A.H.M.E.

ARTICLE 142 :

 

 

 Le saint prophète, le forgeron humilié et les bergers inconscients


خُذِ الْعَفْوَ وَأْمُرْ بِالْعُرْفِ وَأَعْرِضْ عَنِ الْجَاهِلِينَ

Puisque vous ne serez jamais plus cléments que le Prophète Mohamed , taisez-vous !

« Adopte la clémence, et enjoins ce qui est convenable, et détourne-toi des ignorants. » (Le Saint Coran, chapitre 7, verset 200)


Nous croyons absolument aux enseignements du Prophète Mohamed , à son infaillibilité en tant qu’envoyé de Dieu, nous ne croyons cependant que relativement aux enseignements des imams, à leur infaillibilité en tant qu’interprètes de préceptes religieux dogmatiques et nous croyons sans aucun doute, à la volonté d’un « forgeron » qui veut dénoncer sa condition sociale.
Nul ne peut revêtir la condition du Prophète Mohamed , être unique, ni se substituer à lui. Mais si toute personne peut se faire passer pour un imam, jusqu’à preuve du contraire, personne ne veut revêtir la condition sociale de « forgeron ». Et quand le forgeron s’exprime pour dénoncer sa condition, c’est l’imam, être faillible, qui extrapole les paroles d’un opprimé au nom d’un Prophète, infaillible, libérateur des opprimés, pour le mettre aux fers.
Cet Imam, a- t-il compris l’enseignement du Prophète Mohamed lorsqu’un homme lui demanda: « donne-moi un conseil. » il lui répondit : « ne te mets pas en colère. » l’homme revint à la charge plusieurs fois et le prophète lui répétait : « ne te mets pas en colère. ».Rapporté par El Boukhâry.
Jusqu’où ira-t-on pour brandir l’Islam en toute occasion et détruire des vies. Sommes-nous devenus moins clément que le prophète Mohamed lui-même ? Pourquoi cet acharnement contre un individu qui veut dénoncer sa vile condition sociale en justifiant ses propos par des écrits qui ne sont pas les siens ?
Une société qui entretient des castes et considère une partie de ses enfants comme des sous-hommes, des forgerons a-t-elle d’ailleurs le droit de s’en offusquer ? Et si cela était ne devrait-elle pas prendre exemple sur son Prophète pour pardonner et conseiller pour remettre celui qui faute dans le droit chemin. Pourquoi tant de violence que même le prophète Mohamed a réprouvé et combattu de son temps.
Puisque vous ne serez jamais plus cléments que le Prophète Mohamed taisez-vous !
Si vous n’avez appris de l’Islam que la vindicte et la violence alors vous n’avez rien compris aux enseignements de clémence du plus saint des Prophètes.
Lui, le Prophète Mohamed qui devant l’agonie de son propre enfant appelait la compassion des hommes jusque dans la souffrance  (I) ! Lui, le prophète Mohamed qui face à ceux qui l’on insulté(II), qui ont essayé de le déshonorer (III), qui ont tué ses compagnons (III) a donné sa clémence (V)! Non, vous n’avez rien compris à la voie du Prophète Mohamed


I- Le prophète Mohamed souffrant lui-même devant l’agonie de son propre enfant appelait la compassion des hommes !


L’épisode suivant  fort douloureux et  si tragique à faire exploser tout musulman en larmes et le jeter à terre de piété, ne saurait nous échapper. Il interpelle sur les réalités de la religion musulmane qui est une religion de compassion comme le fut son prophète  le dernier des prophètes et le premier d’entre-eux.
Ossama Ben Zeïd a dit : « Nous nous trouvions chez le Prophète quand un messager envoyé par une de ses filles vint le prier de se rendre au chevet de son fils qui était mourant.
Le Prophète s’adressa a l’émissaire et lui dit : - Repars auprès de ma fille et informe-la, qu’à Dieu appartient ce qu’Il donne et ce qu’Il reprend, qu’Il a fixé un terme déterminé pour toute chose et invite-la à se soumettre et à espérer en Dieu. Le messager repartit puis revint une nouvelle fois annoncer que la fille du Prophète suppliait son père de la rejoindre. Le Prophète se leva alors et partit chez sa fille en compagnie de Sa’d Ben ‘Obada et de Mo’ad Ben Djabal. Une fois sur place, on lui tendit l’enfant qui exhalait un souffle ressemblant au bruit d’une vieille outre. Alors les yeux du Prophète se répandirent en larmes. Comme Sa’d lui disait : - Ô Envoyé de Dieu, qu’est-ce ceci ? – C’est, répondit le Prophète, la marque de la compassion que Dieu a mis dans le cœur de l’homme et Dieu n’est Miséricordieux qu’envers ses adorateurs compatissants. »
Une religion de la compassion ne peut avoir que des oulémas dont la vertu première est la compassion. Compassion pour ceux que Dieu a recommandé au musulman de protéger et de respecter (le pauvre, le diminué, l’handicapé, le meurtri, le violé, la veuve, l’orphelin, l’exploité, l’apatride, l’opprimé) et nul Alem ne pourra au nom d’un précepte de gouvernance sacrifier cette compassion, aux intérêts d’un gouvernant.
Selon Djarir Ben ‘Abdallah,  l’Envoyé de Dieu, Mohamed a dit : « Dieu n’aura pas de compassion vis-à-vis de ceux qui ne l’auront pas pour leurs semblables. »
Et l’homme, à travers Adam, est le représentant de Dieu sur terre :" (
وإذ قال ربك للملائكة إني جاعل في الأرض خليفة‏(‏ البقرة‏:30)‏).


II- Le Prophète insulté a pardonné à son insulteur et pria même sur la tombe de celui qui l’offusqua.
Abdoullah Ibn Oubay Ibn Saloul, eut des propos indignes à l’égard du Prophète . Son fils Abdoullah Ibn Oubay Ibn Saloul, fervent musulman , alla voir le Prophète Mohamed et dit :
« Ô Prophète, mon père t'a insulté. Que la mort soit sa punition. Si tu en décidais ainsi, je préférerais que tu me commandes de le tuer, car si tu commandes à quelqu'un d'autre de le faire et que mon père meurt par ses mains, je pourrais avoir à venger mon père en tuant cet homme. »
Le Saint Prophète Mohamed PSL répondit : « Mais je n'ai pas cette intention. Je traiterai ton père avec compassion et considération. ».
Après la mort, de celui qui l’avait insulté , Abdoullah Ibn Oubay Ibn Saloul, le Prophète Mohamed   offrit sa chemise à son fils pour que celui-ci puisse l’utiliser comme linceul pour son père. De surcroît, le Saint Prophète Mohamed se présenta pour sa prière funéraire.
Oumar Ibn El Khatab, que Dieu l’agrée, lui rappela que Dieu avait dit que ses prières pour le pardon des hypocrites ne seront pas acceptées même s'il l’implorait 70 fois. Le Prophète Mohamed répliqua qu'il prierait pour leur pardon plus de 70 fois !


III- Le prophète Mohamed a pardonné à ceux qui qui ont essayé de le déshonorer
Lors d'une expédition la caravane été partie sans Aicha, que Dieu l’agrée, l'épouse du prophète Mohamed . Un musulman lui offrit son chameau comme monture et ils partirent tous deux à la suite de la caravane. Lorsque les hypocrites eurent vent de ce qui s'était passé, ils commencèrent à répandre des rumeurs malveillantes, voire des calomnies, à propos de Aicha, que Dieu l’agrée, Cette campagne d’hypocrite, blessa profondément prophète Mohamed. Mais le prophète Mohamed ne prit pas de sanctions contre eux bien que Dieu l’informa de l’innocence de Aicha, que Dieu l’agrée, dans cette affaire.


IV- Le prophète Mohamed a pardonné à ceux qui ont tué ses compagnons
Après la conquête de la Mecque le prophète Mohamed fit venir Wahchi, l’assassin de Hamza, son oncle. Wahchi avait trouvé refuge à Taïf lorsque l'Islam s'est répandu à la Mecque. Le prophète Mohamed lui demanda de lui présenter le récit de la mort de Hamza au cours de la bataille de Badr, ainsi que ce qui s'ensuivit. Il avait les larmes aux yeux, car son oncle l'avait soutenu à maintes reprises face à Abou Jahl, son pire adversaire. Le prophète Mohamed gracia le meurtrier de son oncle en dépit de l'avoir entre ses mains. Aicha, que Dieu l’agrée, rapporte que jamais le prophète Mohamed ne se vengea pour un tort personnel. Mais si l’on osait outrepasser les limites fixées par Dieu, il prenait de mesures disciplinaires pour la cause de Dieu contre le coupable.
C’est ce que confirme El Boukhari dans son Sahih : Aicha, que Dieu l’agrée dit : « L’envoyé de Dieu ne s’est jamais vengé pour son propre compte, mais si la Majesté de Dieu était offensée, il se vengeait au nom de Dieu .»  (Hadith, n° 1492)


V- Le prophète Mohamed a pardonné la traitrise et la vilénie de son entourage
Pendant qu’il priait avec ses compagnons, 80 Quoreïchites attaquèrent par surprise le prophète Mohamed. Ses compagnons finirent par maîtriser les assaillants. Cependant le prophète Mohamed leur accorda son pardon.
Une femme juive offrit prophète Mohamed et ses compagnons, de la viande empoisonnée dans le dessein de les exterminer. Pourtant le prophète Mohamed, allant contre l’avis de ses compagnons qui réclamaient la peine de mort, lui pardonna son acte après qu’elle eût avoué son intention criminelle
Après la conquête de la Mecque, le prophète Mohamed offrit une amnistie générale à tous ses ennemis sauf certains criminels de guerre qui méritaient la peine capitale selon le commandement divin. Cependant Ikrama, qui était de ces derniers obtînt le pardon du prophète. Sa femme musulmane intercéda pour lui auprès du prophète Mohamed et Ikrama Se convertit alors à l’Islam. Il demanda prophète Mohamed de prier pour lui afin que Dieu pardonne ses fautes et le prophète Mohamed pria : « Dieu, pardonne l’inimité que Ikrama avait envers moi. Pardonne-lui pour les injures qui sont sorties de ses lèvres. » !
Alors ?
Et vous,  commandités et autres vindicatifs personnages mauritaniens, vous refusez de pardonner !
A qui ?
A un « forgeron » qui se lamente sur sa condition sociale, en recourant à des citations d’autrui ?
Ceux qui veulent lyncher ce « forgeron » n’ont rien compris ni à son message de frustration dont la cause première  est toute la société mauritanienne, ni à la compassion du Prophète Mohamed, ni à son message de clémence !
Les faits historiques rapportés par les grands imams, d’El Boukhari, à Elmouslim et autres sommités de l’Islam, personne n’a rien à y redire, ni surtout dans les solutions que le prophète Mohamed a donné aux situations sociales et politiques critiques qu’il a affrontées durant la transmission de son message universel.
Ce que l’on tendance à oublier c’est que le Prophète Mohamed, messager de Dieu fut aussi un guerrier et un stratège. Il fut un homme de paix et un homme de guerre. Un dirigeant humain et un guide spirituel.
Cette grave confusion dans l’action du prophète, continue encore à semer le désordre et la haine.
A la question de savoir : Pourquoi le prophète Mohamed a privilégié une solution à une autre ne s’explique que par le contexte d’une conversion à l’Islam que mène le prophète Mohamed, et pour laquelle il a développé une stratégie, que souvent Dieu confirme dans les versets qu’il lui dicte. En effet, en maintes occasions, le prophète Mohamed, humain, s’est trouvé confronté à une situation sociale et une sourate lui a été révélée pour lui donner ce qu’il convenait de faire au mieux des intérêts des musulmans et de l’Islam. Mais tous les actes du prophète ne sont pas corroborés par des sourates dans le Coran. Le prophète, guide et stratège, a agi par lui-même au mieux des intérêts de l’Islam. Mais nul, ne peut, ni ne doit remettre en cause ces actes fondateurs d’une sunna pilier et source de l’Islam.
La question n’est pas de sanctionner ce jeune «  forgeron », en recourant au verbiage du lynchage : « blasphème », « offense », « apostasie » etc. mais d’agir comme le ferait le Prophète de l’Islam (mais le pourriez-vous jamais ? ) et de trouver la source de l’écrit de ce « forgeron » pour en tirer les conséquences sur le devenir de toute une société de castrés, mentalement castrée, par l’opportunisme de ses enfants.


I- Les exemples donnés plus haut, montrent que les comportements du prophète Mohamed à l’égard de ceux qui l’ont insulté, essayé de le déshonorer, de le tuer, de l’empoisonner lui et ses compagnons, n’étaient ni la vindicte, ni la mort ni l’exclusion ni l’exil !
Pouvez-vous être plus nobles dans vos actes que le prophète Mohamed!
Certainement non !
Vous comprenez donc l’étendue de votre erreur de jugement à l’égard de ce « forgeron »


II- C’est vous qu’il faut blâmer d’avoir entretenu dans la société mauritanienne cette vilainie consistant à considérer que parmi vos frère il y ait des sous-hommes , des « forgerons » et pourtant si vous êtes croyant vous savez très bien que « le plus noble aux yeux de Dieu est le plus croyant d’entre-vous ! ».
Qu’en faîtes-vous rien ! Rien, vous entretenez les castes, la misère et la décadence sociale et de cette situation ne peut naître que la frustration, qui mène à tout ! Aujourd’hui c’est celle d’un forgeron, demain celle de la pléthore de castes qui peuplent la Mauritanie.
Le prophète Mohamed a dit : « Allah m’a commandé de vous enjoindre la modestie afin que personne ne se prétende supérieur aux autres ni ne les traite injustement. » rapporté par mouslim.
Le prophète Mohamed a aussi dit :
- « Allah ne regarde pas votre aspect, mais il regarde ce que renferme votre cœur et ce que vous accomplissez. » rapporté par Mouslim.
- « ô vous les gens ! votre seigneur est unique et votre père est unique ; vous descendez tous d’Adam et Adam provient de la terre. assurément, le plus noble d’entre vous auprès d’Allah est le plus pieux, et l’arabe n’a pas plus de mérite que le non-arabe sauf s’il se distingue par la piété. » .Authentifié par albâny dans at-targhîb wa at-tarhîb.
Ne soyez donc pas comme ceux d’antan dont Le prophète Mohameda dit : «ceux d’antan ont péri, car ils renonçaient à punir le noble lorsqu’il volait, tandis qu’ils s’empressaient de sanctionner le misérable, s’il volait. Je jure par celui qui détient l’âme de Mohamed entre ses mains, si Fatima, fille de Mohamed, s’avérait être une voleuse, je lui couperais moi-même sa main ! » Rapporté par EL Boukhary et Mouslim.
Dans une société mauritanienne où la corruption est généralisée où les tribunaux saturent de doléances d’innocents où les prisons regorgent d’âmes perdues par le népotisme et l’injustice, ou la pauvreté est criante où les vices deviennent des vertus en sommes tout ce que Le prophète Mohamed a dénoncé, un forgeron de plus ou de moins, ne lavera la mauvaise conscience de personne.
Aussi, Puisque vous ne serez jamais plus cléments que le prophète Mohamed, taisez-vous !
En 1840, Thomas Carlyle dans un chapitre de son livre “Hero as a Prophet” de son livre "Heroes and Hero Worship" écrivit  à propos du Prophète Mohamed:
« Un Prophète, porteur du message divin, fut envoyé à un peuple de bergers inconscients qui erraient dans le désert depuis la création du monde. Les inconscients devinrent de respectables personnalités et les faibles prospérèrent dans un monde qui se transformait. Moins d'un siècle après cet événement, les Arabes arrivèrent à Grenade et à Delhi. Durant plusieurs siècles, les valeurs, le génie et les splendeurs de la civilisation arabe brillèrent à travers le monde, lui apportant fécondité et foi profonde. Une nation prospérait et façonnait l'histoire de l'humanité dont elle élevait la conscience. Les Arabes, le prophète Mohamed et ce premier siècle furent comme une étincelle qui avait jailli sur un monde insignifiant de sable noir et qui apporta le Paradis de Delhi à Grenade. L'humanité entière l'attendait car c’était l'étincelle qui allait l'animer. Elle allait désormais resplendir. »
En 2014, en Mauritanie, quelques bergers inconscients, dans un désert, pourchassent encore…un « forgeron ». Loin de la lumière du Prophète Mohamed, de Grenade à New Delhi.

Pr ELY Mustapha
Source :
http://haut-et-fort.blogspot.fr/2014/01/le-saint-prophete-le-forgeron-humilie.html


 

 

Et si on se passait d’Etat ?

 

    La question n’est pas curieuse pour tout observateur du « rendement » de l’ Etat actuel pour la Nation. Dans cette optique l’Etat , dans sa forme actuelle, est probablement une non-nécessité.
    En effet ,devant le délabrement de la socéiété et de ses valeurs, de son niveau de vie et la confiscation son avenir, l’on peut légitemement se poser la question:
    l’Etat dans sa forme actuelle est-il utile ?


    L’Etat devenant un foyer de mauvaise gestion des ressources publiques et de leur dilapidation par un cercle d’individus identifié et identifiable et qui vivent en toute impunité, la question prend alors tout son sens.


    Que gagne le citoyen, à savoir la majorité du peuple, dans l’existence de l’Etat ? Rien. Tous les secteurs économiques vivent le désastre et la gabegie. La santé , l’éducation, l’agriculture pour ne citer que ceux-là, sont dans un état des plus désastreux.


    Il est donc normal que le citoyen s’intérroge sur l’utilisation des ressources de l’Etat. Des ressources faramineuses qui sont versées dans des projets dont l’impact sur la vie du citoyen n’est pas évidente. Au contraire, chaque jour qui passe est un fardeau de plus qui réduit le niveau de vie du citoyen.


    Alors si dans un pays , avec tant de richesses, l’Etat n’arrive ni à générer un quelconque développement , ni à relever le niveau de vie des citoyens, ni à leur donner l’espoir en un avenir meilleur, alors la question est encore plus justifiée : Peut-on se passer d’Etat ?
    -
    Dans toute entreprise, on se débarasse du mauvais gestionnaire. Un mauvais gestionnaire, et
    l’entreprise va à sa perte. Or l’Etat mauritanien, à travers ses dirigeants est un mauvais gestionnaire notoire.

    En effet, si l’on pensait simplement
    remettre à chaque citoyen sa « part » dans le revenu national de son pays , il pourra détenir un patrimoine générateur d'investissement et de richesses (I) cela aboutirait aussi à assainir le champ d'un politique matériellement opportuniste (II) et à créer un "Etat minimal" financé par un pourcentage autorisé du revenu national et prenant en charge uniquement les services vitaux relevant de son pouvoir régalien (III)


    I- Répartir les biens sur les citoyens


    Lorsque l’on voit tant de misère en Mauritanie, où 90 % de la population crève la dalle, où la mendicité peuple les rues, l’on peut se dire que cela pourrait en être autrement,
    si chaque citoyen recevait directement sa part de revenu national de son pays. « Directement », parce que chaque personne (de tout âge) recevra sa part.


    Pour illustrer cela référons-nous à la loi de finances pour la gestion 2008.


    Cette loi de finances totalise pour les ressources de l’Etat :
    228 825 000 000 d’ouguiyas.


    Si ce montant était répartis sur la population totale mauritanienne, pour laquelle on retiendra 3 millions d’habitants, chaque habitant recevra exactement : 76 Mille 275 ouguiyas.

    Soit un revenu mensuel pour chaque mauritanien de 6 Mille 356 ouguiyas


    Il convient de noter que chaque Mauritanien, quelque soit son âge, recevra ce montant.

    Ainsi dans une famille comptant les deux parents et trois enfants, le revenu mensuel de cette famille sera de 31 mille 781 ouguiyas ! Revenu qu'elle peut cumuler avec le revenu de son travail, ou épargner. Etant donné que l'épargne est la plaie dans la prévoyance familliale.


    C’est autant dire que pour les familles plus nombreuses, le revenu sera plus élevé.


    Alors on voit bien que si cette somme était remise à qui de droit , c’est-à-dire au Mauritanien,
    il serait riche d'un revenu mensuel lui assurant de ne pas tomber sous le seuil de subsistance.


    C'est ce qu’il est en fait, mais il ne reçoit rien car ce revenu national est autrement reparti . Voici comment :


    - Il finance à 80 % une administration inéfficace et omnipotente constituée à majorité de fonctionnaires fictifs, un gouffre financier de fonctionnaires dont la valeur ajoutée à l’économie non marchande est peu évidente.


    - Il finance des projets économiques et sociaux dont la rentabilté est douteuse et confiée à des budgétivores qui les gèrent comme leur propre patrimoine.


    - Il finance , un gouvernement qui coûte cher dans ses émoluments et sa gabegie (voir mon article sur ce que nous ont coûté les deux derniers gouvernements en cliquant ici.)


    - Il finance un service de la dette que l’Etat, par ses charges faramineuses, alourdit chaque jour. Entrainant un endettement "per capita" hypothèquant l’avenir.


    Le budget est donc détourné vers des financements dont la rentabilité pour la nation reste à démontrer.


    -Un gouvernement inefficace qui se disloque tous les mois, incapable de gérer quoi que ce soit.


    - Des départements ministériels qui tournent à vide en employant des budgets qui sévaporent dans l’impotence administrative.


    - Des corps militaires et de sécurité dont l’éfficacité est douteuse. Sinon menacer les institutions républicaines. Une armée de millers d’hommes en stationnement dans les casernes qui absorbe un budget énorme (ne figurant même pas dans la loi de finances) et dont la valeur ajoutée est nulle. Un corps de police, gangréné par la corruption et qui fait supporter à la nation un poids financier injustifié, car il se finance ailleurs.


    Bref, un budget qui ne sert qu’à maintenir, contre vents et marées, un Etat bâti sur des structures gouvernantes inefficaces, des structures adminstratives exécutantes inéfficientes et corrompues et des corps constitués dont le rendement est aussi stériles que leur existence.


    Alors pourquoi ne pas répartir le budget, c’est-à-dire les ressources nationales sur les nationaux?

    Les revenus qu’ils recevront leur permettront de s’assurer les services vitaux (santé, éducation, culture etc) que l’Etat ne peut leur offrir car ils auront les moyens de pouvoir y accéder.


    II- Assainir les "convictions" politiques nécessiteuses

    Sur le plan psychologique et de salubrité de la gestion publique, tout le monde ne sera plus intéressé par les emplois publics. En effet, sans voler au ras des paquerettes, on sait que s'il était donné à la plupart des gestionnaires publics peuplant oisivement l'administration publique de recevoir un revenu sans être obligés de hanter à longueur de journée leurs bureaux, il est certain qu'ils choisiront l'option du départ de l'administration.

    En effet, en Mauritanie plus de 80% et même plus de détenteurs de postes publics (tous rangs confondus) occupent ces postes par nécessité de salaires. D'ailleurs leur absentéisme est revélateur de leur relatif engagement dans l'esprit du service public. Ils pourront facilement libérer ces postes s'ils reçoivent une part de revenu national leur permettant de s'assurer une vie honorabe et pourquoi pas investir dans leurs propres projets. Projets générateurs de richesse pour la nation.

    Quant aux politiciens le raisonnement est quasiment le même. Leur course effrenée vers les "postes" ministèriels et autres ne s'explique, en tout cas en Mauritanie,
    pas forcèment pour défendre une idéologie ancrée et une conviction philosophique de changer la société, mais principalement pour s'assurer des revenus et une retraite d'avenir. Ce raisonnement ne pouvant cependant être généralisé, il suffit toutefois de passer à l'expérience et d'offrir à nos politiciens actuellement en course des revenus honorables pour les voir quitter le champ du politique. Ils continueront probablement à s'y intéresser mais pas en tant qu'acteurs directs mais en tant que groupes d'influence (ayant des projets économiques et autres à défendre).

    Ainsi, grâce à la distribution de revenus, le champ du politique ne sera plus un champ de recherche de subsistance mais un véritable lieu d'engagement idéologique où celui qui s'y engagera ne le fera pas par opportunisme matériel , mais par
    conviction.

    Ainsi libérés, les champs politique et administratif seront naturellemnt sélectifs
    . Le premier recevra ceux qui seront convaincus de leur engagement politique et qui pouront s' y consacrer. Le second recevra ceux qui détiennent de hautes compétences dans la gestion publique (rehabilitation des écoles de gestion publique, et renforcement des filières spécialisées: finance, diplomatie, sécurité etc.).

    Pour la sécurité, la justice, l’ordre (soit les pouvoir régaliens de l’Etat) ils peuvent être confiés à une organisation politique « allégée », qui peut prendre l’appelation d’Etat-collégial, sans qu’elle
    n’ait de rapport avec la structure ancienne. Cet « Etat -collégial» sera financé de façon à ce
    qu’il ne reçoive que les moyens nécessaires pour réaliser ses fonctions régaliennes.
    A savoir, la justice, l’ordre, la sécurité, la défense, les affaires étrangères, les finances et l’économie. Ce dernier ministère aura un rôle réduit à la collecte des ressources nationales, et à la surveillance de
    l’économie. En effet, la mise à disposition de telle ressources financières pour les agents économiques se doit d'être accompagnée, à travers une législation économique d'ordre public, d'une maîtrise de l'inflation à travers un contrôle rigoureux des prix et de la spéculation.

    Les services sociaux allant de la sécurité sociale à la santé, seront confiés à des organismes à participation privée qui les prendront en charge. Le citoyen y cotisant au prorata des revenus qu'il reçoit de l'Etat. Les infrastructures hospitalières, éducatives, culturelles etc. seront promues par l'investissement privé et sous surveillance des organismes de contrôle technique publics. Les politiques publiques se réduisant à orienter les investissements (dans les villes et les régions pour équilibrer le développement national et dans les secteurs socio-économiques prioritaires) , à contrôler la viabilité des projets à intérêt public et à surveiller leur réalisation.
    Les pouvoirs publics sont elles-mêmes liées par un programme annuel à réaliser (fraction d'un plan pluri-annuel indicatif de développement) qu'elles doivent justifier en moyens et en résultats devant l'assemblée du peuple.


    III- Financer un Etat « allégé » ou Etat-collégial


    Sur le revenu national et après consensus de l’assemblée du peuple (le collège), l’Etat prélèvera un pourcentage sur le total du revenu national annuel, avant répartition aux citoyens. Ce pourcentage est accordé sur la base de la justification du montant alloué l’année précédente et certifié par la Cour des comptes et un organisme indépendant.


    Le budget de l’Etat sera donc accordé par l’assemblée et non pas auto-octroyé par l’Etat à lui-même comme c’est le cas aujourd’hui.


    L’assemblée du peuple, comprenant un élu de chaque région, ayant un caractère collègiale, est seule habilitée à tenir les livres de la nation pour l’ensemble de ses revenus (fer, pétrole, pèche
    etc …) et veillera à la gestion des comptes pour les générations futures.


    Avec ce mode de gestion des ressources publiques, la part revenant à l’Etat-collégial deviendra plus importante car le citoyen réalisant sur son revenu des investissements dans les différents secteurs , créera certainement une formation brute de capital fixe que l’Etat peine aujourd’hui à réaliser .
    L’initiative privée, qui a les moyens de son action, est beaucoup plus dynamique que l’initiative publique, lourde omnipotente et dilapidatrice des moyens , dans la création des richesses.

    En vérité, dans le contexte actuel des Etats modernes, lourds ayant acquis des droits sur tout le patrimoine de la Nation qu’ils gèrent avec autorité, la question de savoir si l’on peut se passer de
    l’Etat dans sa forme actuelle est une vue de l’esprit. Mais si l’on regarde au fond des choses et que l’on constate tous les milliards annuels dont dispose un Etat qui ne peut sortir sa population de la misère,
    l’on ne peut logiquement que dire que c’est l’Etat qui en est la cause. Que ce n’est ni la conjoncture économique, ni le manque de moyens qui sont en cause mais l’Etat lui-même.


    Alors les effets connus, il est logique d’éliminer la cause.


    Nous continuons donc à penser que le mal de la Mauritanie, vient de l’existence de l’Etat.
    L’Etat dans sa forme actuelle, dans ses gouvernants et courtisans actuels, dans son administration publique actuelle, bref dans l’Etat tout court.


    Aussi
    nous maintenons que le salut du pays et son développement , tient dans la mise en place d’un Etat minimal, aux ressources minimales, avec des structures de gestion efficaces et transparentes, avec une redistribution des ressources nationales équitable sur l’ensemble des mauritaniens.


    L’Etat ne disparaîtra probablement pas. Mais la misère, elle, le doit.


    Pr ELY Mustapha

    Le 17/07/08

     

     

 

 

Ce que nous coûtent nos ambassades

 

    A L’examen du budget général de l’Etat pour l’année 2007, l’allocation budgétaire pour
    l’ensemble des ambassades et consulats mauritaniens à l’étranger s’élève à plus de six milliards d’Ouguiyas (6 071 123 800 UM).

    Mais à cette allocation on doit ajouter un montant affecté au sein du budget du MAEC appelé «
    fonctionnement des ambassades » et qui s’élève à 1 062 150 000 qui porte l’allocation totale à plus de 7 milliards d’ouguiyas (7 133 273 800 UM) Soit plus 4 % du budget de fonctionnement (hors intérêts de la dette).

    Quant à la loi de finances pour 2008, elle alloue un budget de 7 milliards 234 millions 564 mille 819 ouguiyas au Ministère des Affaires étrangères, les ambassades en obtiennent 5 Milliards 105 Millions 848 Mille 693 ouguiyas soit plus de 70 % de ce budget. Si on y ajoute le chapitre 20 «
    fonctionnement des ambassades » (590 150 000) ce pourcentage est de 78 %. Ce qui signifie que nos ambassades, consulats et représentations à l’étranger coûtent à la nation 5 Milliards 695 Millions 998 mille 693 ouguiyas !

    Pour quelle rentabilité pour un pays pauvre ?

    Eu égard aux ressources limitées du pays, il convient de se poser la question à savoir
    si nos missions diplomatiques et consulaires, pour justifier de telles allocations, sont rentables ?


    Il paraîtrait curieux au premier abord de traiter de la rentabilité de ce qui dans les esprits ne peut être évalué : la relation diplomatique.

    Or il n’en est rien. Et c’est ce que nous allons montrer de façon suffisante pour que cela puisse justifier la mise en place d’une « comptabilité diplomatique ». Non pas au sens d’une dérivation de la comptabilité publique à savoir la « comptabilité des missions diplomatiques et consulaire » qui est une comptabilité-deniers tenue par ces services eux-mêmes mais
    d’une comptabilité « diplomatique » spécifique tenue par les autorités centrales notamment le ministère de la coopération et des affaires étrangères.
    Avant de définir cette comptabilité diplomatique et son intérêt, faisons un tour du propriétaire, l’état des lieux.


    I –Quel est l’état des lieux ?


    Au niveau des ambassadeurs et des consuls


    Les ambassades et consulats de la République Islamique de Mauritanie à l’étranger ont été sujet à critique et la perception que le citoyen en a n’est pas des plus satisfaisantes. Depuis bien des années l’on dénonce dans les médias et à travers les témoignages des mauritaniens à l’étranger notamment la carence de ces institutions. Elle sont considérées comme des villégiatures pour fonctionnaires et autres personnels qui les reçoivent en contrepartie de « services rendus » au régime ou sur la base de parentés et autres liens tribaux ou partisans loin des considérations de compétences ou d’efficacité . Ainsi
    l’ambassadeur ou le consul qui « débarquent » dans les ambassades et les consulats non pas souvent une volonté de servir mais souvent de se servir. L’ambassade est un lieu de repos et de villégiature dont le locataire usait et abusait car, ne sachant pas combien de temps, il allait y perdurer en faisait un fond de commerce par lequel transitait vers la Mauritanie la consommation énorme qu’il faisait au frais de l’ambassade des « duty-free » et autres approvisionnements au marché libre.


    Comment se maintenaient les ambassadeurs et autres consuls à leurs postes ? Par un appui dans l’administration centrale et par une allégeance à un « cercle » de personnes qui leurs servaient d’arrière garde et qui dans l’administration centrale bénéficiaient périodiquement de leurs largesses. Le voyage d’un ambassadeur ou d’un consul en Mauritanie est
    l’occasion pour lui de rémunérer en « cadeaux » et autres « offrandes » ce cercle d’influence qui lui assure le maintien à son poste. C’était une politique du donnant-donnant, dans laquelle tout le monde y trouvait son compte.

    L’ambassade n’était qu’un endroit de séjour pas une administration aux services de quelconques intérêts. Les chefs de missions étaient davantage préoccupés par leur maintien dans leurs privilèges que de la gestion des intérêts de l’Etat dans le pays hôte.
    La mission diplomatique s’en ressentait et souvent même les autorités du pays hôte devant
    l’inactivité de ces missions les ignoraient complètement. C’est ainsi que l’on a pu voir une ambassade qui était tellement ignorée par le pays hôte, que le Ministère des affaires étrangères de ce pays ne répondait même pas au courrier qu’elle lui adressait.

    La mission diplomatique ne remplissait , justement aucune de ses missions. Le volet culturel de son activité n’existait pas. Le volet commercial encore davantage. Son rôle se limitait à confectionner une valise diplomatique qu’elle expédiait périodiquement au pays dont on peut soupçonner le contenu et la valeur au vu de son inactivité.


    Au niveau du personnel des ambassades et des consulats


    Le personnel des misions diplomatiques, titulaires et de contractuels, se caractérise par un effacement total et une routine des plus caractéristiques des administrations qui tiennent à leurs privilèges. Outre une allégeance souvent frisant le ridicule au chef de la mission diplomatique, le personnel tourne autour du comptable de la mission qui est le pivot central et le complice de toute la mauvaise gestion. Le contrôle de gestion, et l’inspection des services comptables étant absents, le comptable est passé maître dans la fructification des allocations budgétaires à son profit et parfois au profit du chef de la mission diplomatique et avec sa bénédiction.

    Les comptes rémunérés auprès des banques par lesquels transitent les bourses des étudiants et les salaires du personnel avant de leur être versés, les manipulations du taux de chancellerie au moment des paiements, le trafic sur comptes en devises, les factures d’achat de biens et de services fictifs, la revente en local des produits achetés en duty-free à travers la complicité du personnel et même de réseaux externes etc. sont autant de pratiques qui font l’originalité de nos missions mais qui n’échappent pas aux autorités du pays hôte qui le leur rendent bien dans leurs relations. Ces pratiques sont d’ailleurs couvertes par les soins qu’apportent nos chefs de missions diplomatiques et leurs comptables dans la disparition des documents et pièces comptables. Ainsi les archives sont toujours inexistantes ou dans un état empêchant leur consultation.

    Dans cette situation, l’on comprend que les missions diplomatiques et consulaires dans leur état actuel sont loin de servir le pays.


    II- Qu’attend-t-on des missions diplomatiques et consulaires de Mauritanie à l’étranger ?


    Ces missions, comme leur nom l’indique ont un objet celui d’assurer une présence de notre pays auprès d’un pays hôte. Cette présence se matérialise par deux rôles que doivent jouer ses missions. L’un à l’égard de l’Etat hôte à travers la volonté des deux Etats d’assurer le suivi et la coordination de leur coopération dans tous les domaines . Le second à travers
    l’encadrement et l’assistance des ressortissants du pays sur la terre de l’Etat hôte.


    Au niveau du rôle de coordination et de coopération.

    Pour illustrer cette mission voici comment le chef d’Etat d’un pays dont la diplomatie est
    l’une des plus efficace d’Afrique décrit le rôle joué par sa diplomatie : «
    De par ses qualités, la force de sa personnalité et son esprit d'initiative, l'ambassadeur a le devoir de donner une image vivante et réelle de notre pays.

    Le comportement et la conduite exemplaires de tout le personnel exerçant dans nos missions et ambassades et une gestion saine et rationnelle constituent autant de facteurs propres à conforter cette image.


    C'est dire la nécessité pour tous de s'engager dans le travail sérieux, fondé sur une vision claire de la politique du pays -- qui a bénéficié d'un consensus national -- et des objectifs qu'elle vise à réaliser dans l'intérêt général. Leur mission n'en sera que facilitée et ils auront l'autorité morale nécessaire pour l'accomplissement de leurs lourdes responsabilités de la façon la meilleure. L'une de ces responsabilités, et non des moindres, consiste à faire connaître la politique du pays et à expliciter ses programmes et objectifs, non seulement à travers les canaux officiels, ce qui est naturel, mais aussi à travers la presse et autres moyens de communications, de manière à lui garantir respect, considération, compréhension et appui et à renforcer le prestige dont elle jouit non seulement dans le pays hôte, mais aussi dans la région où le diplomate exerce. Je n'ai nul besoin d'attirer votre attention sur les efforts que vous êtes appelés à déployer à cette fin.

    C'est que dans le développement de la coopération et des échanges commerciaux et techniques avec l'étranger, le rôle de nos missions diplomatiques est essentiel à une époque où la conception de la diplomatie a évolué. D'une action qui ne dépassait guère les manifestations de courtoisie et l'apparat, l'activité diplomatique est devenue, pour une large part, une action soutenue, tendant à la conquête de nouveaux marchés pour les produits nationaux et à la recherche d'opportunités de financement et d'investissement. »

    Désormais, l'aptitude des ambassadeurs eux-mêmes, à assurer l'ouverture des marchés extérieurs aux produits tunisiens, à faire connaître ces produits ainsi que les possibilités de coopération et d'investissement dans notre pays, compteront parmi les principaux critères que nous adopterons dans l'évaluation des résultats de leur action et de leur tâche.

    La situation des colonies tunisiennes constitue l'un des principaux axes de notre politique nationale. Aussi, considérons-nous que le rôle des missions diplomatiques et consulaires dans l'encadrement de ces colonies et la préservation de leur sécurité et de leurs droits n'est pas de moindre importance que leurs autres devoirs.

    J'ai eu l'occasion, à maintes reprises, d'évoquer la question de l'émigration, les mutations qu'elle a connues du fait des développements de la crise économique mondiale et de ses retombées sur les politiques des pays d'accueil, ainsi que les pressions accrues subies par les émigrés en ce qui concerne leurs conditions de travail et de résidence, sans compter les problèmes nés du poids croissant de la deuxième génération et la problématique qui en découle et qui a trait essentiellement à leur vie familiale et à la consolidation de leurs liens avec la patrie.

    Nul doute que nos colonies sont conscientes du rôle qui leur incombe dans le renforcement de nos plans de développement et la réalisation de projets économiques. Elles ont, du reste, apporté leur contribution à l'effort national.

    Nos représentations sont appelées à être en contact permanent avec ces colonies et à inciter les travailleurs parmi elles à épargner davantage, à encourager les hommes d'affaires à investir dans leur pays, en faisant valoir les opportunités et les avantages qui leur sont offerts. » (Allocution du Président de la république tunisienne Zine El Abidine Ben Ali à la clôture de la conférence des ambassadeurs - Carthage, 1er août 1989)

    III-Quels instruments de gestion pour la mission diplomatique ?

    La comptabilité denier et matière : des documents et….des principes

    La comptabilité des ambassades est une comptabilité denier et matière , tenue par le comptable de la mission. C’est une comptabilité tenue à
    l’image de la comptabilité ménagère. Une présentation en « Revenu/dépenses ». Les allocations faisant ici figure de revenu. Aucune information ne transparaît de cette comptabilité… jusqu’à ce qu’apparût la comptabilité à partie double. Mais cette comptabilité pourra-t-elle aider à palier les insuffisances de celle à partie simple jusque-là utilisée ?

    Pour répondre à cette question voyons comment le comptable diplomatique et consulaire enregistre les opérations de la mission. La comptabilité des comptables des missions diplomatiques, en tant que comptable secondaires du Trésor, utilise quelques comptes issus de trois classes :

      la classe 3 : les comptes de liaison. Recettes (390.21) et dépenses (390.20)

      La classe 4 : comptes d’imputation provisoire en recettes (476.4) et en dépenses (472.4)

      La classe 5 : compte caisse (561.4), compte banque (551.4) et compte mouvements de fonds (581.4)

    A cette comptabilité denier, s’ajoute celle des valeurs inactives qui retrace les opérations de vente au comptant de ces valeurs (timbres, tickets etc.)

    Ainsi la comptabilité des postes diplomatiques donne lieu à des opérations d’enregistrement simples. Des recettes enregistrées au comptant et des dépenses sur crédits délégués à la mission diplomatique (crédits budgétaires ouverts par la loi de finances aux différents postes diplomatiques et consulaires) et les dépenses induites par les variations de change.

    Ainsi un comptable qui émettrait une dépense dont il et assignataire créditera un compte dépense (type 390.20) et débitera un compte caisse (561.4) ou banque (551.4). Les comptes de dépense augmentant au débit et diminuant au crédit.

    Il aura donc réalisé un enregistrement correct de l’opération du point de vue comptable. Cette opération portée au livre-journal, puis au grand-livre enfin, un extrait du grand-livre constituant un bordereau mensuel de versement, accompagné des pièces justificatives des recettes et des dépenses est expédié au Trésorier général de Mauritanie pour centralisation.

    Mais là ou le bât blesse et où la comptabilité ne peut strictement rien c’est la grande manipulation qui touche les montants figurants dans les pièces justificatives de dépense accompagnant les bordereaux.

     

    En effet, soit par eux-mêmes et à leur profit, soit par connivence avec l’ordonnateur de la mission, les comptables se livrent à la production « vraies-fausses » pièces justificatives. Celles peuvent être rangées en une multitude de catégories dont voici quelques unes ostensibles et notoires !

     

      Les fausses factures (exemples : achat d’un bien ou d’un service fictif)

      Les factures surévaluées (Un bien ou un service est facturé plusieurs fois sa valeur réelle)

      Les factures d’achat morcelé (un bien est acheté dégroupé pour bénéficier sur chaque facture de frais de transport ou de livraison fictifs)

      Les reçus de frais divers à l’occasion de réceptions, d’invitations fictives ou de déplacements sans objets.

      Etc.

    Il est donc facile de centraliser la comptabilité d’un comptable secondaire par un comptable principal, mais quelle efficacité à cela sur la réalité de la gestion comptable du poste diplomatique.

    Ce formalisme, certes nécessaire cache des réalités de dilapidation des deniers publics. Une dilapidation de ces crédits alloués à ces postes diplomatiques qu’aucune comptabilité ne peut appréhender. Et cela porte sérieusement préjudice aux moyens alloués à la mission et fait d’ailleurs que nos ambassades sont inefficaces et souvent dans un délabrement visible. Et de cette situation ne profite personne à part un comptable, un ordonnateur et un réseau local bien huilé de production de fausses factures et autres canaux de détournement.

    S’il est vrai que le comptable produit une comptabilité, à savoir des documents,
    il reste que cette comptabilité est loin de répondre aux principes mêmes qui doivent régir son établissement et notamment à celui de la sincérité. Si la régularité formelle est respectée, la sincérité est absente. L’écriture comptable ne faisant pas ressortir la réalité de la gestion du poste comptable, elle s’analyse en une transcription formelle, en classes, comptes et sous-comptes d’opérations rapportant des « mouvements de fonds à l’initiative du comptable » mais ne peuvent faire apparaître l’essentiel, les malversations, dilapidation et détournements « réguliers » des ressources publiques.

    En effet, il est impératif que la production d’une comptabilité par un poste comptable soit accompagnée d’une appréciation des pièces justificatives fournies à travers notamment :

      Une grille de lecture établie à l’avance pour chaque poste diplomatique et consulaire rapportant des indices, dans le pays considéré, pour la valeur de biens et de services notamment ceux auxquels recours les missions diplomatiques et consulaires (biens meubles ou immeubles, services locaux etc.). Cette grille est actualisée chaque année pour tenir compte de la variation des prix dans le pays considéré. Une copie en est transmise au responsable du poste diplomatique et consulaire pour information. Cette grille de lecture est tenue par les services de la Trésorerie générale, pour apprécier les montants figurant dans les pièces de dépenses fournies par les comptables avec leurs bordereaux.

      Un historique des comptes des différents postes comptables, permettant de dégager sur une période donnée les variations dans la gestion du poste (consommation des crédits, types de dépenses etc.) afin de déceler les fonctionnements erratiques ou les dysfonctionnements dans l’emploi des crédits alloués.

      Une mission périodique de « contrôle sur pièce et sur place » qui se rendrait dans les missions diplomatiques pour évaluer la gestion, la réalité des biens et des services, leur valeur réelle sur le marché local et la sincérité de la tenue comptable. Il suffirait ainsi par exemple que « l’inspection générale des ambassades » du Ministère des Affaires étrangères et de la coopération (disposant d’un budget pour 2008 de 9 millions 452 mille ouguiyas) se mettent à jouer le rôle qui lui est dévolu et à bénéficier des moyens pour ce faire.

    D’autres solutions pourraient être envisagées pour donner à la comptabilité des postes diplomatique et consulaire une « réalité » . Car quel que soit le mode de comptabilisation (simple ou à partie double) la vérité de la gestion des deniers publics ne peut transparaître qu’à travers un contrôle rigoureux des pièces comptables et de l’activité de ceux qui les tiennent au « secondaire. »

    Sans cela la comptabilité sera probablement régulière (car respectant les modes d’enregistrement) mais elle ne sera jamais ni sincère ni fiable et ne donnera jamais une image fidèle de la gestion comptable de nos postes diplomatiques et consulaires. Prolongeant à l’extérieur une gabegie de
    l’intérieur.

     

    Mais les moyens financiers fournis aux ambassades ne sont qu’une logistique pour réaliser leurs objectifs. Nous avons vu les handicaps comptables qui ne sont certes pas étrangers à l’immobilisme de nos missions diplomatiques mais peut-on évaluer leur « rentabilité » ?

    IV- Peut-on évaluer la rentabilité d’une mission diplomatique ou consulaire ?

    La réponse à cette question est certainement positive. Mais il convient de dire qu’il ne peut
    s’agir d’une évaluation quantitative qui raisonnerait en termes de prix mais à travers une optique qualitative en termes de coût-avantage.


    Si les coûts sont connus notamment à travers les allocations budgétaires, les avantages se doivent d’être précisés. Ils pourraient tenir en une question :
    quels sont les avantages que l’Etat attend de son ambassade dans un pays donné ?

    Ces avantages peuvent être identifiés principalement aux niveaux suivants : diplomatique, commercial, culturel, technique etc. Ces avantages peuvent aussi se concevoir en ce que
    l’Etat donne et reçoit à travers la coopération dynamique dont l’ambassade ou le consulat est la cheville ouvrière. Si ces attentes sont définies, il reste à s’interroger sur la possibilité de les évaluer à travers un outil d’appréciation de l’activité de la mission. L’on pourra préconiser l’introduction d’une comptabilité diplomatique de programmes.

    La comptabilité diplomatique de programme

    Le rôle du chef de mission est d’autoriser les dépenses, celui du comptable assignataire est de les payer. Dans ce processus, la comptabilité de programmes aura un rôle essentiel dans la synchronisation des autorisations et des paiements. D’autre part, cette comptabilité déterminera le calendrier des engagements de la mission et permettra d’apprécier l’équilibre prévisionnel de trésorerie par référence bien entendu au niveau des crédits budgétaires délégués à l’ambassade.

    Elle fournira une information précieuse pour les gestionnaires des missions diplomatiques et les autorités centrales par le rattachement des charges financières d’intervention de ces missions aux programmes assignés. En somme cette comptabilité de programme permettra de dégager à travers la relation coût-avantage, une appréciation de l’apport de la mission diplomatique ou consulaire au pays.

    Certes, si le coût est connu, quel pourrait être l’appréciation des avantages résultant d’une mission diplomatique ?

    La réponse à cette question résulte uniquement dans la capacité des autorités centrales en collaboration avec les chefs de missions à fixer un « canevas » d’objectifs et de réalisations à atteindre sur une période déterminée (annuelle ou pluriannuelle). Les résultats serviront à apprécier l’efficacité de la mission. Ainsi, l’utilisation des taux de réalisation des programmes culturels, commerciaux, économiques assignés aux ambassades dans le pays hôte sur la base de lettres de missions précises délivrées aux responsables de ces ambassades, seront de bons indicateurs pour évaluer leur rendement pour la nation.

    Fixation des objectifs pour chaque ambassade et consulats, hiérarchisation des objectifs par priorité, affectation d’un indice de réalisation en fonction de la priorité.

    Pour ce faire,
    il faudrait que la philosophie qui a guidé, jusque-là, la diplomatie mauritanienne soit revue et corrigée eut égard aux exigences d’un monde en pleine mutation dans ses relations et ses échanges.

    En effet, l
    a diplomatie mauritanienne a toujours été un simple instrument de relais politique et moins un outil efficace au service d’un rayonnement culturel, économique et technologique à valeur ajoutée pour le développement de la nation. Les ambassades de Mauritanie se doivent désormais de remplir une mission pleine et entière et non plus seulement le rôle très restreint de relais politique, de centre d’accueil de responsables en mission et de payeur de bourse pour les étudiants.

    Un comptable secondaire disposant d’une comptabilité sincère et sous surveillance des services du Trésor, un chef de mission disposant d’une comptabilité administrative contradictoire, des services centraux partageant avec les missions une comptabilité de programme pour évaluer leurs activités et en tirer les conclusions nécessaires pour l’élaboration d’une stratégie diplomatique à tous les niveaux (culturels, économiques etc.) au bénéfice du pays, voilà une structure au service de la nation.

    Une telle articulation d’instruments comptables financiers, administratifs et de programmes est un préalable à toute volonté de faire de nos missions diplomatiques et consulaires des instruments au service du pays.
    Car c’est dans l’opacité financière, le laisser-aller d’une gestion au grès des responsables des missions et de leurs comptables que se situe le premier niveau de l’inefficacité qui touche ces missions.

    Le second niveau reste à traiter à une échelle centrale, à savoir faire du Ministère des Affaires étrangères , un département qui met en place une stratégie globale dans laquelle
    s’inscrivent les instruments de gestion précités dans le cadre d’une politique qui privilégie
    l’intérêt supérieur de la nation , loin de cercles d’influence qui font de l’intérêt de quelques uns, un intérêt d’Etat. Mais cela est-il pour demain ?

    le 27/03/2008

    Pr ELY Mustapha

     source : L’Authentique (Mauritanie)

     

    Tiré de www.cridem.org

 

 

 

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