TEMOIGNAGE 80 :

 

A.H.M.E.

 

  

 

Attentats pour légitimer le coup d’Etat du 6 août 2008

     

    L'embuscade sanglante du matin du 15 septembre 2008 visait un détachement de l'armée mauritanienne, dans une passe où les véhicule pick-up doivent se frayer un chemin étroit.  Celui-ci traverse une montagne située au Nord Est du pays, entre le plateau d'El Hank et la ville minière de Zouérate ; l'unité a été décimée au complet, blessés et morts, dont le capitaine Djé Ould Abidine.

     Les témoins et observateurs avertis de la crise politique en Mauritanie évoquent une manipulation, survenue à temps, pour détourner l'attention du monde et desserrer l'étau autour du Haut Conseil d'Etat (junte) dont l'isolement, dès le lendemain coup d'état du 6 août 2008, ne cesse de s'aggraver.

    D'autres, moins circonspects, y conçoivent une manœuvre de diversion, provoquée par les putschistes afin de ramener l'enjeu du rétablissement de la légalité constitutionnelle à une simple préoccupation de sécurité, face à la déstabilisation par des groupes terroristes venus d'Algérie ou du Nord du Mali.

    Les tenants de cette thèse font observer que les services de sécurité mauritaniens disposent de taupes-relais au sein de la nébuleuse islamiste radicale.  L'on en cite, le plus souvent, Elkhadim Ould Semane, le chef présumé de la cellule locale d'Al Qaîda, actuellement en détention, pour sa participation à divers actes de violence, tels l'homicide de quatre touristes français aux environs d'Aleg en décembre 2007, suivi d'attaques à main armée en plein centre de Nouakchott, la capitale.

    L'évènement avait alors terni l'image du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, à cause de sa décision de reconnaître un parti islamiste et de ses gestes de piété un peu trop démonstratifs. Robert Bourji, un avocat de droite qui tente d'aplanir le différend entre la France et le nouveau pouvoir en Mauritanie, s'efforce, ces derniers temps à Paris, de présenter la junte, comme l'unique rempart contre la déferlante d'Al Qaïda sur l'espace saharao-sahélien.

    Elkhadim Ould Semane, cousin du Général Ould Abdel Aziz et du Colonel Ely Ould Mohamed Vall, cumule diverses évasions depuis 2003, date de sa première arrestation. En 2005 puis 2007, les enquêteurs établiront son implication dans l'attaque de la caserne de Lemgheïty et du poste de Ghallawiya, par des inconnus en armes.

    Comme aujourd'hui aux environs de Zouérate, l'armée mauritanienne y perdait des hommes et du matériel, sans parvenir à infliger de dégâts aux assaillants. La succession des défaites consacre la réputation d'incompétence du commandement et sème la démoralisation dans le rang. Les officiers supérieurs paraissent plus préoccupés de politique et de luttes pour le pouvoir que par la sécurité de soldats, quasiment en haillons, démunis de matériel adéquat et enrôlés dans des unités à faible capacité opérationnelle, en comparaison de la troupe d'élite du Bataillon de Sécurité Présidentielle (BASEP) que dirige le Général Ould Abdel Aziz, depuis le Palais du chef de l'état.

    Le raid d'aujourd'hui, véritable bénédiction du ciel, parait trop commode au Haut Conseil d'Etat (HCE, junte),  pour ne pas susciter la remise en question de sa part de hasard. Il intervient quelques heures après le début de la visite de Ramtane Lamamra, Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union Africaine (UA), lequel devait s'entretenir  avec le Général Ould Abel Aziz, le Président détenu Ould Cheikh Abdellahi, le Président du Sénat Mamadou Ba dit Mbaré et le Président de l'Assemblée Nationale Messaoud Ould Boulkheïr, afin de parvenir à un règlement négocié de la crise de légitimité.

    Sur la fabrication du terrorisme utile en Mauritanie, Taqadoumy recommande cette étude, réalisée par des chercheurs mauritaniens, durant l'été 2005, quelques semaines avant le renversement de l'ex Président Ould Taya : http://www.achr.nu/rep.fr14.htm

     

Source : Taqadoumy

 

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