TEMOIGNAGE 38:

 

A.H.M.E.

La nouvelle loi sur l'esclavage en Mauritanie jugée par l'institut des Haratines

 

 

  

La nouvelle loi sur l’esclavage en Mauritanie jugée par l’institut …

 

    APA-Nouakchott (Mauritanie) Le nouveau projet de loi criminalisant la pratique de l’esclavage en Mauritanie, approuvé récemment par le gouvernement mauritanien en attendant d’être examiné par le Parlement, ne satisfait pas les organisations antiesclavagistes, particulièrement l’Institut des Haratines (esclaves affranchis en Mauritanie) pour le développement et l’émancipation, basé aux Etats-Unis d’Amérique.

    Selon le directeur de cet institut, Moctar Teyib, le projet de loi en question reflète « une réticence » claire à éradiquer complètement ce fléau. « Il s’agit d’un simple cadre formel incomplet dont le contenu ne revêt pas une grande importance et qui n’atteint pas les racines du phénomène», explique M. Teyib dans un entretien exclusif avec APA.

    Le chef de l’Institut des Haratines déplore aussi le fait que la société mauritanienne ait utilisé
    l’Islam pour légitimer ses pratiques esclavagistes. «Beaucoup d’esclaves ont appris depuis leur bas âge que l’obéissance au maître est obligatoire au même titre que celle due envers le père et la mère », souligne-t-il, précisant que c’est là un abus flagrant des préceptes de l’Islam.

    M. Teyib a réclamé l’amendement du projet de loi sur l’esclavage avant son approbation par
    l’Assemblée nationale et le Sénat mauritaniens, estimant que le texte doit contenir une clause stipulant l’interdiction pour le maître d’employer son ancien esclave, même avec rémunération.

    Ceci, explique-t-il, permettra de supprimer l’autorité spirituelle et morale du maître sur
    l’esclave qui se sentira alors souverain de contracter un emploi de son choix dans les conditions qu’il aura lui-même négociées et acceptées.

    Le directeur de l’Institut des Haratines a également exigé que la nouvelle loi stipule le dédommagement des anciens esclavages pour les préjudices qui leur ont été causés durant plusieurs générations.

    Evaluant la situation actuelle de l’esclavage en Mauritanie, Moctar Teyib a indiqué qu’elle est presque identique à ce qu’elle était par le passé. « Le seul changement qui a eu lieu réside dans la disparition des marchés pour la vente aux enchères publiques des esclaves », a-t-il estimé.

    Il a aussi critiqué les performances du régime de Nouakchott trois mois après son entrée en fonction à l’issue de l’élection présidentielle de mars. « Les pratiques de ce régime ne prêtent pas à l’optimisme », a ajouté M. Teyib en rappelant les interpellations répétées des journalistes pour avoir couvert des sujets sensibles.

    Pour lui, les trois dossiers clés actuellement entre les mains du gouvernement, à savoir la drogue, l’esclavage et les déportés, constituent une réelle épreuve qui permettra de jauger son sérieux et sa compétence.

    Plusieurs textes législatifs avaient déjà aboli l’esclavage en Mauritanie mais la nouvelle loi le criminalise pour la première fois et prévoit des sanctions pénales à l’encontre de ses auteurs.


 

 

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