A.H.M.E.

ARTICLE 25 :

 

Les prêches en Mauritanie octobre 2006

 

 

Les prêches en milieu haratine, en Mauritanie, et la manipulation idéologique

 

L’esclavage, en Mauritanie, est bâti sur une idéologie qui se nourrit de règles islamiques et de coutumes. Les Imams, les Cheikhs, les Saints, les Chérifs (descendants du prophète), les Marabouts, alimentent constamment cette idéologie par la poésie, les adages, les dictons, les proverbes, la littérature parareligieuse,  etc.. Les prêches sont un lieu privilégié pour répandre l’idéologie esclavagiste.

En septembre 2005, Cheikh Tijani Ould El Hadi Ould Maouloud Vall[1] de la confrérie tijania, membre de la tribu Idaïghib, par son père,  et Idaouali, par  sa mère, a donné un prêche dans une modeste mosquée des Oulad Aïd à Oum El Ghoura. Ce  village  se situe dans la région du Trarza, département de R’kiz, arrondissement de Tékane.

L’auditoire n’était composé que de haratine. Cheikh Tijani tenait, en hassania, les propos suivants :

« Eli dawre messsal’hou

Yikhdem messalih El bidhane »

Ce qui veut dire en français :

« Celui qui cherche ses intérêts

N’a qu’à s’occuper des intérêts des Maures. »

Ce message était noyé dans un prêche, supposé se centrer sur le religieux. Or,  ce prêche incite les Haratine à accepter la domination maure et privilégier les intérêts arabo-berbères. En réalité, derrière l’Islam se cachent des intentions politiques qui visent à sauvegarder la suprématie maure, sur le plan économique, politique et social. C’est pour maintenir la domination maure que les mosquées dans les milieux haratine (Adouaba, campements, etc.) sont dirigées par des Arabo-berbères.

Les haratine qui refusent la soumission à l’ordre maure sont menacés d’être destinés à l’enfer après leur mort par les prêcheurs arabo-berbère.

Les Maures utilisent la religion pour maintenir les Haratine sous leur joug. « On retrouve dans toutes les tribus maures une ‘révélation’ onirique d’un grand Saint, adaptée différemment selon les familles maraboutiques, et que chaque enfant apprend très tôt. Le marabout raconte qu’après la mort d’un esclave pieux, il a vu en rêve cet esclave se partager en deux, moitié neige et moitié feu. Exprimant sa surprise, il interroge l’esclave, qui lui répond : ‘ j’ai été condamné à ce Purgatoire éternel, car j’ai rempli les obligations de Dieu et négligé celle de mon maître, voilà ma récompense’ »[2]

C’est pour mettre fin à cette manipulation idéologique que nous défendons, dans notre thèse intitulée « L’abolition de l’esclavage en Mauritanie  et les difficultés de son application »,[3] l’idée de création de moquées, de mahadra, de confréries dirigées par des haratine.

 

Mohamed Yahya Ould Ciré

Président d’AHME

 


[1] Cheikh Tijani Ould El Hadi Ould Maouloud Vall est  un ancien agent de la Banque Centrale de Mauritanie au sein de laquelle il a travaillé, au moins, dix ans. Dès la mort de son père qui était un chef spirituel,  dans les années 1980, il a pris la place de ce dernier. Bien qu’ayant un certain degré d’instruction ( 1ère A du lycée de Nouakchott), et ayant servi l’Etat, il est aujourd’hui en train de reproduire les pratiques esclavagistes et racistes, dignes des plus illettrés de Mauritanie. Son comportement est pire que celui de son père El Hadi

[2] Hormatallah  ( Abdallahi), «  Le cri de l’esclave, mécanisme et enjeux d’une domination » in  Regards sur la Mauritanie, L’Ouest africain, Cahiers d’études pluridisciplinaires, vol n°4, 2004, Editions l’Harmattan

[3] Université Paris II, Bibliothèque Cujas

 

 

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