TEMOIGNAGE 96 :

 

A.H.M.E.

 

 

Communiqué à la Presse

L’esclavage continue de plus belle !

L’affaire de HANNA Mint Mariya

 

Le 22 avril 2009, SOS – Esclaves a été informé à propos d’un cas d’une fillette  de 11ans victime d’esclavage.

Il s’agit de Hanna Mint Mariya  née à Naïme. Elle est fille de  Mariya Mint M’Bareck âgée de 48 ans environ et d’un pere qu’elle declare ne pas connaître. Elle pretend avoir une sœur aînée qui s’appelle Baraketou Mint Mariya, épouse d’un certain Bilal Ould Souleymane qui serait lui aussi esclave de cette même famille et ils ont cinq enfants dont les noms  sont les suivants : Yacoub Ould Bilal, Souleymane Ould Bilal, Abderrahmane ould Bilal, Moussa ould Bilal, Moune mint  Bilal. Meme si Mme Mint Mbareck declare que Hanna est l’unique fille qu’elle a.

Devant deux assistants sociaux et l’avocate constituée pour ce cas, Hanna Mint Mariya  déclare etre utilisée par Mme Toumenne Mint Ahmedou  Ould Dhunureine à des fins esclavagistes et soumise à la maltraitance, et l’exploitation. Selon elle, elle s’occupe des travaux domestiques et de la surveillance des touts petits enfants au moment ou les enfants de Mme Ould Dhunureine vont à l’ecole.

Pour SOS-Esclaves, le cas de Hanna Mint Mariya  constitue un cas typique d’esclavage par ascendance d’autant selon Hanna, sa mère Mariya Mint M’Bareck est l’esclave de la mère de Madame Toumenne Mint Ahmedou  Ould Dhunureine. Ce qui a certainement donné autorité à cette derniere à s’approprier Hanna comme esclave domestique.

Meme si Mme Dhunureine prétend que Hanna lui a été confiée par Mint Mbareck qui est son ami, les conditions dans lesquelles Hanna vit démontrent le contraire pour les raison suivantes :

Le fait que la fille Hanna âgée de 11 ans déclare que sa mére Mariyé est l’esclave de la mère de la femme chez qui elle se trouve, c'est-à-dire Toumenne Mint Ahmedou  Ould Dhunureine ;

Hanna n’a pas été scolarisée comme les autres enfants de la dame Toumenne qui sont plus jeunes qu’elle et ils n’ont pas non plus recruté un marabout pour lui enseigner le coran ni inscrite dans une mahadra comme cela se fait pour les enfants de son âge mais c’est la dame qui n’est pas professeur de coran qui prétend l’enseigner ;

elle garde les enfants de la dame, elle l’aide à faire la vaisselle, le linge, l’entretien de la maison et qu’elle dormait dans la véranda pendant que les autres sont dans les chambres, qu’elle a d’autres sœurs ;

Hanna effectue les travaux domestiques même si son âge ne s’y prête pas et surtout sans compensation aucune même si elle prétend sa maîtresse la paie et qu’elle ne sait pas combien, mais que l’argent serait envoyé à sa mère par les soins du mari de la femme ; Ce que ses maîtres nient catégoriquement ;

D’autre part, le statut des parents de Hanna Mint Mariya egalement corrobore les convictions de SOS-Esclaves.  En effet, selon Hanna sa mére Mariyé est l’esclave de la mère de la femme chez qui elle se trouve, c'est-à-dire Toumenne Mint Ahmedou  Ould Dhunureine ;

Actions menées par SOS-Esclaves

Dès que SOS a été saisi, Le Président de l’organisation Boubacar Messaoud et le Chargé de Mission Birane Ould Abeïd se sont rendus auprès du Hakem de Teyarett pour dénoncer l’esclavage pratiqué par Mme Dhunureine sur Hanna Mint Mariyé.

Ils ont été reçus à 21 H  30 par le Hakem de Teyarett qui a tout suite convoqué le commissaire de police de la moughat’aa pour présenter devant lui le couple et la fillette Hanna. Ce qui fût fait très rapidement. Après avoir entendu quelques explications de la fille et du couple, le Hakem a saisi par téléphone  le Procureur de la République qui a donné instruction pour que la fille et le couple soient immédiatement envoyés à la brigade des mineurs pour les besoins de l’enquête.

Le couple et la fille sont pris en charge par une voiture de la police de Teyarett qui les a déposé à la brigade des mineurs ou le Président et les éléments de SOS-Esclaves se sont également rendus pour demander insister sur la nécessité de séparer la fille et sa maîtresse et du mari de celle –ci avant les auditions qui sont annoncées pour le lendemain. Il a été même demandé au commissaire de confier la fille à une personne à l’extérieur du commissariat car étant victime elle n’a pas à être gardée à vue. Dans un premier temps il a été d’accord pour la confier à Me Fatimata M’Baye. Quant la proposition a été faite à la fille à l’arrivée de Me Fatimata M’Baye, sa maîtresse s’est mise à pleurer et la fille  s’est également mise à pleurer et à refuser de se séparer de sa maîtresse. Bien entendu Me Fatimata M’Baye ne pouvait pas l’emmener contre sa volonté. C’est ainsi que la fille est restée à la brigade ou elle a été rejointe par sa mère à 2H du matin, en provenance de Naïme, localité située à plus de 110 km de Nouakchott.

En conclusion, SOS-Esclaves trouve qu’il y a une volonté manifeste de détourner  l’affaire de son contexte réel, car il y a eu plusieurs interventions de part et d’autres en vue d’empêcher la manifestation de la vérité. La première nuit passée à la police, Hanna n’a pas été séparée de sa maitresse ni de sa maman qui est venu de Naïme vers 2 heures du matin. Les auditions n’ont commencé que dans la journée du jeudi 23 avril vers 10 heures et le dossier clos à 13 heures. Et contrairement à la procédure habituelle, les gardés à vue n’ont pas été différés.

En effet, le commissaire de la brigade des mineurs  est allé apporter au Procureur de la République sur sa demande uniquement le dossier que ce dernier a gardé et a ordonné de libérer l’ensemble des personnes gardées à vue avec la garantie de leurs parents qu’ils se présenteront le dimanche à la police.  

              

Tentative captation d’héritage à caractère esclavagiste

Par le biais  de son représentant à Guérou, SOS-Esclave a été informé par Monsieur Kaber Ould RABI, 40 ans, aveugle et sa sœur Rokaya Mint RABI habitants à la localité de Chekatar commune de Oueïd Jrid pour un cas de tentative de captation d’héritage et d’atteinte à l’intégrité morale. 

En vue de recevoir des mains de Madame Abowa Mint Moulaye Ahmed et devant témoin, la somme de 80000 UM en guise de remboursement d’une dette que son pere Moulaye Ahmed mort en 2009 devait à leur defunt pere Rabi ould Mbarka décédée en 1989 suite a une transaction. 

Ignorant tout de cette transaction et le montant, Kaber Ould Rabi et Rokaya Mint Rabi ont accepté sur proposition de Mme Abowa de recevoir l’argent devant témoin et se sont rendus chez Ahmed Ould Ahmed Maouloud en tant que autorité religieuse pour son témoignage moral

Malheureusement, lors ce cette rencontre tenu le 14 avril 2009, le notable leur a signifié que les 80000 UM ne revenaient pas aux enfants de Rabi Ould M’bareck pour la raison que leur pere était l’esclave d’un certain Mohamed Lemine Ould Salimou, de la fraction des Oulad Brahim, de la tribu Tejekant et commercant à Guérou que la somme lui revenait de droit en tant que maitre de leur père.

S’estimant profondément affecté dans leur dignité par les propos de Ahmed Ould Ahmed Maouloud Kaber et sa sœur ont saisi le 15 avril 2009 le Hakem de Guérou, et le Commissaire Hennoune Ould Yewnane, pour servir contre cette atteinte à leur dignité humaine et leur intégrité morale.

Reaction du Hakem de Guérou et du Commissaire

Même si le Hakem a été très méfiant à leur égard et a tenu à banaliser l’affaire qu’ils ont porté devant lui,  Le commissaire de police de Guérou (Hennoune Ould Yewnane) a tout bonnement cherché à étouffer l’affaire en suggérant que ce genre de problèmes soit réglé dans un cadre interne car connaissant les différentes parties et ne  supportant pas l’application textuelle de la Loi.

Pire, selon les dernières informations que SOS a recues, Le Commissaire aurait conseillé à M. Ahmed Ould Ahmed Maouloud (l’autorité religieux) de nier avoir dit aux ayant-droit de feu Rabi que la somme de 80000 Um revenait à Ould Mohamed Lemine Ould Salimou à titre de maîtres du défunt.

D’autre part, face à la tournure qu’a prise l’affaire, Mme Abowa Mint aurait décidé de ne plus rendre l’argent que sur présentation des pièces justificatives de la transaction de la part des ayants-droits, alors même que c’est elle-même qui avait initié la procédure et informé de ces dernière l’existence de cette dette.

Position de SOS-Esclaves

SOS-Esclaves dénonce l’attitude complice des autorités administratives qui contribuent à perpétuer ces pratiques d’une autre ère par le silence et la collusion, la banalisation et la manipulation des faits, et les exhortent à prendre leur responsabilité en rendant effective l’application de la loi dans toute sa rigueur, notamment la loi de septembre 2007 incriminant l’esclavage ;        

SOS-Esclaves condamne avec la dernière énergie ces considérations et pratiques abjectes, féodales, esclavagistes et rétrogrades incompatibles aux valeurs démocratiques et inadmissibles dans un Etat républicain ;

SOS-Esclaves invite les organisations de la société civile notamment les ONG de droits humains nationales et internationales, de même que les médias à rester mobilisées pour combattre toutes les pratiques esclavagistes qui constituent une gangrène dans la nation mauritanienne et l’obstacle principal à l’avènement d’une citoyenneté égale en Mauritanie. 

 

Fait à Nouakchott
Le Président
Boubacar Messaoud


 

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