghoulam de membre de l’ex HCE, puisse permettre à ce gynécologue de briser la monotonie dans les couloirs, de renflouer les caisses, de garnir les officines pharmaceutiques, de rendre opérationnels les blocs opératoires, de varier le menu, de changer les mentalités du personnel hospitalier souvent à effectif pléthorique, bref d’entamer une révolution.
Le colonel Ghoulam va-t-il réussir là où beaucoup ont échoué dans cet hôpital berceau du népotisme et du favoritisme, enclin au délabrement le plus total ? Souhaitons que l’année 2010 soit l’épitaphe de la gabegie, du détournement de deniers publics afin qu’on puisse graver sur les portiques de ce haut lieu de santé publique des lettres porteuses d’espoir et de bien être.

M/ Le colonel Mesgarou Ould Sidi
C’est le benjamin du HCE, tant il est dit qu’ ‘’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années’’. Issu de la première promotion EOA (élève officier d’active) de 1980 (EMIA d’Atar), sorti seulement en 1982, Mesgarou Ould Sidi a choisi la garde nationale pour entamer une carrière militaire qui va s’avérer riche en rebondissements. Il fait partie de l’intelligentsia militaire, ses jeunes officiers intellectuels injectés en 1980 dans l’armée pour équilibrer le pourcentage défavorable à la filiale d’obédience arabe, jusque là parent pauvre des forces armées et de sécurité. Si le colonel Mesgharou est une exception à la règle, car maîtrisant la langue de Voltaire, ce «renfort» n’a jamais fait l’unanimité. Parce que cette promotion (1980-1982) comportait entre autres d’anciens coiffeurs, des tailleurs et même des chasseurs de primes ayant falsifié leurs diplômes arabes pour accéder à l’EMIA.
Descendant du grand guerrier Mesgharou Ould Ghweïzy, le colonel a hérité de celui-ci un caractère fougueux, une envie insatiable de bouder l’ordre établi, s’il ne va pas dans le sens de la logique. Ce caractère est à la fois sa force et son talon d’Achille car il faillit à maintes reprises être rayé des contrôles de la garde nationale (étant lieutenant) par des chefs jaloux de son aura et de son indépendance d’esprit. L’attitude de cet officier chevaleresque, altier, qui aime le rire et l’ambiance feutrée n’a d’égale que son côté prodigue, la main sur le cœur ou tendue vers les plus démunis. Le 6 août 2008, selon les rumeurs, le colonel Mesgharou Ould Sidi, alors chef d’Etat major adjoint de la garde nationale aurait averti le général Ould Abel Aziz de propos confidentiels émanant de son ministère de tutelle-vrai ou faux ? A sa place, j’aurais agi de la même façon. Car entre la copie (Sidioca) et l’original (le général Aziz), je choisirai sans hésiter l’original. Sidioca a été choisi par les services de renseignements comme doublure, le sachant vulnérable, dans l’incapacité de diriger efficacement la Mauritanie. Actuellement, le colonel Mesgharou occupe une place aux contours mal définis. Est-ce une agence, une société ou un service ? Nous avons besoin de savoir pour ne pas être contraints de répondre à chaque fois par une litote.
Une chose est sûre, sous employer cet officier qui fait partie de l’intelligentsia militaire, c’est ignorer totalement le mythe prométhéen de l’homme à la mesure de toute chose.


Ely Ould Krombelé,
Orléans France.

Post scriptum : Nous parlerons prochainement des officiers les plus riches de l’Armée et comment ils ont obtenu leur richesse sans coup férir. Inch’Allahou.

 

 Le maure et la modernité
 
 

    Les évènements politiques de ces derniers mois et leur ultime conséquence, en date du 6 août, mettant fin au pouvoir de Sidioca et divisant la société en deux blocs antagonistes, n'est que l'un des reflets civilisationnels de l' «homo mauritanicus». Au-delà des clivages intéressés ou altruistes, des prises de position convaincues ou versatiles, se dessine la trame culturelle, échafaudée des siècles durant, dans l'un des milieux planétaires les plus hostiles, d'un peuple «poreux à tous les souffles», pas comme les autres. Le peuple maure. Une civilisation brillante, tolérante, où la poésie, cette «chose» dont Lamartine affirme avoir «descendu du mont Parnasse» rivalise avec la perfidie, un univers, donc, où l'un peut être réellement lui-même. et son contraire.
    Le peuple maure. Le maure, qu'est-ce que c'est, où peut-il aller ou s'arrêter? Jusqu'où, en cette époque contemporaine où ce qui se passe à Djakarta est, aussitôt, ressenti au Manitoba?
    Pour «com-prendre» - prendre avec soi - une entité quelconque, il faut la situer, la cerner dans sa globalité : de par ses us, ses coutumes, dans ses aspects cosmogonique, anthropologique, sociologique et anthropologique, dans sa géographie, donc, sa culture et son  histoire. Le maure qui a donné son nom à son pays, en souvenir, sans doute, de l'antique Maurétanie, territoire romain du nord-ouest africain, de ses habitants enturbannés, conquérants de l'Andalousie espagnole, mais stoppés, en 732, à Poitiers par un certain Charles Martel, puis des mourabitounes méridionaux, africains noirs et blancs sous la même bannière de foi, venus des rives du Sénégal, unifier, pour la première fois sans doute de son histoire, le grand Maghreb. Le maure donc est un métis biologique et culturel entre trois dimensions raciales africaines, berbère, arabe et nègre. Le peuple maure est estimé à moins de trois millions d'âmes, dispersées entre la Mauritanie actuelle, en majorité, le nord Mali, le Sahara occidental, le sud Marocain, le sud Algérien et, un peu, le Niger.
    La formation d'un bloc civilisationnel nécessite plusieurs siècles, comme les phénomènes cycliques climatiques (glaciation), affirmant ainsi sa solidité et sa pérennité. La civilisation maure a commencé à se forger, probablement, dès les premiers contacts avec les Arabes venus islamiser les populations berbères. La place prépondérante de la femme au sein de la société maure émane sans doute du système matriarcal berbère. De la proximité avec les empires moyenâgeux du Mali, sous Soundiata Keita - 1235, victoire de Kirina, naissance du Mali -  avec le royaume du Sosso sous Soumaoro Kanté, les Oulad M'Barek, prestigieuse tribu arabe guerrière, ont tiré un système social typique, épousant un pan entier du système de caste de leurs voisins : d'où la notion de griots et de forgerons, que vous ne verrez dans aucun pays arabe : elle émane de la culture négro-africaine.
    - L'homo mauritanicus, un être intelligent : de son environnement difficile, le maure, enfant de trois cultures - arabe, berbère et nègre - a développé et maîtrisé des réflexes indispensables à sa survie. Etre manipulateur qui souffle le chaud et le froid, le tout dans une ambiance sereine, le maure fait fonctionner sa cervelle et obtient des résultats qui dépassent l'entendement. Vous le voyez aujourd'hui à pieds, deux jours plus tard, il roulera en 4 x 4 dernier cri. Les colons français ont tellement été roulés dans la farine qu'ils n'ont procédé à aucune installation, démontrant qu'ils étaient réellement de passage.
    - L'homo mauritanicus met, le plus souvent, son intelligence au service de la perfidie. Les experts du FMI et de la Banque Mondiale seront incapables de déceler les pratiques dolosives des fils du «million» de . poètes. Selon ces experts, les «écritures mauresques» sont impénétrables, comme les voies du seigneur. Autre exemple : connaissez-vous les Libanais, ces descendants de phéniciens, peuple on ne peut plus commerçant : ils ont percé, partout en Afrique, sauf en Mauritanie. Maintes fois trompés, brimés par des génies plus malins, des gnomes cupides, nos phéniciens ont pris la tangente vers des cieux plus sobres.
    - «Le jour qui ne «t'appartient» pas, laisse-le». Cette phrase résume, à elle seule, la philosophie de mes concitoyens. «Ne te mesure jamais à quelqu'un de plus fort que toi», d'où l'adhésion, massive, aux idées du pouvoir central, chaque fois qu'il change de main. Mais ceux qui détiennent le pouvoir ne sont pas dupes. Ils sont conscients que chez le maure, le sens de la démesure est toujours disponible, à chaque fois qu'un intérêt pointe à l'horizon.
    Exemple de marché de dupes, illustrant cette assertion. Au président Maaouya qui aimait tant les bains de foules, on présenta, dans une localité aride, des raisins en lui affirmant qu'ils provenaient de Mauritanie. Quelles que soient les intentions et les erreurs qu'on prête à l'ancien président, il savait, en tout cas, pertinemment que cultiver des raisins au sud d'Aleg est pur mensonge, mais il sourit, tout de même, avec grâce. Le double jeu, la fluidité du sens, est une réalité au pays des maures, autrement dit : au flatteur de flatter le maître dans sa force et au maître de fortifier le niais dans ses flatteries. Il faut bien vivre.Les deux protagonistes savent qu'au campement, chaque camp ment, ainsi va la vie à la beïdane.

    Ely Ould Krombelé

    Source : Le Calame

 

 

 Les Officiers Hratines des Forces Armées Mauritaniennes
(1ère partie)

Dejà au 14 èm,Abou Zeid Ibn Khaldoun  auquel on attribue la paternité de la sociologie moderne,dans sa Muqaddima introduit une methode precise et rationnelle bien avant Réné Descartes, en mettant les évements en perspective pour determiner les causes du rayonnement et du déclin des dynasties Arabes.Au-delà du fait sociologique ou du paradigme anthropologique qui tentent de « com-prendre »ensuite de fournir une explication au comportement de l’Homme dans tous ses aspects et dans toutes ses dimensions du point de vue( du travail, de la réligion, de la culture, de la physiologie,psychologie,géographie etc…,l’on constate que les rapports humains ont toujours été difficiles voire conflictuels.De nos jours en Mauritanie l’entité ethnique est devenue un sujet de preoccupation à tous les niveaux de la societé.La notion de nation mauritanienne ne pointera jamais à l’horizon si chaque éthnie ou ensemble tribal voudrait mettre l’interêt des siens au-dessus de celui de tous les citoyens vivant sous le même drapeau,sur le même territoire et ayant le même hymne national.Dans son intention à vouloir « changer le monde,que les philosophes,selon lui, n’ont fait qu’interpreter de differentes manières »,Karl Marx,dans le Materialisme Historique écrit : »les hommes font leur propre Histoire ;ils ne la font pas arbitrairement,mais à partir de circonstances héritées du passé ».Si l’on s’en tient à la retrospective marxienne de la société depuis le néolithique,son évolution passe ipso facto par plusieurs stades :il y a d’abord la société primitive, esclavagiste,féodale,capitaliste et enfin socialiste(à chacun selon son travail).Nous constaterons malheureusement que ces differents stades évolutifs de la société humaine,surtout les plus archaiques,pour ne pas dire anachroniques,existent encore en Mauritanie du 21ème siècle.N’y a –t-il pas à l’Est du pays des « peuplades » qui vivent encore de chasse et de cueillette comme du temps de la pierre taillée ou…polie :(ne faut-il pas exagerer pour attirer l’attention sur soi ?) !Esclavagistes ?nous le sommes dans toutes nos composantes ;féodaux ?dis-moi qui tu es…L’ensemble le plus meurtri,rabougri par des siècles de soumission,longtemps impassible aux aléas historiques,je veux nommer les Hratines,ou descendants d’ésclaves, hausse desormais le ton.Contrairement aux negro-mauritaniens,ou enfants choyés de la colonisation et dont le fer de lance émanait de la toute jeune Armée,surtout le corps des officiers,incarné par la « force tranquille »qu’est le colonel Yall Abdoulaye,la condition Hratine a été tardivement soulevée par des abolitionnistes issus de la société civile(le mouvement El Horr) au début des années « 80 ».Depuis lors et à l’instar de l’avenement de la democratie en 1991,les HRATINES ont pris conscience de leur poids demographique.

  L’Armée en Mauritanie étant l’institution la mieux organisée,mais aussi le « ribat »d’où se font et se defont les pouvoirs executifs,les Hratines peu representatifs dans le corps des Officiers,sont conscients de leur retard par rapport aux Beidhanes et des Soninpulars.Mais la problèmatique ici c’est de pouvoir determiner où commence la condition Hratine, et où peut-elle s’arreter ?Faut-il prendre en consideration la tendance colorielle ou culturelle ?Faut-il mettre dans le même panier le colonel Baby Housseinou,ancien intendant,le charismatique Capitaine Breiké Ould M’Bareck et le colonel attaché de Defense à Paris Bah Ould Elbou ?Si Baby Housseinou est un Hartani,il ne l’a jamais revendiqué publiquement,contrairement à Breiké.Si le colonel Bah Ould Elbou est noir,il n’est pas Hartani.Pourquoi la majorité des officiers Hratines cultive-t-elle encore le « culte »de la servilité pour engranger des promotions ?Cette servilité est-elle transcrite dans une stratégie en attendant le réveil du reste de la troupe,ou est-elle inscrite à jamais dans les chromosomes ?Y a-t-il une inter-connexion entre des officiers Hratines et négro-mauritaniens ?   

 ELY OULD KROMBELE 

 

Les Officiers Hratines dans les Forces Armées Mauritaniennes (suite et fin)


To be a Hartani or not to be,voilà une tirade aux contours confus pour laquelle il ne suffit pas seulement de plagier William Shakespeare.Pour dire vrai, la condition Haratine est beaucoup plus complexe que le dilemme universellement connu et posé par le dramaturge anglais.En Mauritanie, depuis des siècles déjà la sémantique nous a habitués à des expressions idiomatiques dont la teneur continue de nourrir et d’ entretenir des croyances superficielles qui mettent au pilori les vraies valeurs éthiques que doit produire et louer  notre société musulmane.En effet si les termes sous-jacents tels « bidhani »ou « hartani » repondaient jadis à des considérations colorielles ou même au-delà, voire des découpages géographiques(Trab bidhanes,Trab soudan), de nos jours ces locutions figées et dont la signification tient surtout à une « memorisation préalable », sont à ranger au musée.De facto la » Hartanité »,comme son ainée la negritude, tirant de manière exclusive leur prédilection d’une matrice dominée par la notion de couleur de la peau en plus d’une batterie d’abominables clichés véhiculés par l’histoire,doit cesser de s’abreuver de la frustrante intolérance pour se prémunir plutot d’une vision moderne et conforme à l’entendement.Si l’on sait que dans la tradition mauresque il y a des Haratines « blancs » de peau jouxtant d’autre part des « descendants » du Prophète(PSL) noirs comme du charbon de bois, qu’il nous soit permis de conclure que la génétique à savoir la transmission de caractères innés d’un individu à sa descendance,n’est point le prélude à la condition Haratine.Donc n’est hartani que celui qui le veut et le revendique afin de mieux l’assumer sans complexe.Ce qui est bien sûr different de la condition de l’esclave encore dominé dont l’émancipation doit interpeller la conscience de chacun de nous.

Dans l’une des institutions republicaines qu’est l’Armée,ceux qu’on appelle les militaires »haratines » en général,les officiers en particulier n’ont jamais eu une figure de proue du genre Maawiya pour certains Maures ou Yall Abdoulaye chez les négro-mauritaniens,à laquelle ils voudront bien s’identifier.Le manque de discernement ou d’encadrement autour de valeurs cardinales a poussé certains officiers haratines à la domesticité voire même la servilité à l’égard de leurs chefs maures blancs ;ces derniers ne se privant point de profiter de cette infantilisation.D‘autres officiers hratines par contre sont restés stoiques,humbles mais la tête haute ; comme quoi le combat pour l’égalité des chances demande des sacrifices. Aussi du temps de Yall un timide rapprochement envers les jeunes officiers Hratines a-t-il été amorcé.Difficile adhésion,car l’officier le plus en vue en ce moment,mi-rebelle,mi-soumis,le capitaine Breiké Mbarek(Bric-Brac) et qui n’était pas en odeur de sainteté avec le puissant Yall,avait dejà choisi son mentor :le colonel Haidallé.C’est d’ailleurs Maawiya qui, avec la bénédiction de Yall mettra fin à la carrière fulgurante de cet officier très professionnel(au plan militaire),privant ainsi les Hratines de l’émergence d’un éventuel mage.Il fallait rebuter ce bouillant capitaine hartani qui avait la main sur la 6ème région militaire où tout était sous contrôle,pour que le 12-12-1984 puisse voir le jour.Breiké n’était pas le seul évincé car beaucoup d’officiers haratines qui affichaient une certaine fiérté ou un ésprit hétérodoxe étaient vite reperés et empéchés d’avancer en échelon superieur,ainsi bloqués car accedant au grade de capitaine par ancienneté(à l’âge de 42 ans),la carrière forcément écourtée. Breiké vidé au grade de capitaine,les officiers haratines, subissant les perturbations de la nébuleuse mauresque et la pression sentimentaliste négro-mauritanienne, cherchent encore un boulevard autonome ou plus exactement une troisième voie qui soit adaptée à leur stimulus…. .Ensuite c’était le tour des négro-mauritaniens d’être affligés par les soubresauts de l’orphelinat après la mort subite du colonel Yall Abdoulaye en 1985.Du temps de Yall chef d’Etat-Major,au debut des années « 80 »,rien ne pouvait se decider sans son aval.Le quota pour les militaires négro-mauritaniens,c’est lui,la préeminence des mêmes négro-mauritaniens dans les differents services et directions de l’Etat-major :dirmat,dir-santé, la direction des transmissions, etc où ils étaient majoritaires,c’est encore lui.A la dirmat par exemple,du 1er au 5ème  échelon seul le futur président de Mauritanie,le lieutenant Mohamed Ould Abdel Aziz brillait par sa « blondeur »de « petit maure »,en tant qu’officier- Automobile. La disparition  du Colonel Yall a crée un vide chez les « gens du fleuve »qui courent encore derrière l’âge d’or .Comme quoi,la stature imposante d’un seul homme peut concrétiser des idéaux,par contre difficilement réalisables par le militantisme opiniâtre allant de slogans en manifestations de milliers d’hommes et de femmes réunis . Et si l’âge d’or était plutôt devant nous et non derrière,où les termes :kowri,hartani,bidhani seront remplacés par un seul mot :mauritaniens ?


Enfin je ne saurais terminer sans évoquer l’histoire de Mboirik Ould Mhemdel Abd,un »hartani »,qui de par sa lucidité,sa disponibilité s’est construit une renommée sous-regionnale tant l’homme était généreux et altruiste,tant il incarnait la probable et futur cohabitation entre toutes les composantes du pays.La mort de Mboirik a coincidé avec celle du rais égyptien Jemal Abd Nasser en 1970.Je n’oublierai jamais,adolescent, les visages affectés d’hommes et de femmes,les oreilles collées aux  transistors car « un nationaliste »Arabe,une figure mondialement connue venait de mourir.Je n’oublierai jamais non plus la boutade de l’érudit Hamoudi Ould Lemrabott,père de l’ancien président de la cour suprême,Mahfoudh Ould Lemrabott(paix à leurs âmes) et qui disait sans prétérition : « pourquoi les Mauritaniens pleurent-ils Jemal Abd Nasser et ne font pas autant sinon plus pour le defunt Mboirik ? »Selon le alem qui,j’en suis convaincu n’appartenait pas au « club des oulemas benavé »,Mboirik le sage a fait plus pour ses compatriotes mauritaniens qu’un rais loin de nos préoccupations endogènes.Que les nassiristes,les baathistes,les flamistes,les extrémistes de tous acabitsprennent en compte cette expression visionnaire d’un érudit et qui de surcroit pulvérise tous les records de prétention à l’Arabité du beidhane.Puisse cette pensée servir à l’émergence de la maison commune mauritanienne de demain.Là où le tribal,l’ethnique,le coloriel s’en seront debarrassés de leur intuition toxique pour ériger cette fois une nation arc-en- ciel.Qu’en penses-tu mon cher lecteur : « hypocrite lecteur,mon semblable,mon frère ? ».

  ELY OULD KROMBELE  

 

 
L’esclavage en Mauritanie

( Spartacus face à l’oncle Tom )

 

    Un de ces détestables mots qui meurtrit plus qu’il ne console, réceptacle de toutes les ignominies, poubelle historique de toute la frange humaine ! L’esclavage. Au commencement était l’ignorance. Mais puisque toute l’humanité est passée par là, pouvait-on éviter le fléau qu’est l’esclavage ? Pour mieux cerner le débat, procédons par méthode cartésienne, du plus simple au plus complexe. Imaginons le monde dans lequel nous vivons, son aspect physique (montagnes, cours d’eau, l’air que nous respirons) etc. A première vue, ce monde est chaotique, hétéroclite donc contingent. Les procédés généraux de la pensée échafaudés par les épistémologues nous enseignent que rien n’est le fait du hasard. Tous les phénomènes naturels sont liés par la nécessité (qui ne peut ne pas être) que les mêmes causes produisent les mêmes effets : c’est le déterminisme. Donc le stade actuel de toute chose est le fruit d’un long processus naturel et nécessaire. Puisque dans ce monde il n’y a que le matériel ou le spirituel (homme), ce processus ontologique est aussi valable pour la société humaine. Tout ce que l’homme a entrepris de bon ou de mauvais était nécessaire, y compris l’abominable esclavage. Dans ce cas, l’homme n’est pas libre en soi, il est «agi» par une puissance «extra» qui détermine son évolution, son parcours, d’où
    l’idée de Dieu. Revenons sur terre, continuons avec notre méthode cartésienne avec son aspect gnoséologique. De l’état primitif, l’être humain devint «homo faber» (fabricant d’outils) ensuite «homo sapiens» (homme qui pense), là où les choses se gâtent. Car l’homme doté d’outils (flèches, sabre ;) peut chasser, devenir propriétaire, d’abord d’un enclos ensuite d’animaux domestiques ; ensuite il commence à assujettir ses semblables. Ainsi naissait l’esclavage. L’esclavage, pratique universelle Toutes les sociétés dans l’espace -Temps sont passées par là. La pratique de l'esclavage est universelle. L’Occident qui croit être le phare du monde est la sphère où la pratique esclavagiste eût des dimensions herculiennes. En effet dans les cités gréco-romaines il y avait une nette distnction entre les praticiens (nobles) et les plébéens (esclaves). L’esclavage a atteint son paroxysme jusqu’au jour où un certain Spartacus vers l’an 70 avant J-C, à la tête de tous les épris de liberté défia les armées romaines. Spartacus est désormais le symbole de l’espoir, de la liberté retrouvée contre la tyrannie et l’obscurantisme. Quinze siècles plus tard, les mêmes occidentaux poussés cette fois-ci par le mercantilisme vidèrent les côtes africaines en direction des Amériques. C’est le commerce triangulaire (Amérique - Europe - Afrique). Les autres contrées en Asie, en Océanie ne sont pas en reste. La péninsule arabique est l’exemple saillant. Qui a délivré les juifs des griffes des pharaons après plus de deux cents ans de captivité ? Quel sort réservé aux intouchables du sous-continent indien, cette caste au « bas de l’échelle ». Comme on le constate
    l’esclavage n’a épargné ni blancs, ni jaunes, ni noirs car dans l’inconscient collectif de certains peuples, seuls les noirs ont subi ce fléau. Esclavage en Mauritanie C’est la patrie de l’oncle Tom. L’oncle Tom est cet esclave anonyme qui dans l’histoire américaine est décrit comme étant doux, sobre, agréable avec tout le monde. Béni oui oui, corvéable à merci, l’oncle Tom est l’opposé de Spartacus, le révolté, le meneur
    d’hommes. Si l’esclavage a été aboli en Mauritanie, les séquelles demeurent encore. S’il y a une frange de la société mauritanienne qui a été meurtrie, martyrisée, exploitée des siècles durant, c’est bien la composante haratine. S’il y a encore une entité qui a le droit d’être aidée, épaulée dans tout ce qu’elle doit entreprendre afin
    d’être au top niveau, ce sont les haratines. Tous les mauritaniens ont un devoir de mémoire à leur égard. Côté négro-mauritanien, si l’esclavage a toujours existé (Komé chez les Soninkés, mathioudo chez les halpoularen, djam chez les ouolofs) il sert plutôt de prestige familial. Il n’est pas livré à la consommation. Mais l’esclave chez les négro-mauritaniens n’évolue pas. Un noble soninké ne peut épouser une Komé contrairement à son homologue maure. L’esclavage chez les maures est plus visible par cause du clivage «blancs», noirs. Si le maître est noir, l’esclave l’est aussi ; l’antagonisme serait moins perceptible, comme chez les négro-mauritaniens. Si les pouvoirs publics font des efforts à vouloir éradiquer l’esclavage, il n’en demeure pas moins que l’élite haratine doit mettre la main à la pâte. En effet, pour s’émanciper il faut compter sur soi. L’exemple des africains – américains illustre cette assertion. Que de chemins parcourus par les descendants d’esclavages depuis la fin de la guerre de sécession (1861- 1865) quittant les plantations, s’installant dans les villes du middle, du copper-belt. Luttant pour leur survie, leurs droits civiques ensuite grâce aux « Black Panthers » aux « Black muslims », à Angela Davis, Malcom X, Martin L. King ;etc. Ces descendants d’esclaves participent pleinement à la croissance, au développement du modèle américain. Qu’en est-il de nos élites haratines ? Elles pratiquent le plus souvent « la politique du ventre », du moins dans leur majorité. La première des choses que va faire un hartani « émergent » ce n’est ni construire une école à ses compatriotes, ni un centre de santé, ni les aider à juguler l’illetrisme, mais plutôt conduire une grosse cylindrée, s’asperger de parfum et faire la cour (en catimini) à une mauresque « blanche » !!! Si l’intention est altruiste et va vers
    l’inexorable message culturel cher au chantre de la négritude, le poète Senghor, c’est parfait, c’est à encourager! Si par contre , cette pratique émane d’une atittude vindicative, c’est une perte de temps ; elle est à bannir. Soyons sérieux, les haratines sont les futurs porte-drapeaux de la Mauritanie de par leur vitalité, leur jeunesse, leur volonté de sortir du joug de la pauvreté, du marasme, du mal de vivre. Contrairement aux maures « blancs » qui veulent détruire leur pays par la gabegie, le manque de patriotisme, l’insouciance du lendemain (l’avenir de nos enfants), l es haratines sont humbles, travailleurs, disciplinés, conscients de leur passé sombre, de leur futur difficile. Une noble cause ne s’arrache qu’avec acharnement d’ailleurs. Le monde entier sait que l’esclavage est aboli en Mauritanie. Ce qui en reste n’est qu’un épiphénomène matériel (niveau de vie) auquel il faut trouver des solutions idoines qui ne sauraient tarder. Certes, il est difficile de rompre les liens spycho-socio-culturels entre deux individus même vivant en dysharmonie séculaire. L’heure n’est pas à l’action vindicative abjecte du refoulement, ni du complexe oedipien, ni aux querelles intestines mais plutôt au rassemblement de toutes les forces vives de la naton dans leur diversités pluriculturelles afin de nous rendre les « vrais maîtres et possesseurs » de notre chère patrie. Debout la république !  

Ely Ould Krombelé
Source : Al Mourabit n° 004 du 28 Juillet 2008

 

 

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