A.H.M.E.

ARTICLE 33 :

 

La Mauritanie du colonialisme (5 avril 2007)

 

 

 

LA MAURITANIE,  DU COLONIALISME A LA DICTATURE ET A LA DEMOCRATIE



 

 

A la périphérie du monde Arabe, une révolution tranquille se déroule, et elle fait des vagues à travers toute l’Afrique du Nord. Les citoyens de Mauritanie sont allés aux urnes le mois dernier pour élire leurs dirigeants, dans ce qui est considéré comme une élection libre et honnête, et le président élu, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, doit prendre ses fonctions ce mois-ci

Le chemin pris par cette transition, de la dictature à la démocratie, est surprenant. En 2005, lorsque le président d’alors s’est rendu en Arabie Saoudite pour assister aux obsèques du Roi Fahd,
l’Armée, dirigée par le Colonel Ely Ould Muhammad Vall, a fomenté un coup d’Etat et pris le pouvoir dans le pays. Le leader autoritaire déposé, le Colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, avait lui même pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1984.

Normalement, dans le monde Arabe, et d’ailleurs dans le reste du monde aussi, les régimes militaires n’abandonnent pas le pouvoir, en dépit des déclarations populistes et des promesses
qu’ils annoncent allègrement à cet effet. Le Général Pervez Musharaf, au Pakistan, par exemple, n’a fait que renforcer son emprise sur le pays, ses institutions, et son peuple, depuis son coup d’Etat militaire de 1999.

Et pourtant, en Mauritanie, le gouvernement militaire a été un vrai gouvernement de transition, qui a travaillé avec diligence au processus de démocratisation qu’il a mis en place pour le pays. Si rapidement, en fait, qu’il remet effectivement le pouvoir avec plusieurs mois d’avance. 

Ce qui se passe en Mauritanie, un pays géographiquement étendu qui n’a que trois millions
d’habitants et qui reste une entité politique plutôt insignifiante – bien que cela puisse aussi changer avec le début d’une production de pétrole offshore en 2006- est en train d’avoir un impact sur tous ceux qui soutiennent des élections libres et honnêtes en Afrique du Nord.

Le mois dernier, des manifestants du mouvement libéral égyptien Kifaya se sont rassemblés dans un square du centre du Caire pour demander que  Hosni Moubarak, le président de la Grande République Egyptienne, messager de l’Arabisme et de la Révolution, rende son régime plus ressemblant à celui de la Mauritanie, un pays dont probablement beaucoup d’Egyptiens ne savent même pas qu’il fait partie de la Ligue Arabe. 

Crs manifestants protestaient contre les changements constitutionnels que Moubarak a fait passer depuis, des changements qui, selon l’opposition, vont aider Moubarak et son parti, le NDP, à resserrer leur emprise sur le pouvoir, et préparent la voie à Gamal Moubarak, le fils prodigue, pour prendre la suite dans un proche avenir. 

L’Egypte, qui a été libérée de sa monarchie par un coup d’Etat militaire mené par Gamal Abdl Nasser et son mouvement des Officiers Libres, va donc devenir maintenant une nouvelle dynastie familiale, ce que craignent beaucoup d’Egyptiens de tous bords. Bien entendu, Nasser et l’Armée
n’ont jamais abandonné le pouvoir, et le pays reste plus ou moins un état policier. Que la Mauritanie soit un modèle de démocratisation n’est pas seulement surprenant, mais a aussi une vertu éducative. Aux confins du monde, sans intervention étrangère, sans agitation et sans violence, un coup d’Etat militaire a mené à des élections réelles et à un changement du système.

La Mauritanie, qui a gagné son indépendance de la France en 1960, est loin d’être la société libérale modèle, d’où jaillissent les vraies révolutions populaires. Ce n’est qu’en 1981 que l’esclavage y est devenu illégal, et on dit qu’il est toujours pratiqué dans certaines parties du pays. Les problèmes raciaux entre Africains noirs et Arabes dominent toujours. Le pays s’est développé tardivement, et ainsi, il n’a rejoint la Ligue Arabe qu’au milieu des années 1970. Malgré cela, si c’est la course du lièvre et de la tortue, le vainqueur est bien celui de la fable. 

 

D’un point de vue Israélien, le dictateur renversé, le Colonel Taya, était un allié, puisqu’il a établi des relations diplomatiques complètes avec l’Etat Juif en 1999, malgré les froncements de sourcils de la Ligue Arabe et des principaux pays Arabes.

Ces relations se sont plus ou moins maintenues stablement, même durant les années turbulentes de le seconde Intifada. Les nouveaux dirigeants n’ont pas rompu ces liens, et bien que restant dans le vague, ils n’ont pas dit pendant leur campagne qu’ils couperaient les liens avec Tel Aviv.

Le numéro deux dans les élections, Ahmad Ould Daddah, longtemps un leader de l’opposition, a par contraste, vivement critiqué son gouvernement pour avoir établi des relations complètes avec Israël en 1999.

La Mauritanie est le seul pays Arabe, avec l’Egypte et la Jordanie, à avoir des relations diplomatiques complètes avec Israël. Il n’est toujours pas clair si le président élu, Abdallahi, changera la position de son pays sur ce sujet une fois qu’il aura pris ses fonctions. 

Reste aussi à voir quel effet – si effet il y a –les élections vont avoir sur la situation critique du Polisario au Sahara Occidental, qui lutte toujours pour l’autodétermination et l’indépendance. De toute façon, le changement de régime est un évènement à noter. Pour les analystes, le mieux serait que l’Occident laisse le nouveau régime se stabiliser, sans intervention, tout en s’assurant que
d’autres états, en particulier certains voisins de la Mauritanie, n’essaient pas de détruire le processus démocratique. Dans le passé, certains de ces voisins ont clairement été engagés dans de précédents coups d’Etat ou tentatives de prise de pouvoir

Abdallahi, qui va prendre ses fonctions d’ici à la fin du mois, et le peuple Mauritanien ont de formidables défis devant eux. Ce n’est pas une démocratie ou un régime parfaits, notent les experts, et il y a beaucoup à faire pour s’assurer que ce n’est pas le même ancien système sous un autre nom. Pourtant une chance de changement existe maintenant – un changement pour le peuple et par le peuple.

 

Mauritania: Colonialism to dictatorship to democracy


On the periphery of the Arab world, a quiet revolution is taking place, one that is making waves across North Africa. Mauritania's citizens went to the polls late last month to vote for their leaders in what is being considered a free and fair election, and the president-elect, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, is set to take office later this month.

The path to this transition, from dictatorship to democracy, is surprising.

In 2005, while the then-president went to Saudi Arabia to attend the funeral of King Fahd, the military, headed by Colonel Ely Ould Muhammad Vall, staged a coup and took the country over. The ousted authoritarian leader, Colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, had himself taken power in coup in 1984.

Normally, in the Arab world and the rest of the world alike, military regimes do not give up power, in spite of the populist statements and promises they freely issue to that effect. General Pervez Musharaf, in Pakistan, for example, has only tightened his grip over the country, its institutions and its people since his 1999 military coup.

However, in Mauritania, the military government was a genuine transitional government, which worked diligently on the democratization process it set up for the country. So diligently, in fact, that it is actually handing over power several months early.

This process in Mauritania, a geographically large country that has only three million citizens and remains a mostly politically insignificant entity - although this also may change due to the start of offshore oil production in 2006 - is having an impact on all those who support free and fair elections in North Africa.

Last month, protesters from the liberal Egyptian Kifaya movement went to a central square in Cairo and demanded that Hosni Mubarak, the president of the great Egyptian Republic which is the messenger of Arabism and revolution, liken the regime more to that of Mauritania, a country many Egyptians most likely do not even know belongs to the Arab League.

Those demonstrators were protesting the constitutional changes Mubarak has since implemented, changes the opposition claims will help Mubarak and his party, the NDP, tighten their grip on power, and set the stage for Gamal Mubarak, the prodigal son, to take over sometime in the near future.

Egypt, which was liberated from its monarchy by a military coup led Gamal Abdl Nasser and his Free Officers movement, will now become another family dynasty, many Egyptians from all ends of the political spectrum fear. Of course, Nasser and the military never relinquished power and the country remains something of a police state.

That Mauritania is the model for democratization is not only surprising, but may also be educational. On the outskirts of the world, without foreign intervention, without a fuss and without violence, a military coup has led to proper elections and a changing of the system.

Mauritania, which gained independence from France in 1960, is hardly the model liberal society from which real people's revolutions spring forward. Slavery only officially became illegal in 1981 and the practice is still said to exist in some parts of the country. Race problems between black Africans and Arabs are still prevalent. The country in general was a late bloomer and, for example, only joined the Arab League in the mid-1970s.

However, if this is the race of the tortoise and the hare, the winner is just like in the children's story.

From an Israeli perspective, the ousted dictator, Colonel Taya, was an ally, as he established full relations with the Jewish state in 1999, even as the Arab League and major Arab states frowned.

Those relations have remained steady, more or less, even during the turbulent years of the second intifada. The new leaders have not broken those ties, and while remaining vague did not say, as part of their campaign, that they would break contact with Tel Aviv.

The runner-up in the election, Ahmad Ould Daddah, for many years an opposition leader, by contrast, harshly criticized his government for establishing full relations with Israel in 1999.

Mauritania is the only Arab country, besides Egypt and Jordan, to have full diplomatic relations with Israel. It is still unclear whether the president-elect, Abdallahi, will change his country's stance on this issue after taking office.

It also remains to be seen what effect, if any, the elections will have on the plight of the Polisario in the Western Sahara, who are still struggling for self-determination and independence.

In all, the regime change is an event worth noticing. Analysts say it will be best if the West lets the new regime stabilize, without intervention, while simultaneously ensuring that other states, particularly some of Mauritania's neighbors, do not try to undo the democratic process. In the past, some of those neighbors have allegedly been involved in previous coups or attempted takeovers.

Abdallahi, who is set to take office later this month, and the people of Mauritania have formidable challenges ahead. This is not yet a perfect democracy or regime, analysts note, and much work is still needed to make sure this is not the same old system under a different name. However, a chance for change now exists - a change for the people and by the people.

   

 

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