ARTICLE 360:

  

Débat sur la nomination du Dr Diarra : pour une révolution culturelle.

 

 

Un groupe de prétendus cadres du Guidimakha, sous couverts de l’anonymat avec des visées féodales ont jeté l’opprobre sur notre compatriote, le Dr Diarra, dont les compétences sont incontestables, suite à sa nomination au poste de ministre. Afin de faire évoluer de telles mentalités, il faut rompre pour de vrai avec la féodalité et entamer une révolution culturelle dans toutes les communautés mauritaniennes.

Notons que le régime de Ould Abdel Aziz, a donné des gages pour cette révolution à venir, en nommant plusieurs femmes ministres et des personnalités de toutes les couches de la société mauritanienne.

Je vous reproduis un article de l’Autre Afrique n°40 du 4 au 10 mars 1998, article que j’avais écrit sur la question de l’esclavage en Mauritanie, après l’arrestation de militants antiesclavagistes, du temps de Ould Taya.

Cet article me parait encore d’actualité au regard du débat suscité par la nomination de Mr Diarra. La nouvelle vient de tomber. Les militants antiesclavagistes écroués en Mauritanie ont été condamnés à 13 mois de prison. Rien ni personne n’y changera quoique ce soit ; et surtout pas le peuple mauritanien qui ne trouvera rien à en redire. Les peuples n’ayants que les dirigeants qu’ils méritent, nous autres mauritaniens sommes biens servis.

Certes l’esclavage est un sujet tabou dans notre pays. Certes le reportage qui a provoqué les dites arrestations n’est qu’un cliché de plus venu de l’Occident, un piteux cliché misérabiliste de journalistes français friands d’exotisme. Mais la manière avec laquelle les autorités ont traité ce problème relève d’une pratique bien de chez nous. La Mauritanie est en effet un pays où on s’empresse d’évacuer les problèmes avant de les avoir discutés; un pays où il n’y a jamais de vrais débats sur les soubresauts qui ébranlent la nation.

Maures ou négro-africains, tous les mauritaniens sont «esclavagistes». Si bien que les autorités mauritaniennes usent et utilisent les structures tribales (chez les maures) et les stratifications traditionnelles des sociétés halpulareen et soninké (toorobé, Foulbé et tounkanlenmou étant au sommet de la hiérarchie) pour jauger l’éligibilité de nos citoyens à certains postes de responsabilité.

Aujourd’hui plus qu’hier, les nominations à certains postes sont tributaires du rang social des prétendants politiques. Il est rarissime qu’un négro-mauritatien de rang social dit inférieur soit nommé à un poste ministériel par exemple. Et quand cela arrive, les protestations abondent de la part de ceux qui sont censés s’occuper traditionnellement des affaires de la cité.

Aussi, il n’y a pas en Mauritanie des « séquelles » de l’esclavage comme on s’évertue à faire entendre en haut lieu ni de survivances. Bien au contraire : il y a une résurgence de l’esclavage dans notre pays. La féodalité revient à grands pas. Il ne faut pas s’étonner que certains féodaux négro-africains s’égosillent à qui mieux mieux sur les ondes de RFI pour soutenir le point de vue du régime de Ould Taya. L’enjeu est de taille : ils sont mis à nue tout aussi bien que les féodaux maures.

27/08/2009
Mamadou Touré, Massy, France

 

 

 

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