A.H.M.E.

ARTICLE 134 :

 

 

 

Les préalables à toute abolition réelle de l’esclavage et du racisme
en Mauritanie

 

Les préalables constituent la fondation d’une politique d’abolition. Ils sont différents des conditions nécessaires en vue de la réalisation concrète de l’abolition elle-même.

 

I)                  Reconnaître la communauté haratine dans la Constitution mauritanienne. En effet, une communauté ignorée, dans la loi suprême ( Constitution ) ne peut être prise en compte sur le plan politique. L’absence d’une prise en compte de la communauté haratine est le symbole même d’un manque de volonté politique

II)               Inscrire dans la Constitution le principe de l’égalité raciale. L’esclavage maure repose sur le racisme et la supériorité     d’une race ( berbère et arabe ) sur une autre ( noire ). Il faut d’abord mettre fin à cette inégalité raciale. Il convient de ne pas confondre l’égalité raciale et l’égalité des citoyens. Dans une République les citoyens sont censés avoir les mêmes droits. Or, cette égalité citoyenne est handicapée par le racisme en Mauritanie. Il convient donc de reconnaître l’égalité raciale. Puis c’est son application conséquente qui permettrait une égalité des citoyens. En effet, les citoyens sont des êtres égaux. Or, le Hartani ( esclave ) n’est pas l’égal du Maure. Celui-ci, n’est pas l’égal du Négro-mauritanien.

III)            Sortir constitutionnellement ou par la loi ordinaire l’esclavage du joug de l’Islam. Aujourd’hui, la question de l’esclavage relève du droit musulman. L’Islam a reconnu
l’esclavage et l’a sacralisé. Il faut non seulement abolir l’esclavage mais aussi soustraire toutes les affaires y afférentes au droit musulman par une décision politique : qu’il
s’agisse de l’héritage, du mariage, des litiges fonciers, de la Zëkat, la Saddagha, … qui sont des moyens d’exploitation utilisés par les Maures à l’encontre des Haratine ( je renvoie à ma thèse, P. III )

IV)            Interdire dans la Constitution toute détention d’esclaves par un fonctionnaire, un parlementaire ( sénateurs et députés ), hommes politiques, etc.  En fait, les pratiques esclavagistes doivent être interdites à tous les serviteurs de l’Etat. Comment voulez-vous lutter contre l’esclavage quand les serviteurs de l’Etat sont eux-mêmes esclavagistes ?
C’est ainsi qu’en Mauritanie, les magistrats, les enseignants, les préfets, les gouverneurs, les journalistes, les diplomates, les ministres, les présidents de la République, les sénateurs, les députés, les maires … sont tous détenteurs d’esclaves et à ce titre, ne peuvent lutter d’une manière conséquente contre l’esclavage. Aujourd’hui, SOS-Esclaves, la CNDH et l’AFCF dénichent des esclaves dans les parties rurales du pays. Or, les ministres à Nouakchott ainsi que de nombreux fonctionnaires détiennent des esclaves sans être inquiétés. L’Etat doit exiger que ses serviteurs donnent l’exemple dans sa lutte contre l’esclavage.

V)               Inscrire dans la Loi suprême la discrimination positive en faveur des esclaves. Comment imaginer que des personnes nouvellement affranchies se prennent en charge quand, durant des générations, elles ont été conditionnées, animalisées, ne sachant
qu’obéir aux ordres de leurs maîtres et vivre des restes ( el Vëldhlë ) ? Un jour, par une science infuse, elles doivent se débrouiller pour vivre, se loger, s’habiller, se soigner … Si les esclavagistes privés peuvent avoir des comportements irresponsables, l’Etat ne peut et ne doit se dérober à sa responsabilité, notamment une prise en charge des victimes de l’esclavage et leur accompagnement en vue de s’insérer dans la vie économique, sociale, juridique, …

VI)            Recenser les Haratine en tant que communauté à part, différente des Négro-mauritaniens et surtout des Maures qui utilisent la composante haratine pour exercer un pouvoir politique auquel ils n’ont pas droit en réalité. En effet, si le critère du nombre est déterminant ( il l’est en démocratie, il ne l’est pas dans la féodalité), les Maures ne sont pas   majoritaires en Mauritanie. Par conséquent, le pouvoir en Mauritanie est une usurpation politique. Les Haratine sont recensés comme serviteurs ( esclaves) et leurs votes restent détournés au bénéfices des Maîtres . Pour rompre avec ce système féodal et esclavagiste, il faut appliquer le principe d’égalité entre tous les êtres humains ( apports des  Révolutions française « 1789 » et américaine « 1776 » à l’humanité). La négation des Haratine est une conséquence de l’esclavage ( l’esclave n’est pas une personne par statut). Peut-on vivre sous une République islamique et sous une « démocratie » alors que la société mauritanienne ( en particulier maure) est une société esclavagiste comme les anciennes  sociétés grecque et romaine.

 La ruse politique des Maures consiste à faire croire à l’existence d’une République et
d’une démocratie alors que le système politique mauritanien est bâti sur l’esclavage donc l’exploitation et l’exclusion. Il convient de sortir l’esclavage des traditions liées à une situation historique et économique dépassée.

 

 

 

Mohamed Yahya ould Ciré

 

Contemporary slavery - III

A reader commented on two of my recent blogs devoted to contemporary slavery. It was none other than Mohamed Yahya Ould Ciré, a former Mauritanian diplomat and member of the Haratin community, now living in exile, who leads a non-governmental organization based in France which is campaigning against slavery in Mauritania. (For more information, click on www.haratine.com)

Since these comments were sent to me in French only, I am posting them again in French as a guest blog, and translating them myself into English, as a way of drawing attention to the plight of the Haratin. I will naturally be returning to the subject of contemporary slavery, as well as other forms of servitude, detention and captivity, in different countries.

Mohamed Yahya ould Ciré, exiled Mauritanian campaigner against contemporary slavery

Mohamed Yahya Ould Ciré, an exiled Mauritanian who is campaigning against contemporary slavery

Mohamed Yahya Ould Ciré

What is needed to truly abolish slavery and racism in Mauritania?

The following steps are needed to develop a policy of abolition. They are different from the conditions needed to bring about abolition itself.

I) The Haratin community should be explicitly recognized in the Constitution. A community which is ignored in the supreme law (constitution) cannot be taken into account politically. The lack of consideration towards the Haratin community reflects a lack of political will

II) The principle of racial equality should be enshrined in the Constitution. Moorish slavery is based on racism and the superiority of one race (Arab and Berber) over another (black). We must first put an end to this racial inequality. It is important not to confuse the equality of races with the equality of citizens. In a republic, the people are supposed to enjoy equal rights. However, this equality of citizenship is hindered by racism in Mauritania. Racial equality must therefore be recognized. The equality of citizens would then stem from racial equality. Indeed, citizens are equal beings. However, the Hartani (the slave) is not equal to the Moor. The Moor is not the equal of black Mauritanians. [Hartani is the singular; Haratin is the plural.]

A map of Mauritania, in West Africa

A map of Mauritania, in West Africa

III) Slavery should be removed via the Constitution or ordinary law from the yoke of Islam. Currently, slavery falls under Islamic law. Islam has recognized slavery and has made it sacred. We must not only abolish slavery, but also prevent political decisions from being taken that refer all slavery-related matters to Islamic law: whether inheritance, marriage, land disputes, the Zëkat, the Saddagha … all of which constitute means used by Moors to exploit Haratin (please refer to my thesis, p. III)

IV) Any ownership of slaves by a public official, parliamentarian (senators and deputies), politicians, etc., should be explicitly prohibited by the Constitution. In fact, slave ownership by all servants of the State must be prohibited. How can you fight slavery when even the servants of the state are slave-owners themselves? In fact, in Mauritania, judges, teachers, prefects, governors, journalists, diplomats, ministers, presidents, senators, deputies, mayors … are all slave owners and as such, cannot fight in a coherent manner against slavery. At the present time, the NGOs SOS-Esclaves, CNDH and AFCF track down slaves in rural areas of the country. But ministers in Nouakchott [the capital of Mauritania] and many officials hold slaves in total impunity. The State should require public servants to set the example in the fight against slavery.

V) Affirmative action in favour of slaves should be enshrined in the Constitution. How can one imagine that the newly enfranchised will be able to fend for themselves when, for generations, they have been conditioned, treated like animals, knowing only how to obey the orders of their masters and to live off scraps of food left for them (el Vëldhlë)? Suddenly, at an intuitive level, these newly enfranchised (former slaves) have to meet all their own requirements in terms of living, lodging, clothing, medicine … Slave-owners may act recklessly in private, but the State cannot and must not shirk its responsibility, which includes taking care of the victims of slavery and supporting their integration into economic, social and legal life…

VI) A distinct census of Haratin should be undertaken, differentiating them from “Negro-Mauritanians” and especially from Moors who use the Haratin component [of society] to exercise political power to which they in fact have no real right. The standard in democracy (although not in feudalism), is to determine the numbers of people [in order to establish what constitutes a majority]. By this standard, the Moors do not constitute the majority in Mauritania. Consequently, political power in Mauritania has been usurped. The Haratin are identified as the servants (slaves) and their votes are diverted for the benefit of their masters. In order to break with the feudal system and with slavery itself, we must apply the principle of equality of all human beings, which was offered to humanity by the French Revolution of 1789 and the American Revolution of 1776. The negation of the Haratin is a consequence of slavery (since by statute a slave is not a person). How can we live in an Islamic Republic and in a “democracy” when Mauritanian society (especially Moorish society) is a slave society, much like ancient Greek and Roman societies?

The cunning stratagem of the Moors is to claim that the Mauritanian political system is a republic and a democracy, whereas it is actually built on slavery, and therefore on exploitation and exclusion. It is time to cut slavery off from traditions which are rooted in an antiquated historical and economic context.

Mohamed Yahya ould Ciré

Mohamed Yahya Ould Ciré

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October 20, 2009 | Tags: esclavage, Haratin, Haratine, Maures blancs, Mauritania, Mauritanie, Mohamed Yahya ould Ciré, slavery, White Moors | Category: Justice | 1 comment

Traduit par George Tombs

Source : www.evidentia.net

 

 

 

 

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