TEMOIGNAGE 43:

 

A.H.M.E.

Le Fonadh offre une tribune aux victimes de violation des Droits de l'Homme

  

 

Esclavage et violations des Droits de l'Homme : Le FONADH offre une tribune aux victimes

     

    Le siège du FONADH a abrité ce mercredi une importante rencontre à l'occasion de laquelle plusieurs victimes de violations des droits de l'Homme (et notamment des victimes de l'esclavage) ont témoigné directement exposant euxmêmes (une première) les problèmes auxquels ils sont confrontés. Les victimes dont une importante frange était originaire du Trarza (El Wivagh, Rkiz, Levraywa, Mederdra, Lexeiba, etc) sont largement revenus sur l'esclavage agricole.

    Celui-ci comme a eu à le souligner M.
    Birame Ould Dah Ould Abeidi de S.O.S Esclaves dans son mot introductif n'est pas criminalisé par la loi comme tel fut le cas pour l'esclavage domestique.

    Ainsi, aux victimes de cette forme d'esclavage, on interdit la propriété terrienne et les autorités cautionnent cet état de fait. De ce fait, les populations des victimes de cet esclavage n'ont pas droit à la propriété, d'habiter et d'exploiter un lopin de terre qui leur est propre. Beaucoup de personnes sont ainsi victimes du métayage, cette forme d'exploitation moyenâgeuse.


    A l'occasion de cette rencontre, les victimes d'injustice ont tour à tour pris la parole pour témoigner devant l'assistance en présence de la presse nationale et internationale. Voici en résumé les propos de quelques intervenants.

    Moctar Ould Telli, ancien officier de l'armée

    Il a exposé la dernière affaire de
    Wivak (localité située à 14 km de Boutilimit) où une tribu voyant d'un mauvais oeil l'occupation du reste officielle d'une portion de terre par des Haratines n'a pas trouvé mieux que d'organiser une expédition punitive, une razzia au cours de laquelle il y eut plusieurs blessés graves dont une femme de 80 ans écrasée par une voiture.

    Succédant à
    Moctar, un représentant des victimes de l'esclavage agricole à Lexeiba 2 a dénoncé l'alliance entre l'administration, la justice et les notables tribaux ; un bloc qui dit-il fait mouche. Pour lui, cette situation est inadmissible. En effet, les soi-disant propriétaires terriens n'habitent pas sur les terres cultivées (ils sont dans les villes) mais viennent régulièrement pour récolter les fruits du travai l des autochtones.

    Yeslem, représentant de la localité des Oulad Imijine, Lexeiba 2

    Dans notre localité, il n'y a pas d'esclavage domestique mais l'esclavage agricole est flagrant. Les terres agricoles sont annexées par les riches et pourtant ces terres nous appartiennent. Nos ancêtres qui les ont toujours exploitées y sont enterrés. Ceux qui aujourd'hui vivent du fruit de notre travail ne nous aident jamais. Dans notre localité, ils ne sont même pas prêts à financer une mosquée pour que l'on puisse y effectuer nos prières. Ce sont des gens négatifs.

    Parmi eux, il y a un cadre de l'UNICEF et un responsable de l'Agence Mauritanienne d'Information. Notre localité est menacée par la crue et notamment depuis la construction de la route Boghé-Rosso. Ainsi les experts chinois qui travaillent sur cette route ont demandé à ce que notre village soit transféré sur un site situé plus loin mais les maîtres y ont opposé un refus catégorique et l'Etat ne réagit pas. Un puits que nous étions en train de forer et qui était au dernier stade a été stoppé et on nous refuse même l'accès à l'eau potable. C'est injuste on nous refuse de vivre comme tous les citoyens.
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    Messaoud Ould Metbeibiba de la commune de Kouroudjel

    Teyib Ould Mohamed Mahmoud, sénateur de Ould Yengé m'a pris mes terres. Il a monté contre moi mes propres frères. Ma famille a été brutalisée et malmenée. L'affaire remonte au 7 août 2005 et se poursuit toujours. Ce sénateur a monté contre moi et ceux qui me soutiennent tous les services régionaux de l'Etat qui nous font subir un embargo qui ne dit pas son nom. Nous sommes des exilés de l'intérieur et on demande aux autorités de s'occuper de nous au même titre que les réfugiés venant du Sénégal.

    Intervenant sur ce sujet, le sénateur de Ould Yengé présent dans la salle a nié les faits en bloc affirmant qu'il n'avait pas de problème avec Messaoud. Ce dernier souligne-t- il est manipulé par d'autres. Le sénateur a brandi une pile de documents présentés comme des preuves de sa bonne foi. Il a affirmé qu'il n'a rien à se reprocher et pour preuve sa présence au sein de cette assemblée dit- il
    .

    Amadou Khaydoum, Lexeiba 2

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    Nos terres dont nous détenons un permis datant de 1910 ont été en partie spoliées par Khalil Ould Abderrahmane et Ould Ahmadoua de l'ensemble des Tendgha. Lexeiba 2 c'est un Etat dans l'Etat et ces gens qui ne sont pas originaires des lieux viennent y faire la loi. Les élus sont tous importés et n'ont que des intérêts. "

    Dah Ould Bah Ould Blal, Lexeiba

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    Cette localité, c'est un royaume. Les dirigeants qui sont tous étrangers à la localité ne font que profiter sur le dos des faibles. Il n'y a ni sondage, ni poste de santé. Les gens règnent en maîtres et n'apportent rien. les féodaux utilisent l'arme politique pour écraser les faibles et ils bénéficient de l'impunité totale. Ainsi un sondage construit par Caritas ne profite pas aux populations qui sont politiquement opposés aux seigneurs des lieux. "

    Kheiratt Ould Nasseh, Levraywa (Ouad Naga)

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    Dans notre localité habitée par deux groupes, les maîtres et les Abid (esclaves) un conflit a été déclenché. Le litige entre maîtres et esclaves a plusieurs causes (hausse du prix de fabrication des briques, diminution des salaires des bergers et des bonnes, refus de voter pour le candidat des maîtres aux élections municipales passées).
     
    Face aux représailles des maîtres 75 des 90 famil les de la localité poussées par la faim et la misère sont partis s'installer dans les environs de Tiguint. Là les autorités refusent de nous octroyer les terres qu'on occupe et on nous refuse l'accès à l'eau. En effet, le puits situé dans la zone appartient à un Monsieur qui est de connivence avec nos ennemis. Actuellement, on vit une situation impossible et les autorités ne font rien pour nous aider
    . "

    Ould Mkheitrat, Rkiz

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    A mon tour, je vais poser un problème de torture et d'impunité. Mes deux enfants ont été accusés de vol et arrêtés arbitrairement par la brigade de Gendarmerie de Rkiz. Les deux gosses ont été sauvagement battus et l'un d'eux a perdu connaissance. Malgré tout, ils furent blanchis par le tribunal et aujourd'- hui je tente d'intenter une action en justice contre les gendarmes Mohamed Ould Ahmed Mahmoud, Cheikh Ould N'Doumri et Ahmed Ould Abdel Kebir. Mais en vain. "

    El Hachima, habitante d'Arafat

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    J'ai été spoliée de mon terrain par une femme qui fut soutenue par le Hakem d'Arafat qui malgré tous les témoignages en ma faveur a tranché en sa faveur.

    Mohamed Mahmoud Ould Oumarou, dirigeant syndical au port de Nouakchott

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    Les travai lleurs du port vivent un véritable esclavage. Le BEMOP fait régner une dictature implacable. Le fruit du travail de milliers de travailleurs est détourné par des hommes d'affaires sans scrupules. " Pour corroborer les propos de Ould Oumarou, plusieurs victimes se sont succédées pour témoigner de leur amère expérience.

    En conclusion,
    Baba Ould Cheikh s'est insurgé contre le système de l'exploitation pure et dure appelé tâcheronnat. Notons que cette rencontre a vu la participation d'élus du peuple, de dirigeants de partis politiques, de représentants d'ONG des droits de l'Homme ainsi que le président de la Commission Nationale des Droits de l'Homme.

    BAKARI GUÈYE



     Source : Nouakchott Info

     

 

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