A.H.M.E.

ARTICLE 18 :

 

L'esclavage et la problématique de l'Etat moderne

 

 

L’esclavage chez les négro-africains de Mauritanie et la problématique de l’Etat moderne.

 

            Comment aborder la question de l’esclavage chez les négro-africains en Mauritanie ?

Il s’agit d’un thème sensible. Le problème de l’esclavage maure est celui qui occupe le plus le débat politique et les travaux universitaires, aujourd’hui, en Mauritanie. Il y a plusieurs éléments qui pourraient expliquer cette situation.

            L’esclavage chez les négro-africains a connu de profondes mutations depuis de nombreuses années. Une des raisons essentielles pour comprendre ce phénomène est la pratique de l’administration coloniale et peut être, surtout, l’histoire différente des deux communautés.

            D’une manière générale, on peut dire que le Sud de la Mauritanie qui constitue la partie où habitent les négro-africains a été plus touchée, dans sa structure profonde, par l’administration coloniale que le Nord du pays, laissé entre les mains des tribus maures. Ce qui fait que certaines mutations liées aux mentalités, intervenues dans le Sud, n’ont pas vu le jour dans le Nord du pays. Il y a aussi la proximité du Sénégal où les mentalités  ont évoluées plus vite. La proximité des  populations du  Nord du Sénégal qui sont très liées à celles du  Sud de la Mauritanie est certainement un élément à prendre en compte

 L’administration coloniale, malgré ses hésitations, a plus agi au Sénégal que dans le Nord de la Mauritanie en ce qui concerne le problème de l’esclavage. Quelles que soient les raisons qui puissent être avancées, on peut voir que la situation des esclaves négro-africains n’est pas la même que celle des esclaves  arabo-berbères.

            Pour comprendre ce phénomène, il faut savoir que face à la résistance des Maures, les colons ont eu à faire des concessions à cette communauté pour pacifier la partie Nord de la Mauritanie, alors que la partie Sud s’est vue imposer plus facilement la domination française. Par ce fait, on peut comprendre que la situation des esclaves ne soit pas la même au Nord qu’au Sud du pays. Ainsi, le Sud  a été plus en contact avec les tentatives de libération, par les colons, des esclaves, même si on peut les relativiser.

            L’esclavage direct ou semi direct est, de nos jours, plus visible chez les Maures que chez les Négro-africains. Déjà, en 1854, la France  tente de supprimer l’esclavage sur les territoires conquis. Au paravent, en 1830, elle interdit l’achat d’esclaves, par les habitants de Saint Louis et Gorée, qui étaient capturés auprès des populations de pays voisins du Sénégal, mais la position de la France était hésitante. Elle n’avait pas terminé sa conquête d’où le souci d’épargner les populations locales qui pratiquaient
l’esclavage.
[1]

            En 1848, la France abolit, pour une seconde fois, l’esclavage, mais cette abolition n’a pas eu un impact immédiat  ses colonies. C’est ainsi qu’en 1905, la France décrète que l’esclavage est aboli  dans ces espaces, mais cette décision se heurtera aux résistances locales.

            En Mauritanie, la loi abolissant l’esclavage  a été quasiment ignorée par la société maure « sans doute parce que les français ne pouvaient concevoir leur pouvoir qu’avec le soutien de l’élite maure et sont donc restés complices de leurs pratiques. On trouve dans les archives coloniales le récit d’une rencontre, en janvier 1909, entre la tribu smassid établie à Atar et le colonel Gouraud, de l’armée française à qui les Smassid expliquent l’importance pour eux de posséder des moutons, des ânes et de la main-d’œuvre.» Une oreille attentive leur fut accordée se traduisant par une réponse allant dans le sens de leurs souhaits. Des chefs traditionnels vont ainsi s’opposer à l’abolition de l’esclavage, ce qui va ralentir le mouvement de libération des esclaves engagé entre 1856 et 1908 par la France.

            De 1855 à 1886, la France va lutter [2] contre les populations maures, du Walo, du Fouta, du Cayor, du Djolof, du Baol, du Sine et du Saloum. Durant cette période, des esclaves vont se mettre sous la protection de l’administration coloniale. Les esclaves qui venaient demander leur libération se voyaient octroyer un certificat de liberté provisoire. Mais la réaction des chefs locaux va entraîner une réaction de la part des autorités  coloniales. Elles vont éviter de brusquer la situation. On voit ainsi que le Sud mauritanien où les familles sont partagées entre les deux rives se trouve face  à des arrivants qui s’opposent plus ou moins à
l’esclavage. Il y a aussi le fait que la révolution des Almamy s’était opposée à la traite négrière même si
l’esclavage
  domestique continuait à être pratiqué par les Haalpulaar. On trouve dans ces fait des éléments qui font que l’esclavage est désigné du doigt.

            A la faveur de la première guerre mondiale, des esclaves deviendront des soldats, surtout au Sénégal, et sur la rive mauritanienne du fleuve. Une fois revenus au pays, ils useront de leur nouveau statut
d’anciens combattants pour se plaindre auprès des autorités coloniales chaque fois qu’on voulait les réduire à leur situation antérieure. Il faut noter que
  ces soldats esclaves n’étaient pas nombreux par rapport à
l’ensemble des esclaves dans la région (rive gauche et rive droite du fleuve Sénégal)
[3]

            La création des écoles coloniales n'a pas permis une instruction massive de fils d’esclaves. A
l’indépendance, au moins au Sénégal on peut constater, à partir des études menées, que
  des plaintes
d’esclaves étaient déposées, en vue de leur libération.
[4]

            En dehors de tout ce que nous avons noté, on peut dire que le contact avec la France a permis une
‘‘ ouverture ’’ plus au Sud de la Mauritanie qu’au Nord qui est resté enfermé sur lui-même.
  D’une manière générale, on ne peut pas dire que les colons aient lutté avec détermination dans le Sud du pays pour la libération des esclaves, mais le fait est que l’évolution des mentalités est plus visible que dans le Nord du pays, resté sous gestion tribale. Les conséquences sont perceptibles aujourd’hui.

            Dans les sociétés négro-africaines, l’esclavage relève actuellement surtout d’un esprit féodal alors
qu’au Nord de la Mauritanie, chez les Maures, les pratiques esclavagistes, directes ou semi directes, demeurent encore. L’évolution a donc été plus lente chez ceux-ci.

            En dehors du fait colonial, on peut retenir d’autres facteurs ayant permis une évolution plus rapide de la condition des esclaves dans le Sud de la Mauritanie que dans le Nord.

            Traditionnellement, l’organisation de la société maure repose sur le travail des esclaves. Pour cette raison, on peut comprendre les réticences de la féodalité de se séparer de leurs esclaves. Comme le montre le rapport d’Amnesty international, il s’agit d’une ancienne préoccupation que l'on pouvait observer durant la période coloniale. Les maîtres d’esclaves avaient déjà pour souci de ne pas se voir obliger séparer de leurs esclaves car ayant besoin de leur force de travail. L’indépendance de la Mauritanie n’a pas modifié le mode de fonctionnement de la société maure. La place de l’esclave est donc restée au cœur de la production. On peut ainsi comprendre que es maîtres n’aient pas envie  de rompre avec le système esclavagiste

             Dans les sociétés négro-africaines toutes les castes travaillent de leurs mains. L’existence des castes n’empêchent pas l’exercice d’activités communes : travail de la terre par exemple pour les pêcheurs, forgerons, esclaves, classes dirigeantes etc.

             Il y a aussi, par rapport à la différence de situation de l’esclave maure et de l’esclave négro-mauritanien, des raisons historiques.

Historiquement, on peut dire que les deux types d’esclavage sont différents. L’esclavage maure est plus coercitif. Il y a le fait que l’esclavage beïdane met en rapport deux races différentes. D’où un rapport idéologique assimilable à un racisme. On connaît le mépris que le Maure porte sur le Noir, même si dans le passé, il n’a pas, toujours, été dans une situation qui pourrait l’incitait à ressentir une supériorité par rapport au Noir. De grands empires noirs, dominaient la région. «  Les Noirs qui avaient été refoulés au sud et dont certains avaient été asservis par les Berbères vont se réorganiser et créer au IVème siècle de l’ère chrétienne un Etat fort et remarquablement structuré : l’empire de Ghana qui s’étend du Haut Niger au Haut Sénégal et englobe le Tagant. Ils prennent leur revanche sur les tribus berbères en mettant sous leur dépendance à la fin du Xème siècle Aoudaghost, la capitale des Sanhajas. » [5] Le Ghana chutera suite à une alliance entre Berbères et Noirs de la région. Ainsi, à partir du XIème siècle, le Nord du royaume tombera entre les mains des arabo-berbères.

            Les derniers moments de l’histoire qui ont suivi la chute des empires noirs ont permis aux Maures de se sentir supérieurs aux Noirs car ils ont continué à réduire des Noirs à l’esclavage et créer une insécurité dans la zone sud de la Mauritanie et Nord du Sénégal.

 En dehors du recours à un passé lointain, on sait, tout au moins, que le pouvoir politique, depuis
l’indépendance, est entre les
  mains des Maures qui ne veulent pas le partager. Certains lettrés mauritaniens aiment noyer cette question et d’autres s’en saisissent pour fonder une vision fondée sur le rejet de tout Maure.

. La solution n’est ni de noyer, ni de réagir par la haine des uns et des autres, mais de réfléchir ou
d’agir dans l’esprit de la fondation de l’Etat sur des valeurs démocratiques, tenant compte des spécifiés de chacun ou de se séparer dans le cas où des solutions démocratiques et équitables ne seraient pas trouvées. Il reste que la séparation en elle-même ne suffit pas pour la naissance d’entités démocratiques.

             Dans le milieu négro-africain, l’esclave n’est pas seulement une bête de somme. Les rapports complexes qui lient l’esclave au maître font que sa situation est différente. Des travaux d’historiens, tels que ceux de Ibrahima Baba Kaké en témoignent. Cela ne signifie pas que sa condition soit nécessairement favorable à sa révolte. « Aucune rébellion d’esclaves en Afrique subsaharienne n’a réellement laissé de trace dans les archives écrites ou orales, et ce n’est qu’à partir de l’implantation européenne que de tels mouvements furent connus. » [6]

             Il faut comprendre, aussi, que le conditionnement psychologue, du à la culture traditionnelle fait que des personnes, de toutes castes, ont du mal à sortir des schémas anciens. Il peut paraître, en effet, aberrant de voir des descendants d’esclaves revendiquer leur statut ou de jouer des rôles sociaux prédéfinis à l’heure actuelle. Cela peut nous amener facilement à penser à penser qu’ils sont complices du système, par intérêt.  Il ne faut pas négliger le poids de la culture sur les mentalités. Il reste qu’il appartient aux individus dominés de se rebiffer contre leur assujettissement. «  Tout homme, à sa naissance, fait partie d’une communauté particulière et ne peut survivre que s’il est accepté par elle et y trouve place. La situation de fait de chaque nouvel arrivant implique une sorte de consentement, à savoir une sorte d’acceptation des règles qui gouvernent le grand jeu du monde dans le groupe particulier auquel il appartient par naissance. Nous vivons et survivons tous par l’effet d’une sorte de consentement tacite, qu’il serait toutefois difficile de qualifier de volontaire. Comment pourrait-on vouloir ce qui existe de toute façon ? On pourrait toutefois parler de consentement volontaire dans le cas où l’enfant se trouve naître dans une communauté où, parvenu à l’âge adulte, il aura en fait et en droit la possibilité d’exprimer son dissentiment. Ce dernier implique le consentement et constitue la marque caractéristique d’un régime de liberté. Celui qui sait pouvoir refuser son accord sait également que d’une certaine façon, il consent lorsqu’il s’abstient d’exprimer son désaccord». [7] Même si on peut dire que les esclaves négro-africains sont conditionnés par leur culture, je dirai que rien, aujourd’hui, ne les empêchent de refuser le statut dans lequel ils sont figés.

            Le sous-développement, et l’ignorance sont les éléments qui sont à la base de ces comportements. Il reste que ceux qui sont dominés ont le devoir d’agir pour leur émancipation.

            En effet, ce type d’esclavage où le dominé est plus ou moins considéré comme un ‘‘membre de la famille’’ ayant un rôle social est une espèce d’anesthésiant. Encore de nos jours, les fils d’esclaves et fils de maîtres s’appellent cousins, frères etc. Au cours des mariages, des rôles leur sont attribués et  ils ont leur part  du festin.

            Les sociétés négro-mauritaniennes, fonctionnent sur la base d’un système de castes. Ces castes hiérarchisent les individus suivant des rangs sociaux héréditaires. Le problème que peut poser ce système de représentation dans le fonctionnement de l’Etat moderne est lorsqu’il se reproduit au sein des institutions publiques  alors que celles-ci sont supposés être le lieu l’égalité des citoyens, si citoyens il y a..

            Dans de nombreuses localités sur les terres négro-africaines de Mauritanie, le système féodal est encore très vivace. Il est difficile, par exemple, de voir un fils d’esclaves se présenter comme maire potentiel. La raison est très simple. L’imaginaire collectif ancien est encore très prégnant. « Depuis 1998, les familles Hormankobé  et Toorobé de Djowol, sont en conflit sur la question des droits politiques. Les origines des Hormankobé ne sont pas clairement établies-on ne sait pas s’ils ont été tenus en esclavage - tandis que les Toorobé sont considérés comme d’ascendance noble. Depuis l’instauration du multipartisme en 1991, les Hormankobé cherchent à accroître leur influence politique et, et en décembre 1998, ont revendiqué le droit de présenter un candidat aux élections. Les Toorobé, qui, conformément à leur situation établie de groupe dominant, présentaient toujours un candidat issu de leurs rangs, ont réagi en imposant une sorte d’embargo, notamment en empêchant les Hormankobé d’assister aux cérémonies qui accompagnent mariages et obsèques, en leur refusant l’accès aux puits qui leur appartiennent et leur retirant l’autorisation des terres
qu’ils leur avaient récemment louées »
[8]

            Cette situation existe chez les autres communautés négro-africaines. Dans le rapport d’Amnesty que nous citons, il est fait mention du cas d’une personne issue de famille soninké, esclave de Mauritanie à Paris qui fréquentait une fille de milieu dit  noble. Il  a failli être fusillé à Paris, et sa famille a été sanctionnée, au pays, pour l’affront de son fils. La société soninké est peut être la société où l’esclavage est encore le plus prégnant. D’une façon générale, en dehors de la réserve sur cette société, on peut dire que, dans les sociétés négro-africaines, l’esclavage relève, actuellement, plutôt de l’esprit féodal

            Ce que je veux montrer est que la structure féodale est toujours vivante dans les rapports au sein de la communauté négro-africaine et ceci ne va pas sans impact sur les libertés collectives ou sur les droits des individus. Même si dans la constitution ou dans d’autres textes, il n’est pas interdit à l’esclave de se présenter à de hautes fonctions publiques, il lui est difficile d’y parvenir dans les faits ou même d’y penser. On peut remarquer, et certainement la politique n’y est pas étrangère, des revendications de type
d’appartenance de castes en Mauritanie.

            Dans les villages, des familles dirigeantes cherchent l’alliance des castées pour présenter leur candidat aux élections. On voit donc, que même si l’esclavage n’est pas aussi manifeste et donc pas facilement perceptible, chez les négro-africains, il a des incidences politiques. Que ce soit d’une manière consciente ou inconsciente les rapports de type féodaux influent sur le champ politique mauritanien. Même à Paris, dans la tentative d’organisation de l’opposition, ces rapports de types féodaux surgissent.

            Le problème que cela pose, sans acception  de la question  des dirigeants du pays, eux-mêmes, inféodés aux schémas traditionnels, est la problématique de l’Etat démocratique en Mauritanie. Pour qu’un Etat démocratique émerge, il faut des acteurs qui aient intégrés le principe d’égalité des citoyens. A partir de là l’Etat devient la résultante d’un contrat. « Tous les contrats, pactes et accords sont fondés sur un rapport de réciprocité, et le grand avantage de la version horizontale du contrat social est que chaque citoyen demeure uni aux autre par ce lien de réciprocité. Il s’agit de la seule forme de gouvernement où le lien qui
s’établit entre les individus n’est ni celui des souvenirs historiques ou d’une homogénéité ethnique, comme dans l’Etat-nation, ni celui du Léviathan de Hobbes, qui unit le peuple « par sa domination », mais bien par celui de la force d’un engagement mutuel. Selon Locke, cela signifie que la société demeurait intact même lorsque le « gouvernement est
  dissous », ou lorsque celui, rompant le pacte conclu, se transforme en tyrannie. » [9]

            Justement, toute la problématique, en Mauritanie, est celle de ce contrat car pour accepter un  contrat, il faut des parties reconnues égales qui négocient. Pour cette raison, j’ai des difficultés à parler d’Etat en Mauritanie pour la simple raison que l’ensemble mauritanien est un agrégat d’individus rassemblés par le hasard de l’histoire coloniale qui n’ont pas, à ce jour, établi aucun contrat réél pour fonder un Etat moderne. Ma thèse est qu’un Etat moderne ne repose que sur un contrat.

            Comme je l’ai déjà dit, même les lettrés mauritaniens sont tenaillés par des représentations de  types féodaux. Ils jouent, ainsi, sur deux registres, suivant les opportunités qui se présentent à eux. Comme le pense Joseph Ki-Zerbo, être intellectuel n’est pas un statut juridique mais une attitude d’esprit.[10]

            La culture lie les individus et détermine leurs rapports au monde. En Mauritanie, la culture traditionnelle repose sur une représentation où les êtres humains ne sont pas reconnus  comme égaux en droit. Cette représentation me paraît incompatible avec l’idée d’un ’Etat moderne. Ainsi, les rapports aux citoyens sont déterminés par des rapports traditionnels, conflictuels, ethniques, liés aux origines sociales, par la répression etc., au détriment de ceux de la réciprocité.

             Le fonctionnement d’un Etat et de ses institutions tire son essence de la mentalité collective. C’est dans l’esprit des populations que germent les modèles à mettre en place. Il ne faut pas se tromper, les grands changements sociopolitiques sont ceux issus des masses. Je ne donne au mot masse aucune valeur particulière, je parle seulement de la nécessité de mouvements collectifs ayant des objectifs.

             Ceux, issus des classes dirigeantes négro-africaines, sont bien à l’aise lorsqu’ils profitent du système en place. On pourrait penser que ceux qui sont dominés, s’ils en avaient les moyens, en profiteraient aussi. Je reviens au fondement de ma thèse pour dire que c’est sur les mentalités collectives qu’il faudrait agir pour amorcer une véritable démocratie en Mauritanie. L’enseignement des principes démocratiques et des droits de l’homme à l’école peuvent être un moyen. Cela suppose une volonté politique.

             La fragilité de la Mauritanie est surtout due à des problèmes de valeurs collectives. Celles qui doivent être à la base d’un Etat démocratique. Ainsi les sociétés négro-africaines, malgré certaines avancées, par rapport à la société maure, sont aussi traversées de pratiques qui relèvent d’esprits n’ayant pas intégrés la notion d’égalité en droits des êtres humains. Il faudra encore beaucoup de temps pour voir ces pratiques
s’estomper.

            Je dirais simplement, que si pour des raisons qui peuvent se justifier, l’accent est mis sur l’esclavage maure, il ne faut pas négliger qu’un travail global est à faire sur l’ensemble de la société mauritanienne. Il est urgent qu’une rupture s’instaure pour que la notion de citoyen prenne le dessus sur toute autre considération.

 

Oumar Diagne

 

 

[1] Voir les sources orales de la traite négrière en Guinée et en Sénégambie, sous la direction de M'Baye Gueye UNESCO 2003

[2] Voir les sources orales de la traite négrière en Guinée et en Sénégambie, opcit

[3] Ibid

[4] Ibid

[6] Nelly Schmidt, l’abolition de l’esclavage, cinq siècles de combats XVIéme -XX ème siècle, Fayard 2005 p 281

[7] Annah Arendt, Du mensonge à la violence, Pocket , p 89-90

[8] Rapport Amnesty international 2002 sur la Mauritanie

[9]  Annah Arendt, Du mensonge à la violence, Pocket , p 88

[10] Voir Joseph Ki-Zerbo, A quand l’Afrique, entretien avec Réné Holenstein, l’aube, poche essai

 

 

 

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