ARTICLE 353:

  

 

Visite chez le kamikaze de l’ambassade de France : La famille réclame les restes de son fils

 

NOUAKCHOTT-INFO

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Le père (debout) du Kamikaze dans l'enceinte de leur modeste demeure à Basra

 

Premier kamikaze en Mauritanie, Abou Oubeida Moussa Al-Basri, l’auteur disparu de l’attentat-suicide du 8 août courant qui visait l’ambassade de France à Nouakchott dans une opération commanditée et revendiquée par la branche d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), faisant trois blessés légers (deux gendarmes français et une mauritanienne) , ne finit pas de faire parler lui.


surtout de nos jours, la nébuleuse Al Qaida ayant publié, mardi dernier, sur un site internet islamiste souvent utilisé par le groupe terroriste pour diffuser des vidéos et des communiqués, sa revendication de son attentat-suicide.
Nouakchott Info est allé à la rencontre de sa famille au populeux quartier Basra de la Moughataa de Sebkha.
Là-bas, le sexagénaire, d’abord boulanger puis gardien, Beina Ould Zeidane (originaire de «Sabwallah», une localité du département de MBagne, relevant de la wilaya du Brakna) et la non moins jeune Khadija Mint Hartane (femme au foyer et couturière par moments de voiles, originaire de Mounguel, wilaya voisine du Gorgol), qui se trouvent être le père et la mère du kamikaze Abou Oubeida Moussa Al-Basri, portent calmement leur deuil, non sans regretter le destin de son fils.
Il est né le 12/12/84
Acceptant tant bien que mal de parler de leur enfant, sa mère dira qu’il était venu au monde par une de ces nuits inoubliables: «Nous habitions la kebba de Sebkha quand il était né le soir du jour-même du coup d’Etat de Maaouiya Ould Taya, le 12/12/84. Sa tante voulait qu’on le baptise Maaouiya mais j’ai tenu à lui donner le nom de mon frère Moussa.»
Ainsi donc le kamikaze Abou Oubeida Moussa Al-Basri, de son vrai nom Moussa Ould Beina Ould Zeidane,

deuxième enfant de la famille, après sa sœur Aminetou, née deux années auparavant, était un pur produit de la capitale Nouakchott où il était né, avait fait ses études primaires et secondaires ne réussissant pas à décrocher son baccalauréat scientifique.
Devant l’échec répété de ses études et les difficiles conditions de vie de la nombreuse famille (8 enfants, quatre garçons et quatre filles) que peinait son père à nourrir,
«Moussa-Maaouiya» , le futur kamikaze se laisse d’abord aller aux petits métiers, devenant peintre ambulant en s’efforçant, chaque matin, d’être à temps au carrefour de la Polyclinique où, telle une fourmille renversée, des dizaines d’autres personnes se cherche du travail, coudes à coudes.
Sans grande réussite, il tentera un recrutement de la gendarmerie nationale en 2008.
De la rue aux camps d’entrainement de l’AQMI
Bien qu’il ait grandi dans le dangereux quartier de Basra, réputé pour être le fief des voleurs, des violeurs, des camés et autres malfaiteurs, locataires récidivistes des prisons de Nouakchott, Moussa ne versera pas dans la mauvaise voie. Du moins pas tout de suite, s’accommodant au «boulot-métro- dodo», quelques amis sans affaires et rarement il a quitté Nouakchott. «Pas plus religieux que les autres membres de la famille, il avait même renvoyé, une fois un groupe de prêcheurs venus dans le quartier. Novembre dernier, son père dira qu’il a été surpris de le voir portant un sac de voyage contenant quelques habits qui venait lui dire au revoir, sous prétexte qu’il partait à la recherche du savoir. Le vieil homme essayera de retenir son fils en lui disant qu’il avait besoin de lui pour l’aider à joindre les deux bouts et nourrir sa nombreuse famille mais Moussa s’entêtera à partir, sans jamais lui avouer sa destination. En réalité, il partait pour les camps d’entrainement d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), quelque part au Mali et/ou en Algérie. Dans ce «nouveau monde», il portera le nom de Abou Oubeida Al Basri, s’entrainera sur le maniement des armes, avant de se procurer la carte d’identité de son ami Ahmed Ould Vilelbarka, enregistrera son testament avant de rebrousser chemin en direction de Nouakchott, s’entourer d’une ceinture explosive et chercher le bonheur éternel en se faisant sauter à quelques mètres de l’ambassade de France.
Il revient le 06/08 et se tue le 08/08
Le soir du 6 août 2009, il fait son entrée au domicile familial où sa mère l’étreindra de toutes ses forces, heureuse du retour de son fils, parti «à la recherche du savoir». Elle ne pouvait s’imaginer que ce garçon de 25 ans n’était plus Moussa mais Abou Oubeida Al Basri et qu’il revenait des camps des «djihadistes». Il passera donc la nuit de jeudi à vendredi parmi les siens et ne sortira pas de la maison contempler la pluie qui était tombée au milieu de la nuit, se gardant toute la journée de vendredi de s’éloigner de chez lui. Dans l’après-midi du samedi, il décidera de passer à l’action, quittant son quartier de Basra en direction de Tevragh-Zeina où il comptait prévoyait «d’attaquer un repère de Croisés». «Cette opération est venue en réaction à l’hostilité des Croisés - menés par la France - et de leurs agents apostats envers l’islam et les musulmans», dira le communiqué d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) publié le mardi dernier.
La famille se remet à Allah
Moussa (que l’on peut également appeler Maaouiya (pour sa tante), Ahmed Ould Vihelbarka (selon la pièce d’état civil trouvée sur lui) ou Abou Oubeida Al Basri comme l’appelle AQMI) n’en portera avec lui personne dans son attentat-suicide mais laissera son père, qui ne regrette pas sa mort parce qu’elle est écrite pour tout un chacun des vivants, se demander s’il n’a pas tout simplement commis un crime sur sa propre personne, car Allah interdit le suicide. Beina Ould Zeidane ajoutera qu’il n’arrive toujours pas à comprendre ce qui est arrivé à son fils, surtout depuis qu’il a vu les images de l’attentat-suicide diffusées par la télévision nationale.
De même que les autorités sécuritaires l’avaient convoqué pour lui demander d’identifier son fils et qu’il a demandé, en vain, qu'on lui remettre les restes de son fils.

 

Le 24 /08 /09

Mohamed Ould Khattatt

 

 

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