ARTICLE 369:

  

 La population

 

Les conditions géographiques – le Sahara occupe les deux tiers du territoire – expliquent la très faible densité moyenne de population, de l'ordre de 2 hab./km2. Dans le Sud cependant, les rives du fleuve Sénégal connaissent une plus grande concentration d'habitants, très majoritairement noirs. Nouakchott, capitale créée de toutes pièces après l'indépendance (6 000 habitants en 1965), est devenue une agglomération importante qui accueille, aujourd'hui, le tiers des Mauritaniens, dont de très nombreux anciens nomades, que la sécheresse a condamnés à changer de mode de vie. Avec le port de Nouadhibou, au nord, et quelques rares centres secondaires, dont Zouerate, la ville minière du désert, le taux d'urbanisation dépasse 50 %. Le pays connaît une croissance démographique soutenue, de l'ordre de 3 % par an, liée à une très forte fécondité.

   On distingue généralement trois groupes humains. Les « Beidanes » – littéralement, les Blancs – sont issus des vagues de peuplement successives berbères et arabes plus ou moins métissées avec les populations noires anciennement implantées. Ils parlent un dialecte arabo-berbère et sont, ou plutôt étaient, organisés en tribus nomades. Les haratines sont des Noirs, anciens esclaves des Beidanes, fortement métissés avec eux et parlant la même langue. Quant aux Noirs du Sud, ils appartiennent aux peuples vivant de part et d'autre du fleuve Sénégal (Ouolofs, Toucouleurs, Soninkés, etc.). Malgré une unité assurée par la religion, un islam sunnite de rite malékite, cette structure héritée de l'histoire pèse toujours lourdement sur les rapports sociaux. Les profondes mutations enregistrées depuis les années 1970 ont même entraîné un raidissement dans les relations entre les communautés. L'esclavage – il s'agit d'un esclavage domestique – a été juridiquement aboli au début des années 1980. Les relations de dépendance n'ont cependant pas totalement disparu, même si elles sont altérées par le développement de la vie urbaine.

 

                                 HISTOIRE

Les nombreux sites archéologiques mauritaniens n'ont pas livré tous leurs secrets, mais ils indiquent la présence d'un peuplement très ancien, remontant au paléolithique. Il a varié au gré des grandes alternances climatiques, atteignant son apogée il y a 5 000 ans. À cette époque, les communautés agropastorales sédentaires dominaient, comme en témoigne la centaine de villages fortifiés du Dhar Tichit, sur la falaise de l'Aouker. Il s'agissait vraisemblablement de populations noires. Depuis, l'aridité croissante, qui perdure aujourd'hui, a progressivement rejeté vers le sud l'essentiel des populations, le désert n'accueillant plus que des pasteurs nomades.

   Les Berbères Sanhadjas, fortement implantés dès le IIIe s., deviennent alors, grâce à leurs dromadaires, les maîtres du commerce de l'or, de l'ivoire et des esclaves entre l'Afrique du Nord et le Sahel.

                  Les Almoravides

Au milieu du XIe s., deux des tribus berbères sanhadjas qui nomadisent entre Sénégal et Maroc se donnent pour chef religieux Abd Allah ibn Yasin. Sous son impulsion, les Berbères adoptent les règles d'un islam très austère, enseigné dans le ribat, véritable couvent militaire. Ces guerriers de la foi (en arabe al-Murabitun, les « gens du ribat », devenus Almoravides) se dirigent les uns vers le sud, où, avec l'aide des Peuls du Tekrour, ils abattent l'empire du Ghana, les autres vers le nord. Le Maroc et une partie de l'Algérie sont soumis entre 1060 et 1080, et le roi de Castille, Alphonse VI, qui mène une lutte de reconquête contre les musulmans d'Espagne, est battu à Zalaca (Sagrajas) en 1086. Cette épopée est aussi brillante qu'éphémère : le trop vaste empire, miné par les ambitions des émirs locaux, s'effondre en 1087 au sud et en 1147 au nord. Mais elle marque durablement la Mauritanie, généralisant le rite malékite, et demeure dans les esprits comme une période glorieuse. Sur les ruines de l'empire du Ghana se fonde au XIIIe s. l'empire du Mali, qui étend son autorité sur le sud-est de la Mauritanie actuelle. L'Empire songhaï, qui lui succède deux cents ans plus tard, voit son autorité limitée par la renaissance du royaume peul de Tekrour, qui prospérera jusqu'au XVIIIe s.

   À partir du début du XVe s., les Arabes Hassanes pénètrent dans le pays par le nord, à la recherche de territoires pour leurs troupeaux. Leurs relations avec les Sanhadjas sont le plus souvent conflictuelles et la guerre de Charr Boubba (1644-1674) consacre leur suprématie. Mais il en résulte une interpénétration des populations, donnant naissance à une société nouvelle, dont Chinguetti devient le brillant symbole.

 

                                 La Mauritanie des colonels

Mais l'affaire du Sahara occidental, déclenchée en 1976, ébranle le régime et provoque une grave détérioration de l'activité économique. Moktar Ould Daddah est renversé par un coup d'État militaire le 10 juillet 1978, la Constitution suspendue, le P.P.M. interdit, le gouvernement et le Parlement dissous. Un Comité militaire de redressement national (C.M.R.N.) s'installe au pouvoir, dirigé par le colonel Ould Salek, qui tente de mettre fin à l'aventure ouest-saharienne. Moins d'un an plus tard, l'armée intervient de nouveau (6 avril 1979) et remplace le C.M.R.N. par un Comité militaire de salut national (C.M.S.N.). Son président, le colonel Ahmed Ould Bouceif meurt le 27 mai suivant dans un accident d'avion. Le colonel Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louly devient chef de l'État, et le colonel Mohamed Khouna Ould Haidalla, Premier ministre. Le 4 janvier 1980, ce dernier s'empare des deux fonctions, auxquelles il ajoute celle de président du C.M.S.N. Son passage au pouvoir est marqué par le règlement de la question saharienne, mais aussi par une tentative de coup d'État soutenue par le Maroc (mars 1981) et un complot pro-irakien (février 1982), ainsi que par la création des Forces de libération africaine de Mauritanie (F.L.A.M.), mouvement clandestin d'émancipation des Noirs mauritaniens.

 

                                    Les années Ould Taya

En décembre 1984, le colonel Ould Taya, chef d'état-major, ancien Premier ministre, profite de l'absence de Mohamed Khouna Ould Haidalla pour le renverser. L'opposition entre les Maures et les Noirs passe au premier plan. Un coup d'État mené par deux officiers noirs est déjoué en septembre 1987 et ses responsables exécutés. Les incidents frontaliers avec le Sénégal, en avril 1989, dégénèrent en véritables pogroms contre les « Sénégalais », et n'épargnent pas les Noirs mauritaniens. Des dizaines de milliers d'entre eux fuient le pays ou sont expulsés, ce qui nécessite l'intervention de l'aide humanitaire internationale. Deux nouveaux mouvements d'opposition noire radicale sont créés à cette époque : le F.U.R.A.M. (Front uni pour la résistance armée en Mauritanie) et le F.R.U.I.D.E. M. (Front de résistance pour l'unité, l'indépendance et la démocratie en Mauritanie).

   La pression mondiale en faveur de la démocratisation tarde à produire ses effets : les élections municipales de décembre 1990 sont précédées de dizaines d'arrestations d'officiers et de cadres civils noirs. Une nouvelle Constitution est adoptée le 12 juillet 1991. Une élection présidentielle est organisée dans les premiers mois de 1992. Elle consacre la victoire du colonel Ould Taya. Sa formation, le parti républicain démocrate et social (P.R.D.S.), remporte une éclatante victoire aux élections législatives d'octobre 1996. En décembre 1997, le colonel Ould Taya remporte sans surprise l'élection à la présidence, avec 90,25 % des voix, face à une opposition divisée qui pratique la politique de la chaise vide. Mais la vie politique officielle se circonscrit aux partis maures, et le gouvernement mauritanien continue d'être la cible des critiques des organisations internationales de défense des droits de l'homme. En octobre 2001, les formations d'opposition décident de participer aux élections municipales et législatives, désireuses de mettre à l'épreuve le président, qui a promis la transparence. Le P.R.D.S. remporte la majorité des sièges avec 51 % des suffrages. Devant ce résultat mitigé (perte de plusieurs municipalités importantes) , le colonel Ould Taya remplace le secrétaire général du P.R.D.S. par l'un de ses proches, afin de préparer la prochaine élection présidentielle. Le 8 juin 2003, une tentative de putsch fomentée par des officiers radiés de l'armée nationale (15 morts et 69 blessés) est déjouée par le régime, qui échoue cependant à intercepter les auteurs. Faisant fi des aspirations au changement émanant de l'opposition et de la population, le chef de l'État, de plus en plus isolé par son exercice très personnalisé du pouvoir, renforce son contrôle sur le pays et, cherchant à obtenir les bonnes grâces des États-Unis, intensifie sa répression des milieux islamistes.

   À la veille du scrutin des 7 et 8 novembre, à l'issue duquel il est réélu avec 66,7 % des suffrages, il fait interpeller, puis remettre en liberté pour quelques heures, son principal compétiteur Mohamed Khouna Ould Haidallah : ce dernier recueille 18,7 % des suffrages, Ahmed Ould Daddah, 6,9 %, et Messaoud Ould Boukheir, le candidat des haratines, 5 %. Tous les trois dénoncent des fraudes massives. En août et septembre 2004, deux nouvelles tentatives de putsch d'officiers, regroupés au sein d'une organisation appelée « Cavaliers du changement », sont à nouveau déjouées par les autorités mauritaniennes, qui accusent le Burkina Faso de les avoir préparées avec le soutien financier de la Libye. À cette inquiétude sécuritaire viennent s'ajouter des signes tangibles d'instabilité : en janvier, le procès politique de l'ex-président Mohamed Khouna Ould Haidallah, accusé d'avoir tenté de renverser le pouvoir ; en juillet, le remaniement de l'équipe gouvernementale. Finalement, le 3 août 2005, le président Ould Taya est renversé par une junte d'officiers dirigée par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, directeur de la sûreté nationale, qui s'empare sans violence du pouvoir.

LE 19/09/09

source:

http://209.85. 229.132/search? q=cache:qqMHL8ez Ud0J:www. larousse. fr/encyclopedie/ pays/Mauritanie/ 132366+Le+ premier+attentat +suicide+ en+Mauritanie+ et+l%27esclavage +maure&cd=14&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

 

 

 

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