De plus en plus, des cas d’esclavage avérés et
d’asservissement étouffés sous l’intelligence des anciens maîtres se font
découvrir en plein jour, soient par les Ong spécialisées dans la lutte
contre ce phénomène, soit par les victimes elles mêmes.
En effet, les ex affranchis sont désormais déterminés à s’engager coûte que
coûte dans la voie de leur libération définitive du joug esclavagiste,
malgré les représailles économiques et autres pris à leur encontre,
notamment si l’on sait que l’Etat n’a pas encore mis sur pied de mesures
véritables d’accompagnement de cet élan de liberté.
Ces cas d’esclavage dénoncés à divers endroits du pays, sont
révélés aujourd’hui par les victimes dont certains se sont présentés
à notre journal pour exposer leur calvaire. Des cas qui interviennent à un
moment où des missions dépêchées par les autorités à l’intérieur du pays
essayent tant bien que mal de faire parvenir le message recherché par la
loi incriminant et pénalisant l’esclavage.
Et au moment où le Premier ministre vient de clôturer à Nouadhibou
la campagne nationale de sensibilisation, des voix continuent de dénoncer
une pratique tant de fois décriée par les défenseurs des droits humains. Il
reste toujours sceptique quant à la volonté sincère de venir à bout de ce
mal. Comme par coïncidence, hier, l’une de ses victimes nous a livré son
témoignage :
« JE m’appele Bilal Ould Rabah,
je suis de Hsey Sgueatt à 61 km de Rosso.
Ma sœur Haby Mint Rabih est maintenue en
esclavage chez son maître Abdallahi Ould Moctar,
de la localité et Eychaya (Moughataa de Merdredra).
J’ai été assisté par Sos-esclaves et j’ai
porté plainte devant le Wali du Trarza. Ce
dernier avec le Commandant de la Brigade de la gendarmerie de Merdredra
ont comploté avec le maître de ma sœur, ont pris le parti du maître
et intimidé Haby.
Ma sœur n’a pas eu le courage de se prononcer pour aller avec moi,
malgré le régime d’esclavage sexuel, des travaux et sans salaire que lui
inflige son maître avec tout ce que cela comporte de maltraitance et de
refus de reconnaître les enfants dont il est le géniteur.
J’ai porté plainte publiquement, le mardi passé contre le Wali du Trarza
et le Commandant de la Brigade de Gendarmerie de
Merdredra, mais le Président de la commission sur
l’explication de la loi sur l’esclavage, le juge Kidé Yoro
m’a méprisé et a ignoré mes propos qui sont vérifiables car vraies. Je
porte plainte à la lumière de la loi sur l’esclavage contre ce gouverneur
et ce gendarme, mais aussi contre ce juge. Je demande que les autorités
sortent ma sœur de l’esclavage ».
Le 16/02/2008
Source: Le Rénovateur
Quotidien (Mauritanie)