ARTICLE 393:

  

Esclave des blancs ou esclave des noirs, même combat…

 

L'esclavage en milieu maure défraie la chronique et c'est à juste raison. Pour diverses raisons : politiques, sociales et autres…. L’esclavage est en réalité interdit par l'islam mais les fuqahas de fortune qui survivent encore en Mauritanie, continuent à le traiter comme partie intégrale des "autorisations conditionnelles" du texte sacré, ce qui est archi faux.

Récemment, dans une émission radiophonique de grande écoute, un faqih a été piégé par un auditeur, lorsqu’il s’est mis à développer des arguments fallacieux sur le « traitement » de l’esclave pendant le ramadan ; en recommandant de traiter l’esclave avec «déférence et sans forte pression » pendant cette période sacrée»; ce qui était le comble du ridicule dans un pays musulman.

Et dire que c’est notre radio officielle ! L'esclavage est une réalité encore par les survivances des pratiques ségrégationnistes envers les descendants d'esclaves affranchis ou qui n'ont jamais connu le joug depuis plusieurs générations.



Cruel retour de manivelle, les descendants d’esclavagistes en milieu maure sont aujourd’hui les plus démunis car leur « patrimoine » était surtout libellé en actifs Ri’q. Dans ces milieux,les hommes s’adonnent uniquement au commerce de détail - en milieu urbain- qui ne demande pas de formation particulière et la prostitution y gangrène considérablement la gente féminine, qui refuse encore de travailler honorablement comme leurs consœurs noires, préférant s’adonner au culte du Saht avec ou sans passage à l’acte charnel.

Une vague de mariages mixtes est bien réelle aujourd’hui dans le milieu maure, mais seulement dans le sens mari- maure blanc, femme - maure noire. C’est que, en milieu maure, les enfants nés de mariages « mixtes » de ce type sont très valorisés par la société depuis les origines et c’est pour cette raison que les Cheikhs et grands marabouts du sud et de l’Est sont tousou presque bigarrés.

L'esclavage en milieu Maure a été néanmoins banalisé comme sujet tabou et les organisations non gouvernementales s'adonnent à cœur de joie à la résistance et à la sensibilisation, ce qui est à leur honneur et nous devons les soutenir. Mais l’injustice incroyable, c’est encore la survivance de la ségrégation envers les castes dites non nobles, telles les griots et les forgerons ainsi que les Zenagas ou bergers de chameaux de père en fils. Ces citoyens ne peuvent se marier qu’entre eux et « même » les anciens esclaves les dédaignent ! Car plus nobles dans la tarification des origines en milieu maure.

Cependant, nos concitoyens négro africains continuent à subir les pires pratique esclavagistes et dans ces milieux, on n' pas vu la naissance d'ONG spécifiques pour lutter contre cette infamie chez les halpular et les Soninkés, par exemple. Dans ces milieux, l’esclave ou l’ancien esclave est isolé, non par la couleur mais par le nom de famille au travers de jeux sémantiques cruels et humiliants. En milieu Soninké, il y a des mosquées et des cimetières par caste et des survivances de croyances maudites continuent à considérer que c’est un porte malheur que de s’asseoir sur la même natte que son griot ou esclave ! Même à ce jour.

Un grand cadre maure a marié une griotte halpular il y a quelques années. Aucun noble halpular parmi ses amis n’a répondu à son invitation d’assister au baptême de l’un de ses enfants en se montrant au grand jour. La plupart ont téléphoné pour s’excuser ou sont venus par une porte dérobée. L'esclavage a été réduit dans notre pays à l'exploitation d'un "noir" par "un blanc" et non un noir (griot, bucheron, pécheur, tisserand…) par un noir ou un blanc (Zenagas) par un blanc.

Il revient à l’Etat de s’occuper sérieusement de nos compatriotes negro africains, victimes de la pire des ségrégations et par un silence inhumain à ce propos. Pour commencer, il faudra interdire les patronymes dérisoires collés à la racine des noms de famille de ces citoyens visés, cela au niveau de l’état civil, entamer une sensibilisation au niveau des princes esclavagistes et supprimer les mosquées ségrégationnistes dans notre état. dans outes les provinces.

Tout comme chez les maures on ne peut pas obliger nos concitoyens negro africains à pratiquer les mariages mixtes dans les deux sens mais il est possible de s’attaquer aux croyances archaïques dans ces milieux, croyances qui attribuent des rôles maléfiques à certaines franges de ces esclaves ou descendants d’esclaves en milieu négro africain. Au niveau de l’état, des dispositions communes devraient être prises immédiatement par rapport aux castes « non colorées ».

Rien n’est plus ridicule mais aussi plus cruel que lorsque le Gouvernement invite des griots maures ou négro africains pour meubler les soirées de gala lors des visites de Chefs d’état étrangers! Les pauvres concitoyens ne sont reconnus qu’à ce niveau et nul ne pourra trouver un griot parmi les ministres ou les cadres invités à l’occasion de ce gala de voyeurs invétérés. Pendant près de deux heures les pauvres griots doivent se dépasser pour mériter le maigre pactole réservé par le protocole et ces démunis « recrutés » pour se produire devant le public quittent enfants et époux pour distraire – surtout pendant la période scolaire- une mêlée de fonctionnaires et de badauds.

Notre pays est un pays neuf. Il recèle encore beaucoup de paradoxes. Les solutions, lorsqu’elles existent sont rarement des solutions de fonds ou des solutions tout court. Notre développement reste tributaire d’une politique active et juste de la part du Gouvernement. Les effets spectaculaires de l’esclavage sont réels mais ils ne nourrissent encore que les ONG et les leaders politiques déclarés.

Les rouleuses de couscous harratines soufrent des intempéries et de l’humiliation des clients pour un maigre revenu, souvent inapte à garantir plus que la survie. Le berger est abandonné en plein désert sans couverture sanitaire et sans assurance maladie pour lui et ses enfants. Le griot ne sert encore qu’à meubler même les soirées officielles et notre télévision le ridiculise chaque jour davantage en le présentant comme une relique du passé juste bonne à assurer la transition entre les programmes quand les techniciens prennent leur thé ou font leurs courses en ville.

Le forgeron est confiné dans le rôle de receleur de biens et isolé dans notre société comme un être inutile. Le métier de défenseurs de droit humains dans ce domaine mérite à son tour d’être encadré et réglementé et l’état devrait veiller à ce que les ONG ne soient pas monocolores pour les rendre plus efficaces et réduire ainsi les contingences raciales récurrentes.

Les solutions économiques et sociales ne sont pas réfléchies pour hisser les victimes au rang de mauritaniens à part entière, si d’ailleurs ont peut parler de la sorte. Ainsi, la politique de l’habitat initiée par l’Agence de Développement Urbain a été déviée de ses objectifs, les harratines transférés revenant chaque fois à la case départ pour recevoir de nouveaux lotissements. Car ils n'ont as de solutions économiques pour se nourrir et se soigner convenablement. Un Ministère de la Condition Humaine mérite d’être crée pour tous les mauritaniens, anciens esclaves ou anciens maîtres, maures ou négro africains dans ce pays aux mille paradoxes.


source : Abou Oubeid

Lundi 2 Novembre 2009

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