TEMOIGNAGE 52:

 

A.H.M.E.

Esclavage à R'Kiz, Billal et Salem rendus à leur mère

  

 

      Esclavage : Billal et Salem ont été rendus à leur mère


    Avec l’aide de SOS Esclaves et de la CNDH (commission nationale des droits de l’Homme) deux petits garçons, Bilal (huit ans) et Salem (cinq ans) ont été rendus à leur mère, Hanne Mint Salem. Selon la maman, à Lemteyine, village où ses enfants étaient restés, d’autres sont encore en captivité.

    Hanne Mint Salem, esclave à Lemteyine (Département de RKiz, Trarza) était mariée à un hartani comme elle. Ils ont eu deux petits garçons, Bilal et Salem, âgé actuellement respectivement de huit et cinq ans.

    Il y a trois ans, le mari El Walid Ould Zawaye, émet le voeu d’amener sa femme et ses enfants dans son village natal, Tewvikh (département de Rkiz). Les « maîtres » de la femme
    s’opposent au départ. Le mariage est rompu.
    Ould Zawaya s’en va seul.

    Vers la fin 2006, Selmou Ould Ahmed, un berger originaire de la région du Brakna, rencontre Hanne Mint Salem en brousse. Un amour né entre les deux. Le berger commence à fréquenter Lemteyine. Auprès des maîtres, il demande Hanne en mariage. Les maître acceptent en une condition : Hanne ne doit pas quitter Lemteyine. Le cœur l’emporte sur la liberté. Selmou accepte la condition.

    Une année après le mariage, en 2007, à l’approche de le fête de Korité, le berger demande
    l’autorisation d’aller passer la fête avec sa femme chez lui au
    Brakna, à M’bidanne. Les maîtres refusent. Isselmou saisit la Gendarmerie de R’kiz qui lui donne une convocation en date du 18 octobre pour Yehdith, chef de la famille des maîtres de Hanne. Yehdith ne répond pas à la convocation.

    Il demande à
    Selmou de quitter Lemteyine sous peine de représailles. Le berger quitte le village avec la convocation. Ely Ould Hamedi, chef de la brigade hydraulique, ressortissant du village de Lemteyine, demande à Yehdith de rattraper Iselmou pour qu’il ne fasse pas d’autre problèmes avec la convocation de la Gendarmerie.

    Ely Ould hamedi, Bilal Ould salem (frère de Hanne), El Khalil Ould Toueissi, Abdelahi Ould Brahim Vall et Yehdith entament la poursuite. Ils interrogent hanne. Elle dit ignorer où se trouve son mari. En présence du colonel de la gendarmerie, Sid Ahmed Ould Hamadi, elle a été battue par son frère Bilal et Yehdith. Le berger qui a trouvé refuge à Rebiné ehel Cheikh El Hacen (département de R’kiz) n’a pas été retrouvé. Il fini par reganer R’kiz. Hanne, elle, profite d’une corvée de ramassage de bois mort et rejoint son mari. Le couple se rend à la gendarmerie pour réclamer ses deux enfants restés à Lemteyine.

    Le commandant de brigade,
    Larabass Ould Oumar, les renvoie chez le Khadi. Ce dernier dit que l’affaire ne relève pas du statut personnel. Isselmou retourne à la gendarmerie. Le commandant de brigade menace de mettre le berger en prison s’il revient lui parler
    d’esclavage.
    Isselmou s’adresse à Aboubekrine Ould Khourou, Hakem de R’kiz. Le hakem lui dit que c’est le père ou la mère des eux enfants qui doit les réclamer. Isselmou revient à la charge avec Hanne. Le Hakem les renvoie sans ménagement.

    Le couple se réfugie dans une famille (celle qui avait vendu la mère de hanne). Une nuit, cette famille signale au couple la présence à Rkiz d’une voiture des maîtres de Hanne. Une femme établit un contact entre le couple et une sympathisante local de SOS Esclaves. Cette dernière saisit l’ONG à Nouakchott. SOS Esclaves prend le cas en charge et décide d’aider le couple à récupérer les enfants.

    Un avocat est saisi et une plainte pour séquestration d’enfants et crime d’esclavage est déposée à
    R’kiz à la gendarmerie, chez le Hakem et à Rosso auprès du procureur de la République. Les autorités ne donnent pas suite à la demande de restitution des enfants et une enquête n’est pas ouverte. Il est a souligner que les faits sont présenté tels que rapportés par les militants de SOS Esclaves.

    Les autorités locales traînent les pieds

    La semaine dernière, SOS Esclave a saisi la commission nationale des droits de l’Homme (CNDH). La commission a dépêché une mission à Rosso, Lemteyine et R’kiz. La mission a réussi. Les deux petits garçons (Bilal et Salem) ont été rendus à leur mère. Vendredi 28 décembre, vers neuf heures et demi, ils sont arrivés à Nouakchott.

    Ahmed Ould Khalifa, membre du bureau exécutif de SOS Esclave, a remercié la CNDH. Cependant, il a dénoncé l’attitude des autorités locales qui, devant les crimes, on cherché à couvrir les maitres. Selon lui, le Hakem et le commandant de brigade de R’kiz devait se voir appliquer l’article 12 de la loi portant incrimination des pratiques esclavagistes.

    Toujours pour le cas de Hanne, Ahmed Old Khalifa dénonce « une connivence entre les maîtres et un officier supérieur de la gendarmerie, Sid Ahmed Ould hamedi. » Il existe, selon Ould Khalifa, « une parenté entre cet officier et le commandant de la brigade de Gendarmerie de R’kiz. »

    Selon Hanne Mint Salem, dans le village de Lemteyine, il a y quatorze enfants et seize adultes réduits à l’esclavage. Au-delà du cas de Hanne, Ahmed Ould Khalifa demande à l’Etat de faire une enquête dans toute la zone de R’kiz pour détecter les cas de captivité.

    Les agissements des autorités locales face au cas d’esclavage ne recoupent pas la volonté politique d’en haut qui va dans le sens de l’éradication de cette pratique.

    Le 30/12/2007

    Khalilou Diagana

    Source : Nouakchott Info

 

 

 

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