A.H.M.E.

ARTICLE 231 :

 

  

 

     COMPTE RENDU DE LA CONFERENCE DE PRESSE                             DU 17 FEVRIER 2009 AU CAPE

 

Le 17 février 2009, une conférence de presse a été tenue à Paris sur le thème : L’esclavage en terre d’Islam : pourquoi les maîtres mauritaniens n’affranchissent pas leurs esclaves ?

Celle ci a été organisée au Centre d’accueil de la presse étrangère, en présence Biram Ould Dah Ould Abeid, juriste, membre de SOS esclaves et militant des droits de l’homme, Mohammed Yahya Ould Cire, ancien diplomate, auteur d’une thèse en sciences politiques sur l’esclavage en Mauritanie et président de l’association des Haratine en Europe, de Yahya Ould Brahim, un esclave qui s’est libéré du joug de son maître en 1999, de Malek Chebel, anthropologue, psychanalyste, auteur de nombreux ouvrages sur l’Islam, parmi lesquels L’esclavage en terre d’Islam, publié chez Fayard en 2007. Le débat a été animé par Laurence D’Hondt, journaliste pour de nombreux magazines et journaux, belges, français et suisses.

Devant une trentaine de journalistes issus des médias internationaux, radio, télévision et presse écrite, Biram Ould Dah a d’abord pris la parole pour rappeler l’ancienneté de l’esclavage en Afrique et de la traite transsaharienne. Il a ensuite tracé les contours historiques de la situation mauritanienne où un esclavage de statut demeure, malgré les différents textes abolitionnistes. Il a déploré que les autorités mauritaniennes n’aient pas fait suivre la loi d’août 2007 criminalisant le maître, d’un décret d’application susceptible de faire évoluer les pratiques esclavagistes. Yahya Ould Brahim a ensuite raconté sa vie d’esclave qui n’a jamais touché de salaire, a été privé de contacts avec sa propre famille, ne pouvait se déplacer sans l’accord du maître et a fini par s’enfuir pour échapper à son joug.

Le débat s’est ensuite poursuivi autour des solutions à apporter pour faire cesser ces pratiques. Pour Malek Chebel, cette situation anachronique est due essentiellement à la survivance de la féodalité dans les rapports sociaux eu sein de certaines sociétés arabes. S’il reconnaît que l’Islam n’a jamais condamné l’esclavage de manière indiscutable, il assure que l’esclavage précédait l’Islam et ne peut donc être imputé à cette religion. Cette position modérée a été vivement critiquée par Biram Ould Dah qui accuse les autorités musulmanes des premiers siècles et d’aujourd’hui de laisser faire, voire même, d’encourager les pratiques esclavagistes. Pour Mohammed Yahya Ould Cire, l’Islam en tolérant ces pratiques, les a même ‘sacralisées’.

Les accusations proférées à l’encontre des autorités musulmanes ont immédiatement créé de vives réactions dans la salle, ce qui n’a pas empêché les représentants de la cause antiesclavagiste, de réitérer leurs propos. Ces derniers regrettent que les autorités musulmanes ne soient d’aucun soutien pour les esclaves et affranchis mauritaniens. Ils déplorent également de devoir aller en Europe pour dénoncer cette situation et déclarent à ceux qui leur reprochent de vouloir immiscer l’Occident dans les affaires intérieures mauritaniennes, qu’ils préféreraient débattre de ces questions en Mauritanie, mais que cette question demeure très difficile à aborder.

 

A Paris, le 17 février 2009

Laurence D’HONDT, Journaliste

 

 

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