ARTICLE 378:

  

Analyse pertinente.

A ce qu'il me semble il est toujours plus facile de dire, de dénoncer ce que nous ont fait les autres. Il est cependant et souvent, beaucoup moins aisé de dire ce que nous n'avons pas fait, où nous avons faillit. Votre analyse est juste mais il va falloir sortir de la dénonciation et peut-être passer à des actions plus directes.  

En te reprenant sur " - le caractère très actuel du "manifeste des 19", malgré les vingt (20) années passées.
- la dangereuse et inquiétante dégradation de la situation des Négro-mauritaniens dans tous les domaines de la vie politique, économique, culturelle et sociale ;
- les craintes formulées dans le "Manifeste" n'ont jamais été prises en considération par les régimes beydanes qui, au contraire, se sont évertués à satisfaire les revendications culturelles et économiques respectivement des intellectuels et de la bourgeoisie- compradore arabo-berbères ;"

 

Je dirais que ceci est tellement d'actualité que l'une des formulation ou manifestation la plus éloquente est la déclaration de l'IRA ( Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste) encore un mouvement noir négro-africain de surcroit.

 

Oui Kaw, Une vingtaine d'années après ce manifeste un autre manifeste qui ne dit peut-être pas son nom est apparu. Ce qui pose au fond la question suivante : Où en sommes nous? Dans la lutte entamée pour l'accès à une société plus juste, plus sereine plus à même de mettre en place les prés requis à l'avènement d'une véritable démocratie ?

 Nous en sommes encore à nous battre pour ce qu'il y a de plus injuste et contre les formes d'injustices les plus archaïques du monde : L'impunité devant l'atteinte à ce qu'il y a de plus fondamentale la vie. La persistance de ce qu'il y a de plus abjecte, décrié par tout le monde et légitimé par une pratique religieuse l'esclavage. Les deux conduisent à des séquelles que toute société mettra du temps et une somme d'énergie considérable à juguler.

La question que je pose aujourd'hui est la suivante : Quelles autres actions autres que la dénonciation et la négociation avons à notre portée pur qu'enfin la cause soit entendue ?

Rappelez moi Kaw un seul acte où un mouvement noir a fait atteinte à la vie d'un frère maure blanc ?

Rappelez moi un seul acte à l'actif d'un mouvement noir qui ait conduit à la violence en vers un frère ou une communauté arabo berbère où, à la destruction de leur biens?

Il ne doit pas y avoir beaucoup à énumérer.

Comment se fait-il alors que nous ayons subi ce que nous avons subi dans les années de braises ? Qu’est ce qui a pu le justifier pire encore justifier le silence qui s’en est suivi de la part de tous responsables confondus ( militaires, politique, religieuse) ?

J'ai peur Kaw qu'il n y ait quelque chose de plus grave que qu'une bande de nationaliste arabe avec à leur tête un colonel mais d'une pratique séculaire de l'injustice et de l'impunité dans notre société.

Quand on peut encore de nos jours légitimer l'expropriation d'un homme sur les acquis à la sueur de son front, le reniement de l'héritage légitime de ses enfants au nom de pratiques religieuses nous dit-on ?

Je cite l'RA "

" - la lutte sans merci contre les expropriations des terres des esclaves et anciens esclaves que les administrations et tribunaux décident et légitiment au profit des féodalités tribales et claniques et des groupes dominants d’extraction esclavagiste."

Nous devons nous poser les questions sur ce que nous n'avons pas fait pour que ce qui est une justice fondamentale ne soit même pas encore effective dans notre société ?

Je vous livre une partie d'une de ses plus fameuses lettres de Martin Luther King adressée du fond de sa prison à huit de ses confrères religieux américain

"Sachez, mes amis, que nous n'avons jamais gagné une seule bataille en faveur des droits civiques sans que soit exercée au préa­lable une nette pression - non violente - sur le plan légal. C'est un fait navrant, mais il est confirmé par l'histoire: il est rare que les groupes nantis de privilèges abandonnent spontanément leurs prérogatives. Il arrive que des individus, moralement éclairés, abandonnent d'eux-mêmes leur position usurpée; mais comme l'a rappelé très justement Reinhold Niebuhr, les groupes ont tendance à se montrer plus immoraux que les individus.

Notre douloureuse expérience nous a montré que l'oppresseur n'offre jamais de son propre chef la liberté à ceux qu'il opprime. Les opprimés sont obligés de la réclamer. Franchement, fallait-il que ma campagne d'action directe parût « opportune» à ceux qui n'ont jamais souffert à l'excès de la ségrégation? Depuis des années j'entends dire: « Attendez !» et ce mot a pris pour une oreille noire une familiarité lancinante. Ce fameux « Attendez» a presque toujours été synonyme de « Jamais ». Et nous en arrivons, comme le dit l'un de nos distingués juristes, à la conclusion que « trop tarder à rendre la justice, c'est la refuser ».

Il y a plus de trois cent quarante ans que nous attendons de pouvoir jouir de nos droits constitu­tionnels et des simples droits humains que Dieu nous a donnés. L'Afrique et l'Asie acquièrent à une vitesse vertigineuse leur indépendance poli­tique, tandis que nous en sommes encore - pauvres tortues - à gagner le droit de prendre une tasse de café au comptoir d'un snack. Pour ceux qui n'ont jamais ressenti les traits cinglants de la ségrégation, il est peut-être aisé de dire: «Attendez! » Mais si vous voyiez la populace haineuse lyncher vos père et mère et noyer vos frères et sœurs au gré de sa fantaisie; si vous voyiez d'affreux policiers, l'injure < à la bouche, rouer de coups et parfois même tuer vos semblables; si vous voyiez l'immense majorité de vos vingt millions de frères noirs écrasés de misère au cœur d'une société opulente; si soudain les mots vous manquaient et que vous vous mettiez à bégayer en essayant d'expliquer à votre petite fille de six ans pourquoi elle ne peut pas aller au nouveau parc d'attractions sur lequel la télévision vient de faire un reportage ; et si vous voyiez ses yeux se remplir de larmes quand vous lui expliquez que Funtown 1 est interdit aux petits enfants de cou­leur; si vous voyiez les inquiétants symptômes du complexe d'infériorité envahir son esprit enfantin, et sa petite personnalité s'altérer sous l'effet d'une rancœur inconsciente à l'égard des Blancs; s'il vous fallait trouver une réponse à la question de votre petit garçon de cinq ans qui vous demande: «Papa, pourquoi les Blancs sont-ils si méchants avec les gens de couleur?» ; s'il vous fallait, en voyage, dormir nuit après nuit sur les sièges incon­fortables de votre voiture parce que vous savez qu'aucun motel ne vous acceptera; si vous deviez subir jour et nuit la vue pénible des écriteaux où s'inscrivent les mots: « Blancs» ou « Gens de cou­leur» ; si, quels que soient vos noms, prénoms ou âge, on ne vous appelait jamais que «nègre », « mon vieux », ou « John» et si on ne faisait jamais

précéder le nom de votre femme ou de votre mère de l'appellation courtoise de « Madame» ; si vous étiez harcelé toute la journée et hanté toute la nuit par le fait que vous êtes un Noir, constamment sur le qui-vive et incertain de ce qui l'attend; si la peur et la rancune vous habitaient et s'il vous fallait soutenir un incessant combat contre un sentiment dégradant de «multitude»; alors, oui, alors vous comprendriez pourquoi nous ne pouvons plus attendre. Il vient un moment où la coupe de la patience déborde et où l'homme refuse de se laisser noyer dans les abysses du désespoir. J'espère, Mes­sieurs, que vous comprendrez ce qu'il y a de légi­time et d'inévitable dans notre impatience."

 

Cette lettre est écrite dans un pays où disait-on la démocratie était de rigueur.  Ce système cependant comme celui de l'apartheid en Afrique du Sud avait le mérite d'être au moins clair et sans ambigüité.

 

Une chose est certaine c'est que ceux qui avaient érigé ses systèmes avaient la forte conviction que c'est ce qui se devait. Ils étaient convaincus de leur supériorité sur l'autre. 

Pour que Obama ait pu jouir pleinement de ces droits civiques à tel point de devenir président c'est qu'il y a eu Marin Luther King avec sa campagne non violence d'action directe, Malcom X avec sa violence (Ce que je prône nullement). Ils ont cependant chacun à sa manière contribué à élever la conscience populaire américaine. 

Il va nous falloir peu être un plus d'actions réfléchies et organisées non au détriment de qui que ça soit mais pour le bien être national. Il va nous falloir peut-être encore un peu plus, l'estime de soi qui n'est pas le rejet de l'autre. Les questions raciales ne sont l'invention de l'imagination ce sont des faits et le racisme existe bel et bien et, une des meilleures manière de ne pas la combattre est bien sur celle qui consiste à le nier.

 

Djibril BA   

 

 

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