TEMOIGNAGE 53:

 

A.H.M.E.

Droits de l'homme : les victimes de l'esclavage parlent

  

 

Droits de l’Homme : Les victimes de l’esclavage parlent.

 

    La Mauritanie est le plus grand marché d’esclaves au monde.Certes, il n’y a plus de marchés où les esclaves sont vendus. Mais les maisons, les tentes, les mosquées, les boutiques, les magasins, les mahadras, les restaurants, les caravanes,l’administration publique,les entreprises privées, ect… sont tous des lieux où se pratiquent toutes les formes  d’esclavage (travail, vente,dons,legs,héritages,locations…). C’est la spécificité mauritanienne.

    Mohamed Yahya Ould Ciré

     

    Militaire libéré, mère de disparus en mer, mari de servante…mardi premier janvier, le siège de l’association mauritanienne des femmes chefs de familles (AFCF) s’est transformé en centre d’écoute. Des citoyens « victimes de l’injustice » y ont clamé leurs détresses et ont appelé à
    l’aide. Une réalité digne des Bas-fonds de
    maxime Gorki. Témoignages

     

    Cheikhna Ould Yoube : Le mari de la servante


    Je m’appelle Cheikhna Ould Yoube. Je suis né en 1974 à Addel Begrou. Je me suis installé à Guerrou en 1988. J’ai été employé comme berger. Je travaillais aussi dans un jardin. Je gagnais ma vie correctement. J’ai payé une charrette qui me procurait des revenus supplémentaires. En 1990, j’ai rencontré Kheitina Mint Boita, une servante. Nous nous sommes mariés. Les maîtres de ma femme avait un boeuf.

    Un jour, j’ai lancé un bâton sur le boeuf qui mangeait mon foin. Il s’est légèrement blessé. Les maîtres de ma femme m’ont demandé de payer. Une réunion s’est tenue. L’indemnisation a été estimée entre sept et huit mille ouguiyas. Les propriétaires ont demandé vingt mille ouguiyas. Je me suis acquitté de cette somme (20 000) devant le cadi.



    A partir de ce jour, j’ai décidé de déménager avec ma femme. Un monsieur m’a donné
    l’autorisation d’occuper sa maison pendant une année sans aucune contrepartie. J’ai aménagé la maison.


    Quand je suis venu prendre ma femme, ses maîtres se sont interposés. Il y a eu une bagarre et nous sommes retrouvés à la police. De la police, nous sommes allés chez le Cadi. Les maîtres  ont dit que Kheitine, avant moi, s’était mariée trois fois et qu’aucun de ses ex maris
    n’avait réussi à la faire déménager et qu’elle ne bougera pas.


    Le cadi a tranché en ma faveur. Je suis allé avec des policiers pour prendre Kheitina mais ses maîtres ont refusé. Pendant la journée je ne peux pas la voir. Parfois, on se voit en cachette la nuit. Ma femme et mes trois enfants sont toujours séquestrés. Je demande l’aide de l’AFCF et de toutes les bonnes volontés. »

     

    Khadijettou Mint maoloud : J’ai été expropriée et battue

    Khadijettou Mint Maouloud
    est née en 1945. Elle vient de la wilaya de l’Assaba. Elle accuse un sénateur d’avoir exproprié une parcelle de terre qu’elle a héritée de son père. Cette parcelle se trouve Seyitt Lehbch, vers la localité de Soudou, à trente KM de Kiffa.

    Khadijettou Mint maouloud
     dit détenir des papiers attestant sa propriété. Khadijettou dit aussi avoir été battue à coups de hache et de gourdin avec sa sœur par des hommes envoyés par le Sénateur. Les plaintes déposées, selon elle, n’on eu aucune suite et les auteurs n’ont pas été arrêtés. Au bord des larmes, Khadejettou a dit « nous demandons une enquête pour savoir pourquoi nous avons été expropriées, battues et blessées. »

     

    Khweidmalla Mint M’barreck : Je veux savoir où est mon fils


    Khweidmalla Mint M’barreck hésite sur son age. Elle présente à l’assistance une carte
    d’identité jaune. Visiblement, elle a une cinquantaine d’année.
    Khweidmalla est la mère de Ivoukou.

    « A l’age de sept ans, mon fils Ivoukou travaillait avec El Khadi ould Tveikhamer et Biyah Ould Tveikhamer dans un village en Assaba aux environs de barkéol. Un jour Biyah est venu le prendre pour qu’il aille garder les chamelles vers le Tiris Zemmour. Ils sont allés un lundi. Le jeudi, par téléphone, on m’annonce que Ivoukou s’est noyé en mer. Son frère Haiballa est allé le chercher. A Nouadhibou, la gendarmerie confirme à Haiballa la noyade. Ça fait trois mois que nous tournons en rond pour connaître la vérité. L’Etat ne veut pas faire la lumière sur cette affaire. Depuis un mois, nous cherchons en vain à rencontrer le ministre de la justice. Nous voulons savoir la vérité sur la disparition de notre fils.»

     

    Cheikh Ould Billal : « Mon frère a laissé une veuve qui allaite »


    Le 15 novembre 2007, six hommes originaires de
    Kankossa Néma et barkéol embarquent dans une pirogue de pêche artisanale à Nouadhibou. Ils ne son pas revenus. Raison de la disparition en mer : La pirogue aurait été percutée par un bateau russe. La gendarmerie aurait fait un dossier précisant l’heure et la zone de l’avarie. Cheik Ould Bilal, né en 1972 à Sélibaby a un frère et deux cousins parmi le six disparus en mer.

    Il a témoigné : «
    Je suis allé à Nouadhibou. J’ai rencontré les autorités locales et la gendarmerie. Je n’ai reçu aucune réponse. Nous avons fait un dossier que nous avons déposé au tribunal. Il n’y a eu aucune suite. Mon frère était marié. Il a laissé quatre enfants et une veuve qui allaite. L’un de mes cousins aussi a laissé une veuve et un enfant. Nous demandons une enquête, la saisie du bateau russe pour que ces orphelins et ces veuves aient leurs droits. » 

     

    Ex soldat 2eme classe : Laghdaf Ould Mahmoud : « J’ai été victime d’un règlement de compte »


    En août 2007,
    Laghdaf Ould Mahmoud, soldat 2eme clase en service à Foum Gleita est libéré de l’armée. Motif : Indiscipline. Il conteste la décision et parle de règlement de compte. Laghdaf affirme que sa libération  est intervenue au moment où il était n consultation à l’hôpital militaire. « A Foum Gleita, un Colonel après m’avoir accusé de vol, a voulu me punir. Etant innocent, j’ai refusé de subir la punition. C’est l’unique raison de ma libération. » A dit Laghdaf. Après 18 ans de service, Laghdaf qui se considère toujours comme soldat, est interdit d’accès à l’Etat major.

     

    Dah Ould zayed : Il erre avec une femme et huit enfants


    Dah, Ould zayed, 38 ans travaillait comme gardien à El Mina dans un chantier de magasin. Il y est resté jusqu’à la fin des constructions. Il a continué à surveiller les lieux pour les différents occupants des magasins. Il habitait avec sa femme et ses sept enfants. Dah gagnait entre 20 et 25 000 Ouguiyas. Au début du mois de décembre, il dit avoir été licencié. Avec sa femme et ses sept enfants, il erre. Des comme Dah qui évoluent en marge du code du travail, il en existe des milliers en Mauritanie


    A la fin des témoignages, la présidente de l’
    AFCF, Aminetou mint Moctar, face aux réticences de l’Administration et de la justice dans la prise en charge de ces cas, a demandé la rédaction pétition qui sera adressée au président de la République.


    Khalilou Diagana

    04 janvier 2008

     source : Nouakchott Info

     

 

 

 

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