A.H.M.E.

ARTICLE 16 :

 

    L'ONU et la Mauritanie

 

 

DÉCLARATION ORALE Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, 25ème session (3 au 28 Mars 2014)

 

Débat général, section 2/3 : Rapport du Haut Commissaire Elizabeth O’Casey, chef de la délégation de l’IHEU auprès de l’UNHRC

ESCLAVAGE EN MAURITANIE ET LA PROTECTION DES DEFENDEURS DES DROITS DE L’HOMME

Nous remercions le Haut Commissaire pour son rapport dans lequel nous constatons qu’il est fait mention de la formulation par son bureau d’un avis pour l’éradication des discriminations raciales et pour la promotion de l’égalité en Mauritanie.

Malheureusement, l’une des formes de discrimination et d’inégalité qui persiste dans ce pays est l’esclavage. Malgré le fait que la constitution mauritanienne définisse l’esclavage comme un crime contre l’humanité, et en dépit d’efforts récents pour répondre à ce problème, la Mauritanie a le plus grand taux d’esclave au monde.

Le Haut Commissaire a également fait remarquer l’importance à donner à la protection de ces individus qui travaillent pour la défense des droits de l’Homme. L’arrestation le mois dernier en Mauritanie d’un activiste antiesclavagiste, Cheikh Ould Vall, pour motifs fallacieux, fournit un exemple supplémentaire de l’échec de la Mauritanie dans sa tentative revendiquée d’éradiquer l’esclavage, et dans son devoir d’intégrer les conseils de l’ICCPR (Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques).

Plusieurs constats ont été faits sur les arrestations arbitraires et les mauvais traitements extrêmes dont Cheikh a été victime lors de son séjour en prison. Des traitements de la sorte envers des militants antiesclavagistes et d’autres contredisent ce que la Mauritanie a prétendu dans ce même forum ; en automne dernier, le représentant mauritanien, Mr Ould Khattra, a spécialement noté que, dans un contexte d’éradication de l’esclavage, la liberté d’opinion et l’expression politique sont garanties en Mauritanie. Il est cependant évident qu’il y a un contraste saisissant entre une telle rhétorique énoncée aux Nations Unies et la réalité sur le terrain en Mauritanie.


Monsieur le Président, combien de temps encore le gouvernement mauritanien soutiendra-t-il une chose ici à Genève, bien que faisant exactement le contraire avec les défendeurs des droits de l’Homme là bas chez eux ? En quoi est-ce que ses promesses de mettre fin à l’esclavage corrèlent-elles avec sa persistance à détenir des militants anti-esclavagistes ? Tandis que nous accueillons ses réformes législatives, son non respect concomitant du droit de ceux qui défendent les esclaves assure à la Mauritanie cette place ignominieuse à la tête de la liste des pays ayant le plus haut taux d’esclaves au monde.


 

La Mauritanie va adopter un plan pour l'éradication de l'esclavage



AFP - La Mauritanie va adopter en mars une feuille de route pour faire disparaître l'esclavage, a annoncé jeudi à Nouakchott la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les formes contemporaines de l'esclavage, Mme Gulnara Shahinian, au terme d'une visite dans le pays.

Le gouvernement mauritanien adoptera le 6 mars une feuille de route relative à l'éradication de toutes les formes de l'esclavage, pratique encore courante en Mauritanie selon des ONG, a déclaré lors d'une conférence de presse Mme Shahinian, arrivée le 24 février en Mauritanie afin d'évaluer les développements dans le domaine depuis sa première mission en 2009.

Ce plan a été développé en collaboration avec le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme suite à la visite de 2009, a-t-elle indiqué.

L'adoption et la mise en œuvre de cette feuille de route permettra de développer un certain nombre de projets économiques qui seront d'un grand apport pour les populations ciblées, a-t-elle affirmé.

Durant son séjour, Mme Gulnara Shahinian a rencontré le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, son Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ainsi que des organisations de défense des droits de l'Homme et des syndicats.

Elle a affirmé avoir obtenu du gouvernement l'engagement de désigner des avocats pour défendre la cause des esclaves devant les tribunaux.

En Mauritanie, les ONG anti-esclavagistes sont très actives et la loi leur accorde le droit de dénoncer les esclavagistes et d'accompagner les victimes au tribunal. Mais elles n'ont pas le droit de se constituer partie civile dans les procès, selon la rapporteuse de l'ONU. Les ONG ne peuvent pas jouer ce rôle, a dit Mme Shahinian, une juriste.

Elle a toutefois estimé que le gouvernement avait fait des pas importants sur la voie de l'éradication de l'esclavage, et a salué la volonté politique affichée par les autorités, notamment à travers les lois qui ont été adoptées.

L'esclavage est officiellement interdit depuis 1981 en Mauritanie, et depuis une réforme de la Constitution en 2012, sa pratique y est considérée comme un crime. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d'esclavagisme encourent des peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison. Mais le phénomène perdure néanmoins dans le pays.

Fin décembre, la Mauritanie a annoncé la création d'un tribunal spécial chargé de juger les crimes d'esclavage, qui relevaient jusqu'alors des tribunaux ordinaires. Neuf mois auparavant, elle avait mis en place une agence nationale chargée de financer des micro-projets en faveur des anciens esclaves.

Mme Gulnara Shahinian a exhorté les Mauritaniens à une action suivie et l'application au quotidien des lois incriminant l'esclavage.

D'après l'ONU, les résultats de la visite de Mme Shahinian et ses recommandations seront présentés au Conseil des droits de l'Homme en septembre prochain.


27 février 2014
Par AFP

 

Esclavagisme en Mauritanie : Une rapporteuse de l'ONU attendue à Nouakchott


Genève - La rapporteuse spéciale de l'ONU sur les formes contemporaines de l'esclavage, Gulnara Shahinian, se rendra lundi prochain en Mauritanie pour y évaluer les actions entreprises dans la lutte contre ce phénomène, a annoncé l'organisation internationale.

Il s'agit d'une mission de suivi des développements survenus et des initiatives développées par les autorités mauritaniennes en application des recommandations de Mme Shahinian lors de sa première visite dans le pays en 2009, précise un communiqué des Nations unies.

"Cette visite me permettra de discuter de la feuille de route relative à l'éradication des formes contemporaines de l'esclavage en Mauritanie qui a été initiée en collaboration avec le Bureau du Haut-commissariat aux droits de l'Homme", a indiqué à cette occasion l'experte arménienne. 

Pour la rapporteuse spéciale, l'adoption et la mise en œuvre du plan précité constituerait "une étape importante vers l'éradication de l'esclavage dans le pays". 

Elle aura pendant quatre jours une série de rencontres et de discussions à Nouakchott avec des représentants du gouvernement, des organisations non-gouvernementales et des syndicats. Les conclusions et les recommandations issues de sa visite seront présentées au Conseil des droits de l'Homme des Nations unies (CDH) en septembre 2014.
Mme Shahinian a été chargée en mai 2008 par le CDH de surveiller les formes contemporaines d'esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences. Son mandat comprend aussi des questions telles que le travail forcé, les pires formes de travail des enfants, les mariages serviles et la servitude domestique. 

En dépit de l'abolition de l'esclavage en Mauritanie en 1981, les ONG internationales ont continué à mettre en garde contre la persistance de cette pratique souvent associée à des violations plus ou moins graves des droits de l'Homme, une situation qui a incité le parlement mauritanien à adopter une loi criminalisant l'esclavage.

 

Lemag - publié le Vendredi 21 Février 2014

 

 

  Retour