A.H.M.E.

ARTICLE 23 :

 

Intellectuels Mauritaniens septembre 2006

 

 

 

    Dans une contribution en date du 22 mars dernier je pointais du doigt ce que j'appelle l'incohérence et l'errance des intellectuels. Qu'il me soit permis ici de compléter cette réflexion par un éclairage sur les tares presque congénitales de la classe politique mauritanienne et singulièrement, celle qui s'est toujours autoproclamée responsable de tel ou tel parti politique, et qui prétend parler au nom du peuple mauritanien.

    Ma réflexion prend pour cadre un seul fait de positionnement politique qui révèle son incapacité à traduire les aspirations de notre peuple, mais surtout la nécessaire disparition de certaines personnalités et de leurs idéaux de la scène politique mauritanienne ou ce qui y ressemble, au-delà du cirque en présence pour entretenir l'illusion d'une classe politique, voire d'une opposition capable de proposer une alternative au mensonge et par dessus tout une chance aux générations futurs d'assister à un vrai changement.

    Notre génération, la mienne, a choisi les convictions
    au détriment du marchandage, le combat pour des idéaux universels au détriment des réflexes locaux qui veulent nous enfermer dans une culture de la décadence du genre humain où la confession religieuse, la couleur de la peau, la région et l'appartenance ethnique ou tribale sont érigées en dogmes des affaires publiques….


    S'il y a un fait récurrent à la politique mauritanienne, au positionnement idéologique de ceux qui y font l'apprentissage du combat politique c'est cette tentation nihiliste de lier l'existence de la Mauritanie et de ses citoyens à la cause arabe et particulièrement à la cause palestinienne. Tout ce passe comme s'il n'existait pas de cause à défendre en Mauritanie.

    Mieux,
    les responsables politiques de tout bord font la course à un populisme primaire qui voudrait faire des relations diplomatiques du pays dans le monde l'alpha et l'oméga de leur muse politique. Même les figures emblématiques du combat contre l'injustice en Mauritanie ont succombé aux sirènes de l'illusion et dans cette orientation, les responsables politiques maures du fait de leur hégémonie sans partage sont passés maître dans l'art de violer nos consciences forgées dans l'histoire du temps. Mieux, par la mobilisation de dix mille personnes conditionnées par l'ignorance et l'analphabétisme, ils viennent imposer à la face de la majorité des mauritaniens une position minoritaire. Qu'ils prennent le nom générique de Coalition des Forces du Changement Démocratique cela a pour but ultime de masquer les failles idéologique et l'inculture politique des uns et des autres.

    Ces responsables politiques semblent méconnaître une morale politique classique qui voudrait faire de la situation géographique d'un pays sa Force primordiale et la réponse à la préoccupation de ses citoyens la raison d'être des regroupements politiques…. L'histoire semble se répéter une fois encore de plus. Le civisme et la maturité politique dont certains supports de presse en ont fait l'écho n'est en fait que la consolidation idéologique d'un sentiment qui ne rend pas compte de la réalité objective de la Mauritanie d'aujourd'hui. Certes, il est plus que légitime d'exprimer sa solidarité avec qui l'ont veut. Mais faire de cette solidarité l'orientation et la marque de fabrique politique de toute une nation, de tout un pays et même des programmes politiques de partis demeure une chimère et une entorse à l'expression de la tolérance et de la vérité.

    En
    Mauritanie, si une solidarité ou un civisme politique doivent s'exprimer ils doivent prendre pour cadre la résolution des contradictions sociales, et des déportations comme étendard. Cette solidarité avec le monde arabe n'est que l'expression d'un péril arabe pour la Mauritanie, en ce sens que ce positionnement occulte les vrais problèmes des mauritaniens. Les réponses à l'injustice ici ne viendront pas du positionnement diplomatique de la Mauritanie : le courage politique commande de descendre dans les rues pour dénoncer la corruption, l'autoritarisme, l'exclusion en tout genre, les assassinats, l'exploitation et la torture… etc .

    Ce que les mauritaniens attendent des partis politiques ce sont des réponses pragmatiques à leur quotidien et à leur avenir. Cet avenir est à l'antipode d'un soutien théorique à tel ou tel entité quand bien même que la
    Mauritanie, ses dirigeants n'ont jamais eu une influence quelconque au-delà de ses frontières. Dans cette situation il devient plus qu'urgent pour des partis politiques qui se définissent comme telle de proposer une offre politique à une demande de justice au lieu de compromettre un avenir déjà incertain :C'est ce seul nationalisme qui vaille… au lieu d'un nationalisme despotique

    Dans l'histoire du monde arabe ou des Etats qui se sont posés en chantre de ce nationalisme, la realpolitik l'a largement emporté sur l'amateurisme idéologique et politique. La situation politique dans ces pays où la dictature est érigée en mode de dévolution du pouvoir et le peuple réduit en sujets commande de briser toute référence à leur univers politique…. La formation citoyenne et l'éveil des mauritaniens à la Culture de l'universelle dont la tolérance en est la matrice fait partie des tâches de ces partis politiques ; et cette formation citoyenne doit être poussée à son paroxysme quand il s'agit des problèmes nationaux.

    L'histoire politique de la
    Mauritanie n'échappe à aucun homme politique responsable et soucieux d'œuvrer pour la création d'une vraie nation dans ce pays : en effet, depuis les années soixante, la Mauritanie titille la guerre civile du fait du positionnement de ceux qui ont eu à un moment donné la destiné du pays entre les mains et les années quatre vingt et quatre vingt dix en ont été le moment culminant. Aujourd'hui, les autorités militaires sont interpellés par les démons du passé une situation qui conforte incontestablement la partie de poker menteur qu'elles jouent avec ces mêmes responsables politiques et dont le référendum du 25 juin dernier constitue la carte maîtresse.

    El Arby OULD SALECK

     

 

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