A.H.M.E.

ARTICLE 119 :

 

 

 

L’esclavage en Mauritanie

     

    L’esclavage a été aboli en Mauritanie depuis 26 ans. Nous dit-on. Mais rien n’a semble t-il changé. C’est pour cela que le nouveau gouvernement, qui a remplacé la junte militaire dirigée par Ould Vall, a décidé de soumettre un projet de loi à son Parlement pour la « criminalisation » de l’esclavage. Les radios étrangères notamment ont ouvert leurs micros aux auditeurs qui, tous, semblent douter de la faisabilité du projet. Pour différentes raisons.

    Pour certains, l’esclavage n’est pas seulement le fait de « maures blancs », mais aussi de Soninkés et de haal pular. Mais il y a aussi le fait que les esclaves actuels, «  ne veulent pas être libérés  » parce qu’ils n’auraient ni maisons, ni terres. Et qu’il faudrait donc des mesures d’accompagnement. La honte pour l’Afrique, c’est qu’il puisse encore exister ces choses-là : des hommes qui soumettent à leurs milles volontés d’autres hommes. Que des hommes soient sans droits, sans logis, sans terres et dépendent exclusivement d’autres hommes : leurs Maîtres. Et que les chefs d’Etat et de gouvernements de ces pays-là, puissent s’asseoir à la même table que d’autres qui prétendent respecter les droits de l’Homme.

    En ce qui concerne la Mauritanie où ces vestiges d’un autre temps existent encore, c’est un « pays ami » du Sénégal (et d’autres pays), mais justement voila une raison supplémentaire de lui dire la vérité : nous ne pouvons tolérer qu’à nos frontières, ces rites d’un autre âge perdurent et qu’on accueille en grandes pompes ses dirigeants et qu’on «  zappe », au nom de la raison d’Etat et de certains intérêts les droits de l’homme et des peuples.

    Le ridicule, c’est qu’il y a une semaine, nos chefs d’Etat discutaient de projets aussi sérieux qu’un gouvernement continental et des Etats-Unis d’Afrique ! Comment aurait-on pu former un gouvernement commun avec des Etats qui regardent se perpétuer des choses aussi indignes que l’Esclavage que nous reprochons pourtant, gorge déployée à l’Occident.

    La France en particulier. Commençons par balayer devant nos portes pour être crédibles quand nous formulons des revendications ou des critiques vis-à-vis des autres.

    Les nouvelles autorités de la Mauritanie, si elles ne veulent pas rater cette mission de « salubrité civique et citoyenne », doivent, non seulement faire adopter ce projet de loi, mais aussi prévoir des mesures d’accompagnement pour atténuer les hésitations des esclaves à quitter leurs Maîtres, et les mesures de rétorsion de ces derniers.

    « African Global News » et son hebdo, « La Sentinelle », organes résolument panafricains et africanistes, souhaitent la réussite de ce projet. Pour qu’enfin, dans aucun de nos pays, que des hommes oppriment d’autres hommes. Nous appuyons également la décision de rapatrier les réfugiés mauritaniens qui, depuis dix-huit ans, vivent au Sénégal et au Mali. Les enfants qui sont nés dans ce pays sont aussi majeurs et auraient pu participer au choix de l’actuel président mauritanien, s’ils avaient été en Mauritanie.

    * Cette chronique n’est pas quotidienne mais selon les besoins de l’actualité continentale.

     

    Le 26 avril 2008

    Demba NDIAYE

     

 

 

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