ARTICLE 376:

  

Zeini Ould Ahmed El Hadi, l'homme qui gagne un million de dollars par mois

29-09-2009

Mohamed Vall Ould Oueïssi est un cousin du Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Il est aussi l'ami intime du directeur du budget, Zeini Ould Ahmed El Hadi, pour lequel il vient d'acheter une villa à Casablanca. Le député d'Aleg, Houssein Ould Ahmed El Hadi, frère de Zeini, prendrait aussi part à la transaction.

Selon nos informations, la tâche de l'honorable élu consiste à rabattre les créanciers de l'Etat, via une société écran, afin d'obtenir le règlement de leurs factures, grâce à l'intervention de son frère, moyennant une commission en partage.

Les revenus mensuels du directeur du budget se repartissent ainsi :

- Salaire net : 102.000 ouguiyas
- Dotation en carburant : 50.000 ouguiyas
- Prise en charge du loyer : 36.000 ouguiyas
- Diverses indemnités : 40.000 ouguiyas.

Le total des émoluments, point excessif d’ailleurs, dépasse à peine 220.000 ouguiyas par mois. Selon une source sur place, une fois que le directeur aurait payé tous ses intermédiaires et arrosé l’ensemble de la chaine de commandement, il lui resterait, pourtant, un bénéfice net mensuel qui oscille entre 250 et 300 millions d'ouguiyas (environs un millions de dollars).

Comment un fonctionnaire arrive-t-il à multiplier son salaire par dix ? Nous n'avons eu aucun mal à élucider le mystère. Approché par Taqadoumy, un fournisseur de l'Etat raconte : "la marchandise s'entasse dans mon dépôt ; les clients particuliers n'arrivent plus à joindre les deux bouts et ils désertent les échoppes. Un acheteur public me demande, alors, de le livrer.

L'avantage, ici, c’est que je peux pratiquer le tarif de mon choix car mon interlocuteur ne négocie pas. L'inconvénient c’est de devoir me débrouiller pour me faire payer. J’avais donc le choix : ou bien je laisse la marchandise moisir dans mes dépôts, ou alors je m'en débarrasse à bon prix ; naturellement,  je choisis la seconde option".

Munis de ses factures dûment signées, le vendeur se présente à la direction du budget et continue : "rapidement, je suis happé par un intermédiaire qui se présente comme un proche du directeur ; il me fait comprendre que je n'ai aucune chance de récupérer mon argent par le circuit officiel. Tout au plus j’entamerais une procédure en justice puis, peut être, dans quelques années, j’en récupérerais une infime partie. Ou alors, me dit-mon sauveur, j'accepte de reprendre une part de mon argent mais je signe un reçu attestant que j'ai tout recouvré".

Notre source n'est pas au bout de ses surprises : "je suis tombé des nues, lorsque j'ai pris connaissances des termes du marché. L'Etat me doit 380 millions d'ouguiyas et le type me propose 200 ; le reste lui reviendrait ; ainsi, dois-je renoncer à presque la moitié de mon dû !".

Et de conclure : "en quittant le siège de la direction du budget, je rencontre un ami et lui narre mon infortune. Il m’objecte l’énormité de ma chance car lui-même est venu avec une facture de 48 millions et l’on lui propose de partager moitié-moitié !!! Finalement, je pars à la recherche de mon intermédiaire ; je lui concède de garder 150 millions et de me verser le reste, il me répond son d'accord".

Des histoires comme celle-ci, les couloirs de la direction du budget bruissent chaque semaine. Des créanciers généralement discrets et patients font le pied de grue devant le bureau du directeur, chacun avec sa proposition et, pendant ce temps, Zeini Ould Ahmed El Hadi devient encore plus riche, de jour en jour et bien davantage depuis l’élection miraculeuse du candidat des pauvres, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz.

D'autres soutiens du Président de la République seraient impliqués dans des opérations similaires. Des sources crédibles au Sénégal indiquent l'achat, par Melaïnine Ould Tomi, d'un domaine maraîcher près de Saint-Louis. Le prix atteindrait 11.000.000 dollars. Ould Tomi est un ancien directeur du protocole de Ould Taya reconverti en chargé de "mission" de Ould Abdel Aziz. Par delà la dictature, la transition, l’intermède civil, le putsch du 6 août 2008 et la drôle de normalisation en 2009, il est resté, d'abord, un parent du Général.

Signalons que le programme commun des Nation Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA) vient d'annoncer la suspension de ses activités en Mauritanie, jusqu'à l'élucidation du détournement d'une somme de 1.700.000 dollars alloués à la lutte contre la pandémie.

Flairant un contrôle qui risquait de l'éclabousser, le coordinateur du programme, Abdallahi Ould Horma, avait démissionné avant de quitter le pays comme le révélait Taqadoumy, il y a deux semaines.

Selon le Quotidien de Nouakchott du 24 septembre, les enquêteurs sont parvenus à la conclusion qu’un pourcentage important sur le 6.000.000 dollars destinés au projet entre octobre 2006 et septembre 2008, correspond à une dépense sur la base de documents falsifiés.

Interrogé, Ould Horma ne fournirait aucune information mais sa collaboratrice Salimata Cheikh Sow rejette toute la responsabilité sur les deux responsables financiers Saleck Ould Hadrami et Mamadou Dia. Cependant elle n’a pas pu justifier les frais engagés par elle.

Ould Hadrami se défend, devant les enquêteurs, par son peu de compétence en comptabilité. Il aurait été incapable de fournir un registre des dépenses à partir de septembre 2008. Par la suite, affirmera-t-il, son ordinateur ne fonctionnait pas et le logiciel requis ne lui était pas accessible car il n’en possédait le mot de passe (sic).

C'est ça, la Nouvelle Mauritanie .

 

 

 

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