A.H.M.E.

ARTICLE 17 :

 

Le passé et le présent tu des palestiniens africains

 

 

Le passé caché et le présent tu des palestiniens africains ( Noirs palestiniens)
Par Susan BECKERLEG

 

Ce texte est extrait du livre REFLEXIONS ON ARAB-LED SLAVERY OF AFRICANS (Réflexions sur
l’esclavage des africains par les Arabes) ,
Edité par KWESI KWAA PRAH, EDTIONS CASAS Book 2005

 

Lors d’une visite dans la bande de Gaza dans le cadre d’un projet financé par l’Union Européenne, pour l’évaluation et l’amélioration de la santé des mères et des enfants palestiniens, je me suis trouvée confrontée à un problème social si sensible que personne ne voulait en discuter. Nous traversions en voiture un camp de réfugiés avec un collègue palestinien lorsque je vis un groupe de femmes d’apparence sub-saharienne, qui étaient vêtues et marchaient de la même manière que les locaux. Je demandais à mon collègue : « Qui sont-elles ? » Il me répondit à la dérobée: « elles sont africaines, nous les aimons bien ». Je sentais que c’était là un sujet délicat qu’il ne souhaitait pas aborder. Je ne posais plus de questions mais
j’étais déterminée à en apprendre davantage. Durant les cinq années suivantes, ma fonction principale a été chercheuse sur le projet de l’Union Européenne, mais j’ai aussi obtenu une bourse de la Fondation Nuffield pour effectuer des recherches sur les origines et les conditions sociales des palestiniens d’origine noire africaine sub-saharienne.

La plupart de mes collègues du projet européen trouvaient que ma tentative d’aborder la question négligée et sensible  de l’histoire de ces gens était déplacée et inutile pour la lutte actuelle. Bien qu’il soit reconnu par les Palestiniens que la région a été peuplée par des gens venus d’Asie, d’Afrique et d’Europe pendant des milliers d’années, les conflits territoriaux actuels sont des problèmes plus urgents à régler que la recherche de racines sur des sols étrangers. Depuis la création de l’état d’Israël en 1948, les Palestiniens ont eu peu de temps ou de motivations pour étudier leurs origines avant leur établissement en Palestine. En effet de telles études pourraient être contreproductives car elles pourraient conforter la thèse israélienne selon laquelle les Palestiniens sont seulement des migrants dans la région. Ces dernières années, l’attention internationale s’est focalisée sur les juifs éthiopiens et leur place dans la société israélienne. Cependant, bien que des populations d’origine Africaine autres que les juifs Ethiopiens aient été présentes en Palestine, depuis bien plus longtemps, ils n’existe que peu de récits sur les conditions de leur arrivée ou de leur place et rôle dans la société du Moyen Orient.

Ethnicité, origine ethnique et identité sont des concepts extrêmement complexes qui sont sujets à des changements dans le temps. Le but de cet article n’est pas d’entrer dans le discours théorique de l’ethnicité. Il s’agit plutôt d’une tentative pour révéler un aspect caché de la société palestinienne, à travers des entretiens avec des Palestiniens dont les origines Africaines sub-sahariennes sont visibles,  et des récits contemporains de l’histoire des familles et de leur situation actuelle. Dans cet article, les termes relatifs à
l’ethnicité sont ceux utilisés par les Palestiniens et nous n’essayerons pas de débattre de la signification et de l’utilisation de termes tels que « noir », « blanc », « arabe » ou « africain » dans les sciences sociales.
C’est en fait l’utilisation de ces mots par les différents groupes de Palestiniens eux-mêmes qui révèle les conceptions locales de l’ethnicité.

Cette étude a été rendue possible par la coopération de Palestiniens vivant à Jérusalem, Gaza et dans le Néguev. Des gens dont les origines Africaines sub-sahariennes sont visibles ont été approchés, souvent par l’intermédiaire d’amis communs et ont été interviewés de façon informelle dans leur maison, en anglais ou en arabe. Au début du projet, le « Processus de Paix » sous les accords d’Oslo en était à ses premières étapes et beaucoup de palestiniens étaient optimistes. Cependant, à mesure que la situation politique se détériorait, il devenait plus difficile de parler aux gens de ces sujets politiques très sensibles que sont leur origine ethnique, l’héritage de l’esclavage et leur statut actuel en tant que Palestiniens ou citoyens Israéliens. Certaines des personnes âgées à qui j’ai parlé à Jérusalem étaient nées en Afrique, alors que
d’autres, nées dans le Néguev ou à Gaza, me dirent ce qu’elles savaient de la manière dont leurs ancêtres étaient arrivés en Palestine. Pour beaucoup de gens, le lien avec l’Afrique avait été perdu et oublié.
          A Londres, j’ai effectuée des recherches dans les bibliothèques pour trouver des traces historiques des liens entre l’Afrique et la Palestine. Je n’y ai pas trouvé grand-chose. La rareté de la documentation historique accroît l’importance des témoignages que j’ai recueillis.

 

LA TERMINOLOGIE DE L’IDENTITE

Comme dans une grande partie du monde arabe, la plupart des Palestiniens désignent les personnes d’origine Africaine sub-saharienne visible par le mot abed, un mot qui signifie, littéralement, « esclave ». Ainsi, les termes désignant les esclaves et les personnes noires sont devenus interchangeables. Presque tous les Palestiniens d’origine Africaine évitent le terme abed, et se désignent plutôt par le terme sumr (pl). Ainsi, la majorité des Palestiniens d’origine Africaine se désigne par le mot asmar (sing. mâle) ou abid (sing.), qui se traduisent, tous les deux, par « noir ». Dans le langage arabe palestinien familier, le mot sumr, qui veut dire la couleur noir est préféré au terme sawd, qui est considéré comme grossier lorsqu’il est appliqué aux personnes ou aux choses. Ceci est intéressant, car dans d’autres pays de langue Arabe, sawd est utilisé pour « noir », alors que sumr signifie « marron ». Les palestiniens n’ayant pas d’origines noires se désignent comme blancs, mais uniquement comme descriptif pour se différencier des Palestiniens d’origine Africaine, qui sont aussi considérés comme des arabes. Dans cette partie du monde, la première distinction ethnique qui importe est d’être Juif ou Arabe.

A part la communauté africaine, très soudée, de Jérusalem, la plupart des palestiniens noirs ne
s’identifient pas à des africains. Certains d’entre eux disent ne pas être au courant de leurs origines africaines. Pour ces gens, la fierté nationale qui accompagne une forte identité palestinienne impliquait une négation de leur identité ou origine africaine. Tous les noirs, à qui j’ai parlé, se considéraient comme palestiniens, qu’ils aient été, ou non, citoyens israéliens. Les bédouins du Néguev vivent dans une zone qui était la Palestine avant la création de l’état d’Israël. De nombreux membres de leurs familles sont classés comme réfugiés palestiniens en Jordanie, en CisJordanie et dans la bande de Gaza. De plus en plus, comme ils ont été forcés d’abandonner leur mode de vie semi-nomade, les bédouins du Néguev se définissent d’abord comme palestiniens, et ensuite seulement comme bédouins. Les noirs qui vivent parmi les bédouins et qui savent que leur origines ne sont pas de cette région peuvent avoir tendance à se décrire non pas comme des bédouins, mais comme des palestiniens citoyens israéliens De la même manière, les membres de la communauté africaine de Jérusalem Est, qui vivent à un endroit que les Israéliens ont occupé en 1967, se voient comme des palestiniens, alors qu’ils sont gouvernés par Israël.

Alors qu’Israël et la bande de Gaza ont des frontières avec l’Egypte, un pays du continent Africain, la conscience de la connexion de la région avec l’Afrique est faible. L’Egypte est vue par les Palestiniens comme une nation arabe. Dans cette partie du Moyen Orient, les catégories arabe ou africaine sont considérées comme réciproquement exclusives. L’Afrique sub-saharienne, qui est vue par les Palestiniens à la télévision, est perçue comme une région vaste et lointaine, rongée par la famine et l’extrême pauvreté. Les Palestiniens se considèrent comme des arabes, et ainsi, se distinguent des Africains sub-sahariens.

 

PREMIER CONTACT ENTRE L’AFRIQUE ET L’ARABIE

La Palestine est située aux confluents de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe et a été conquise et reconquise par les armées des empires en concurrence (Butt 1995 ; Lewis 1996). Pendant des milliers
d’années, les épices ont été transportées sur les routes commerciales de la Palestine. L’ambre et l’encens étaient apportés de Somalie et d’Ethiopie. Le commerce, la guerre, les colonisations et les pèlerinages, tout a œuvré au mélange des peuples et des cultures de l’Afrique du Nord Est et de
  l’Arabie (Rashid et Van Sertima 1995).

Au septième siècle, des africains sub-sahariens vivaient en Arabie, et le compagnon de confiance du prophète Mohammed, Bilal, était un esclave éthiopien libéré. Presque tous les Africains d’Arabie étaient des esclaves, mais pas tous (Lewis 1971, Oliver and Crowder 1981). Il est souvent oublié qu’il y avait des esclaves dans de nombreuses régions du monde au Moyen Orient. Par exemple, les « Circassiens » d’Asie Mineure au Nord étaient très prisés en tant qu’esclaves. Les esclaves Noirs Africains mâles étaient souvent soldats ou administrateurs du gouvernement, certains d’entre eux atteignirent des rangs élevés. Les femmes Noires Africaines travaillaient comme esclaves domestiques, ou étaient les concubines des hommes riches ayant un statut élevé. Les enfants nés de ces concubines n’étaient pas des esclaves, et certains, dont les pères étaient de haut rang devinrent des dirigeants.

Avec la propagation de l’Islam en Afrique, de plus en plus d’Africains sub-sahariens participaient au pèlerinage de la Mecque. Cependant, il y avait aussi des migrations d’Arabie vers l’Afrique par des gens qui sont revenus ultérieurement en Arabie pour effectuer le Hadj.

 

LES AFRICAINS GARDIENS DES LIEUX SACRES DE L’ISLAM

Des écrivains européens et des voyageurs racontent que des esclaves originaires d’Afrique sub-saharienne gardaient le complexe de la mosquée de Haram as-Sharif à Jérusalem (Cohen et Lewis 1978 ; Peters 1986 ; Rogers 1989). Selon ces récits, les Africains étaient déployés par Mamluke puis par les ottomans, afin de garder les lieux saints de l’Islam (Marmon 1999). Des gardes similaires existaient aussi à la Mecque et à Medina. Bien qu’esclaves, les gardes étaient respectés, considérés comme dignes d’une grande confiance, et parfois même, assez puissants.

La communauté africaine actuelle de Jérusalem a réalisé un récit de son histoire. Les informations suivantes sont extraites de la traduction de leur document, dont le titre est  « Les Palestiniens Africains à Jérusalem : Entre leur Misérable Réalité et les Espoirs dans le Futur. » (Fils des Africains 1996).

Les Africains qui vivent à Jérusalem sont fiers de leur rôle historique de gardiens des lieux saints islamiques depuis l’époque de Mamluk au XIIIè siècle. Ils occupent les immeubles de l’époque de Mamluk, XIIIè siècle, sur les deux côtés de la rue Al’a Ad-Deen, qui conduit à la mosquée de Al Aqsa. A l’origine, les deux quartiers (ribat) étaient constitués d’auberges destinées aux pèlerins qui se rendaient à la mosquée
d’Al Aqsa, le troisième lieu saint de l’Islam. Pendant la période ottomane, les ribats étaient occupés par les Africains qui travaillaient comme gardes à la mosquée et les propriétés
waaf. Grâce à leur honnêteté, les Africains détenaient les clefs des portes de la mosquée et étaient chargés d’empêcher les non musulmans
d’entrer sur les terres de la mosquée. A la fin de l’ère ottomane, les
ribats furent transformés en prisons.

Après la conquête de la Palestine par le Royaume Uni en 1918, les prisons furent fermées, et la responsabilité des immeubles fut rendue aux autorités islamiques waaf, qui les utilisèrent pour y loger les pauvres, y compris des Africains. Quand l’Imam Hussein, Al Mufti, qui conduisit la lutte contre les Anglais et les Juifs jusqu’en 1948, assuma la charge des immeubles, il loua les deux ribats aux Africains. Certains des africains perpétuèrent la tradition et travaillèrent comme gardes du corps pour le mufti. Les descendants de ces africains vivent toujours dans les deux ribats aujourd’hui.

En 1971, la responsabilité de la tombe du fondateur du quartier, Al’a Ad-Deen Al Busari, restaurée par la communauté africaine, leur a été confié lors d’une cérémonie présidée par l’ancien maire de Jérusalem et historien, Arif el-Arif. Dans son discours, il a déclaré que «  les membres de la communauté africaine sont des gardes dévoués de la mosquée d’Al Aqsa. La communauté africaine à Jérusalem est loyale, et ils ne sont pas partis, même dans les situations de crise (Jeddah 1971).

 

LES AFRICAINS A JERUSALEM AUJOURD’HUI

Pendant mes entretiens avec des membres de la communauté Africaine de Jérusalem, j’ai appris
l’histoire récente des palestiniens d’origine africaine. Leur récit écrit m’a aussi fourni des informations supplémentaires. La plupart des membres de la communauté africaine sont venus à Jérusalem comme pèlerins ou travailleurs pendant le mandat britannique sur la Palestine (1917-1948). Ils sont venus surtout du Sénégal, du Tchad, du Nigeria et du Soudan. Ils se considèrent comme palestiniens et ont joué un rôle actif dans l’Intifada. Certains des Africains sont arrivés comme membres de « l’Armée du Salut », dirigée par
l’Egypte dont le but était de libérer les régions dominées par les juifs en 1948. Après la défaite de cette armée, et sa retraite en Egypte, de nombreux Africains sont rentrés dans leurs pays d’origine, alors que
d’autres ont préféré rester en Palestine. Les hommes qui étaient venus d’Afrique à Jérusalem ont épousé des femmes de la région, dont beaucoup étaient d’origine africaine sub-saharienne. Les liens avec Jéricho, ou vivent de nombreux palestiniens noirs, sont particulièrement forts. D’autres ont épousé des femmes qui
n’avaient aucun lien avec l’Afrique.

El Haj Jeddeh, qui est né au Tchad, mais dont la famille est originaire de Jeddah, dans le Hijaz, est le chef, mukhtar, de la communauté africaine et d’autres palestiniens qui vivent dans les environs. Il a servi dans l’armée britannique, jordanienne, et maintenant israélienne. Il est également responsable de la tombe
d’Al’a Ad Deen Busari, et sert de leader spirituel à sa communauté (Miles 1997).

Quand Israël a occupé la CisJordanie, de nombreux africains furent forcés de se réfugier dans les pays alentour, ce qui a entraîné une réduction de 25% du nombre de palestiniens africains vivant à Jérusalem. Les Palestiniens africains ont été très actifs durant l’Intifada, et de nombreux affrontements eurent lieu avec les troupes israéliennes. Un jour, les israéliens ont arrêté tous les hommes entre 10 et 45 ans et les ont insultés, leur disant : « vous êtes des Africains, vous n’avez rien à voir avec la Palestine » (Fils d’Africains 1996).

 

LA MEMOIRE DE L’ESCLAVAGE DANS LA SOCIETE BEDOUINE

           Bien que les Africains aient été présents en Palestine depuis plusieurs siècles, la plupart des gens ne savent que très peu de choses de cette migration. Pendant des siècles, sous l’empire Ottoman et avant, les esclaves étaient amenés d’Afrique (Crabites 1933). Des personnes âgées se souviennent aujourd’hui des histoires racontées par leurs parents ou grands-parents sur leur venue en Palestine. Il est ainsi possible de découvrir des choses sur l’histoire récente de l’esclavage. Plusieurs personnes ont déclaré avoir entendu parler d’un grand marché aux esclaves en Egypte et un bédouin m’a dit que son grand-père était un marchand d’esclave qui faisait régulièrement le voyage jusqu’en Egypte. Une description  saisissante de ce marché au XIXè siècle est fournie par Louis Frank (Le Gall 1999).

La majorité des gens qui avaient une idée de l’origine de leurs ancêtres ont mentionné le Soudan et
l’Ethiopie. Ils connaissaient parfois le nom de la ville. Il est en effet fort probable que beaucoup d’Africains vinrent de ces pays proches de la Palestine. Cependant, une femme m’a déclaré : « Nous disons Soudan car nous ne savons pas, et parce que le nom signifie : « le lieu des noirs », cela aurait aussi bien pu être le Congo ! ». Selon les livres d’histoire, les chercheurs d’esclaves et les propriétaires établissaient une distinction entre les Africains et les Ethiopiens (Habbash), qu’ils considèrent comme supérieurs aux autres Africains, par exemple les Zanj, de la côte d’Afrique de l’Est.

A Gaza, j’ai parlé à des gens d’origine bédouine qui avaient vécu dans le Néguev avant 1948. Dans le Néguev, j’ai parlé à des gens d’origine africaine qui étaient restés dans la région après 1948. A Gaza, j’ai aussi rencontré des noirs de la tribu Al Rubayn (ashira) qui étaient des bédouins sédentarisés vivant dans les environs de Jaffa et qui ont dû fuir leurs villages en 1948 à la création de l’état d’Israël. Ils dirent qu’ils
n’étaient pas connectés aux bédouins du Néguev. Leur nom vient de Nabi Rubooyn (le prophète Ruben), qui vint utiliser, il y a des milliers d’années, un puits situé près de leurs villages.

Ces gens d’origine bédouine vivant actuellement à Gaza et dans le Néguev se souviennent d’histoires racontées par les anciens qui décrivaient comment les enfants étaient kidnappés ou apportés sur les marchés aux esclaves, parfois transportés dans les sacoches des chameaux, pour aller vivre chez les familles bédouines importantes. Cela s’est produit à la fin du XIXè siècle et au début du XXè siècle. Un bédouin m’a raconté que les esclaves étaient marqués comme les animaux, mais qu’ils n’existait pas de documents concernant leur propriété ou leurs origines. Les enfants esclaves étaient souvent les seuls noirs qui vivaient avec les familles. Ils s’occupaient des animaux, faisaient pousser du blé et de l’orge, et
s’occupaient des corvées de la maison. Les gens m’ont dit que les bédouins n’utilisaient pas les filles comme concubines, alors qu’en Cisjordanie des non bédouins ont « épousé » des femmes esclaves. Seules les grandes familles riches possèdent et font le commerce des esclaves. Les Noirs étaient disséminés dans toute la Palestine, vivant avec les familles qui les « possèdaient ». Certaines familles avaient besoin des esclaves pour aider à leur défense, s’ils étaient faibles en nombre. Il est aussi possible que des adultes aient été amenés d’Afrique et vendu comme esclaves au XXè siècle. Un homme âgé m’a raconté qu’il avait rencontré dans sa jeunesse des hommes africains qui étaient forts, portaient des scarifications sur le visage et parlaient peu d’arabe.

Dans le Néguev, les bédouins avaient un système social et politique à trois étages. Les sheikhs étaient issus du Samran, le bédouin originel. Les hamran, des familles à l’origine felaheen, -fermiers paysans- qui avaient besoin de protection et/ou de terres des familles Samran. Les abeds, esclaves, était à la base de la structure sociopolitique et n’avaient pas les mêmes droits et le même statut que les personnes libres.  Dans certaines familles, il y avait parfois des esclaves qui n’étaient pas d’origine africaine, ainsi que des personnes dépendantes au statut faible, les hamran. Mais un homme m’a dit qu’un esclave blanc
n’aurait jamais répondu à un esclave noir.

Certains enfants noirs, esclaves étaient éduqués avec les autres enfants – libres – de la famille. Lorsque les enfants avaient grandi, leur maîtres arrangeaient leur mariage. Ils n’épousent jamais des Blancs, même si ceux-ci sont aussi esclaves. Comme il y avait peu de noirs, les mariages signifiaient souvent pour la fille qu’elle devait quitter la maison de la famille de son maître. Des gens ont aussi raconté qu’à leur entrée dans l’âge adulte, les esclaves pouvaient choisir de tenter leur chance et devenir libres, ou alors rester attachés à la famille du maître qui arrangeait alors le mariage. Ceci s’est probablement produit vers la fin de
l’esclavage, pendant la période britannique, alors que l’esclavage était déjà légalement aboli.

Les esclaves ne comptaient pas dans les affrontements sanglants qui opposaient les familles. Plusieurs personnes m’ont dit que si un homme noir tuait un homme blanc, la mort de cet homme noir ne compterait pas. Le paiement (suhla) pouvait être effectué en monnaie, ou en donnant un esclave d’une certaine taille. Si un homme noir tue un blanc, la famille du mort peut, en représailles, tuer les « propriétaires » de l’homme noir. Assez récemment, à Rahat, une ville de bédouins sédentarisés du Sud
d’Israël, un jeune homme noir s’était enfuit avec une femme blanche. Ils ont été découverts et la jeune femme a été tuée par sa famille. L’homme, en revanche a survécu et a ensuite épousé une femme noire.

Sous l’ancien système, les esclaves ne pouvaient pas s’asseoir dans la tente des invités, le shig, comme leurs maîtres. A certains endroits, ceci peut toujours être observé, le rôle des noirs étant de servir le thé et le café à des personnes n’ayant aucune origine africaine visible ou connue. Un homme m’a raconté
qu’il ne voulait pas aller dans certains
shig, car on lui demandait à qui il appartenait. Mais dans d’autres shig, cela ne se produit plus, et les Noirs et les Blancs s’asseyent joyeusement ensemble. Dans un des shig de Gaza, le sheikh noir préside, tandis que des blancs se chargent de servir le thé et le café.

 

LES CHANGEMENTS AVANT ET APRES 1948

L’esclavage semble avoir été une institution active sous l’empire Ottoman. Lorsque le mandat britannique sur la Palestine a été établi en 1917, les esclaves n’ont pas reçu de documents les libérant, et il apparaît que les Britanniques firent peu d’efforts formels pour en finir avec le système de l’esclavage en Palestine. En fait, la création d’Israël et les changements socio-économiques rapides et traumatiques qu'elle a apportés ont entraîné la disparition de l’institution dans certains endroits, alors qu’elle perdura dans
d’autres régions jusque dans les années 50.

Les groupes de personnes noires qui vivent aujourd’hui dans le Néguev, et à Gaza en tant que réfugiés, sont les descendants des esclaves des bédouins. Comme les peuplades de Gaza et du Néguev ont été séparées par des frontières fréquemment fermées seulement depuis 1948, (lorsque Israël a été créé et que la majorité des Bédouins du Néguev durent se réfugier à Gaza et en Jordanie), les diverses communautés conservent des liens de sang.

Avant 1948, il existait dans le Néguev un système sociopolitique d’affiliation tribale. Il y avait 4 confédérations tribales (gabail) : Gdarat, Azazme, Tarabeen et Dlam. De toutes, la Tarabeen est certainement celle qui possédait le plus d’esclaves noirs. Chaque confédération était divisée en tribus, ou ashira (Lewando Hundt 1978). D’après plusieurs bédouins à qui j’ai parlé, Jama’an Abu Jurmi, de Tarabeen, était un sheikh noir puissant vers qui tous les noirs pouvaient se tourner. Cependant, la ashira de Abu Jurmi fut dispersée pendant la guerre de 1948, et est, peut –être, aujourd’hui, dans le Sinaï ou peut être en Jordanie ou à Gaza.

Beaucoup de noirs du Néguev sont maintenant affiliés à la tribu de Abu Bilal. Chez les bédouins, il existe plusieurs théories quand aux origines de Abu Bilal. Certains disent que les Israéliens ont inventé Abu Bilal pour représenter tous les bédouins noirs, et ont donné ce nom à ce hamula[1] en référence à Bilal, le compagnon éthiopien du prophète Mohammed car il était noir. Cependant, le fils du sheikh actuel de Abu Bilal raconte une histoire différente. Il y a cinq ou six générations de cela, un enfant, Bilal, a été volé en Afrique et emmené dans le Sinaï. Le garçon devint l’esclave de la famille qui l’avait acheté, et, alors que sa famille l’avait retrouvé pour le ramener chez lui, il refusa, s’étant habitué à sa nouvelle vie. Il se maria et eut des descendants, et jusque de nos jours, les Abu Bilal ont des terres au Sinaï. Pourtant, les descendants partirent s’installer dans le Néguev

Le petit-fils de Bilal, Suleiman, était très intelligent et un leader naturel. Pendant et après la guerre de 1948, il fut nommé sheikh par les autorités israéliennes, et tint des négociations avec l’autorité militaire israélienne. Beaucoup de gens pauvres, blancs et noirs, lui demandèrent de s’exprimer en leur nom. C’était à l’époque où les bédouins devaient tous être affiliés à un sheikh afin d’obtenir des rations et des permis de voyager. Après 1950, les sheikh, comme Suleiman, étaient formellement nommés par les Israéliens. En 1952, lors d’un recensement, de nombreux noirs s’enregistrèrent sous Abu Bilal, bien qu’ils aient été attachés à d’autres familles.

Par exemple, un homme âgé m’a raconté qu’il avait saisi sa chance de se faire enregistrer comme membre de Abu Bilal, afin de se dissocier des descendants des maîtres de son grand-père, qui avaient de toute façon perdu leurs terres. Il expliqua : « Suleiman Abu Bilal était très intelligent et fort, bien qu’il n’aie  su ni lire ni écrire. Beaucoup le rejoignirent. Avant 1948, Abu Bilal était une famille. Bilal était un esclave qui vivait dans le Sinaï. » Le vieil homme me dit que lui et sa famille avaient vécu comme des nomades  en Cisjordanie avec les Abu Bilal pendant dix ans. La guerre de 1967 mit fin à ce mode de vie.

Dans certaines régions, le mode de vie de l’esclavage semble avoir perduré jusque dans les années 50. Un homme noir qui vint d’Egypte en Palestine en tant que travailleur migrant, et qui s’est trouvé pris dans la guerre de 1948, se souvient des conditions de vie des noirs rattachés à Al Huzail. Il avait travaillé dans les vergers dans la région de Rishon, qui constitue de nos jours le centre Israël, avec des noirs de la famille Abu Barakat. Quand la guerre éclata, ils s’enfuirent vers leur région d’origine, le Al Huzail, où Rahat est
aujourd’hui construite. Lorsque l’Egyptien arriva là bas, il rencontra des gens noirs qui faisaient pousser le blé pour Al Huzail. On leur donnait de la nourriture, et dans certaines occasions particulières, de l’argent. Les maîtres et les esclaves vivaient séparément dans des tentes noires. Il n’existait pas d’intermariage ou de concubinage. L’homme Egyptien dormait dans le shig du Sheikh et travaillait en tant que berger, mais ne recevait pas de salaire. Le Sheikh arrangea son mariage avec une fille blanche de Gaza. Cependant, après 1952, sous le pouvoir israélien, à l’époque ou le recensement fut réalisé, l’esclavage en tant qu’institution disparut.

Après 1948, la plupart des bédouins du Néguev perdirent leurs terres, et ceux qui ne quittèrent pas la région pour se réfugier à Gaza ou en Jordanie furent confinés dans une petite zone militaire près de Beersheba. De nombreux bédouins semblent alors s’être beaucoup déplacés, travaillant dans les vergers dans le Nord, autour de Rishon, Rehovot et Atir, ou en travaillant la terre et en élevant des animaux en Cisjordanie (Kressel 1992). Une famille, vivant maintenant à Rahat, m’a raconté qu’ils avaient déménagé neuf fois entre 1956 et 1968. Après la guerre de 1967, il devint beaucoup plus difficile de se déplacer.

            A la fin des années 60, les Israéliens commencèrent à développer des installations planifiées pour loger les bédouins du Néguev. Actuellement, près de la moitié des bédouins du Néguev vit dans ces villes, alors que l’autre moitié, qui a résisté au déplacement, demeure dans des bidonvilles ou dans des campements. Beaucoup de familles noires déménagèrent dans les villes planifiées, dont la plus importante est Rahat. Sur approximativement 30 000 personnes qui vivent à Rahat, un tiers sont noires et se concentrent dans trois quartiers de la ville. Presque toutes ces familles sont enregistrées comme Abu Bilal.

 

LE MARIAGE

Tous les gens à qui j’ai parlé ont souligné que les mariages entre Blancs et Esclaves noirs n’étaient autrefois pas autorisés. De plus, il ne semble y avoir aucune preuve que les propriétaires d’esclaves prirent des femmes noires pour concubines. Les esclaves noirs étaient plutôt mariés à d’autres esclaves noirs qui appartenaient à des familles différentes. Toutefois, tous les Noirs n’étaient pas esclaves, et la plupart des gens d’origine africaine, vivant en Palestine, ont des ancêtres arabes non africains. L’histoire des familles révèle des intermariages sur plusieurs générations, au moins entre des gens d’origine africaine et d’autres palestiniennes.

            Au XXème siècle, particulièrement après 1948, les choses changèrent. Des hommes noirs descendant d’esclaves, épousèrent des femmes qui n’étaient pas noires, mais issues de familles paysannes fellaheen de Cisjordanie, de Gaza et de Galilée, mais jamais des femmes bédouines. Rarement, un homme bédouin pouvait épouser une femme bédouine noire.  Ainsi la plupart des gens qui sont considérés comme noirs ont des origines mixtes. La lignée des mâles est prédominante dans la détermination de la descendance. J’ai rencontré un homme d’apparence noire Africaine à Gaza. Sa famille était venue du Néguev après 1948. Pourtant, il prétendait être techniquement blanc car le père de son père était blanc. A
l’inverse, j’ai rencontré à Rahat un homme qui ne semblait pas être noir mais qui l’était car son père était noir, bien que sa mère ait été blanche.

Les Bédouins noirs ont continué à épouser des bédouines noires, souvent de la même tribu, se conformant ainsi à la préférence culturelle dans la société arabe pour le mariage avec des parents. Un homme m’a dit que le mariage entre cousins devenait de plus en plus commun chez les Bédouins noirs. Après 1956, il devint relativement facile pour les bédouins mâles noirs Nagav d’arranger des mariages avec des femmes blanches fellaheen. Il en résulta que de nombreuses femmes se retrouvèrent sans maris. C’est pourquoi les bédouins noirs ont récemment recommencé à se marier entre membres de tribus différentes, par exemple entre Abu Rqaiq et Abu Bilal.

Bien que les Palestiniens africains de Jérusalem constituent une communauté séparée des Bédouins noirs, certains mariages intercommunautaires existent. Par exemple, l’une des femmes d’un homme que j’ai rencontré à Jérusalem était issue d’une famille de bédouins du Néguev originaire de Beersheba, qui vivaient dans un camp de réfugiés à Bethlehem. De nombreux mariages eurent lieu entre les communautés de Jérusalem et de celle de Jéricho, dont certaines sont clairement d’origine africaine, bien que peu de gens semblent savoir comment les Africains sont arrivés à Jéricho. Plusieurs personnes m’ont dit que Jéricho convenait aux Africains car il y fait très chaud.  

 

STATUT ET IDENTITE

Les Bédouins de descendance africaine ont été géographiquement dispersés, et pris dans les énormes transformations politiques qui ont affecté la région, à la fois individuellement et au niveau de la famille, laissant ainsi peu d’opportunité pour le développement d’un sentiment d’identité africaine. Certains sont des citoyens Israéliens ou Jordaniens, alors que d’autres sont enregistrés comme réfugiés palestiniens et détiennent des papiers des Nations Unies, mais n’ont pas de nationalité. D’autres encore ont été dispersés au Liban et en Tunisie et sont devenus des membres de haut rang de l’OLP. De nombreuses familles qui ont été séparées sont dans l’impossibilité de se voir souvent, à cause des frontières fréquemment fermées.

Ayant vécu dans une réalité quotidienne et politique si complexe, où l’identité ethnique et la citoyenneté sont si importants, il n’est pas surprenant que la plupart des noirs n’aient pas un sentiment aiguë de leurs origines africaines. Ceux qui vivent dans le Néguev parlent d’un changement dans le sentiment
d’identité, qui est passé de bédouin à Arabe et/ou Palestinien. Certains sont des citoyens Israéliens mais beaucoup disent qu’il n’y a que très peu d’espace pour eux dans l’état juif.

Beaucoup de palestiniens d’origine africaine sont pauvres et désavantagés, même comparés à
d’autres palestiniens. Pourtant, certains noirs ont joué des rôles de leaders. Les rôles de Al Hajj Jeddeh à Jérusalem et du Sheikh d’Abu Bilal ont déjà été évoqués. A Gaza j’ai rencontré plusieurs personnes d’origine bédouine africaine du Néguev ou de Al Rubayn, qui étaient devenus des leaders importants. Par exemple, un Sheikh bédouin âgé entend des disputes et règle les différends entre des palestiniens d’origines ethniques diverses, ainsi que des gens de son shig à Zuwaida, dans le centre de Gaza. Sa femme, elle, règle les affaires concernant les femmes. Avant que les fermetures de frontières ne rendent les déplacements difficiles, le Sheikh retournait à Tel Sabaa, une ville de bédouins sédentarisés du Sud d’Israël, pour régler
  des affaires. Il m’a dit que sa famille avait joué un rôle important dans le règlement de différends depuis
l’époque britannique.
  Son travail est reconnu par l’Autorité Palestinienne, et depuis 1995, a été enregistrée comme Association Bédouine. Un autre leader local noir, que je n’ai pas rencontré mais dont j’ai entendu parler est le chef, ou mukhtar, qui vit dans la région de Yaramouk à Gaza et qui règle des affaires dans la communauté Al Rubayn. De plus, beaucoup de palestiniens noirs d’origine bédouine à Gaza et en Jordanie, perpétuent la tradition militaire des gens de descendance africaine en servant dans les forces armées ou la police.

Par delà la citoyenneté et les droits, beaucoup de noirs associés aux bédouins parlent d’une affinité très forte, et d’un sentiment de racines communes qu’il ont ressenti lorsqu’ils ont rencontré des noirs ou qu’ils en ont vus à la télévision. Effectivement, à Gaza et dans le Néguev, il est courant que les hommes noirs
s’appellent entre eux
khali, c'est-à-dire « le frère de ma mère ». Une femme m’a expliquée que le terme khali indiquait le respect et l’affection. Si on s’adresse à quelqu’un en utilisant le terme ‘am (le frère du père), c’est le signe que celui qui parle veut obtenir quelque chose, car cette catégorie de parenté implique des obligations qui n’existent pas entre l’oncle maternel et le neveu. Le terme est utilisé pour désigner tous les noirs et est une reconnaissance de leurs ancêtres communs et des racines qu’ils partagent. Des gens m’ont raconté que le terme était utilisé en référence aux hébreux noirs qui avaient émigré des Etats-Unis pour
s’installer à Dimona en tant que groupe juif. Toutefois,
khali n’est pas utilisé pour désigner les juifs éthiopiens qui sont associés à l’Etat d’Israël.

Les Noirs du Néguev, de Gaza et de Jérusalem se désignent eux-mêmes par le terme sumr, un contraste complet avec beaucoup d’autres Palestiniens, qui continuent à les désigner par le terme abed, dont le sens premier est esclave.  De plus, certaines personnes noires âgées utilisent toujours abed, alors que les jeunes gens évitent le terme. Pourtant, beaucoup de ces jeunes ne connaissent rien ou peu de leur histoire. Une jeune femme, en entendant sa grand-mère parler d’esclavage, a été choquée et voulait être rassurée sur le fait que tout cela s’était bien produit des siècles auparavant.

Bien que certains palestiniens qui ne sont pas noirs clament que abed n’est pas un terme péjoratif, et que les connotations avec l’esclavage ont été perdues, d’autres sont embarrassés d’entendre ce mot mentionné. Les origines, l’identité et la terminologie utilisée pour décrire les gens d’origine africaine sont clairement des sujets sensibles. Lorsque j’ai parlé à des noirs Palestiniens, et à d’autres qui n’étaient pas noirs, les deux groupes ont nié que les Africains aient jamais été esclaves dans la région, et dirent que les Africains étaient plutôt des soldats dans l’armée ottomane. Quand je fis remarquer que cela n’était pas vrai, un homme me chuchota presque : « On n’en parle jamais ». Pourtant, les Palestiniens qui continuent à utiliser le terme abed perpétuent la discrimination.

Les Palestiniens africains de Jérusalem m’ont dit qu’ils se battaient avec quiconque les appelait abed. Ils ajoutèrent que cela ne se produisait pas souvent, car leur place dans la société palestinienne et leur rôle dans la lutte est largement reconnu par les citoyens de Jérusalem. Ils s’identifient aussi clairement en tant qu’Africains et Palestiniens.

 

CONCLUSION

Ce projet de recherche a abordé les problèmes de l’ethnicité, auxquels la majorité des palestiniens ne voulait pas réfléchir. Il est évident que le conflit israélo-palestinien a déterminé la manière dont les gens qui vivent dans la région pensent et parlent des origines ethniques et de l’identité. Dans le climat politique actuel de lutte des Palestiniens pour récupérer leur territoire occupé, l’identité nationale est mise en évidence, alors que les origines diverses des gens sont largement ignorées. Ainsi, les gens abed ou sumr sont considérés comme arabes et palestiniens. Pourtant les Palestiniens d’origine subsaharienne continuent fréquemment à être désignés et même directement appelés abed. En Palestine, comme dans de nombreuses régions du monde, les origines esclaves des gens ont laissé des stigmates. Le terme abed est un rappel constant des basses origines, de la persistance d’un statut inférieur et de l’altérité. D’où l’effort de nombreux noirs pour se redéfinir comme sumr. Le terme khali montre clairement que les Palestiniens noirs s’identifient aux noirs de n’importe où dans le monde. Pourtant, la lutte politique actuelle exclut le développement d’une identité africaine forte parmi les Palestiniens noirs. Les choses peuvent changer en cas de succès du Processus de Paix., car les conceptions de l’ethnicité sont construites socialement, et sont sujettes à des changements et des altérations.

 

REMERCIEMENTS

Cette étude a été possible grâce à un Social Science Award de la Fondation Nuffield. Nous voulons remercier mes collègues du European Union Avicenne Initiative Project pour leurs conseils et leur soutien, en particuliers Salah Al Zaroo et Gillian Lewando Hundt. Mon mari Abudi Kibwana Sizi m’a aidée durant ses deux visites en Palestine. Dans le Nagab et à Gaza, de nombreuses personnes m’ont aidée à entrer en contact avec des collègues, voisins et amis de descendants africains que j’ai rencontrés à Jérusalem, à Gaza et dans le Nagab. Ils ne sont pas nommés ici, afin de préserver leur vie privée. L’interprétation des informations fournies est la seule responsabilité de l’auteur.

[1]  Cette note est une note explicative de traduction : hamula renvoie à un clan composé de différents lignages se réclamant d’un ancêtre commun par la descendance parternelle..

 

 

 

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