A.H.M.E.

ARTICLE 123 :

 

 

 

Rétrospective
Par Breyka Ould M'Bareck

 

    Dans le cadre de la commémoration de l'abolition de l'esclavage dans les colonies et possessions françaises le 27 avril 1948 et conformément à l'esprit de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme Du 10 Décembre 1948, il me parait opportun d'évaluer les attentes et les acquis de la communautés des Khadaras (Esclaves et affranchis) en matière progrès et justice sociale, de l'émancipation et du développement économique dans notre pays.

    S'il est admis qu'il existe aujourd'hui deux lois portant sur l'abolition de l'esclavage (novembre 1981) et sur sa criminalisation (2007), il n'en demeure pas moins que la contestation (inscription sur les murs, création d'un front pour l'unité d'action des haratines de Mauritanie ainsi que les nombreux tracts distribués) dénotent d'un mécontentement largement perceptible au niveau des populations issues de cette frange qui constitue l'une des plus grande communautés de notre pays.
    Ce malaise s'explique essentiellement par l'echec des solutions préconisées à savoir :
    1- Les différents gouvernements ont privilégié la nomination de personnalités de cette couche aussi bien dans le gouvernement que l'administration centrale et territoriale et parfois soutenir des candidats pour les élections législatives et municipales. Ces personnes sont souvent déconnectées par rapport aux masses qui sont elles dans le besoin au quotidien. A mon avis défendre la cause des Khadaras n'est pas une étiquette que l'on se colle au front ou que l'on colle aux autres quand on veut. Il s'agit plutôt d'un comportement, une attitude à l'égard des causes justes. Etre un homme qui défend la cause des khadaris n'est pas une marque indélébile mais se vérifie sur le terrain de la lutte, dans le comportement et la permanence de l'engagement militant.
    Ce qui explique que l'on peut retrouver dans le camp des maitres quelqu'un qui peut prendre exceptionnellement un jour conscience du mal qu'il a fait et s'amender et devenir un défenseur des causes justes. Un Khadari peut aussi, à l'inverse par opportunisme devenir un renégat très dangereux qui se mettrait au service de l'ancien maître pour une parcelle de pouvoir seulement. L'expérience dans notre pays a démontré parfaitement la preuve de cet état de fait.
    2- Depuis toujours l'aspect socio-économique a été négligé ce qui a perpétué la dépendance des affranchis à leurs maîtres et accentué leur misère et handicapé leur apport dans le développement du pays.
    3- A ceci s'ajoute la marginalisation des nombreuses compétences et cadres issus de cette communauté dans l'attribution des quotas dans nominations (ministres, conseillers à la Présidence, chargés de missions, directeurs, gouverneurs, préfets etc...)

    En raison de l'intérêt que le Président de la République a manifesté en direction de cette composante, et compte tenu de la nomination du nouveau premier ministre qui jouit de sa très grande confiance, j'attire son attention sur le fait que des cadres de cette frange se sont illustrés par leur patriotisme, leurs compétences et leur sérieux dans différentes administrations et méritent une attention particulière. Il peuvent être utiles dans la réalisations des objectifs tracés par le Président pour l'émancipation de cette communauté. Je me limiterai, compte tenu du nombre très important de ces cadres, de donner des noms à titre indicatif.
    Il s'agit de Mr Ahmed Ould Khattri Directeur du Procapec, du Dr Haimoud Ould Ramdan chargé de mission au ministère de la justice, de Maitre Mohamed ould Lagdaf avocat auprès de la cour de Nouakchott, Mr Fah ould Sid'AHMED professeur de sciences, Mme Marième mint Bilal Ingénieur, Dr Houmeini Ould Sidi professeur à l'Université de Nouakchott, Cheikh Ould Maata ministère de l'Emploi.

    Ces suggestions ne sont pas fortuites et répondent à une aspiration profonde de cette frange à voir ce nouveau gouvernement prendre en charge ses doléances. En effet l'échec totale du gouvernement précédant à apporter des solutions à cette problématique fait que nous fondons beaucoup d'espoirs sur la nouvelle équipe gouvernementale qui sera nommée par le Président.

    Enfin, je ne peux terminer sans déplorer l'absence totale de réactions de la part de nos intellectuels et de nos officiels devant la disparition d'Aimé Césaire ce grand panafricaniste. En ce qui me concerne, je saisis l'occasion pour lui rendre un vibrant hommage.

    Breyka Ould M'Bareck
    Ancien membre du Comité Militaire de Salut National

    Le 10 mai 2008

Source : http://www.avomm.com

 

 

 

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